Le retable de Kerdévot > Revue de presse

Restauration du retable de Kerdévot : la revue de presse

 
Ouest-France - jeudi 10 novembre 2011

Étude et protection du retable, trésor de la chapelle de Kerdévot - Ergué-Gabéric

En novembre 2010, le retable anversois, véritable trésor de la chapelle de Kerdévot, a été démonté par des spécialistes pour prendre la direction de l'atelier régional de restauration du patrimoine, à Kerguehennec dans le Morbihan. Il devrait retrouver sa chapelle à l'été 2012.

Déjà en partie restauré, il va faire l'objet d'une étude historique et artistique (5 600 €), d'un complément de conservation restauration (6 000 €), et d'une nouvelle présentation sécurisée dans la chapelle (24 000 €). Lundi soir, l'ensemble des conseillers a approuvé le lancement de ces travaux subventionnés à un minimum de 75 %. Il restera à la charge de la commune un maximum de 9 300 €.

Vitre protectrice coulissante

Seule l'étude historique et artistique chiffonne René Querrec d'Ensemble à gauche : « En période de crise, ces études, qui coûtent chères, pourraient être reportées. » Ce n'est pas l'avis de Jean-Paul Le Pohon qui estime que cette étude présente « beaucoup d'intérêt ». Elle permettra aux chercheurs de mieux documenter l'histoire de l'oeuvre et d'approfondir la culture artistique flamande de l'époque (1 500). Pour lui, les 9 300 € restants à la charge de la commune « peuvent se concevoir ».

Le maire n'a rien à ajouter, sauf à l'élu des Verts : « Nous t'avons écouté religieusement. »

L'étude historique et artistique portera sur l'analyse des décors du retable, la datation exacte de l'oeuvre, l'histoire des retables. Le complément du travail de restauration, déjà réalisé, concernera des traitements, la consolidation et la désinfection préventive du bois.

Le nouveau système de présentation du retable dans la chapelle de Kerdévot comprendra une base adaptée aux dimensions de l'autel en pierre, une caisse qui garantira une bonne ventilation et interdira l'accès aux rongeurs, une façade vitrée montée sur rails coulissants et ouvrant en trois parties verticales, des serrures. La disposition des vitres permettra une bonne lecture des statuettes de façade.

Le retable flamand, en chêne polychrome et doré, raconte la vie de la Vierge : nativité, dormition, funérailles, couronnement de la Vierge. Au XVII e siècle, ont été rajoutées les scènes de l'adoration des mages et de la présentation au temple.

À l'époque, l'importance des échanges commerciaux, par voie maritime, entre la Bretagne et les Flandres peut expliquer la présence de ce retable à Kerdévot.

 

Ouest-France - mardi 20 décembre 2011

Le retable de Kerdévot sera de retour l'an prochain - Ergué-Gabéric

Retable flamand de Kerdévot Article Ouest France 20 dec 2011Jean-René Blaise, adjoint chargé de l'environnement, du patrimoine et de la culture, prévoit que le retable de Kerdévot sera de retour en 2012 « sans doute avant le pardon de septembre. »

En novembre 2010, le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot, avait pris la direction de l'atelier régional de restauration du patrimoine, à Kerguehennec dans le Morbihan, pour des travaux de restauration et de conservation.

Le retable va faire l'objet d'une étude artistique et historique qui permettra aux chercheurs de mieux documenter l'histoire de l'oeuvre et d'approfondir l'histoire flamande de l'époque (1 500). Cette étude, d'une valeur de 5 600 €, sera menée durant les mois de janvier et de février.

D'autre part, un maître d'oeuvre va être désigné, fin janvier, pour coordonner différentes opérations : fourniture d'un caisson de transport, 2 600 € ; fabrication d'une base adaptée au retable, 4 000 € ; fourniture et pose d'une vitrine devant le retable, 12 550 € ; installation d'un système d'alarme détecteur de mouvements, sirène intérieure et extérieure, avec report d'alarme sur astreinte, 5 000 € ; transport et installation, 3 800 € ; transformation de l'autel néogothique, 700 €.

Le conseil municipal a validé, par anticipation au budget 2012, un crédit de 45 000 € pour l'ensemble des travaux. Des travaux qui devraient être subventionnés à hauteur de 75 % minimum.

 

Ouest-France - 28-29 janvier 2011

Une pétition contre la fermeture de l’Atelier de restauration

Les personnels de l’Atelier restaurent des pièces de l’art religieux. Comme ici le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric, une pièce maîtresse restaurée ici.« L’Atelier Régional de Restauration en danger ». Une pétition circule actuellement sur internet en direction du conseil général du Morbihan et du conseil régional de Bretagne sur le risque de fermeture de l’atelier régional de Bretagne, installé dans des locaux du domaine de Kerguéhennec. Cette fermeture, que les personnels craignent pour l’été 2012, entraînerait la perte des sept emplois.
Pour ces personnels cette fermeture est liée « à une baisse drastique des subventions. Celles attribuées jusqu’à présent à l’Atelier risquent d’être considérablement réduites. Sans ces subventions l’Atelier ne pourra plus fonctionner, ni assurer sa mission de service public. »
Le conseil général du Morbihan, propriétaire des lieux, prévoit une nouvelle affectation des locaux dès 2013 pour l’ouverture d’un centre dédié au peintre Pierre Tal-Coat. « Ces locaux ont pourtant été aménagés tout spécialement pour la mission de l’Atelier, dans l’aile ouest du château de Kerguéhennec, grâce à d’importants financements publics émanant de la région, de l’État et de l’Europe. »
Ces aménagements concernent le système de conditionnement climatique, l’installation d’une salle de radiographie, des salles équipées de systèmes de surventilation. « Cette situation met en péril l’existence même de la structure qui, depuis 1984, oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine breton », dénoncent encore les personnels. Ils tiennent à sensibiliser les pouvoirs publics sur l’intérêt que le public porte à l’Atelier régional de restauration créé à l’initiative de l’association des conservateurs de Bretagne, par la région Bretagne et le département du Morbihan.
 
Un dossier suivi
Conseiller général du canton de Saint-Jean-Brévelay, Guénaël Robin suit de très près ce dossier. L’Atelier de restauration de Kerguéhennec est installé dans des locaux appartenant au conseil général. « Comme les élus de Bignan, j’apporte mon soutien au travail remarquable de cet atelier qui dispose d’outils performants pour mener à bien sa tâche. Je souhaite qu’il demeure à Bignan. » Le conseiller général explique que, toutefois, deux domaines sont à prendre en considération : les statuts de l’atelier qui fonctionne actuellement sous forme associative et qui est subventionné par le conseil général et le conseil régional. Ces statuts font actuellement l’objet d’une étude d’un cabinet spécialisé. Le cadre juridique doit être en concordance avec le dispositif imposé par l’Union européenne.
La seconde question est la reprise de ces locaux par le centre d’art contemporain pour y créer le centre Tal-Coat ? Sur ce point Guénaël Robin précise qu’il est intervenu personnellement auprès de François Goulard, président du conseil général. « Je ne ferai rien qui puisse porter atteinte à l’atelier de restauration. » Pour Guénaël Robin, aucune décision ne sera prise avant les conclusions de l’audit qui pourrait ouvrir une porte vers une autre formule de fonctionnement.

Photo : Les personnels de l’Atelier restaurent des pièces de l’art religieux. Comme ici le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric, une pièce maîtresse restaurée ici.

 
 
 
Ouest-France - jeudi 7 août 2013

Le retable de Kerdévot a rajeuni grâce à Marie-Cécile Cusson

Restauration retable de Kerdevot« Toute petite, je bricolais avec mon père. J'ai toujours aimé toucher et sentir les matériaux », raconte Marie- Cécile Cusson. Elle fait un peu partie de l'histoire de Kerdevot. Car c'est la restauratrice qui a mené, avec son équipe, la renaissance du retable flamand de la chapelle. Originaire de Charente-Maritime, Marie-Cécile a obtenu son diplôme en 1992, à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle entre, en 1993, à l'atelier régional de restauration de Kerguéhennec. En 2010, le retable fait son entrée à J'atelier. " Pour commencer le traitement, nous l'avons conditionné dans une poche spéciale hermétique pour capter l'oxygène et détruire les insectes et microorganismes présents. Cette opération prend quatre mois ", explique Marie-Cécile Cusson.

Un retable de 524 ans

« Ensuite, commence le traitement avec l'injection et le badigeonnage des zones boisées, le refixage des écailles, le dépoussiérage de l'œuvre, la consolidation du bois. » Le caisson de l'époque était victime du développement de micro-organismes. « À l'atelier, les études ont pu être réalisées sous contrôle hygrométrique constant, dans des conditions de confort optimal. » Depuis avril dernier, le retable a retrouvé une nouvelle jeunesse malgré ses 524 ans, et sa place dans la chapelle de Kerdevot. « Il faut maintenant penser à un suivi annuel pour constater l'évolution des conditions de conservation de l'œuvre », précise la restauratrice. Le retable, protégé des agressions par une vitrine spécialement conçue, est donc prêt à recevoir les visiteurs.

Jusqu'au 30 août, le retable de Kerdevot est visible à la chapelle, du mardi au dimanche, de 14 h 30 à 18 h 30 et le mercredi, de 14 h 30 à 20 h. Fermé le lundi.

Photo : Marie-Cécile Cusson, restauratrice du retable de Kerdevot.

 
 
 

Arkae > Trésors d'archives > Patrimoine rural> Les fours à pain et les boulangers à Ergué-Gabéric sous la Révolution

Les fours à pain et les boulangers d'Ergué-Gabéric

Pierre Faucher 

 

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > KerrousBernez Rouz :

" Dans ce qu’on appelle le petit patrimoine le four à pain tient une place importante.

Dans ses pérégrinations à travers les quartiers d’Ergué, Pierre Faucher en a repéré quelques 70. C’est presque une ferme sur deux qui en possédait, et certains hameaux en cumulaient jusqu’à trois. De l’époque de l’ancien régime où le four était l’apanage du seigneur jusqu’au XIXe siècle où la fabrication du pain devient symbole de l’émancipation des droits seigneuriaux, le four à pain est un endroit particulièrement choyé de nos ancêtres. On s’imagine les bandes de gamins des années Déguignet s’agglutinant devant une fournée de bon pain tout chaud.
La magie continue aujourd’hui par les artisans boulangers. Certes les fours se sont modernisés mais le pain reste une base importante de l’alimentation contemporaine.

Cet article recense tous les lieux où on a fabriqué du pain à Ergué. Les fours existants ont été répertoriés, beaucoup de fours détruits et sans doute encore d’autres à découvrir.

N’hésitez pas à nous signaler des fours ou des noms de parcelles renfermant le nom « forn » afin que ce premier état des lieux puisse être véritablement complet."


B.R.

Photo : Four de Kerrous, four en bon état, bâtiment attenant.

 

 

Le pain constitue depuis longtemps la base de l’alimentation et à Ergué-Gabéric comme partout en Bretagne et en France, la population s’est organisée pour gagner son pain et le fabriquer.

Dans notre commune subsistent de nombreux fours à pain en granit et lors de la construction du four de Kerfrès par la famille Rannou, Arkae en avait présenté la rénovation (Keleier n°57 mai 2009) avec un article de P. Pliquet, l’artisan qui a remonté le four sur cette belle réalisation.

Depuis, l’étude sur les fours à pain à Ergué-Gabéric a été poursuivie et il peut en être dressé un premier inventaire.

 

1.    Fours en granit et pains de campagne en Basse-Bretagne.

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > KerellouUn livre récent de Pierre Le Guiriec, dont le grand-père était fournier1, le père boulanger, et lui-même s’est retrouvé apprenti-boulanger à 15 ans, et ensuite commercial pour un constructeur de matériel de boulangerie pendant 30 ans, présente sa recherche des vieux fours à pain, fours en granit traditionnels de Basse-Bretagne. (Livre à compte d’auteur - 24,50 € - édité en 2010, disponible en librairie).

L’évolution du fonctionnement des fours est d’ailleurs présentée dans ce livre (p.91 à 94) :
Le four « banal » du Moyen-âge à la Révolution qui appartient à la seigneurie ou aux abbayes. Le four est affermé à un fournier qui perçoit des droits pour cuire le pain (redevance fixée dans le bail – souvent 1/16e).

A partir du XVIIIe siècle, les fours de quartiers ou de bourgs deviendront libres de tous commerces. Les fourniers continueront encore à cuire leur pain au XIXe siècle souvent en parallèle avec d’autres activités commerciales (débit de boissons, épiceries variées, voire forgerons …).

Photo : four de Kerellou, au bord de la route (en 1834, sur le cadastre, il y avaitune maison de four accolée).

Après 1850, chaque ferme, hameau en même bourgade, disposait d’un four banal ou commun.
Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle, que l’on verra apparaître des boulangeries professionnelles. Leurs fours, comme ceux des fermes, seront d’abord chauffés aux fagots de bois, puis équipés en appareils à mazout et après à l’électricité.

 

2.     Les fours en granit à Ergué-Gabéric.

De nombreux villages ou hameaux à Ergué-Gabéric disposaient de four à pain et un inventaire incomplet en fait apparaître près de 70 classés en 2 catégories :

  Four existant aujourd’hui, en bon état, parfois démoli partiellement (les pierres de façade ont parfois été prélevées), parfois un peu plus détérioré mais le corps du four est encore conséquent.
  Four disparu ou avec des restes limités mais recensés à partir de témoignages oraux ou écrits.

Le « ti forn », bâtiment qui se trouve à l’entrée du four pour la préparation du pain  et surtout de la cuisson est signalé.
Liste établie en mars 2011, par ordre alphabétique des lieux-dits.

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > Carte état des fours

Liste établie en mars 2011, par ordre alphabétique des lieux-dits.

Balanou la pierre sous l’entrée du four est existante
Beg ar Menez  four en bon état, important.
Boden démoli, sans trace.
Bohars avec ti forn à l’entrée de la ferme.
Bourg route du cimetière, à l’intérieur d’une maison, sans entrée, ni cheminée.
Coat-Piriou  avec ti forn.
Creac’h Ergué attenant à un bâtiment
Congalic restes d’un four à un emplacement bien déterminé.
Griffonès grand four donnant sur un assez important bâtiment.
Guilly Vras un beau four au milieu de la cour.
Guilly Vian four démoli, sans trace.

Kerdales

- un four en bon état.
- l’entrée d’un autre four dans un mur avec la cheminée.

Kerdiles

- un four démoli, les enfants allaient jouer dedans.
- un autre aussi démoli depuis 30-40 ans.
Kerdudal  four en assez on état.
Kerellou  four au bord de la route, (en 1834, sur le cadastre,  il y avait une maison de four accolée).
Kerfors four à moitié démoli, cheminée haute de 3 - 4 m - linteau cassé
Kerfrès four rebâti en 2009, daterait d’environ 300 ans.
Kergoant four démoli.
Kergonan four recouvert de lierre.
Kerhuel four démoli, il était situé dans un talus près de la maison.
Keristin restes de la cheminée et façade d’un four dans un mur.
Kerho four important dans une cour (isolé).

