Poème de Bernard Le Bihan
Bernard Le Bihan, membre d’Arkae, s’est déjà illustré dans les lignes du Keleier avec un récit intitulé La boîte en Fer blanc et le portrait du cantonnier du bourg. Il nous propose aujourd’hui de reprendre le chemin des écoliers avec ces quelques vers. Malgré les langueurs perceptibles de l’automne, semble monter de la nature comme un discret appel à l’école buissonnière...
Automne
L’aube s’est levée dans des écharpes de brume
Annonçant un jour sale par ses nuages gris
Et l’on entend le cri d’un rapace nocturne
Qui, la chasse terminée, regagne son abri.
Tenant d’une main un cartable trop lourd
Qui lui bat le mollet, qui s’accroche en chemin
A travers landiers, champs et labours
Le petit homme se hâte vers le village voisin.
Sur un tapis de mousse et de bruyère mêlées
Deux pigeons se régalent de glands
Aux pieds d’un grand chêne aux longs bras décharnés
Dont le tronc noueux a défié bien des ans.
Sous la caresse du vent le peuplier gémit
La feuille se détache et tombe lentement
Dans le ruisseau grossi par les dernières pluies.
Le roseau, penché, hoche la tête tristement.
C’est l’automne.
Bernard Le Bihan, 1964
Keleier 21 - septembre 2002