Né à Lanvéoc en presqu’île de Crozon, Alain Dumoulin est un des plus brillants ecclésiastiques bretons de la fin du XVIII^e siècle. Enseignant au petit séminaire de Plouguernevel, Président des conférences théologiques du diocèse de Cornouaille, il est recteur d’Ergué-Gabéric quand la Révolution bouleverse la société de l’Ancien Régime.  Il se montre d’abord favorable aux réformes puis s’oppose à la Constitution civile du clergé. Prêtre réfractaire, il rentre en résistance et organise le culte dans les chapelles de campagne. Traqué, il doit s’exiler à Liège puis à Prague où il devient précepteur dans une grande famille de Bohême. En 1800, il publie une grammaire de la langue bretonne la Grammatica latino-celtica. En plein renouveau de l’identité tchèque, il rappelle l’origine celte des habitants de Bohême. Cette passion pour sa langue natale ne le quittera plus puisqu’il publie Hent ar Barados (le chemin du paradis) en 1805 et devient membre de l’Académie Celtique. Devenu vicaire général du diocèse de Quimper, il contribue par sa forte personnalité à la remise en ordre de l’église catholique durement éprouvée lors de l’épisode révolutionnaire. Deux cents ans après sa mort, grâce à des documents inédits des Archives d’état de Prague, Bernez Rouz retrace l’itinéraire d’un prêtre brillant qui a su conjuguer avec bonheur sa parfaite maîtrise des langues française, latine et bretonne pour affirmer ses fortes convictions.