Kerlaviou

- 2 fours en assez bon état (1 avec ti forn en démolition).
- 1 démoli, sans trace.

Kermoysan  four complet avec fournil en bon état.
Kernaon - four en partie écroulé, accès à l’intérieur d’un vieux cellier en cours de démolition.
- four cité démoli.

Kerveady

- four en bon état.
- four isolé dans un talus, avec un grand chêne sur la voûte pierres de façade enlevées.
Kerrous  four en bon état, bâtiment attenant.
Kersauz démoli.
Kervernic en assez bon état, sur un talus.
Kervian partie de four dans l’entrée de la ferme.
Kervoréden four démoli, les pierres ont servi à la construction d’un mur.
Kerourvois-Kerdévot démoli entièrement, en attente de reconstruction.
Kervreyen un beau four de taille importante.
Le Lec un four a été démoli au début du XXe siècle.
Lestonan un four démoli à Menez Groas.
Lestonan Vian four en partie démoli dans un talus où la voûte se délabre.
Lezergué four démoli (comme le pigeonnier).
Loqueltas four démoli et reconstruit hors commune.
Meilh Poul un peu en abandon, grande taille.
Meouet Vian un peu démoli, les pierres de la façade ont été enlevées.
Melennec four isolé, quelques pierres ont été enlevées. Date de 1791
Mezanlez  démoli, sans trace.
Moulin de Kergonan belle apparence, mais arbres incrustés dans le four.

Niverrot

- un acheté par la commune, démonté dans les ateliers municipaux.
- un, en bon état, toit en ardoises.
Pen Menez  démoli, les murs de façade subsistent.
Pennarun - un four en bon état, isolé.
- un petit four à l’intérieur du manoir, en granit.
Quélennec  2 fours auraient été démolis à Quélennec Huella.
Quélennec Izella   un four aurait existé auprès des vieux bâtiments.
Quillouharn - un grand four en bon état, isolé au centre du village.
- un four un peu démoli, au pignon d’une maison.

  Quillihuec

- démoli, sans trace.
- démoli, en face de Pen Carn Lestonan.
Saint-André les pierres de la façade d’un four au pignon d’une grange près de la chapelle existent.
Savardiry un four existait, noté sur des documents écrits.
Stang Quéau un four existait dans un talus entre les 2 fermes. Démoli.

Sulvintin

- traces dans un mur d’entrée.
- un autre démoli sans trace.
Tréodet cités dans un document écrit vers 1680 (inventaire après décés).
Squividan four dont on a ôté les pierres de façade et qui sert de poulailler.

 

3.    Les boulangers et les boulangeries à Ergué-Gabéric.

Jusque vers la fin du XIXe siècle, le pain était fabriqué et cuit dans la plupart des villages des communes rurales comme Ergué-gabéric.

3.1. Au bourg

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > PennarunVers la fin du XIXe siècle, ou début du XXe, Pierre Le Naour était boulanger au bourg. Son fournil et son four devaient se situer au bout de la maison Troalen et pas loin de l’école (espace Déguignet aujourd’hui). Il fournissait le pain chaque fin de semaine à Lestonan.

Jean Balés l’a remplacé entre les 2 guerres. La boulangerie - buvette - épicerie donnait sur la place.
Deux ouvriers boulangers Youenn Gueguen et Noël Peuziat fabriquaient le pain, à la levure (goût plus neutre), remplacé par le levain ensuite (plus suret).

Une fois par semaine, ils fabriquaient des boules de vrai pain de seigle, le pain noir d’antan, acide, à la mie compacte, délicieux tartiné au lard ou à la graisse salée. Le dimanche, on pouvait se procurer à l’étal de la boulangerie du pain doux et du gâteau breton maison.
Le four servait aussi à la cuisson du riz au lait et du pâté de campagne.
Jean Balés livrait le pain en automobile dans ses dépôts de campagne (Kerdilés, Kerdévot, Le Drohen ...).

Photo : four de Pennarun, un four en bon état isolé.

La famille Nédelec, après la seconde guerre mondiale remplacera J. Balés.
Trois fours seront construits par J. Balés et la famille Nédelec, au bord de la rue de la Fontaine, puis près de la grande salle et au milieu avec le fournil.

Biannic, le deuxième boulanger du bourg entre les 2 guerres. Il tenait aussi buvette, épicerie, salle de mariage et téléphone (à l’emplacement du commerce longtemps tenu par Marie et René Poupon).
En 1938, la famille Biannic prendra possession de la nouvelle maison qu’elle a fait bâtir en plein centre bourg (la mairie sera construite à côté en 1955-56).
Le café-mercerie Lennon, en face de l’église, vendait du pain fourni par la boulangerie Le Ster de Stang Ven.

Après la fermeture en 2001 de la boulangerie Nédelec, un bâtiment construit par la commune accueille la boulangerie du bourg depuis 2005, en face de l’église.

3.2. A Lestonan

Pierre Le Naour possédait une boulangerie à Lestonan où il déposait le pain fabriqué au bourg. En 1912, est venu Germain Guéguen qui louait la maison avec four servant de boulangerie, un hangar et une petite cour situés Menez-Groas. Germain Guéguen envoyait aussi du pain à Ti Ru.
La boulangerie, après un incendie en 1922, fut reconstruite et modernisée.
En 1947, au décés de Germain Guéguen, son fils François lui succéda jusqu’en 1970.
Ensuite, André Dervoet d’Elliant fut boulanger de 1970 à 2000. Et depuis, Arnaud Herledan (2000 - 2006) et Michel Girard se sont succédés.
A Stang Ven, la boulangerie Le Ster fut créée probablement vers 1923.
Après la seconde guerre mondiale, vers 1948, elle fut prise par Jean Philippe, ancien coureur cycliste, à l’origine du circuit de la Vallée Blanche et d’OCB.
Fanch Le Ster, vers la fin des années 1950, reprit le commerce familial - boulangerie, épicerie, bistrot - avec des tournées sur Briec, Ergué et Landudal.
La boulangerie Le Ster a ouvert un magasin de vente à Pen Ergué de 1987 à 1999.

3.3. Vers Garsalec - Saint-André

Peu après la fin de la guerre 39-45, à quelques 300 mètres du carrefour de la Croix Saint-André, juste avant la ferme de Kernaon, Mathias Binos ouvrit une boulangerie - bistrot.
En 1953, Guillaume et Catherine Plouzennec lui ont succédé, et Catherine sillonna jusqu’en 1981 les routes d’Ergué-Gabéric vers Garsalec et vers Landudal (voir Keleier n°55 - mai 2008).

3.4. Bara-bio à Kerveguen

Depuis plus de 20 ans, l’exploitation agricole de Kerveguen (Yves Le Gall) produit des céréales biologiques et fabrique en meunerie des farines diverses.
Et la boulangerie façonne des pains biologiques (farine fraîche de « la ferme », levain naturel, sel de Guérande, eau de source) cuits dans des fours chauffés au bois.

3.5. Au Rouillen

Avec l’urbanisation de ce quartier, des dépôts de pain furent installés :
- au magasin de Kérélan (Timmy) : 1978-1998
- à Pen Ergé (Le Ster de Stang-Ven).
Le supermarché de la Salle Verte vend du pain depuis 1998.
Une boulangerie importante fabrique et vend - rue P.J. Hélias - du pain et des gâteaux.
 

4.    Souvenir d’un mitron pendant la guerre 1939-45.

Jean Guéguen, fils de Germain qui fut boulanger à Lestonan de 1912 à 1947, aida son père pendant la guerre.
Il raconte le souvenir de la fabrication du pain de seigle.

" Le pain de seigle, plus communément appelé « pain noir », se faisait tous les mercredis.
La veille, on prenait une boule de pâte qui était restée dans du gros sel depuis une semaine. On la mettait dans la maie avec de l’eau tiède et on ajoutait un peu de farine pour faire un levain dans un demi-seau. On couvrait avec un sac.
Le lendemain, on reprenait le levain et on pétrissait avec de la pâte fraîche pour obtenir la pâte à pain.
On faisait 2 sortes de pain : de 1 kilo ou de 2 kilos.
Avant la cuisson, on les enduisait avec une pâte bouillie liquide faite de farine blanche et d’eau. Souvent, en les sortant du four, ces pains étaient fendus sur le pourtour. "

 

  1. Fournier : celui qui s’occupe de chauffer le four, de cuire le pain et éventuellement de faire le commerce du pain (vente au comptoir, portage à domicile, tournées …).

 

Dossier réalisé par Pierre Faucher - Keleier 67 - mars 2011

 

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Trésors d'archives > Souvenirs > A l'école publique de Lestonan dans les années 20

A l'école publique de Lestonan dans les années 20  

 
Lors des entretiens que nous accordent nos anciens sur la vie tout au long du XXe siècle à Ergué-Gabéric, nous ne manquons jamais de leur demander les contes, comptines, chansons dont ils se rappellent.
La chanson dont nous vous présentons le texte ci-dessous nous a été interprétée par Madame Marie-Anne Coatalem, de Stang Ven. Elle l’a apprise à l’école communale de Lestonan et se souvient de l’avoir chantée dans le cadre des épreuves du certificat d’études qu’elle a passé en 1928.  
 
Charpentier solide et hardi maçon
Bâtissez la maison, bâtissez la maison.
Coiffe-là de tuiles ou de fines ardoises
Couvreur que je vois si vaillant.
Citadine ou villageoise, 
Qu’elle ait un sourire accueillant.
Peintre fais la claire et jolie,
Ferme-la bien bon serrurier.
A vous tous adroits ouvriers,
Faites-en une œuvre accomplie.
Jardinier pare-la de fleurs, 
Achevez la maison de l’homme ô travailleurs (bis)  
 
 
Ecole Lestonan Filles bourg 1927Madame Coatalem est née en 1914 à Stang Ven. Ses parents étaient ouvriers-papetiers chez Bolloré. Elle a été scolarisée à l’école communale de Lestonan. C’était alors le seul établissement scolaire du quartier, puisque l’école privée ne verra le jour qu’en 1928.
Mmes Manach et Rolland s’occupaient des plus jeunes élèves, Mlles Dréau et Rannou assuraient la maternelle et la 2ème classe.Mme Lazou préparait la 1ère classe au certificat d’études.
 
Les conditions d’enseignement étaient loin d’être idéales : 103 élèves occupaient une même pièce, un rideau séparant simplement la première classe des autres, dont les effectifs se retrouvaient donc en commun. La cour plantée de tilleuls était agréable en été mais le sol en terre battue et aux nombreux nids de poules devenait très boueux en hiver. La cour restait cependant l’endroit idéal pour échanger dans un coin quelques mots en breton avec une amie complice et se reposer de l’usage du français ou encore, jouer au carré, à la balle, à la corde à sauter. 
Madame Coatalem se souvient des recommandations de l’institutrice pour le jour du certificat d’études : prendre un bain et mettre un sucre dans sa poche, pour parer à tout éventuel signe de faiblesse durant la longue journée d’épreuves. Madame Coatalem s’acquitta du bain réglementaire dans la lessiveuse, baignoire de l’époque.
Le matin du grand jour, elle revêtit son costume du dimanche. Avec les dix autres candidates au certificat d’études de cette année-là, elle partit dans le char à banc de M. Cariou de Munuguic. L’examen se déroulait à l’école Pasteur à Quimper. Les enfants avaient emmené leur casse-croûte pour le midi. Le soir, elles sont rentrées à Ergué-Gabéric avec un car de la société Mevellec. Neuf candidates, dont madame Coatalem, ont obtenu leur certificat d’études. 
L’obtention du certificat d’études était un honneur et l’instruction de la plupart des fillettes n’allait pas au-delà. L’institutrice de madame Coatalem aurait souhaité qu’elle intègre la sixième, à Quimperlé. Mais elle quitta l’école à l’âge de treize ans et demi. Elle travailla d’abord dans le cercle familial chez une sœur aînée, mère de deux enfants et bobineuse à la papeterie, puis chez son frère à la forge du Reunic, avant d’être employée dans différentes fermes.    
 
Photo : Fillettes à l'école publique de Lestonan vers 1927-28. 
 
 
 
 

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Témoignage sur la mine d'antimoine de Kerdévot

 

Ce texte est extrait de la revue bilingue Evid ar Brezhoneg. Il fut publié en 1975.

Il contient une brève introduction sur l’histoire de la découverte de l’antimoine à Kerdévot.

Il se poursuit par l’interview d’un ancien mineur Jean-René Even  qui habitait Kerroué-Kerfeunteun mais qui était originaire d’Ergué-Gabéric.

 

C’est en 1911 que l’on découvrit, par hasard, ce corps appelé antimoine à Kerzevod, en Ergué Gabéric, près de Quimper. Un jour que les gens du village extrayaient des pierres dans les champs, on en trouva une plus lourde que les autres sans que personne ne sût pourquoi. Cette pierre fut utilisée pendant un certain temps afin de savoir qui aurait la force de la soulever. Mais un jour, elle fut brisée ; les morceaux en étaient bleus et brillants. Le propriétaire des terres interrogea l’un de ses amis, expert en pétrologie, sur ce qu’il enétait. Il s’agissait d’antimoine. Les piques et les pelles se mirent donc à extraire de la terre et à creuser dans la carrière. Il vint trente ouvriers, puis plus de cinquante, travailler à la mine. Ils n’étaient pas tous du pays. Il y eut même des Espagnols, mais beaucoup venaient des environs de Quimper, tel Yann Even de Kerfeunteun. Une fois, les mineurs firent grève ; ils travaillaient pour une société parisienne, la “Société nouvelle des mines de la Lucette”. La grue qui remontait la terre cessa de travailler en 1916. Elle recommença en 1921, jusqu’en 1928. Depuis, on n’extrait plus rien de la mine de Kerzevod.

 

Interview d’un ancien mineur Jean-René Even

Jean-René Even, mineur à KerdévotA quelle époque y travaillez-vous?
C’était avant la guerre de quatorze et je n’avais pas encore trente ans, et maintenant j’en ai quatre-vingt dix.  Je suis maintenant un vieil homme. Pendant 2 ans  j’y ai travaillé.
 
D’où étaient les gens qui travaillaient avec vous ?
Je venais de Kervern, mais tous ne venaient pas d’Ergué-Gabéric. Il y avait aussi des étrangers, de Saint-Malo, de France, et il y avait même des Espagnols. Un des trous dans la mine a été appelé Le trou des Espagnols.
 
Et le travail, comment était-il ?
Comment se passait la journée ?
Nous travaillions pendant sept-huit heures, mais huit jours les gens travaillaient, et il y avait trois groupes. Je commençais le soir et jusqu’au matin je travaillais dans la carrière. Ainsi je pouvais  m’occuper de ma ferme pendant la journée.  Nous extrayions de la terre et à l’intérieur se trouvait l’antimoine. Cette terre  à était remontée à la surface par la grue.
 
