Ergué (origine du nom)

 

Le nom Ergué apparaît pour la première fois dans l’histoire écrite dans une charte du duc de Bretagne, Conan IV, en faveur de la Maison de l’Hôpital de Jérusalem. Cette charte énumère une soixantaine d’établissements appartenant à l’Ordre de l’Hôpital. Parmi ceux-ci figurent Brithiac (Briec), Pennhart (Penhars), Ploeneth (Ploneis), Cothon (Cuzon) et Arke (Ergué). Il s’agissait de la chapelle Sainte-Anne du Guélen qui dominait la vallée du Jet et qui se trouvait dans la paroisse d’Ergué-Armel jusqu’au XIXème siècle où elle est signalée en ruine. Les dernières pierres étaient encore visibles dans les années 1920.

Au XIIe siècle, n’existait donc à l’est de Quimper, capitale de l’évêché de Cornouaille, qu’une paroisse nommée Erge. La forme la plus ancienne fait penser à une forme plus archaïque dans la période du vieux- breton qui devait être *Arkae. Celle-ci est devenue Arke puis Erge. A noter que la paroisse d’Erquy dans l’ancien diocèse de Saint-Brieuc a la même origine. Les formes anciennes sont Erke en 1167, Arke en 1237 pour se stabiliser en Erqui au XIVème siècle dans un environnement linguistique différent puisque le breton a reculé vers le XIIème siècle dans cette partie de la Haute-Bretagne. Deux autres lieux-dits d’Ille-et-Vilaine portent aussi le nom d’Erge : il s’agit de Lairgué, village de la commune de Baguer-Pican et de Lergai, village de Roz-Landrieux. Enfin, un seul village de Basse-Bretagne garde le nom d’Erge : il s’agit d’An Erge Cam à Cast.
Dans le territoire ancien d’Erge, trois villages s’identifient à la commune : Lez Erge, Krec’h Erge, et le Plessis Erge.

En breton contemporain, on utilise dans le Trégor la forme argeenn relevée dans le dictionnaire d’Ernault. Roparz Hemon, dans son dictionnaire historique du breton l’écrit argaeenn et le traduit par première haie placée devant une autre. En Briec, André Cornec a relevé des toponymes avec le composé foz doubl (double fossé), il s’agissait d’un système de double talus délimitant une seigneurie. Le mot Arkae est en effet à décomposer en deux parties : un prefixe ar que l’on peut traduire par : aux abords de, en avant de. On le retrouve dans arvor (le pays près de la mer) et argoat (le pays aux abords du bois). Le deuxième terme est kae qui désigne une haie. On dit toujours dans une bonne partie de la Bretagne bretonnante ar c’hae, la haie.

Bien entendu, en toponymie, kae a un sens plus étendu ; il s’agit d’éléments de défense faits de talus et de haies. Cette extension du sens archaïque de kae est corroborée par la langue galloise. Des noms de lieux comme Yr Argae, Argae, Cefn Erow yr Argey, Rhyd yr Argey sont expliqués par un préfixe ar (in front of) et cae (enclosure).

Bernard Tanguy avance l’idée qu’une seigneurie importante comme celle du Plessis-Ergué qui possèdait une motte féodale imposante a pu donner son nom au territoire d’Ergué. Selon Ogée « Le Plessis, maison seigneuriale de l’endroit est, outre son antiquité, la plus remarquable du canton. Ses domaines qui sont considérables, ont droit de haute, moyenne et basse justice ».
La dénomination ancienne de notre territoire prend tout son sens dans l’hypothèse avancée par plusieurs historiens que la rivière Odet constituait la limite entre le territoire des Ossismes et celui des Vénètes. Erge serait donc un lieu frontière, donc fortifié.
 
Texte tiré de : Rouz (Bernez), Les noms de lieux d'Ergué-Gabéric, Arkae, 2007.
 
 

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