« J'ai été sonneuse de glas à Kerdévot »

Par Marie SALAÜN

De ses souvenirs de jeunesse, alors qu'elle habitait tout près de la chapelle, à Menez Kerdevot, Marie a réussi, même si elle se désole de certains oublis ou inexactitudes, à nous transmettre ce témoignage d'une époque où le culte des morts revêtait beaucoup d'importance.

"Quand je devais sonner le glas, il fallait monter sur la tour. Je passais par l'escalier de dehors. Il y avait une rampe d'un côté, mais pas de l'autre. Puis je me hissais, et je sonnais le glas avec les battants. Il y avait deux cloches à Kerdévot.

Je sais qu'il y avait un rythme différent pour annoncer le décès d'un homme, celui d'une femme, celui d'un enfant, mais je ne me rappelle pas trop bien du code, c'est-à-dire du nombre de tintements. J'ai sonné une seule fois pour le décès d'une fillette, heureusement ! Quand j'étais absente, une autre personne le faisait, mais il paraît que ma façon de sonner était reconnaissable.

Le glas était sonné plutôt en fin de journée.

J'avais peur des chauves-souris, mais il fallait y aller quand même.

Il était sonné pour annoncer le décès de quelqu'un du quartier, et aussi parfois pour les voisins proches d'Elliant.

C'est la famille du défunt qui disait où il fallait sonner le glas, et qui payait pour cela. A Ergué-Gabéric, le glas pouvait être sonné au Bourg, à Kerdévot, à Saint-André et à Saint-Guénolé. Le glas était sonné à l'un de ces clochers avant l'enterrement, mais celui-ci se faisait toujours à l'église paroissiale.

Voilà quelques moments de ma vie qui se sont passés auprès de la chapelle de Kerdévot, dans les années 1943 – 1945, et peut-être un peu plus".

 

Témoignage recueilli par Suzanne Lozac'h et Jacqueline Le Bihan.

Le livre "Cloches et carillons de Bretagne", de Gérard Loménec'h, peut documenter davantage ce sujet. Il accrédite parfaitement les souvenirs de Marie Salaün.

 

Keleier 45 - juillet 2006