Et quelle était la couleur de l’antimoine ?
Elle était bleue, presque noire. Et ensuite je ne me souviens pas très bien  où elle était expédiée. je suis devenu oublieux, mon gars. Dans la Mayenne, par le train je crois.
 
Comment était-ce dans la mine ?  C’était profond ?
Il y avait une cheminée pour descendre en
bas et là, ce n’était pas clair, je te le dis, mon gars. Mais chacun était muni d’une lanterne qui fonctionnait au carbure. Oui. C’était profond, deux ou trois kilomètres sous la terre, jusqu’à Keryann, si vous savez où ça se trouve.
 
Ça n’était pas dangereux ?
ça n’était pas, non. Personne n’a jamais été tué. Nous travaillions comme des taupes et l’eau coulait partout. Mais ce n’était pas mal payé.
 
Combien vous donnait-on à cette époque ?
Je ne m’en souviens pas, mon gars.  J’ai perdu la mémoire…vingt réaux = cinq francs, la journée. Mais nous étions assez bien payés et on nous donnait aussi un morceau de pain. Mais il n’y avait pas de lard.
 
Et depuis les choses ont beaucoup changé ?
Oui, iI y a certainement du changement : le travail n’est plus si pénible qu’auparavant. Il y a maintenant des machines partout et des tracteurs au lieu des chevaux.
 
Et les gens, ils ont changé aussi?
Les gens ? Oh oui, beaucoup. Ils ne sont plus
sérieux. Autrefois, les gens étaient mieux que maintenant. Maintenant, ils sont devenus électriques. La roue tourne trop vite.
 
Collecté par Jean-Michel Kernaleguen
Petit neveu de Yann Even

 

 

Accident à la mine de Kerdevot. Trois ouvriers ensevelis.

(article paru dans l’hebdomadaire Le Citoyen daté du 26 mai 1927).

Contrairement à ce que rapporte  Jean René Even, qui y travaillait avant guerre, il y a eu à la mine de Kerdevot au moins un accident important, à l’occasion d’un éboulement. Mais c’était en 1927, ce qui peut expliquer qu’il n’en a pas gardé de souvenir personnel.

Un accident qui aurait pu avoir d’irréparables conséquences s’est produit samedi soir près de la Chapelle de Kerdévot, où l’on entreprend actuellement l’exploitation d’un gisement d’antimoine.

Trois ouvriers ont été pris sous un éboulement, dans un puits de 10 mètres de profondeur. Ils ont pu être retirés rapidement, grâce à l’activité du personnel qui se trouvait à la surface.

L’un d’eux, Hervé Moisan, 48 ans, habitant à Landudal, a été grièvement blessé. Les deux autres, Michel Heuven, 23 ans, d’Ergué-Gabéric, et Pierre Merrien, 42 ans, d’Elliant, n’ont été que légèrement atteints.

Ils ont été transportés tous les trois à l’Hôpital de Quimper.

 

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Trésors d'archives > Pat. religieux > La Chapelle Saint-Guénolé

La chapelle Saint-Guénolé
 

La vie de Saint-Guénolé

Nous n’allons pas ici réécrire une vie de saint Guénolé. Citons les documents les plus anciens où elle se trouve retranscrite :
  • le cartulaire de Landévennec, en latin. La partie historique consiste en la narration de la vie de saint Guénolé avec : 
- La Petite Vie de saint Guénolé, par l’Anonyme de Landévennec ;
- La Grande Vie par Gurdisten, IXe abbé de Landévennec, augmentée de commentaires ascétiques et parsemée de poèmes ;
  • in La Vie des saints Bretons d’Albert Le Grand.
  • Nombreuses autres vies de saints, écrits concernant Landévennec (frère Marc de Landévennec : l’ Abbaye de Landévennec de Saint-Guénolé à nos jours, Ouest-France, Rennes), monographies paroissiales, traditions populaires (légende de la ville d’Is).
 
Archives Arkae Pat religieux > Saint GuénoléNous nous attacherons plutôt à quelques épisodes particuliers de sa vie qui la rendent caractéristique.
Tout d’abord, l’historicité de saint Guénolé semble aujourd’hui  bien établie. Les récents travaux sur l’histoire de l’Abbaye de Landévennec ont permis d’attester la présence d’un saint ermite vers la moitié du VIe siècle à proximité du monastère primitif de Landévennec. Nous ne possédons pas toujours d’éléments aussi fondés concernant l’existence de ceux qui sont devenus nos saints bretons.
Saint Guénolé compte parmi les premiers saints nés sur la sol armoricain. A ce titre, il figure donc au nombre des 7 saints fondateurs de Bretagne. 
Ses parents, Guen et Fragan, sont, comme cela se produit souvent dans la généalogie de nos premiers saints bretons des nobles émigrés de Bretagne insulaire. Son père est un neveu de Conan Mériadec. Fragan débarque en baie de Saint-Brieuc vers le début du VIe siècle avec son clan. L’étymologie en perpétue la tradition : Plouffragan serait ainsi l’endroit où il s’installa.
Elève modèle et doué, il se distingue aussi par ses premiers miracles: il rétablit la jambe brisée d’un camarade, en sauve un autre d’une morsure de serpent, ressucite un jeune homme tombé de cheval…
Mais le miracle le plus touchant est celui qu’il accomplit pour sa sœur Clervie. Un jars a arraché un œil à Clervie et l’a avalé. Un ange apparaît en songe à Saint-Guénolé pour lui enjoindre d’intervenir. Il lui indique que le coupable est le plus beau jars du troupeau. Saint-Guénolé retourne donc chez ses parents, s’empare du jars, l’éventre et retrouve l’œil de sa sœur. Il le replace aussitôt dans son orbite. Le jars ne se ressent nullement de l’opération et rejoint ses congénères...
Saint Patrick vient en rêve lui annoncer que le temps est venu pour lui de partir sur les routes pour poursuivre l’évangélisation de l’Armorique. Les pas de Guénolé le mènent à l’embouchure de l’Aulne, non loin de l’endroit où l’on a trace du monastère primitif. Guénolé ne l’a pas à proprement parlé fondé car sa construction est postérieure d’un siècle à la mort de Guénolé.
C’est à cet endroit que le roi Gradlon serait venu le trouver pour se mettre sous sa protection. Guénolé serait  devenu son conseiller, souvent invité par Gradlon dans sa ville d’Is. Ayant reconnu en Dahut, la fille du roi, un être compromis avec le démon, il jette l’anathème sur Is mais sauve Gradlon de la destruction de sa cité par les flots.
 
Photo : Saint Guénolé - pierre calcaire polycrome : visible dans la chapelle du Quellennec. Il porte le vêtement de l'abbé et un linge dans sa main droite afin de ne pas abîmer sa crosse. Sans doute oeuvre d'importation, vu la nature de la pierre.
 
Saint Guénolé aurait introduit le pommier en Armorique !
A Carnac, chapelle de Koetatos, on le prie pour avoir une abondante récolte de pommes de bonne qualité.
 
Il est intéressant de noter qu'Ergué-Gabéric possède deux édifices dédiés aux 2 premiers abbé de Landévennec : saint Guénolé et saint Guénaël (saint Guinal) son saint patron.
 
Vertus de Saint Guénolé :
Il protège les marins (pardon avec procession en mer à Penmarc'h, premier dimanche de septembre.

Les paysans l'invoquent pour faire mûrir les moissons.

 

 

La Fondation de la chapelle du Kelenneg

Un édifice mentionné à la fin du XVIe siècle
En 1516, l’Abbaye de Landévennec possédait au Quellennec en Ergué-Gabéric des terres tenues par Yvon de Menguen. Cet aveu ne mentionne pas la présence d’une chapelle. Elle n’est attestée qu’en 1639 dans un aveu de l’Abbé PierreTanguy concernant les possessions de l’Abbaye au Quellennec. D’autres aveux du XVIIe siècle. confirment outre l’existence de la chapelle celle d’une fontaine à «  Monsieur Sainct Guénollay ».
Couffon et le Bars dans leur répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper font remonter l’élévation de la chapelle au début du XVIe siècle Louis Le Guennec, dans un article paru en 1929 dans le bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzévot » fait remarquer qu’un vitrail porte la date de 1554. Mais ce vitrail n’existe plus.
 
Une fondation des Sieurs de Kerfors
Par un aveu de 1680 conservé aux archives de Nantes et signé Jan de La Marche, nous apprenons que les seigneurs de Kerfors revendiquaient la fondation de la chapelle : 
« … connaît estre fondateur d’une chapelle… en l’honneur de monsieur Saint Guénollay pour avoir icelle esté bâtie en son fonds par par la concession de ses prédécesseurs et avoir un écusson taillé en bosse dans le pignon occidental au dessus de la principale d’icelle et estre fondé de mettre et apposer ses armes en tout endroit d’icelle… »
L’initiative de la fondation remonterait donc à un certain Pierre de Kerfors qui signe des aveux en 1539 et 1549. Il semble que la fondation de la chapelle soit dûe à une convergence d’intérêts entre les moines et les sieurs de Kerfors. Mais, si les premiers citent la chapelle dans leurs biens en 1639, les sieurs de de Kerfors ne manquent pas 40 ans plus tard de réaffirmer leurs prééminences sur la chapelle.
 

Archives Arkae pat religieux > Saint CorentinUn souci permanent de maintenir l’édifice en état

1679 : le lambris est refait ainsi que l’indique l’inscription  dans le bas-côté sud de la chapelle.
1777 : la cloche « fendue depuis longtemps » est fondue chez le sieur Goubelin à Quimper. Elle pesait 291 livres.
1794 : procès verbal d’expertise des biens du Clergé: « elle est en très bonne réparation, plafonnée en entier à neuf… »
1943 : dépôt pendant la période de la guerre, de 722 caisses contenant les vitraux de Saint-Corentin, Saint-Matthieu, Penmarc’h, Peumerit, Pont Croix. En échange, la toiture a été réparée et des grillages ont été placés aux fenêtres.
1974 : restauration de Jean-Marie Puech, évoquée dans le bulletin municipal.
 
Photo : Saint-Corentin - bois polychrome : il occupe à Saint-Guénolé la place qui devrait être celle de la statue su saint patron, à droite lorsqu'on regarde l'autel.

Les destructions :

Haut du calvaire dans un talus proche de la chapelle

En 1794 le calvaire est encore debout. Le commissaire expert, dans son procès verbal d’expertise des biens du Clergé, inventorie « une croix en pierre de taille ayant un piédestal de 8 pieds de haut sur huit pieds de largeur dans les quatre faces. ». Ainsi, la Révolution lui fut peut-être fatale comme à tant d’autres éléments du patrimoine religieux. Aujourd’hui, il n’en reste que le vestige exposé dans la chapelle.

Photos :
Haut du calvaire dans un talus proche de la chapelle
Clocher de la chapelle Saint-Guénolé - octobre 1983

Arkae > Tresors Archives > Patrimoine religieux > St-guenole-clocher 1911L’année 1911, le recteur Lein note dans son journal : « Le clocher de st Guénolé a été atteint par la foudre le 10 juillet vers midi et le toit est très endommagé. L’on a refait  le clocher en ciment armé, mais le clocher est désormais et moins beau et moins haut….Les ouvriers avaient brisé une partie des pierres de l’ancien clocher et s’en étaient servis pour faire la maçonnerie de la base du nouveau clocher. Pour ce travail, M. le maire s'était entendu avec M. Hervénou, entrepreneur à l'Hôtel, Ergué-Gabéric. On a dépensé pour tout ce travail 1 600 francs (dont 6 ou 700 fournis par la compagnie d'assurances, 500 par l'église d'Ergué-Gabéric et le reste par le conseil municipal (la commune). Le jour même où le clocher avait été abattu, la foudre aussi avait tué plusieurs bêtes à corne chez Rannou.»

Extrait du journal de M. Lein, recteur d'Ergué-Gabéric de 1909 à 1914.

 
Les intempéries furent les autres ennemies de Saint-Guénolé. On voit encore sur les dalles  de la chapelle, près de la porte occidentale, le ciment qui a servi à niveler le sol lorsque le clocher s’est effondré, crevant le toit et endommageant l’intérieur.
 
 
 
Saint Guénolé est fêté le 3 mars.
C'est pourquoi un petit pardon a lieu le premier dimanche de mars. A Ergué-Gabéric, le grand pardon a traditionnellement lieu le 2 juillet.
 
La trêve de Saint-Guénolé était une des plus importante de la paroisse par sa superficie. Les village de Tréodet, Kerrous, Skividan, LeLec, Kerfrés, Stanc Quéau, Kernoas, Griffonès, Quellenec, Beg ar Menez, Penanec'h, Kermorvan en faisaient partie.
 
 
Bernez Rouz - Keleier n°4 juillet 2000
 
 

 


Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Frédéric Le Guyader

Frédéric Le Guyader 1847-1926

Arkae > Tresors d'archives > Personnages > Frédéric Le Guyader

 

Né à Brasparts en 1847, Frédéric Le Guyader a publié des pièces de théâtre et de la poésie.

Son ouvrage le plus célèbre est la Chanson du Cidre publié en 1901.

Conservateur de la bibliothèque municipale de Quimper, c’est probablement lui qui est décrit par Déguignet avec sa verve caustique habituelle comme : "un personnage  autocrate, qui trône comme un Dieu dans sa bibliothèque, ami et serviteur des charlatans et comédiens, soi-disant représentant du peuple etc".

Dans ce long poème consacré aux amours d’un paysan riche de Langolen et d’une pauvre fille, il situe l’action dans un cabaret à un quart de lieue de Quimper sur la route de Coray, c’est-à-dire à Ergué-Gabéric.    

 

Le taudis du père Tigréat

En somme, n’ayant eu que la peine de naître,
Je suis le paysan le plus riche peut être
Non seulement du beau pays de Langolen,
Mais de tout Quimperlé, Quimper et Châteaulin,
Qui sont tout simplement la Cornouaille entière.
Suzanne, grâce à Dieu, n’est pas une héritière !

Très franche, en quelques mots elle m’avait tout dit :
Fille unique, ses bons parents « tiennent débit »
Au hameau de Ty Glas, tout près dans la banlieue
De Quimper dont il est distant d’un quart de lieue.

La route de Coray nous y mena tout droit.
Trois chaumes, trois taudis, dont l’aspect donne froid,
Se suivaient, composant ce hameau de misère.
Que m’importait j’étais un amoureux sincère !

Et d’avance, elle était confuse de me voir
Pénétrer avec elle, en ce taudis tout noir,
Où végétait, dans la misère, sa famille.
Je rassurai d’un geste ami la pauvre fille,
Je lui pressai la main et j’entrai bravement.
Oui c’était triste et nu lamentablement.

D’un côté, le foyer, où près d’un chat farouche,
Une vieille faisant un soufflet de sa bouche,
S’efforçait d’animer le feu, dans l’âtre obscur.

