Les chauves-souris de Kerdévot

 
Quelques articles et reportages, associés à la mise en place de la journée nationale de la chauve-souris (fin août), commencent à faire accepter le petit chiroptère (du grec kheir, chiro : main et ptère : aile) dans nos villes et nos campagnes.

Ceci est la résultante d’un travail mené en amont par différents acteurs de la protection de la faune et de l’environnement : Groupe mammalogique breton (GMB), SEPNB Bretagne Vivante.
Professionnels et bénévoles se répartissent les missions d’étude des colonies repérées sur place et participent à un protocole de suivi du Muséum d’histoire naturelle. Ce protocole a déjà permis de mieux connaître le comportement des chauves-souris et d’agir ainsi au mieux pour leur protection.
En effet, bien que leur mauvaise image nuise encore à leur considération, elles représentent des animaux fort utiles dans l’écosystème : croqueuses d’insectes nocturnes, elles évitent la trop grande prolifération de ceux-ci.

Le grand rhinolophe

Corps : 7 cm

Envergure : 35 à 40 cm

Poids : 20 à 30 g.

Longévité : 30 ans.

C’est au cours d’une mission de comptage que nous avons pu nous joindre le lundi 05 février à Martine Rospars du GMB et à Pascal Bernard de la SEPNB et rendre ainsi visite à ces drôles de souris, pénétrer dans leurs hivernages elliantais et gabéricois, puisque deux colonies voisinent, l’une dans les combles de l’église Saint-Gilles et l’autre dans la mine d’Antimoine de Kerdévot. Elles trouvent dans ces deux sites de bonnes conditions de séjour hivernal : une température stable et douce si possible (entre 10 et 12°) et un grand calme.

Dans les combles de Saint-Gilles, 177 individus ont été dénombrés, à Kerdévot 35.
Dans l’un et l’autre site, une seule espèce a été repérée : le grand rhinolophe.
Or le grand rhinolophe se réfugie en principe en colonie dans les milieux souterrains l’hiver : l’hygrométrie ambiante permet notamment à la membrane des ailes de conserver sa souplesse pendant la durée de l’hibernation ;  et semble affectionner combles et greniers plutôt au moment de donner naissance à son unique rejeton de l’année (mise bas entre mi-juin et mi-juillet). Il  peut donc paraître étonnant de recenser en cette saison davantage d’individus dans les combles de Saint-Gilles que dans la mine de Kerdévot. Mais à ce stade des connaissances sur le comportement des chauves-souris, il est difficile d’avancer une explication.
Aussi Martine Rospars effectue un relevé précis de différents paramètres à considérer et à confronter les uns aux autres pour comprendre les mouvements de population: température, hygrométrie, niveau de l’eau dans les galeries (dû à l’infiltration des eaux de pluie, il y atteignait largement le genou), changements survenus dans le milieu…

Mais qu’en est-il des autres espèces qui d’après les observations de Martine ROPSARS fréquentent habituellement la mine désaffectée de Kerdévot : le murin de Daubenton, le murin à moustaches, le murin de Beschtein ? Ces espèces sont moins grégaires que la précédente. Anfractuosités dans les arbres, les vieux bâtiments leur procurent alors un abri suffisant pour hibernation en solitaire .

L’important déficit de population relevé chez les chauves-souris sur l’ensemble du secteur Ergué-Gabéric-Elliant durant cet hiver par Martine Rospars signifie peut-être que les chauves-souris ont découvert un nouveau gîte pour s’abriter à la morte saison. Encore une mission pour les bénévoles qui devront le découvrir!
 
Gaëlle Martin - Keleier Arkae n°10 février- 2001