Inondations de 2001

 
La vague d’inondations qu’a connue le Sud-Finistère n’est certes pas une première dans l’histoire des hivers bas-bretons. Même si pour celles qui nous ont touchés à répétition, la mémoire cherche encore des comparaisons.

On peut en citer de mémorables en 1865 dues à un vent violent, combiné comme les précipitations de décembre dernier, à des marées de grande amplitude.
Quimper s’était alors retrouvée sous 1,60 m d’eau (quartier de Locmaria et rue de Pont L’Abbé).
Ergué-Gabéric fut aussi affectée par cette tempête survenue dans la nuit du 3 au 4 décembre et le Conseil municipal votait  le 26 du mois courant une somme de 100 fr pour venir en aide aux victimes des inondations.

Kerdévot eut sans doute à souffrir des effets des bourrasques de l’hiver 1865-66 car en février 1866, le Conseil municipal envisage des dépenses pour « des réparations importantes à la chapelle de Kerdévot », réparations dont la nature n’est pas précisée. Ergué-Gabéric n’était pas nécessairement menacée lorsque l’eau débordait à Quimper car alors l’Odet  possédait des zones naturelles de rétention d’eau qui pouvaient canaliser un trop plein.

Pont de RubuenL'histoire du pont de Rubuen
Les nombreux dégâts causés à Ergué-Gabéric, nous ont amenés à nous intéresser au pont de Rubuen qui s’est récemment effondré. Ce n’est pas l’édifice en lui-même qui a attiré notre attention : la Cellule départementale des Ouvrages d’Art ne signale rien de particulier sur ce simple édifice fait « d’une dalle de béton sur piédroits en maçonnerie », pas même de datation.
Nous avons cherché à remonter l’histoire de ce pont en raison de sa position stratégique entre Ergué et Elliant :  il permet au chemin vicinal n°9 d’enjamber en direction d’Elliant un cours d’eau qui marque sur une partie de son cours la limite entre les deux communes et se trouve sur un itinéraire tout indiqué entre le bourg d’Elliant et la chapelle de Kerdévot.
Cet article sera l’occasion pour nous de revenir sur  deux anciens itinéraires du pardon de Kerdévot et d’expliquer l’origine de la confusion qui se fait parfois entre Pont Rubuen et Pont Roudoubloud (de roudou : gué et bloud, mou, boueux).

Le ruisseau que surplombait Pont Rubuen se nomme à cet endroit Steir Venn et … un peu plus bas Roudoubloud ! Il est en effet typique de la part des cours d’eau de changer de nom en fonction du nom des fermes ou lieux-dits qu’ils traversent. Image de l’instabilité de leurs ondes ! Ceci explique la confusion avec le gué à la sinistre réputation, célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre la Vierge et la Peste d’Elliant. L’itinéraire Bourg d’Elliant-Quistinigou-Pont Roudoubloud - Kerdévot semble le plus anciennement pratiqué. Dans ses « billets » sur le passé d’Elliant, Yann Daoudal mentionne un autre cheminement passant par Beg Avel - Cosquer Ven - Quénéhaye - Meil Quénéhaye - Kerdévot.
A Meil Quénéhaye, on empruntait un « ponceau étroit fait avec de longues pierres plates » que « les attelages devaient traverser à gué ». Vraisemblablement ce second itinéraire était arpenté par les pèlerins à pieds tandis que le premier servait déjà au temps où l’évoque Yann Daoudal aux chars à bancs, vélos et voitures.

L’actuelle route sur laquelle se trouvait Pont Rubuen présente donc un léger infléchissement vers le nord du parcours traditionnel entre Elliant et Ergué en passant par Kerdévot. Mais on peut comprendre ainsi que la fréquentation du pardon par un grand nombre d’Elliantais a contribué à modeler le réseau des voies de communication entre nos deux communes.

Gaëlle Martin - Keleier Arkae n° 9 février - 2001