 

De l’autre, quelques fûts rangés contre le mur,
Empestés d’eau de vie et de cidre exécrable,
Indiquait un débit tellement misérable,

Que je fus très surpris d’y voir quelques clients,
Trois ou quatre, peut-être, ivrognes très bruyants,
Fumant, buvant, bavant, servis par un bonhomme,
Dont je savais le nom, déjà, sans qu’on le nomme !
Le père Talgréat était à son comptoir.
Mais je le devinais plutôt, sans trop le voir.

La nuit tombait. Suzanne alluma la chandelle.
Comme je lui parlais en m’asseyant près d’elle
Je remarquai que le bonhomme avait les yeux
Epouvantablement cireux et chassieux.

De temps à autre avec une serviette immonde,
Qui servait à rincer les verres à la ronde
Il s’essuyait les yeux… je me sentis frémir ;
Car c’était sale, sale à vous faire vomir…
Ce spectacle Suzanne en avait l’habitude
Sans doute, et ne vit rien de mon inquiétude…

Mais pourquoi me troubler d’un si mince détail ?
Je ne voyais que son sourire aux dents d’émail,
Son front pur, ses yeux doux, si bien que la chaumière
Resplendissait de sa beauté, de sa lumière.


Frédéric Le Guyader
« Comment j’épousai Suzanne » pp. 17-18
Confession d’amour d’un jeune paysan de Langolen - Quimper 1916

 

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Trésors d'archives > Souvenirs > La chanson du Stangala

La chanson du Stangala 

 

Il semble que le Keleier ne soit pas resté insensible au Printemps des Poètes : c’est en effet avec plaisir que nous sortons de nos archives cette chanson collectée dans les années 1980 par Corentin Ollivier.

Il en a remis la transcription à Arkae en précisant que cette chanson daterait des années 30, que les paroles sont attribuées à Edmond Stéphan, la musique à  Henri Coutantet que le tempo est une valse enlevée.

I
 
Tout chante dans la nature
Les oiseaux dans la ramure
Lancent au loin leurs folles chansons.
Dans les grands bois l’écho leur répond
Et dans ce beau jour de fête
Margot, joyeuse s’apprête
Le cœur ému malgré tout
A son premier rendez-vous.
 
 
1er refrain
 
Et dans sa robe blanche
Margot s’en est allée
Par un radieux dimanche
Au Stangala retrouver l’être aimé.
La nature complice berce leur cher amour ;
Au fond du gouffre un ruisseau se glisse, chante, chante toujours.
 
II.
 
Le bonheur sitôt qu’il passe,
S’enfuit à travers l’espace
Il ne s’attarde pas en chemin
Parfois il fuit brisant le destin.
La pauvre Margot sans trève
Soupire après son beau rêve
L’infâme , hélas, brisant son amour
s’en est allé pour toujours.
 
 
2ème refrain
 
Et dans sa robe sombre
Folle de désespoir
Margot s’en va dans l’ombre
Au seul endroit qui vit son seul espoir
Le cours d’eau qui l’invite
L’entraîne sans retour
Et depuis lors le ruisseau qui s’agite
Pleure, pleure toujours.
 
Corentin Ollivier est l’auteur de plusieurs publications disponibles à la bibliothèque municipale de Quimper :

Sur la cathédrale de Quimper : 

  • La Cathédrale de Quimper
  • Les Bretons et les Croisades : cathédrale de Quimper
  • Le vitrail de Saint-Yves à la Cathédrale de Quimper.

Sur Quimper :

  • L’école des garçons de la rue du chapeau rouge
  • Du Pont Médard à la Rampe de Kergariou.

Sur Kerfeunteun :

  • Vieux manoirs en Kerfeunteun

 

 
 
 

Trésors d'archives > Géographie > Les chauves-souris de Kerdévot

Les chauves-souris de Kerdévot

 
Quelques articles et reportages, associés à la mise en place de la journée nationale de la chauve-souris (fin août), commencent à faire accepter le petit chiroptère (du grec kheir, chiro : main et ptère : aile) dans nos villes et nos campagnes.

Ceci est la résultante d’un travail mené en amont par différents acteurs de la protection de la faune et de l’environnement : Groupe mammalogique breton (GMB), SEPNB Bretagne Vivante.
Professionnels et bénévoles se répartissent les missions d’étude des colonies repérées sur place et participent à un protocole de suivi du Muséum d’histoire naturelle. Ce protocole a déjà permis de mieux connaître le comportement des chauves-souris et d’agir ainsi au mieux pour leur protection.
En effet, bien que leur mauvaise image nuise encore à leur considération, elles représentent des animaux fort utiles dans l’écosystème : croqueuses d’insectes nocturnes, elles évitent la trop grande prolifération de ceux-ci.

Le grand rhinolophe

Corps : 7 cm

Envergure : 35 à 40 cm

Poids : 20 à 30 g.

Longévité : 30 ans.

C’est au cours d’une mission de comptage que nous avons pu nous joindre le lundi 05 février à Martine Rospars du GMB et à Pascal Bernard de la SEPNB et rendre ainsi visite à ces drôles de souris, pénétrer dans leurs hivernages elliantais et gabéricois, puisque deux colonies voisinent, l’une dans les combles de l’église Saint-Gilles et l’autre dans la mine d’Antimoine de Kerdévot. Elles trouvent dans ces deux sites de bonnes conditions de séjour hivernal : une température stable et douce si possible (entre 10 et 12°) et un grand calme.

Dans les combles de Saint-Gilles, 177 individus ont été dénombrés, à Kerdévot 35.
Dans l’un et l’autre site, une seule espèce a été repérée : le grand rhinolophe.
Or le grand rhinolophe se réfugie en principe en colonie dans les milieux souterrains l’hiver : l’hygrométrie ambiante permet notamment à la membrane des ailes de conserver sa souplesse pendant la durée de l’hibernation ;  et semble affectionner combles et greniers plutôt au moment de donner naissance à son unique rejeton de l’année (mise bas entre mi-juin et mi-juillet). Il  peut donc paraître étonnant de recenser en cette saison davantage d’individus dans les combles de Saint-Gilles que dans la mine de Kerdévot. Mais à ce stade des connaissances sur le comportement des chauves-souris, il est difficile d’avancer une explication.
Aussi Martine Rospars effectue un relevé précis de différents paramètres à considérer et à confronter les uns aux autres pour comprendre les mouvements de population: température, hygrométrie, niveau de l’eau dans les galeries (dû à l’infiltration des eaux de pluie, il y atteignait largement le genou), changements survenus dans le milieu…

Mais qu’en est-il des autres espèces qui d’après les observations de Martine ROPSARS fréquentent habituellement la mine désaffectée de Kerdévot : le murin de Daubenton, le murin à moustaches, le murin de Beschtein ? Ces espèces sont moins grégaires que la précédente. Anfractuosités dans les arbres, les vieux bâtiments leur procurent alors un abri suffisant pour hibernation en solitaire .

L’important déficit de population relevé chez les chauves-souris sur l’ensemble du secteur Ergué-Gabéric-Elliant durant cet hiver par Martine Rospars signifie peut-être que les chauves-souris ont découvert un nouveau gîte pour s’abriter à la morte saison. Encore une mission pour les bénévoles qui devront le découvrir!
 
Gaëlle Martin - Keleier Arkae n°10 février- 2001

 


Trésors d'archives > Pat. religieux > Saint-Guénolé, interview de Pierre Le Bihan

Saint-Guénolé : une restauration qui ne restera pas sans suite

Interview de Pierre Le Bihan

 

Nous ne pouvions clore cette année « Saint-Guénolé » sans précisément laisser le dernier mot à la chapelle du Quellennec.

Nous sommes allés à la rencontre de Pierre Le Bihan de Ty-Glas. Nous avons voulu évoquer avec lui sa participation à la restauration de Saint-Guénolé dans les années 1970-74 et recueillir son sentiment, aujourd’hui face à l’édifice prêt à aborder le troisième millénaire dans toute son élégance retrouvée !

 

L'édification de la chapelle

Pierre Le Bihan explique tout d’abord comment il s’est opposé avec d’autres habitants du Quellennec au projet de l’abbé Breton d’utiliser les pierres de Saint-Guénolé pour l’édification de la chapelle de Ker-Anna. En effet, pour lui il s’agissait d’une part, de respecter un vœu, un choix des anciens ; d’autre part, Saint-Guénolé constituait là sur cette petite hauteur du Quellennec un centre de vie tout autant religieux que populaire, flanquée alors de deux cafés-commerces.

Le Conseil municipal, sous le mandat de Jean-Marie Puech, avalisa le projet de restauration. Pierre Le Bihan, à la demande du recteur Morvan, accepta alors de se faire sculpteur pour réaliser le décor de l’autel. Il nous donne l’origine du motif : un cœur d’où sortent des flammes, entouré d’ondulations. Il s’en trouve un semblable sur une tombe du cimetière de Saint-Guénolé Penmarc’h. Le cœur symbolise l’amour, les flammes, la foi et l’eau, le baptême. Pierre le Bihan raconte qu’il se consacrait à cet ouvrage après son travail de cultivateur et qu’il a eu à souffrir quelque peu l’impatience du recteur ! Il avoue avoir été assez heureusement surpris du résultat mais ne pas avoir persisté dans l’art du ciseau par la suite.

 

Comité de Saint-Guénolé

 Cependant, à l’issue de cette première restauration, la vie n’avait pas repris à Saint-Guénolé. Les pardons étaient tombés en désuétude. Autrefois avaient lieu un petit (1er dimanche de mars) et un grand pardon (3e dimanche de Juillet). L’office, jusque dans les années trente, se terminait par le baiser aux reliques de Saint-Guénolé, alors conservées dans le maître-autel. La procession reprenait les bannières entreposées à l’église paroissiale et faisait le tour du Quellennec. Il a fallu attendre 1991 et la formation du Comité de Saint-Guénolé pour voir revivre le grand pardon et sa kermesse telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Le légendaire plane toujours autour de la chapelle. Légende des origines, bien sûr, et M. Le Bihan est un familier de la légende de saint Guénolé. L’influence de cette légende se fait sentir jusque dans le récit de cet orage de 1911, fatal au clocher de la chapelle. Pierre Le Bihan a toujours entendu dire que c’était le saint lui-même qui avait commandé cet orage et il a gardé en mémoire un récit qui laisse à penser que l’événement fut spectaculaire : des hêtres s’élevaient à l’époque devant Saint-Guénolé qui ont pu attirer la foudre; un éclair a d’abord abattu le clocher, puis sous la forme d’une boule de feu aurait roulé dans l’habitation voisine, passé entre les pattes d’une jument et  fini sa course en ôtant la vie à une poule qui couvait. 

Quant au trésor de Saint-Guénolé, quelques « oeuvriers » employés à sa restauration ont bien sondé les pierres mal scellées ici ou là et même le sous-sol mais en vain…

 

La réédification du clocher

Pierre Le Bihan ressent aujourd’hui une grande fierté devant cette chapelle : fierté d’avoir réussi à sauver une première fois l’édifice, fierté d’y avoir mis un peu de lui-même au travers de la pièce majeure que constitue pour un édifice religieux son autel, fierté de voir la nouvelle génération prendre le relais au point de faire aboutir un vœu cher aux habitants du Quellennec depuis longtemps : la réédification du clocher de leur chapelle.

Cette restauration ne marque pas un point ultime à la mobilisation autour de Saint-Guénolé : le comité a annoncé son engagement pour la remise en état du calvaire et pour le maintien du pardon. La municipalité d’Ergué-Gabéric a inscrit Saint-Guénolé au concours « Les Rubans du patrimoine » qui récompense au niveau national une initiative en matière de restauration. L’Office de Tourisme souhaite l’inclure dans ses circuits intercommunautaires… Nul doute que la chapelle fera  encore  parler d’elle au-delà de l’an 2000.

 

Keleier arkae n° 8 décembre2000
 
 

Trésors d'archives > Politique > Elections présidentielles à Ergué-Gabéric

Résultats des élections présidentielles à Ergué-Gabéric

22 avril 2012

Inscrits 6173, votants 5467 (88,56%), exprimés 5368,

François Hollande (PS)  38,69 Nicolas Sarkozy (UMP) 20,12 Jean-Luc Mélanchon (FG) 11,07 François Bayrou (Modem) 11,85 Marine Le Pen (FN) 11,46 Eva Joly (Les Verts) 2,72% Nicolas Dupont-Aignan (Rpf) 1,83% Nathalie Arthaud (LO) 0,63% Philippe Poutou (NPA) 1,38% Jacques Cheminade.  

 

22 avril 2007

Inscrits 6012, votants 5466 (90,92%) exprimés 5407.

S. Royal (PS) 33,72% F. Bayrou (Modem) 23,43 % N. Sarkozy (UMP) 22,21% J.M. Le Penn (FN) 6,12% Besancenot (LCR) 5,34% Voynet (Les Verts) 2,52% Bové (Conf. Paysanne) 1,78% Buffet (PCF) 1,52% De Villiers (RPF) 1,26% Laguillier (LO) 0,96% Nihous (CPNT) 0,91% Schivardi (PT) 0,24 %

Tableau élections présidentielles Ergué-Gabéric
 
6 mai 2012

François Hollande 64,13%

Nicolas Sarkozy 35,87%

6 mai 2007

Ségolène Royal 60,79%

Nicolas Sarkozy 35,87%

 

 

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Trésors d'archives : Patrimoine industriel sommaire

 

Patrimoine industriel

 

 


 


Trésors d'archives > Politique > L'octroi à Ergué-Gabéric

L'octroi à Ergué-Gabéric

 
L’action des assemblées révolutionnaires, en matière de finances communales porte sur deux axes : instaurer de nouvelles ressources, dès lors que l’octroi est aboli, et restaurer le crédit des communes en assainissant leur situation financière et liquidant leurs dettes.
 
De fait, les solutions compensatrices prévoient d’attribuer aux communes une part des contributions nationales sous forme de « sous additionnels » aux contributions nationales foncières et mobilières (décret du 5-10 août 1791), mais ces mesures ne deviennent effectives que beaucoup plus tard. Longtemps, les seules ressources des communes seront les centimes additionnels (25 février 1791) à des contributions qu’on ne parvient ni à recouvrer, ni même à asseoir. Ce pourcentage des impôts publics réservé à la commune, consiste en un nombre de sous - fixé par acte législatif - à percevoir pour chaque commune. Leur création induit le principe de l’interdépendance de l’impôt communal avec l’impôt d’Etat et le budget de l’Etat règle désormais celui de la commune avec des bases d’imposition semblables.
 
Toutefois, les communes, durant la Révolution, ne percevront jamais cette nouvelle recette et pour beaucoup de communes, s’instaure une situation de faillite permanente pendant toute la période.
 
Côté dettes, quelques mesures sont prises pour aider les communes à les liquider. Dans cet esprit, en 1790, on accorde aux municipalités un bénéfice d’un seizième du prix des biens nationaux vendus par elles. Un an plus tard, l’Etat autorise les communes à vendre leurs biens patrimoniaux pour rembourser les dettes restantes et décide de prendre à sa charge le surplus si ces deux ressources n’étaient pas suffisantes. En pratique, aucune de ces mesures ne sera suffisante et les communes ne peuvent surmonter durablement la crise de leurs finances.
 
