Révolte des bonnets rouges

 
Ergué-Gabéric : terre de révolte

La célèbre révolte des bonnets rouges a touché une grande partie de la Bretagne en 1675. D’origine fiscale pour protester contre les nouveaux impots sur la vaisselle d’étain et le papier timbre, elle toucha d’abord les villes de Nantes et de Rennes au printemps 1675. Puis pendant l’été elle se répandit en Basse-Bretagne ou elle prit un caractère anti-seigneurial. Plusieurs châteaux furent incendiés et pillés dans la region de Carhaix et dans le pays bigouden. Dans le pays glazik l’épicentre de la révolte est à Briec. Les révoltés menés le Grand Moign (ar Mogn Bras) pillèrent le château de la Boissière.

Aucune archive directe ne concerne notre commune, aucune trace visible de mortalités suspectes non plus dans les registres du Recteur Baudour en 1675. Pourtant un appel à la révolte a bien eu lieu à Ergué. On trouve ce renseignement dans le procès verbal de torture qu’a subit Laurans Le Quéau de Quéméneven, condamné à mort par le présidial de Quimper-Corentin.

 « Avons sommé le dit Le Quéau de révèler ses complices pour eviter les peines de torture, a dict être fort estonné  qu’il soit seul puny pour un sy grand nombre de gentz qui furent au dict manoir de La Boissière des paroisses de Briec dans laquelle on fist premier sonner le toxain, de Landudal, Landrévarzec,Langollen,Corray, Elliant,Ergué-Gabéric, Plogonnec.

Il ne sçait pareillement les noms en la compagnie desquels il alla au dict bourg de Briec où il y avait environ sept à huit centz hommes des lieux cy-dessus des nommez lesquels aussi bien que luy furent obligés de marcher au dict La Boixière par des vauriens dont il ne sçait les noms comme les nommés Moign, Keravezan et Coroller qu’il a nommé par ses interrogatoires.

Ensuite pour avoir une plus grande révélation, l’avons faid lyer sur la torture et, avant l’approcher du feu, l’avons sommé de nous déclarer ses complices, a dit que quand on le bruslerait jusques aux os il ne sçaurait rien dire au deslà de ce qu’il a déjà déclaré et approché pour une première fois du feu, s’est écrié : « Ha ! Mon Dieu ! Aidez moi. quand on me bruslerait tout vif, je ne sçaurais déclarer autre chose » sur quoy il a été éloigné du feu.

[Laurans Le Quéau fut approché trois fois du feu, sans avouer d‘autres noms]

 Ensuilte, l’avons mis entre les mains de deux révérends pères capucins pour le disposer à la mort, ce qu’ayant faict, l’avons délivré au maistre des haultes œuvres pour l’exécution conformément à notre jugement.

17 août 1675.

 
 

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