La petite vierge de Kroaz ar Gac

1. Description

Le mardi 22 août le Père Castel s’est de nouveau rendu à l’invitation d’Arkae dans le quartier de Saint-Guénolé.
 
Une visite dont le but était de parachever celle du mois de juin à la chapelle de Saint-Guénolé et qui a été consacrée cette fois à l’observation de la petite vierge dite de Croas Ar Gac.

Celle-ci se trouve à Lestonan, en haut de la rue de Croas ar Gac. Les gens de Quellennec avaient l’habitude de se signer en passant devant, sur le chemin de l’usine ou lorsqu’ils allaient faire leurs courses à Lestonan. Aujourd’hui comme hier, elle reçoit l’attention de riverains sous forme de bouquets de fleurs.

Abritée dans une niche de pierre de tailles, munie de barreaux de fer « de quatre centimètres de côté » (dans Né gosse de riche, Gwenn-Aël Bolloré, Ed. Ouest-France) surmontée d’une croix, on reconnaît, malgré l’érosion du granit, une pieta d’environ 1 m de haut, soutenant le corps du Christ. Sa tête a été sommairement fixée par un appareil de maçonnerie. On relève un contraste entre la position frontale, si ce n’est un léger  mouvement de tête vers la gauche, et équilibrée de la mère et la cambrure du Christ aux proportions plus grêles comme pour  accentuer la fragilité du corps du défunt recueilli par sa mère. Elle daterait du XVIe siècle. 

Le mot « croas » fait sans doute référence au calvaire primitif dont elle ne serait qu’un vestige. En effet, on décèle les restes d’un pilier dans le dos de la statue et à sa base. Un calvaire existait bien au point de croisement des chemins ruraux venant du Vruguic et de Stang Odet.
« Ar Gac » ou Le Gac, désigne soit le commanditaire du calvaire soit le propriétaire du champ le plus proche. L’article suivant  explique ce qui a valu à cette petite vierge, voyageuse malgré elle, de se retrouver derrière les barreaux.
 
 
Les tribulations de la Vierge de Croas ar Gac
 
Archives Arkae > Patrimoine religieux > vierge de Coas ar GacAvant que ne se mette à circuler la  rumeur comme quoi la petite vierge de Croas ar Gac se retrouve enfermée parce qu’elle a perdu sa tête, interrogeons ce que la mémoire a conservé de ses aventures. Jean Guéguen a recueilli pour nous dans les années 80, le témoignage de René Beulz (père) de Pennaneac’h. Et le livre de Gwenn-Aël Bolloré récemment paru aux éditions Ouest-France  consacre lui aussi un passage à l’enlèvement de la petite vierge.

Un jour donc, le beau-frère de René Bolloré, troisième du nom, vient trouver le père de M. René Beulz et lui demande de transporter la statue chez lui. M. Beulz, d’abord réticent, finit par accepter, pensant que le commanditaire a l’aval de M. Bolloré. 
Peu de temps après, survint une période de fort mauvais temps : tempêtes, violentes pluies, orages. Ceux qui avaient alors l’habitude de faire leurs dévotions en passant devant la pieta, s’inquiètent et se demandent si tout cela n’est pas signe du mécontentement de la vierge, fâchée d’avoir été enlevée.
L’affaire parvient jusqu’à René Bolloré. Les signes de sa colère ne se font pas attendre. Il veut connaître le coupable. Il ne tarde pas à le tenir et à exiger qu’il remît le pieux vestige en place au plus tôt. Le ravisseur tout penaud revient vers M. Beulz et lui confie le soin de ramener la statue. Celui-ci s’exécute avec une joie non dissimulée.
M. Bolloré envoya  alors un de ses maçons, Jean-Marie Quéré afin d’édifier une niche protectrice pour la vierge. De solides barreaux devaient même empêcher qu’une semblable mésaventure ne se reproduise.

Les tribulations de la Vierge de Croas ar Gac n’en restèrent cependant pas là. Sous les tirs de jeunes gens en goguette, sa tête roula au sol, mais grâce aux barreaux demeura dans la niche. Elle fut scellée au début des années 60 par des maçons à l’œuvre dans le quartier.
 
Photo : Vierge de Croas ar Gac dans sa niche de pierres de taille.
 

2. Toponymie

Dans ses souvenirs d’enfance, Gwenn-Aël Bolloré situe la petite Vierge de Croas ar Gac au sommet d’une colline. Elle se situe en effet au lieu- dit Beg ar Menez, le sommet du mont (voir keleier n°3 sur les sommets d’Ergué).

Un nom de lieu intéressant dans les environs car il se compose sur un nom de famille Bigoudic : nom récent.
Il faut le rapprocher de Stang ar Bigodou, et de Pont ar Bigodou en 1541. Il s'agit probablement du nom de famille Le Bigot.
La prononciation bretonne d'Ergué explique que O devienne Ou. De même que ar Mor (la mer) est prononcé ar Mour. Bigoudic signifie donc le petit bigot.
Keleier arkae n° 5  - septembre 2000

3. Pré-inventaire de 1972 (© Inventaire du Patrimoine Culturel de Bretagne)

Niche à statue à 3,5 km au nord du bourg, au croisement du chemin vicinal n°11 et du chemin vers Stank-Odet

Localisation : Cadastre : 1962 – Section : B1 – Parcelle : 207

Observations éventuelles de l’enquêteur : médiocre état de conservation 

Description :

  • - Niche orientée vers l’est, de 1,30 m de large et 2,40 m de haut
  • - Demi-cercle de pierre à la pointe d’un talus avec en façade une niche où se trouve la statue, et surmonté d’une croix
  • - Grille devant la statue représentant une piéta en granit. Il manque la tête du Christ
  • - La tête de la Vierge a été cassée récemment après avoir été cimentée une première fois

 

Matériaux :

Moyen appareil de granit pour la niche

 

Résumé historique

On raconte que ce monument a été déplacé : il a été installé au carrefour par un certain M. LE GAC, ancien propriétaire d’une ferme dans la région qui a fait cette statue afin de laisser au moins une trace de son passage, car il n’avait pas d’enfants.