La séance du Conseil Municipal du 5 janvier 1792, à Quimper en est la parfaite illustration : « Vous savez, messieurs, que la suppression des octrois a privé la commune de tous les revenus, qui portaient cependant à 19 000 livres, ou environ ». Or, les solutions compensatrices ne parviennent pas à couvrir les charges. La situation, d’ailleurs, ne cesse de s’aggraver au fil des ans. La multiplication des fêtes nationales, le financement du secours aux indigents – en nombre croissant – les dépenses non compensées, la baisse des recettes, les dévaluations, entraînent la faillite de la municipalité.
Aussi, les demandes de rétablissement de l’octroi se font de plus en plus pressantes. Pour mieux les appuyer, le descriptif des situations les plus sordides se fait précis et imagé. Ainsi peut-on lire, à propos de l’hospice civil de Quimper, que l’on y a « pour toute nourriture, de la soupe de graisse avec du pain d’orge et de seigle ». Les employés communaux ont vu leur nombre réduit et leurs émoluments fondre. Les services les plus importants sont suspendus. Promenades publiques, pavés, places, pompes et seaux à incendie sont indigents. Les quais sont dans un tel état, les services de police, non salariés, donc, si négligents, les grillages si dégradés et les réverbères si peu entretenus que « tous les ans nous voyons se renouveler des accidents [...] cette année encore, nous avons eu la douleur de voir se noyer sept pères de famille... »
Suit la démonstration magistrale de l’utilité du rétablissement d’un octroi qui rapporterait 25 200,00 francs annuels, auxquels s’ajouteraient les centimes additionnels, le dixième des patentes portant à 1 300,00 francs. Le total produirait une somme de trente et un mille francs. « ce droit se payait avant la Révolution, pour ainsi dire sans s’en apercevoir, et sa perception se faisait à très peu de frais » [...] « Forcés de recourir à des taxes indirectes et locales, nous n’avons pas trouvé de projet plus sage ». Bien entendu, il est urgent et nécessaire que l’administration centrale du Finistère donne son accord à ce projet. (A.M.Q. 2 D 6)
 
La loi du 15 frimaire an VI divise les dépenses de la République en quatre classes : dépenses générales supportées par tous les Français, dépenses départementales, municipales de canton et communales.
Elle précise également les dépenses prises en charge par les communes : écoles primaires, gardes-champêtres, entretien du pavé. Des dépenses couvertes en partie par les centimes additionnels au principal de la contribution foncière et personnelle mobilière (principe du recours à la fiscalité directe par les communes) et en partie par le produit de la location des biens patrimoniaux, les revenus des bois communaux, le produit de la location des places dans les halles et marchés, rivières, ports et promenades publiques.
Désormais les recettes et les dépenses des communes sont définies, mais chacune d’elles est tenue d’envoyer à l’administration du département l’état de ses dépenses prévues pour y être examiné, arrêté, voire réduit.
Cette loi est complétée par celle du 11 frimaire an VII, qui énumère plus précisément les dépenses de la commune, pose le principe de l’autorisation par décret des impositions extraordinaires et les bases de la nouvelle législation des octrois, qui viennent d’être rétablis. Enfin la loi du 4 thermidor an X organise définitivement le mode d’établissement des budgets communaux.
 
Sous l’Empire, les finances municipales sont ponctionnées sur trois niveaux : les communes doivent désormais participer à l’entretien des casernes, de la garde nationale au traitement des préfets et aux dépenses du culte.
Des prélèvements sont opérés sur le produit de l’impôt municipal : 5 puis 10 %, en 1806, sur le produit net de l’octroi des villes de plus de 4 000 habitants pour le pain des troupes, puis suivent des prélèvements affectés au fonds de subvention des besoins du culte, au profit des invalides et au fonds commun affecté aux dépenses gouvernementales.
Enfin, la loi de finance du 13 mars 1813 affecte à l’Etat la propriété de tous les biens des communes, à l’exception des bois, des biens communaux proprement dits et du domaine public. En échange, la commune reçoit une rente calculée en proportion du revenu net qu’elle en aurait tiré.
 
La loi de 1837 accentuera la tutelle centrale et instaurera le principe de la division des dépenses communales en chapitres obligatoire et facultatif. Vingt et une dépenses obligatoires sont imposées à la commune, même si le conseil municipal refuse de les voter.


Cadre du nouvel octroi

L’octroi, taxe indirecte de consommation, rétabli au profit des communes, porte sur certaines denrées et certains objets. Progressivement rétabli dans les villes à partir de l’an VII, il devient obligatoire dans les villes qui n’ont pas de revenus suffisants pour financer les hospices civils dès l’an VIII
 
Avec le rétablissement des octrois, la fiscalité municipale retrouve le même visage que sous l’Ancien Régime puisqu’à nouveau l’impôt indirect prédomine dans les recettes.
 
La loi du 11 frimaire an VII prohibe la « taxation des denrées servant habituellement à la nourriture des hommes » (grains, farine, fruits, beurre, lait, légumes). Mais le changement d’habitudes alimentaires aidant, certaines denrées, devenues de consommation courante, sont cependant désormais taxés : la viande, le poisson, les boissons, les bois de chauffage.
 
A partir de 1816, les conseils municipaux décident entre quatre modes d’exploitation :
  • La régie directe : perception de l’octroi par des agents municipaux, pratiquée dans les grandes villes. Cependant, son coût ne cesse d’augmenter au cours du XIXe siècle, en même temps que s’accroît la charge salariale (10 à 20% du produit de l’octroi dans de nombreuses communes). Ce sera pourtant le mode d’exploitation choisi par Ergué-Gabéric.
  • La régie intéressée : le régisseur perçoit l’octroi moyennant un prix fixe et une part variable en fonction des frais de perception et des bénéfices réalisés.
  • Le bail à ferme : adjudication du produit de l’octroi moyennant un prix convenu. L’adjudication ne peut excéder trois ans et l’adjudicataire doit fournir un cautionnement.
  • L’abonnement avec la régie des contributions indirectes, laquelle perçoit l’octroi et en verse le montant dans la caisse municipale après déduction d’une remise proportionnelle et d’une somme fixe convenue par contrat et représentant les frais de perception. Ce mode de recouvrement se substitue peu à peu aux autres, en raison de l’économie que cela représente en frais de perception.d’Yves Le Gars, cabaretier rétif de Goëlet-Quéau, qui refuse de payer ses droits. Aussi, le 20 mars 1811, est–il décidé que soit mis brandon bas dans les 24 heures, s’il persiste dans son refus.
Ainsi Ergué-Gabéric arrive péniblement – financièrement parlant -, jusqu’à la date fatidique du 26 novembre 1837. Au cours de cette séance du conseil municipal, il faut bien constater que les recettes de la commune sont à peine suffisantes pour couvrir les dépenses ordinaires, lesquelles sont malgré tout nécessaires (réparations urgentes aux chemins, à l’église, au presbytère). Si la situation de délabrement décrite n’atteint pas les sommets de la relation des malheurs quimpérois en 1792, l’on n’en perçoit pas moins l’évident manque de ressources pour faire face aux dépenses. Aussi, en s’appuyant sur l’ordonnance royale du 9 décembre 1814, la loi du 11 frimaire an VII et celles des 24 avril 1806 et 28 avril 1816, le conseil demande-t-il, à l’unanimité, au Ministre de l’Intérieur, par l’intermédiaire du préfet, l’établissement de droits d’octrois dans la commune, sur les vins, eau de vie et liqueurs qui seront introduites dans la commune. Les droits fixés sont de 5 francs par hl. de vin et 10 francs par hl. d’eau de vie et liqueurs. Le mode de perception sera la régie principale, c’est-à-dire l’administration immédiate du maire.
 
L’introduction de l’octroi, dans la commune, révèle un souci économique certain. En effet, la délibération du 20 octobre 1839 est on ne peut plus claire à ce sujet : sans octroi, pas d’école primaire, non plus que de logement pour l’instituteur. Or, ce même local aurait pu servir avantageusement pour les réunions du conseil et la conservation des archives. Mais voilà que se dessine en outre un fort souci moral et sanitaire. Le conseil prend acte qu’il est impossible de recourir aux souscriptions volontaires une nouvelle fois. Le budget est insuffisant à couvrir les simples frais de la mairie. Pis que tout, il faut renoncer à tout espoir de créer les recours fondés jusqu’alors sur le droit d’octroi de la commune. Aussi ne peut-on que déplorer « avec tous les gens de bien, amis de l’ordre et de leur pays, qu’un rejet irrévocable et non motivé ait accueilli la demande qui avait été formée de l’établissement d’un octroi. Mesure d’autant plus nécessaire qu’en subvenant à une petite partie des besoins de la commune, elle pouvait faire diminuer le nombre de débits de boissons pernicieuses qui viennent s’établir chaque jour à la porte de chaque habitation de cultivateurs, pour porter des habitudes d’oisiveté, de désordre et d’immoralité. Et par suite, la misère et la dégradation physique et morale de la population ». Il est des discours qui se répètent inlassablement et laissent songeur-euse.
 
Toujours est-il que cela ressemble fort à une période durant laquelle la commune, aux abois, ne bénéficie plus d’octroi. Il n’y a rien d’étonnant, de ce fait, à ce que la situation financière de la commune ne s’améliore pas sensiblement. En 1847, la commune, déjà grevée d’impôts, ne peut plus créer d’autre imposition extraordinaire et demande au préfet l’autorisation de puiser dans ses réserves. Toutes les économies possibles sont réalisées, malgré l’obligation faite de procéder à un certain nombre de dépenses. En 1856 encore, la commune préfère continuer à payer une taxe pour l’instruction primaire plutôt que de construire une maison d’école, encore jugée inutile. Les centimes additionnels n’en finissent plus de s’additionner et la caisse de la commune est vide. Ce en quoi, soyons équitable, Ergué-Gabéric n’est pas une exception. En effet, le principal des quatre contributions directes, sur lequel portent les centimes communaux (foncier, portes et fenêtres, personnel-mobilier et patentes), demeure stationnaire dans les communes rurales et ce, quels que soient les progrès des cultures. Comme généralement – exception faite des différences provenant de la valeur du sol – il est en proportion du nombre d’hectares, son revenu dépend de l’étendue de la commune. Aussi ce système pénalise-t-il encore plus fortement les communes rurales de faible étendue. En revanche, les communes urbaines s’enrichissent.
 
Le 3 août 1856, le conseil se fait l’écho de l’urgence, pour la commune, de se créer des ressources extraordinaires, pour pourvoir aux réparations des chemins, à l’entretien du presbytère, à la construction du mur du cimetière, à l’entretien d’un cantonnier. La masse salariale commence à peser plus lourdement sur le budget. La création d’un octroi sur les boissons « enivrantes » est demandée à l’unanimité. Cet octroi pèsera sur le vin, le cidre, le poiré, l’hydromel, l’eau-de-vie, les liqueurs, importés dans la commune. Les aubergistes seront soumis aux mêmes droits pour les boissons fabriquées sur la commune. Enfin, la quotité des droits est fixée à 1,20 francs par hl. de vin, 50 centimes par hl. de cidre, de poiré, d’hydromel et 4 francs par hl. d’alcool et de liqueurs. Un an plus tard, le 14 juin 1857, le conseil fixe le taux de remise pour la perception de l’octroi à 10%.
 
Par la suite, le conseil, si fermement déterminé, en 1806, à en cesser la perception très rapidement, va demander régulièrement, tous les cinq ans, une prorogation de l’octroi. Ce qui ressemble à un abonnement. C’est le cas le 25 février 1866, le 19 mars 1876. Le budget étant tout aussi régulièrement déficitaire, le maire rappelle, le 14 mai 1882, que l’octroi prenant fin au 31 décembre de la même année, il serait urgent que le préfet prenne les mesures nécessaires pour qu’aucune interruption ne se produise dans la perception de ces taxes. La commune est dénuée de ressource, criblée de dettes, incapable de faire face aux dépenses. Si elle était privée de son octroi, l’on n’ose imaginer le gouffre dans lequel elle sombrerait. Aussi, le conseil « prie-t-il incessamment le gouvernement de vouloir bien proroger le tarif et le règlement de l’octroi ».
 
Mais le conseil municipal peut parfois se montrer un peu lent, malgré les impératifs. C’est ainsi que le 20 février 1887 le maire rappelle que l’autorisation de percevoir l’octroi dans la commune est expirée depuis le 31 décembre de l’année précédente. Le conseil délibère et, après avoir constaté que, comme à l’accoutumé, la commune est grevée de dettes et incapable de faire face à ses dépenses sans l’apport de l’octroi, en demande la prorogation pour cinq années. Cette prorogation sera ainsi demandée de cinq en cinq ans. En 1893, on se demande même si l’on ne va pas taxer le maërl importé de La Forêt. L’impopularité pressentie de la mesure, fait reculer le conseil.
 
En 1894, les frais de perception de l’octroi se montent à 10% des recettes ainsi rapportées. A partir de cette date, il semble que l’intérêt de cette taxe décroisse peu à peu. A l’occasion du 24 mai 1899 le conseil, vu la lettre préfectorale du 1er mars 1899 adopte le tarif maximum de la loi du 29 décembre 1897, réduisant les droits d’octroi sur les vins et cidres, et vote une taxe supplémentaire sur les alcools « forts » pour combler le déficit provenant des nouvelles dispositions de la loi. Un an plus tard, le 18 novembre, le conseil vote la suppression de l’octroi sur les « boissons hygiéniques » tels que cidres, vins, bières, et vote un droit de 6 à 9 francs par hl. sur les alcools. Cette mesure est applicable du 1er janvier 1900 au 31 décembre 1905 et, dans les faits, sera reconduite, avec une hausse régulière du prélèvement sur les alcools, jusqu’au 31 décembre 1921, date à partir de laquelle l’octroi disparaît du sol communal. Sans doute faudrait-il affiner cette affirmation, malheureusement nous manquons totalement de sources précises pour la période.
 
Au fil des ans, il aura été remplacé par de nouvelles créations, comme la taxe sur les chasses gardées, qui rapporte 2 francs à l’hectare et est instituée à compter du 1er janvier 1928. A partir du 1er janvier 1930, s’y ajoute une taxe sur les chiens : 5 francs par chien de garde, 10 francs par chien de chasse et 20 francs par chien d’agrément. Enfin, des demandes réitérées de multiplication des foires et marchés, sur lesquels on perçoit, là encore, des droits, sont autant de tentatives visant à compléter le dispositif.
 
