Décès de Philippe Carrer, ethnopsychiatre qui consacra une étude sur Jean-Marie Déguignet

Ethnopsychiatrie en BretagneNé à Rennes en 1928, Philippe Carrer est devenu psychiatre, pour mieux connaître l’homme et ses comportements. Médecin hospitalier à Plouguernével, puis à Rouen, chef de service à 30 ans, il revient en Bretagne en 1974 et crée le service de psychiatrie à l’hôpital de Quimperlé, qui était alors l’un des premiers services psychiatriques dans un hôpital général. Philippe Carrer a présidé, dans les années 1980, la Société bretonne d’ethnopsychiatrie, qu’il avait fondée. Il a également été, à l’époque, responsable de la section anthropologie médicale, de l’Institut culturel de Bretagne. En 2007, le docteur Carrer, psychiatre et spécialiste de la civilisation bretonne, livrait 10 nouvelles études inédites, dont une de 85 pages, intitulée « Paranoïa et ethnopsychiatrie », est consacrée à Jean-Marie Déguignet.

Voici la conclusion de son étude : "Le drame de la pensée paranoïaque est d'être une pensée totalitaire et destructrice d'autant plus dangereuse qu'elle peut prendre le masque d'un idéal social, politique ou religieux. On a dit d'elle qu'elle commence par la défense et finit par la guerre. Il faut néanmoins distinguer les formes où elle n'apparaît que passagèrement et à l'état d'ébauche et celles où elle s'organise, s'installe et se maintient. Ce sont celles-là qui sont pathologiques. A propos de brèves réactions, certains ont dit qu'un peu de paranoïa peut aider à ne pas se laisser écraser. S'agissant des formes installées, il convient de distinguer celles qui sont plus franchement psychotiques où la rupture du sujet avec le réel est très accusée et celles plus proches de la névrose, qui ont souvent une composante dépressive. On retrouve constamment chez les sujets qui en sont atteints de graves blessures narcissiques et c'est chez eux que la socioculture est indissociable de la pathologie qui les affecte. C'est parmi eux qu'il faut ranger Jean-Marie Déguignet."

Arkae vient de publier la 22e édition des Mémoires d'un paysan bas-breton parues dans leur version intégrale il y a 25 ans. Un livre indispensable pour comprendre les fractures de la société bretonne à la fin du XIXe siècle.