L'Actualité du patrimoine

04 août 2017 / 04 a viz Eost2017

Article Ouest-France sur Jean-Marie Déguignet

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Trésor du breton écrit

OUEST-FRANCE.FR / dimanche 30 juillet 2017

Jean-Marie Déguignet écrit en 1904, l'histoire de sa vie : « Mémoires d'un Paysan Bas-Breton ».

 

Quand Déguignet publie les premières pages de ses célèbres « Mémoires d'un Paysan Bas-Breton », il émaille son récit de termes bretons.

Celui qui fut mendiant dans sa jeunesse n'oublie pas, non sans humour, la dure condition des siens : « da lein e vez dec'hwitez, da verenn e vez patatez, da verenn vihan des pommes de terre, ha da goan avaloù-douar » ( Le matin, le midi, à 4heures et le soir, des pommes de terre, encore des pommes de terre, toujours des pommes de terre).

Conteur, il multiplie les dictons populaires qui fleurissent la langue : « Gant fall vez graet, mes heb ket n'eur ket evit ober » (avec du mauvais on fait mais avec rien, on ne peut rien faire). « Ret eo kaout permision an iliz vit lakat ar roched e kichen an hivizh » (Il faut la permission de l'église pour que gars et fille se côtoient). Mais ce qui a fait le succès de Déguignet c'est sa hargne caustique contre les institutions politiques, religieuses, intellectuelles.

Il invoque souvent « Itron Varia ar fripouillez » (Notre Dame des fripouilles) pour tailler des costumes aux représentants de la bonne société : « Jezuz, pegen braz vez, Plijadur an dud-se, Mar c'hellfent kaout toud, Ar c'hreion hag ar youd » ( Jésus, que le plaisir de ces gens-là serait grand, s'ils pouvaient avoir tout, la bouillie et le gratin).

Déguignet a une dent contre Anatole Le Braz à qui il a confié ses manuscrits, il devra attendre huit longues années avant de se voir publier. Il consacre un poème incendiaire à l'écrivain : « Ar Frañs zo d'ar fransijen, Hag an Arvor d'an Arvoyou, D'ar Braz ha d'e eskibien, Da Anatol mestr an Ankou, Ar gernez hag ar vosenn. »(La France aux Français et l'Armor aux armoracailles, à Le Braz et ses évêques, à Anatole, le maître de l'ankou, de la faim et de la peste).

L'écorché vif

Le Braz n'est pas le seul à être voué aux gémonies.Déguignetnous donne une parodie de l'enfer de Dante en breton, un régal : « Toud ar ganailhez-se, friponed ha lubrik, a zo chaofet eno gant an tan elektrik, En-dro dezho a zo kant ha kant mil furi, Gant brochoù houarn ruz evit o zourmantiñ » (Toutes ces canailles, fripons lubriques, sont brûlées par le feu électrique. Autour d'eux, cent mille furies les tourmentent avec des piques de fer rouge).

Degignet signifie l'écorché vif, un nom qui lui va comme un gant.

En 2017 sortira la 21e édition des Mémoires du second best-seller breton de tous les temps après Le Cheval d'Orgueil de P.J. Hélias.

 

Bernez Rouz