Encore faut-il inscrire l’exemple d’Ergué-Gabéric dans le mouvement général qui se dessine en France et préciser que, depuis quelques années déjà, des critiques s’élevaient, à l’échelon national, tant de la part des économistes, que des socialistes, qui lui reprochent d’être économiquement inefficace et socialement injuste (J.-P. Brunet. Un demi siècle d’action municipale à Saint-Denis la Rouge, 1890-1939 ; Paris, 1981). Or, une suppression brutale aurait privé les communes d’une trop grande part de leurs recettes, ainsi que nous avons pu le voir plus haut. La loi du 29 décembre 1897 permit aux communes, sur simple autorisation préfectorale, de remplacer l’octroi, notamment sur les « boissons hygiéniques », par une élévation du droit d’octroi sur l’alcool, par des taxes municipales en addition des taxes d’Etat (sur les chevaux, voitures, billards, cercles, chiens....), par des licences municipales à la charge des débitants de boissons, 20 centimes additionnels de remplacement. En outre, les communes purent désormais percevoir une taxe sur la propriété foncière et sur les loyers, principalement.
 
Les résultats de cette loi demeurant limités il faudra cependant attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour voir la disparition définitive des octrois en France, même si ils sont supprimé dès novembre 1914 à Quimper et sept ans plus tard environ, à Ergué-Gabéric.
Nathalie CALVEZ

Sources :  
- Registres de délibération d’Ergué-Gabéric
- Exposition « Finances communales, finances publiques, de Philippe Le Bel à nos Jours » Volet local Quimper « de Jehan II à 1960 ». Le Grand XIXe siècle – Chapitre sur l’étude budgétaire assuré par Daniel Collet. Commissaire d’Exposition : Nathalie Calvez.
 
 
 

Trésors d'archives > Personnage > Marjan Mao, chanteuse traditionnelle

Marjan Mao, chanteuse traditionnelle

Une chanteuse populaire dans la plus pure tradition
 
Marjan MaoCeux qui ont eu le privilège de fréquenter assidument les grandes foires et marchés agricoles d'antan connais­sent bien le personnage du chanteur populaire, juché sur une caisse ou sur un piédestal, chantant et vendant des chansons sur feuilles volantes. Ces feuilles imprimées ont permis une large diffusion des thèmes des chanson niers, à travers les campagnes.
C'est par ce biais que Marjan Mao de Stang Odet a pu apprendre des dizaines de chansons qui composent aujourd'hui son répertoire tant apprécié des personnes du troisième âge. Comment a-t-elle appris ces chants ? Quels thèmes évoquent-ils ? De quand datent-ils ? Voici les questions auxquelles nous essayons de répondre, et l'étude plus approfondie d'une chanson nous permettra en plus de dégager l'intérêt historique, linguistique et ethnologique de notre culture orale.
 
Auguste Dupouy le poête bigouden nous a laissé une évocation fort pittoresque de nos chanteurs populai res du siècle dernier :
 
Aux pardons de chez nous, ceux des champs, ceux de la mer
Les chanteurs qui s'en vont de Tréguier à Quimper
Sortant de leur bissac ou la guerz ou la sône
Avec leur fort accent, leur glote monotone
Scandaient devant le même auditoire ingénu
Des récits d'un parler que tu n'as pas connu
Et, j'écoutais leur voix rudement cadencées
Dérouler en mes bourgs, de moindres odyssées.”

Marjan Mao et Bernez RouzL'aspect monotone relevé par l'écrivain ne pouvait que frapper ce non-bretonnant qu'était Dupouy. La Gwerz bretonne a en effet un caractère répétitif et scandé qui fait penser à un tarare en action et a tôt fait de lasser nos auditoires modernes. C'est que le ton n'a que peu d'importance dans ce genre de chant, qui tient autant du récit que de l'art musical. Seules les paroles et le thème déployé au long d'une centaine de couplets peuvent accrocher l’attention de l'auditeur et c’est elles qui renferment le véritable trésor de notre patrimoine chanté.

Celui-ci a-t-il disparu à Ergué-Gabéric ?
C'est ce que l'on peut penser car rares sont les personnes qui ont connaissance de l'existence d'une tradition qui se perpétue grâce à Marjan Mao et récemment encore à Jos Ar Saoz. Celui-ci après avoir passé toute sa vie adulte au Maroc prit sa retraite au pays, retraite active puisqu'il composa plusieurs chants racontant sa vie de colon et sa vie de retraité. Autre sujet d'étonnement ce nonagé naire alerte me chanta en 1976 l'histoire du Meunier : "Ar Meilher" apprise par lui en 1898 quand il était paotr -saout (vacher) à Briec. Il n'avait oublié aucun des 36 couplets après plus de cinquante ans passés en Afrique !

Le répertoire de Marjan Mao est bien plus étoffé cependant car elle n'a jamais arrêté de chanter ses chansons. Née en 1902 elle a appris pratiquement tous ses chants avant la grande guerre :

"Me ‘m eus bet desket kanañ brezhoneg dam ber me moa ur voereb ha honnezh gane ken-kenañ ha neuze ma mamm. Ar re se veze atav o kanañ. Ar re se zo chañsoniou desket gant ma mamm gozh matrese, Ar re se zo chañsoniou ne oar den pegen kozh int. ‘M eus desket ‘nei ‘benn e oan merc'hig, mod se o kanañ, raed ken kanañ atao. Kanañ ha lar ar pater ingal. Ha feiz pater voe laret paotr paour... ha goude-se me zeske na founnus a-walc'h ha goude-se ar re se a blij din, ar re se vez o ranouelliñ barzh ma fenn dibaoe, setu me zalc'h soñj ar re se... Med an dra-se vez ket laret ur son d’eus an dra-se vez ket laret un chañson d’eus na, ur werz vez laret d’eus na gwechall."

J'ai appris à chanter en breton parce que j'avais une tante qui chantait beaucoup et aussi ma mère. Elles étaient toujours en train de chanter. C'était des chansons apprises par ma grand mère peut-être, c'était des chansons qu'il est impossible à personne de donner leur ancienneté. Je les ai apprises quand j'était petite fille, comme cela en chantant, on ne faisait que chanter toujours. Chanter et dire le Pater tout le temps... Ha ! On en disait des Paters mon gars... Et sans doute que j'apprenais assez rapidement et çà me plaisait, depuis ces chansons tournent dans ma tête c'est pourquoi je les retiens... Mais on ne dit pas chanson de celle là, une gwerz (complainte) disait-on autrefois."

 

Ces gwerz dont parle Marjan était un des genres les plus populaires au siècle dernier. Il s'agissait de complaintes racontant des évènements tragiques : "Gwerz an Titanic" par exemple évoquait le naufrage du célèbre paquebot. Dans une société rurale que l'école n'avait pas encore culturellement transformée, ces chants servaient de journal parlé et diffusaient les grandes nouvelles de l'époque. Le plus souvent cependant la chanson prenait pour thème un crime abominable, capable d'émouvoir les foules car le chansonnier vivait de la vente de ses feuilles il fallait donc qu'il attire le client par des sujets à sensation. La chanson du Meunier déjà citée commence par une formule à "tirer son mouchoir".

“Ken trist eo va flanedenn, aet on skuizh o ouelañ
 E kreiz va brasañ anken en em lakan da ganañ"
 Ma destinée est si triste, je suis fatigué de pleurer
 Au milieu de mon grand désespoir je me mets à chanter”

L'essentiel est de capter l'attention par les pleurs ou par le rire. Car si Marjan chante la complainte à l'occasion, ses chansons sont plutôt gaies : "Ar Pilhaouer", "Barzh en tu all da Bariz", "Son ar mezvier mechant", "La Barbière" etc. Toutes ces chansons ont un intérêt certain et l'exemple d'Ar gemenerez (la couturier) est édifiant à ce sujet.

 

Ar Gemenerez

Selaouit hag ho klevfot, ho klevfot kanañ
Ar chanson nevez savet, kompozet ar bloaz-mañ
‘Zo savet d'ar gemenerez he anv Maivon
He neus Tailhet rochedoù d'an Aotrou ar Baron.
 
Rochedoù lien fin, rochedoù lien tanv
A zo brodet war an daouarn, gwriet gant neud arc'hant
‘Benn oan achuet gante e oant laket en ur pakad kloz
Neuze e yae Marivonig d'o c'has d'ar ger d'an noz.
 
Debonjour deoc'h paotr lakez ha c'hwi palafrinker
Ha c'hwi a lavarfe din-me, h'ar baron zo e ker ?
Ar baron diouzh e wele ‘ glevas buan an trouz
Hag a c'houlas piou zo aze war ar parviz ?
 
Piou zo aze war a parviz d'an eur mañ deuz an noz ?
N'eus nemet Marivonig ho ponamiez koant
A zo deut da z’as rochedou deoc'h, c'hwi baron yaouank
Digor an nor paotr lakez ha digorit nei frank !
 
Vit ma gallo Marivonig dont d'am gwelet d'am c'hambr
Pa edo Marivonig ‘ vont d'an diriou d'an nec'h
Ar baron lampon sache dei war he brec'h
Didostit Marivonig vit aour na vit arc'hant
 
Deus da aozan din va gwele depech ma teus c'hoant
Me ne ran ket kant mil foutre gant aour nag an arc'hant
Me a gousko un nosvezh gant ur baron yaouank.

 

La Couturière

Écoutez et vous entendrez chanter
La chanson nouvellement composée cette année
Sur une couturière nommée Marivonne
Qui a taillé des chemises à monsieur le Baron
Des chemises de drap fin
Qui sont brodées sur les mains
et cousues de fils d'argent
Quand je les ais terminées je les mis dans un paquet clos
Alors Marivonig partit les emmener la nuit
Bonjour à vous laquais et à vous palefrenier
Me diriez-vous si le baron est à la maison ?
Le Baron de son lit entendit vite le bruit
Et demanda qui est là sur le parvis?
Qui est là sur le parvis à cette heure-ci de la nuit ?
C'est seulement Marivonig votre jolie bonne amie
Qui est venue vous apporter vos chemises à vous jeune Baron
Ouvre la porte pour que Marivonig puisse entrer dans ma chambre
Quand Marivonig montait les marches, le Baron coquin lui tirait sur le bras
Approchez Marivonig pour de l'or ou pour de l'argent
Vient faire mon lit dépêche-toi si tu veux
Moi çà m'est égal d'avoir de l'or ou de l'argent
Car je dormirai une nuit avec un jeune baron.

 

Soulignons d'abord l'archaïsme de la chanson qui nous offre le tableau d'un noble avant la révolution française avec ses chemises brodées d'argent et son train de vie imposant : valet et palefrenier. Cette chanson a dû être écrite au 18erne siècle. La langue employée est riche et d'une syntaxe excellente. Il était de bon ton de glisser quelques mots français dans les chansons bretonnes pour afficher sa "culture" : Kompozet, debonjour, parviz, bonamiez, depech... Ils sont peu nombreux et n'altèrent aucunement la qualité du texte.

Le thème en est relativement classique le noble qui profite de son rang de privilégié pour séduire les servantes ou ouvrières. Mais la façon dont il est traité est peu commun et nous renseigne sur les rapports sociaux dans cette période de décadence de l'ancien régime ainsi que sur la personnalité de l'auteur. Car, ici c'est la couturière qui attire la désapprobation des auditeurs : elle va chez le baron le soir, n'oppose aucune résistance et refuse mème l'argent qu'on lui propose. Quant au baron il est qualifié gentillement de "lampon" et nous apparaît sympathique. Le plus curieux est, qu'aucune morale n'accompagne la chanson hors il ne peut être question de mariage entre la couturière et le noble dans une société où le rang social a tant d'importance. Doit-on y voir une version non édulcorée de la Bergère et du prince charmant, thème fréquent dans nos contes populaires et traduisant le rêve des gens du peuple d'échapper à leur condition sociale par le mariage. Ceci pourrait ètre plausible dans le cas où la chanson serait vraiment issue du peuple.

Les auteurs de chansons populaires savaient écrire ce qui dénotait dans l'ancienne société un certain rang social propriétaire terrien, artisan, prètre, étudiant où... noble. La fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle est une période d'engouement de la noblesse pour la langue bretonne. Un des grands plaisirs de ces nobles oisifs était de composer, de recueillir ou d'arranger des chansons bretonnes voire des petits poèmes. Le plus célèbre d'entre eux restant le Vicomte Hersart de la Villemarqué auteur du célèbre "Barzaz Breiz ", recueil de chants traditionnels publiés en 1839. L'Auteur de cette chanson était-il noble ? Ce n'est pas impossible.

Marjan dit avoir appris cette chanson de part sa mère ou sa tante qui l'avait probablement apprise de la bouche d'un autre chanteur. La plus ancienne version de cette chanson a été recueillie en 1888 près de Lannion et montre bien le voyage dans le temps et dans l'espace que peut effectuer une telle oeuvre et surtout son succès.

Aujourd'hui la chanson populaire bretonne, expres sion d'une société orale florissante jusqu'en 1914 est en voie de disparition avec les derniers témoins de cette civilisation. Les campagnes de collectage effectuées par le groupe “Daspugnerien Bro C'hlazig” ont permis de recueillir Près de trios cents airs et chants auprès de personnes de plus de 80 ans. Ces chansons avaient une place précise dans cette société orale, celle du journal informer, émouvoir, distraire et influencer les choix moraux et politiques des gens. Il est logique que ces chansons disparaissent avec les derniers représentants de la société rurale dominante, elles ne correspondent plus aux besoins d'aujourd'hui, les créateurs contempo rains même s'ils s'inspirent d'elles ont complètement renouvelé les thèmes et le style. L'important est que des chansonniers continuent à créer dans cette lignée brillamment illustrée par Marjan Mao.

Bernez Rouz - Bulletin municipal d'Ergué-Gabéric, mars 1982

Les textes de chanson de Marjan Mao sont disponibles sur la page qui lui est consacrée en breton.

 
 
 
 

Trésors d'archives > Guerres > Récit de résistance au bourg

Récit de résistance au bourg

 
Bernard Le Bihan est né à Lorient d’une mère du Cap et d’un père gabéricois. En 1944, la famille quitte son domicile quimpérois et vient se réfugier au bourg d’Ergué. Le jeune Bernard Le Bihan a donc été amené à vivre à Ergué-Gabéric cette période où la Résistance à l’occupant s’organisait. Il a connu ces jeunes gens qui formaient le « groupe de Résistance du bourg » et il nous expose ici le témoignage d’une journée où il se vit confier un mystérieux colis dans le bourg en état d’alerte...
 

