Nathalie Calvez, archiviste

 

Nathalie Calvez, archiviste a mis en place les archives municipales d’Ergué-Gabéric en juin 2003.

 

Après un DEA d’histoire médiévale, Nathalie Calvez s’est peu à peu orientée vers, et formée pour, le métier d’archiviste communale. A Ploneis, Pluguffan, Henvic, Plouénan, aussi bien qu’à Roscoff, Saint-Jean du Doigt, Plounéour-Menez où elle a déjà effectué des missions, et aujourd’hui à Ergué-Gabéric, plongée dans les liasses et les dossiers, elle s’emploie à « structurer un service d’archives et à fournir un outil performant à usage de l’administration et des chercheurs institutionnels ou non ».

Les archives se définissent comme « l’ensemble des documents quels que soient leur date, leur forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de son activité». « Le maire est responsable au civil et au pénal des archives de sa commune, qu’il doit conserver à la fois pour la gestion des affaires et la justification des droits de la commune mais aussi pour la sauvegarde de la mémoire. A chaque renouvellement de municipalité, le nouveau maire doit procéder au récolement des archives » ; ilest en droit de demander des comptes à son prédécesseur si celui-ci n’a pas rempli ses responsabilités concernant le traitement des archives ; « les frais de conservation des archives constituent une dépense obligatoire à inscrire au budget pour les communes »… 

Les archives, en tant que bien patrimonial, sont imprescriptibles et inaliénables.

Leur classement obéit à une cohérence nationale. Celle-ci se décline par thèmes et différemment, suivant qu’il s’agisse d’archives nationales, départementales ou communales. Les thèmes constituent des séries, identifiées par une lettre et renfermant des sous-séries (elles-mêmes distinguées en faisant précéder la lettre de l’alphabet par un numéro). Néanmoins, il existe des documents propres à chaque commune, et de plus en plus variés en fonction des nouvelles compétences communales, résultant de la décentralisation, de la modernisation, non répertoriées dans les règlements de classement. Ceci contraint l’archiviste à une grande souplesse, une très forte capacité d’analyse prospective et à une formation permanente. Par exemple, les documents concernant tel projet abandonné aujourd’hui ne doivent pas forcément faire l’objet d’une élimination. Il faut savoir mesurer leur intérêt historique.

Les documents sont donc triés selon ces normes, conditionnés (il existe des règles de conditionnement, parfois il faut faire restaurer, désinfecter des documents…), inventoriés, côtés et rangés.

Nathalie Calvez, aux archives municipales, Espace Déguignet d'Ergué-Gabéric

 

On comprend donc que « le travail d’un e-archiviste ne consiste pas à retirer des documents d’un vieux carton pour les remettre dans un carton neuf après avoir à peine secoué la poussière. L’archiviste doit ouvrir chaque liasse, en analyser le contenu afin de déterminer de la nécessité d’en conserver les pièces. Cela signifie pratiquement une étude feuille à feuille. Il faut recouper les documents en fonction de leur service d’émission, tout en conservant un ordre chronologique et en respectant l’unité des dossiers et la cohérence du fonds (…).

L’archiviste doit en outre éliminer les documents désormais inutiles et qu’il est possible, aux termes de la législation en vigueur, de détruire. Bien-sûr, il/elle doit établir la liste descriptive, qu’il/elle peut être amené-e de surcroît à justifier, de ces documents afin de pouvoir remplir ses bordereaux de demande d’élimination ».

« A l’issue de son travail, la municipalité dispose d’un fonds d’archives accessible, optimisé. ». Cependant pour Nathalie, « ce résultat ne peut être atteint sans qu’il y ait rencontre, concertation, écoute des différents services, réponse – autant que faire se peut – à leurs demandes et leurs inquiétudes légitimes. L’Histoire, comme l’Archivistique, sont des sciences humaines, c’est donc cette humanité qui doit être la base de toute réflexion. Sans cette sensibilité humaniste, il n’est aucune pédagogie possible et sans pédagogie auprès des communes, ce travail n’a qu’un effet limité dans le temps et les esprits. Il est possible de considérer alors que cette mission serait un échec. »

Son immersion dans nos archives confirme que les plus vieux documents de la commune sont les registres des baptêmes (1629), des mariages (1640) et des sépultures (1678), bien connus des généalogistes. Viennent ensuite les premiers comptes-rendus de conseils municipaux dont le premier date du 12/06/1800, puis le cadastre (1835). Hormis ces documents, Ergué-Gabéric connaît un trou de mémoire pour un grand nombre d’archives du XIXe s. et du début du XXe s. : procès verbaux d’élections, listes électorales…

Loin de stagner, ces archives sont, en tant que production de la communauté, amenées à s’étendre, se développer, s’augmenter de fonds tant publics que privés, ou de fonds associatifs. Une fois classées, on peut envisager de tirer parti de ces archives et de les mettre en valeur en y puisant les éléments nécessaires à la constitution de dossiers sur tel monument, tel évènement historique ou, ainsi que Nathalie a déjà pu le faire à Quimper, en en retirant la substance nécessaire à une exposition. Le lien avec la mémoire commune devient donc évident : ces archives, bien patrimonial, sontla base des connaissances d’un territoire et de sa communauté, que les témoignages oraux, la collecte de photographies et de films contribueront à rendre sensibles et vivants. Une belle mission pour Arkae....

 

Keleier 31 - novembre 2003

 

 

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