La boîte en fer blanc

« Août 1944… Dans le bourg d’Ergué-Gabéric, un groupe de maquisards bavarde devant l’école des filles. Admiratifs et curieux quelques gamins les observent… Soudain, venant de la rue du presbytère, semblant apeuré et essoufflé, un gamin plus grand que les autres crie : « les boches, les boches… ils arrivent !!! » et il indique la direction du cimetière…
 
François Balès, pas du tout impressionné déclare : « Je rentre de patrouille de nuit et je vais me coucher, s’il y a du grabuge, venez me chercher !!! ».Un responsable donne des ordres et tout le monde s’éparpille dans toutes les directions…Un petit garçon blond se dirige vers la maison qu’il occupe avec ses parents, en face de la « ferme des F… », à l’angle de la rue qui mène à l’école des sœurs. Il croise en chemin un couple qu’il connaît comme étant des réfugiés de Brest, et dont l’homme doit exercer la profession de dentiste ou de prothésiste dentaire. La femme lui confie alors une grande boîte en fer blanc, une de ces boîtes qui a contenu à l’origine des gâteaux, en lui recommandant d’y faire très attention, de bien la cacher, et de la lui rapporter quand les allemands seront partis…Un car manœuvre sur la route de Kerdévot. Sur le toit un résistant est armé d’un fusil mitrailleur…Quelques secondes plus tard, la boîte en fer blanc sous le bras, il pénètre dans le jardin qui embaume la pèche mûre. Il appelle l’autre locataire, Marie-Louise C. mais elle n’est pas là. La maison est donc vide car ses parents sont également absents. Une idée bien précise en tête il traverse rapidement la parcelle de choux à vaches qui s’étend devant la maison et accède au fond du jardin. Celui-ci surplombe d’environ 2 m la fin d’une ruelle qui débouche sur le chemin qui, passant derrière le presbytère rejoint la route d’Elliant. Entre le fond du jardin et la ruelle, il y a une échelle de meunier et c’est sur cette échelle qu’il a décidé de se cacher. 
La boîte en fer blanc sur le sol, le nez dans l’herbe et au travers des choux, il peut ainsi, pratiquement invisible de la maison, observer et à la moindre alerte s’enfuir par la ruelle. La boîte en fer blanc l’intrigue : que peut-elle contenir ? Le couvercle en est maintenu par une ficelle nouée à l’aide d’une « cosette ».
 
Brutalement trois rafales d’arme automatique déchirent le silence, elles proviennent de l’endroit où le car s’est placé pour prendre la rue en enfilade. Un silence s’installe comme si le bourg retenait sa respiration…
 
L’enfant a peur, très peur et des sanglots silencieux secouent ses épaules, il connaît la brutalité et la sauvagerie des occupants…
Un bourdon vaque à ses occupations…
 
Plus aucun bruit ne venant rompre le silence, se sentant abandonné de tous et après un temps qui lui paraît long, il se décide avec mille précautions à rejoindre la maison. Celle-ci est toujours vide de ses occupants… Dans la demi-pénombre de la salle principales, il pose la boîte en fer blanc sur la table. Il fait glisser la ficelle sur la boîte de manière à pouvoir enlever le couvercle sans défaire le nœud. Un peu honteux de succomber à la curiosité, qui comme chacun le sait est un vilain défaut, il ôte le couvercle et la boîte en fer blanc dévoile son secret : elle est pleine à ras bord de billets de banque !!!
 
Le coeur gonflé d’orgueil de se sentir responsable d’un tel « trésor », le petit garçon s’empresse de remettre tout en ordre.
 
Un moment plus tard après avoir remis aux propriétaires légitimes la boîte en fer blanc et son précieux contenu, il est à nouveau parmi les maquisards. Ceux-ci commentent l’événement : « Heureusement que ce n’était qu’une fausse alerte, dit l’un d’entre eux. Qu’est-ce que j’aurais fait avec ça ? ». Et il exhibe un poignard de scout. Un autre dit : « Et moi avec ça ? », en montrant un pistolet de petit calibre, tout juste bon  à effrayer les chiens.
 
Une patrouille qui cherchait le contact avec les Allemands revient en poussant devant eux l’auteur de la fausse alerte. Immédiatement conduit devant le chef, celui-ci lui assène une gifle formidable et lui dit : « Si tu avais été un homme nous t’aurions fusillé… ». Cette histoire est authentique.
Cinquante six ans plus tard, si je n’ai toujours pas compris comment des adultes ont pu confier à un enfant de huit ans leur bien le plus précieux, je revendique l’honneur d’avoir été ce jour-là, le plus jeune convoyeur de fonds de France !!! »
 
Bernard Le Bihan.

Keleier Arkae n° 6 - Octobre 2000
 
 
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > Restauration de la chapelle Saint-Guénolé

Restauration de la chapelle Saint-Guénolé

 

La première restauration

Une première restauration avait eu lieu en 1974. La chapelle se dégradait, son accès devenait même dangereux, le pardon était tombé en désuétude. Il avait même été question de délocaliser Saint-Guénolé et de la reconstruire pierre par pierre à Lestonan. Projet auquel les riverains se sont opposés.
En 1971, le Conseil Municipal autorise le Maire Jean-Marie Puech à procéder à une remise en état. La chapelle n’est pas classée. Le Maire est donc le maître d’œuvre de cette première restauration (financement : Commune et Conseil Général).
La particularité de celle-ci est d’avoir été l’oeuvre d’artisans de la commune :  toiture, maçonnerie (le contrefort Nord-Est est démonté puis remonté), une partie de la charpente lambrissée. Mais peut-être l’esprit des bâtisseurs d’antan, sommeillant dans la chapelle fut-il réveillé sous le coup de cette activité car peinture du lambris, sculpture des voussures, autel et table d’autel, réalisées par des gabéricois, révèlent de véritables talents locaux. Archives Arkae Pat religieux > Sabliere de saint-GuénoléLes remarquables sablières retrouvèrent leurs couleurs sous le pinceau de l’Abbé Dilasser, membre de la Commission d’Art sacré. Les ressources d’alors n’ont pas permis de s’atteler à la réfection du clocher.
Photo : Célèbres sablières repeintes par l'Abbé Dilasser en 1974.
 

Les Amis de Saint-Guénolé

La récente restauration doit beaucoup au comité des Amis de Saint-Guénolé. Elle constitue  même, avec l’animation du quartier Saint-Guénolé, l’une des raisons qui ont prévalu à la création de  l’association le 28 mai 1991 autour de  Joëlle et Gérard Jezequel.

Depuis 1991, Les Amis de Saint-Guénolé organisent différentes animations autour de Saint-Guénolé : kermesse d’abord puis expositions, des sorties avec les habitants du quartier. Tous les fonds récoltés par le biais de ces animations vont au bénéfice de la chapelle. L’entretien et la mise en valeur de Saint-Guénolé passent aussi par leurs soins : nettoyage interne de la chapelle (environ tous les deux ans), refonte de la cloche, signalétique, plantations, décoration le jour du pardon, cartels à venir pour chaque statue de saint…
 

En 1998, il entre dans sa phase active toujours suivi par Les Amis de Saint-Guénolé en liaison avec la municipalité et d’autres amis du patrimoine : les membres d’Arkae.
D’après une première estimation, les travaux vont concerner : la flèche à remonter en pierres du pays, la pose d’une croix et d’un paratonnerre, la consolidation et le rejointement des façades, la réfection des contreforts Nord et Sud, la restauration et la protection des vitraux.
 
Photo : Fin 1995, les Amis de Saint-Guénolé contactent un premier architecte pour dresser les plans du nouveau clocher. Ils présentent peu après en Mairie un dossier fin prêt. La municipalité se montre favorable au projet.
 
  • Breiz santel

La Mairie d’Ergué-Gabéric a contacté Breiz Santel. Breiz Santel est  une association pour la protection des monuments religieux bretons. Elle existe depuis 1952 et répond aux demandes des Mairies, des associations, des particuliers, désirant faire restaurer ou étudier  tout élément du patrimoine religieux, de l’humble croix de chemin aux chapelles et églises.
Elle fait vivre ce patrimoine et informe sur les différents chantiers de restauration en Bretagne par le biais de sa revue du même nom, Breiz Santel.
La cheville ouvrière de Breiz Santel se nomme Léo Goas-Straaijer, diplômé en études supérieures d’architecture. Depuis l’arrivée de Léo à Breiz Santel il y a 8 ans, l’association peut se prévaloir d’une quinzaine de chantiers à son actif.
 

Léo Goas-Straaijer : l’architecte et maître d’œuvre de la restauration.

Léo Goas-Straaijer a donc défini et supervisé les travaux à Saint-Guénolé, recruté les sculpteurs-tailleurs de pierres, contacté les diverses entreprises intervenues sur le chantier.
Son rôle éminent a été de retrouver la silhouette probable de l’ancien clocher. Il n’existait aucune reproduction de celui-ci. Nous savons seulement qu’au début de ce siècle encore il était assez haut pour servir de repère aux chasseurs de la région. Et qu’un architecte allemand, Pierre Marquardt, avait remarqué une chapelle identique à Garnilis (Briec). Elle aura pu servir de modèle de référence
L’architecte a alors sondé Saint-Guénolé et ses alentours afin de  faire parler  chaque pièce d’origine sur laquelle il a pu tomber: pierres concassées de l’ancien clocher retrouvées dans la maçonnerie de la base du clocher, pinacles- pièces d’ornementation du sommet-  découverts en fouillant le talus situé à proximité de la chapelle. Grâce à ceux-ci, Léo Goas-Straaijer bénéficiait d’un indice sur la hauteur du clocher. Connaissant l’angle traditionnel utilisé par les bâtisseurs du XVIe siècle. entre une flèche de clocher et sa base, Léo Goas-Straaijer a déduit les dimensions du clocher. Pour son allure, il s’est inspiré de clochers datant de la même période sur la région.
Les plans du nouveau clocher ont donc été dressés par ses soins.
D’autres vestiges, tel un chou retrouvé dans la maçonnerie de la base du clocher lorsqu’elle a été démontée,  lui ont permis de dire que Saint-Guénolé allait connaître au moins sa troisième flèche.
 
Léo Goas Straaijer
Durant les travaux, l’état du contrefort Nord surtout s’est révélé alarmant: 2 pierres de fondation avaient glissé de 10 cm. Le contrefort perdait son appui et fragilisait l’arc diaphragme. Le contrefort a dû être entièrement démonté et remonté et l’arc du bas-côté nord soutenu par des étais le temps de l’opération.
Des actes de vandalisme survenus en avril l’ont conduit à recommander une protection de la statuaire. Autre problème à signaler dans le déroulement du chantier: les oiseaux venus nicher précisément dans les failles des façades qu’il s’agissait de reboucher! Léo Goas-Straaijer  a expressément tenu à ce qu’ils ne soient pas dérangés. Les joints ont été achevés après leur départ.
Avant, pendant et après Saint-Guénolé, l’architecte cumule les chantiers. Vous le retrouverez dans différentes contrées bretonnes (actuellement Audierne, Hanvec, Lannion, Fréhel...) au chevet de notre patrimoine religieux.
 
Photo : architecte, Léo Goas-Straaijer n’en est pas moins tailleur de pierres : on lui doit la taille du larmier de Saint-Guénolé.
  • Visite du Père Castel


A l’invitation de Bernez Rouz, le Père Castel, spécialiste des croix et calvaires, est venu mardi dernier se pencher sur le haut de calvaire extirpé du talus à proximité de la chapelle Saint-Guénolé. Il est visible à présent à l’intérieur de la chapelle. Ce vestige présente le crucifié géminé à un Christ aux liens. Le traitement de ce dernier, aura retenu l’attention du Père Castel : en effet, la corde liant les poignets du Christ forme un motif très particulier, semblant  vouloir se rapprocher d’un motif  végétal  ou ornemental.
Il daterait du XVe siècle. Nous sommes donc là à une époque un peu antérieure à la construction de la chapelle : pour le Père Castel comme pour l’architecte il ne fait aucun doute que celle-ci remonte au XVIe siècle.
 
Archives Arkae Pat religieux > haut de calvaireMais le Père Castel ne s’en est pas tenu qu’à l’analyse de ce reste de calvaire. Sa visite dans une chapelle qui n’a pas encore fait l’objet d’une étude complète, fut l’occasion de nouvelles observations et de remises en question  : évocation des particularités du plan, (la baie du milieu en façade sud n’est pas centrée par rapport à la travée à l’intérieur), peut-être existence de fonds baptismaux… Enthousiasmé par ses découvertes, le Père Castel était de nouveau sur le terrain le lendemain..
Nul doute que plusieurs interrogations et probablement l’identité du saint énigmatique jusque-là baptisé Saint-Alar trouveront un éclaircissement à la suite de ses investigations.
 
Photo : Haut du calvaire dans un talus proche de la chapelle.
Gaelle Martin - Keleier arkae n° 4 juillet 2000
 
 

Trésors d'archives > Dossiers > L'orgue Dallam de Saint-Guinal

L'orgue Dallam de Saint-Guinal

 

Historique

On ne possède guère d'archives sur l'orgue d'Ergué-Gabéric, aussi devons-nous nous baser sur l'examen de l'instrument lui-même pour en reconstituer l'historique. Une date apparaît sur le buffet : 1680, et la comparaison avec les orgues de Ploujean, Saint-Melaine de Morlaix, Guimiliau, Sizun et Rumengol nous permet d'attribuer la paternité de cet orgue à Thomas Dallam, sieur de La Tour.
 
 
Arkae > Trésors d'archives > Orgue de Dallam
Ce facteur, d'origine anglaise, est né vers 1630, dans une famille catholique originaire du Lancashire. Son père, Robert Dallam, était déjà célèbre en Angleterre, mais il dut s'exiler au moment de la Révolution puritaine qui interdit l'usage de l'orgue dans les églises et se réfugia à Quimper en 1642.

Il fut chargé de construire le grand orgue de la cathédrale, et la famille Dallam garda longtemps des attaches avec Quimper. En 1660, à la restauration de la monarchie anglaise, Robert Dallam rentra dans son pays, mais son fils Thomas resta dans le Finistère où il s'établit et travailla sans relâche jusqu'à sa mort à Guimiliau en 1705. On lui doit les orgues déjà citées ainsi que d'autres disparues depuis.

L'orgue de Ploujean, près de Morlaix, fut commandé en 1677 et terminé en 1680 ; il est donc contemporain de celui d'Ergué, avec lequel il présente de nombreuses analogies : les deux orgues ne possèdenr qu'un seul clavier à l'arrière du buffet, et tous deux se trouvent placés en bord de tribune, tels des positifs.
 

Restaurations

Ce qui fait l'intérêt de l'orgue d'Ergué-Gabéric, c'est qu'il fut très peu retouché au cours des siècles. Quelques réparations eurent lieu en 1845, consécutives à des dommages causés par la chute du clocher en 1836. Ces modestes travaux, réalisés par un artisan originaire du Morbihan, François Bardouil, permirent à l'instrument de poursuivre sa carrière jusqu'en 1902, lorsque les Wolf, facteurs d'origine suisse établis à Quimper, effectuèrent une intervention pour 1.200 F.

Quelques années plus tard cependant, il semble que l'orgue soit devenu muet, et ce triste état devait durer jusqu'en 1980. L'instrument tricentenaire, classé Monument Historique, fut alors restauré par Jean Renaud sous la direction de Jean-Albert Villard. L'objectif était de revenir autant que possible à l'état de 1680. Les travaux portèrent sur la remise en état de la tuyauterie, de la soufflerie, du sommier, de la mécanique des claviers et des registres, ainsi que sur le buffet et la tribune.
 
On le voit, l'histoire de ce petit instrument comporte encore des zones d'ombre, et mériterait d'être mieux connue, ainsi que les circonstances de sa construction. Tel qu'il est cependant, il représente surtout depuis 1990, un excellent exemple de la facture de Thomas Dallam et permet de retrouver des sonorités oubliés depuis bien longtemps.

 

Arkae > Trésors d'archives > Orgue de Dallam

Partie sonore et buffet

Composition actuelle (conforme à la composition d'origine, 1680) :

  • Clavier de 48 notes, Ut à Ut sans premier Ut#
  • Bourdon 8
  • Montre 4
  • Flûte 4 à cheminée
  • Nasard 2 2/3
  • Doublette 3
  • Tierce 1 3/5
  • Fourniture III
  • Cymbale II
  • Cornet V (de Ut 3)
  • Trompette 8 (en basses et dessus, coupure entre Ré# et Mi)
  • Voie humaine 8 (idem)


Le tempérament est inégal, proche de celui préconisé par Schlick, mais légèrement moins affirmé. La composition du plein-jeu est conforme à celle de l'orgue français classique, par exemple à celle de Dom Bédos, avec les reprises sur les Fa et Ut.

Les tailles des tuyaux sont homogènes par famille de jeux : une taille pour les principaux, une pour les jeux flûtés. Le bourdon 8 possède des tuyaux de plusieurs jeux anciens, bourdons ou flûtes. La trompette 8, de Dallam, n'a probablement pas été d'abord destinée à Ergué-Gabéric. Les tuyaux, trop longs ne pouvaient trouver place dans le buffet, et elle parle mieux avec une pression légèrement plus basse que celle des autres jeux.

Les bouches sont assez basses. Beaucoup avaient été relevées au cours des siècles, mais il a été possible de retrouver la hauteur d'origine, en se basant sur quelques tuyaux témoins, pratiquement non retouchés depuis leur fabrication.

Arkae > Trésors d'archives > Dossier > Orgue de DallamLe buffet a retrouvé sa polychromie et ses dorures anciennes, que le XIXe siècle avait camouflées sous une couche de peinture marron. La tourelle centrale a la forme d'une proue de navire, ce que l'on retrouve dans les autres buffets Dallam, les tourelles latérales, plus courtes, s'arrondissent au-dessus des encorbellements.

La décoration sculptée est des plus simples dans la partie basse, mais s'orne d'anges à la trompette dans les hauteurs. On trouve aussi des anges musiciens sur les fresques décorant la tribune avec l'inscription en latin "Laudate Dom in timpano et choro. Laudate Eum in chordis et organo". Ces panneaux peints, eux aussi restaurés en 1980, rehaussent le buffet de leurs chaudes couleurs.

Depuis quelques années, le Finistère peut s'enorgueillir de posséder trois orgues de Thomas Dallam en état de jouer, ceux de Ploujean, Guimiliau et Ergué-Gabéric, tous classés. Leur restauration a été confiée à des facteurs différents, mais on retrouve des caractéristiques communes dans les éléments constitutifs de leur sonorité, c'est-à-dire la forme des tuyaux, leur embouchage, le vent, la taille des gravures des sommiers, etc.

On ira donc à Guimiliau écouter un grand orgue Dallam de trois claviers et pédalier, pouvant interprêter avec raffinement toute la musique ancienne ; on ira à Ploujean pour écouter un Dallam de taille moyenne, à un clavier et pédalier ; on ira à Ergué-Gabéric pour écouter un petit Dallam à un seul clavier, aux riches possibilités malgré sa taille - et son ramage étant égal à son plumage, on goûtera le chatoiement de ses ors et de ses couleurs.
 
Texte de présentation de l'orgue rédigé par Michel Cocheril
 
 
 
 
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > L'église Saint-Guinal à la fin du XVIIe

L'église Saint-Guinal à la fin du XVIIe

 
Différents documents, relatifs entre autres à Guy Autret de Missirien, permettent de reconstituer partiellement l’église paroissiale d’Ergué-Gabéric telle que l’on pouvait la connaître à la fin du XVIIe siècle :
 
En 1503, la tombe des seigneurs de Kerfors se trouve aussi « du cotté de l’epittre ». Il s’agit très probablement de l’enfeu (niche funéraire) qui subsiste aujourd’hui et qui porte les armoiries (cor de chasse dit greslier) des Kerfors.
En 1510, les seigneurs de Lezergué détenaient « armes et armoiries tant en ceintures, liziere (bande horizontale décorée de blasons), tombes, enfeu, avec aultres droicts et préminances. »
 
En 1634, Guy Autret fait reconnaître par les paroissiens le banc privatif des Lezerguéqui était sur leur tombe.
 
On trouve en 1652 la précision que ce « bang [se trouve] au cœur d’icelle esglise» et la tombe « au milieu du cœur de l’esglise parroissiale d’Ergué Gabellic. »
En 1638, lorsque Guy Autret achète le manoir de Kerfrez, il acquiert alors la tombe des seigneurs de Kerfrez dans l’église paroissiale, tombe qui est voisine de celle des seigneurs deCréac’h-congar, et lui échoient aussi les armoiries des seigneurs du Plessix, anciens seigneurs de Kerfrez, présentes à Saint-Guinal.
En 1647, il détient une tombe au milieu du chœur, et en plusieurs lieux apparaissent les armes de Lesergué, Kerfrez et Créac’h-congar, il a droit de bandeau funèbre (c’est-à-dire de voir à son enterrement l’église ornée de bandeaux noirs avec son blason), et lui incombent les armoiries de « Lesergué » - en fait des Coetanezre : de gueules à trois épées d’argent, garnies d’or, les pointes en bas, rangées en bande - qui figurent dans la maîtresse vitre, dans la chapelle Saint Guezennec (à gauche du chœur) et sur quatre autres vitres. La possession du manoir de Créac’hcongar lui permet de disposer d’une tombe et enfeu au haut du chœur de l’église.
 
Les deux retables datent du XVIIe siècle. Et l’orgue Dallam construit vers 1680 complète alors l’agencement connu de Saint-Guinal à l’aube du XVIIIe siècle.
 
Photo : la maîtresse-vitre, dans sa partie basse, date de 1515. François de Liziard et son épouse, qui vécurent entre 1481 et 1540, se sont faits représenter dans la vitre de la chapelle latérale sud.
Norbert Bernardkeleier arkae n°16 - janvier 2002.

 

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Trésors d'archives > Pat. religieux > La reconstruction du clocher de l'église Saint-Guinal en 1837

La reconstruction du clocher de l'église Saint-Guinal en 1837

Clocher bas

Le 2 février est à marquer d’une pierre noire dans les annales de notre patrimoine : C’est en-effet un 2 février 1701 que la foudre abattit le clocher de Kerdevot faisant deux victimes. Plus près de nous il a 170 ans un coup de vent fit tomber le clocher de l’église paroissiale St Guinal … le deux février 1836, preuves que les dérèglements climatiques ne datent pas d’aujourd’hui. Les dégâts sont considérables : la tour n’est plus qu’un tas de cailloux, les orgues sont abîmées ainsi que l’horloge, sans parler du toit. L’émotion est grande à une époque ou le clocher paroissial est l’emblème et la fierté d’une commune ou toute la population pratique la religion catholique.

 

Chasse aux subventions

Du côté officiel, les choses n’ont pas traîné. Dès le 17 mars les 9 conseillers municipaux ont devant leurs yeux le devis de l’architecte départemental Joseph Bigot. Agé de 29 ans, il signe là l’un de ses premiers devis : 7486 francs et 80 centimes, la somme est considérable.

La commune a déjà chiffré les dépenses de charrois, de fournitures et d’entretien des pierres pour 700 francs. Une souscription a été ouverte qui a permis de collecter 200 francs. La commune estime qu’elle ne pourra mettre guère plus de 300 francs. Depuis le Concordat, l’état doit rémunérer le clergé mais aussi entretenir les édifices cultuels. Le maire de l’époque René Laurent de Skividan, se tourne donc vers l’autorité compétente et «  exprime le vœu qu’il plaise à l’administration supérieure de venir au secours d’une commune qui abandonnée à ses propres ressources ne pourrait espérer voir rétablir l’église au culte de la religion pratiquée par la totalité des Habitants. »

La fabrique, c’est à dire l’association qui gère l’église paroissiale, prends le relais et écrit à l’évêque Jean-Marie Dominique De Poulpiquet de Brescanvel alors âgé de 77 ans, pour qu’il intervienne auprès du ministre des cultes, afin qu’il finance la reconstruction et demande 4000 francs. L’évêque de Quimper et du Léon fait intervenir une vieille connaissance de la noblesse bretonne, l’Archevêque de Paris Hyacinthe-Louis de Quélen, pair de France, et lui demande d’appuyer la requête. Les interventions gabéricoises ne s’arrêtent pas là : le député Augustin Le Goazre de Toulgoet, chevalier de Saint-Louis est également sollicité.

 

Adresse au Roi

Mais les résultats se font attendre. Le 4 octobre, le conseil de fabrique écrit en désespoir de cause à l’évêque : « Nous n’avons rien à attendre du gouvernement ». Ils souhaitent que le pasteur du diocèse leur cède le tiers des revenus de Kerdévot pendant quelques années, ils se promettent d’organiser une souscription pour compléter le financement. Les Gabéricois en bons bretons ne baissent pas les bras. Ils apprennent peu après Noël que le Roi Louis-Philippe vient d’échapper à un attentat à Paris. Au début de l’année 1837 le conseil de Fabrique écrit donc à Louis Philippe, en breton, une lettre touchante qui fait un parallèle étonnant entre les malheurs du roi et ceux des paroissiens d’Ergué. On l’a connaît grâce au livre Breiz-Izel ou la Vie des Bretons de l’Armorique :
Ce courrier qualifié à l’époque de chef-d’œuvre de bonhomie et de finesse par Alexandre Bouët, touche à son but, puisque la préfecture est chargé d’annoncer la bonne nouvelle au recteur d’Ergué-Gabéric :

Aotrou Roue,
Ar bloavezh 1836 a zo bet e gwirionez , leun a drubuilhoù evidomp ;
Gwall glac'haret omp bet o klevout hoc'h bet c'hwi teir gwech war bouez bezañ drouklazhet , hag an avel en deus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil a viz c'hwevrer .
Hogen dre vadelezh Doue , deuet hoc'h a-benn d'en em dennañ diouzh an taolioù-se ha spi hon eus e teuimp a-benn , gant aluzennoù an dud vat , da renkañ hon iliz ha d'adsevel hon tour .
Ho servichourien , a-greiz-kalon hag ho keneiled gant doujañs .

Monsieur le Roi
L’année 1836 a été en vérité bien malheureuse pour nous ;
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse qu’on a failli trois fois vous tuer , et le vent du second jour de février a abattu la tour de l’église de notre paroisse
Mais, par la grâce de Dieu, vous êtes sortis sain et sauf de tous ces dangers-là, et nous avons confiance que la charité des bonnes gens nous aidera à réparer notre église et notre tour.
Vos humbles serviteurs du fond du cœur, et vos amis avec respect.

Monsieur le préfet,

Le Roi a eu sous les yeux l'adresse en langue bretonne votée par le conseil de fabrique d'Ergué-Gabéric à l'occasion de l'attentat du 27 décembre .
Sa majesté a été touchée des bons et honorables sentiments qui s'y trouvent naïvement exprimés.
Désirant donner à cette commune un témoignage de sa bienveillance , sa majesté vient de lui destiner un secours de 300 francs pour aider aux réparations de la tour de l'église .
J'ai l'honneur de vous en donner avis , en vous priant , Monsieur , de prévenir M. le curé d'Ergué-Gabéric que cette somme va être remise à sa disposition par les soins de M. le trésorier de la couronne .
Agréez ...
    
Le secrétaire du cabinet.
Signé , Camille Vain.

Le 12 mars 1837 , le bilan du lobbying gabéricois est très loin des espérances.
L’état donne 1100 F, Le conseil général 500 francs, la Commune 300, La Fabrique 300, Le Roi, 300, et le gouvernement accepte une aide supplémentaire de 500 F.

 

Philippique
Le 14 mai 1837, le conseil municipal confie le travail au maître-maçon L’haridon, qui donc à reconstruit la tour, à l’économie. Le projet de Joseph Bigot a été sérieusement revu à la baisse et nous vaut une tour moins élancée qu’on aurait pu espérer. Amer le conseil municipal conclu : « Les habitants qui ont déjà fournis diverses sommes pour sa réparation se trouveront encore dans la nécessité de s’imposer de nouveaux sacrifices pour l’acquisition d’une horloge et de deux clochers. »

Les Orgues ne furent réparées qu ‘en 1845.

Quand à Louis-Philippe, les Gabéricois lui réservèrent un triste sort en 1848. C’est Déguignet qui nous raconte comment les enfants du Guélennec lapidèrent son effigie en plâtre que René Laurent, retiré des affaires gardait dans sa ferme de Skividan. « Nous nous étions arrêtés à regarder un grand bonhomme en plâtre posé au milieu de l’aire à battre avec une grande pipe dans la bouche. Le maire , un gros paysan qui aimait à rire assez, nous voyant là arrêtés à regarder ce bonhomme, vint demander si nous connaissions cette figure là. Non parbleu ! … il s’appelle Louis-Philippe, et était roi de France, mais il s’est sauvé comme un bramer coz . Les Parisiens voulaient bien le tuer, mais ils n’ont pas pu. Eh bien, mes enfants, dit-il, voyons si vous serez plus forts que les parisiens, vous allez ramasser des cailloux et vous allez tirer dessus, et le premier qui lui cassera sa pipe aura un sou. » On peut penser comme les cailloux pleuvèrent [sic] dru sur le pauvre bonhomme Philippe, non seulement sa pipe, mais sa tête, et tout le reste de son corps furent brisés en moins de cinq minutes, pendant que le maire se tenait les côtes de rire. Voilà comment on arrange les hommes qui tombent, les rois comme les autres. Le maire était cependant un fervent philippiste, puisque ce fut lui-même qui fit fabriquer cette statue pour orner son bureau, et puis, il fut le premier peut-être, à la mettre dehors, et à la faire mutiler, de tous les maires de France. »
 René Laurent s’était peut être vengé ainsi du peu d’intérêt que l’État montra à ses projets. C’est lui qui en 1840 laissa voter le projet pharaonique de déplacement du bourg à Penn-Carn Lestonan, c’est lui qui également fit voter une résolution pour déplacer la chapelle de Saint-André près de la route de Coray. Deux projets bloqués par le préfet. La prochaine mise en en lumière du clocher paroissial devrait lui donner un peu de baume au cœur c’est le seul chantier d’envergure qu’il a mené à bien.

Bernez Rouz - (Bulletin municipal d'Ergué-Gabéric. septembre 2007).

 

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Trésors d'archives > Pat. religieux > Notes sur les chapelles par Anatole Le Braz

Notes sur les chapelles par Anatole Le Braz

Anatole Le Braz

En 1886 Anatole Le Braz est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux. Anatole Le Braz effectue bientôt ses premières collectes de contes, légendes et traditions. Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment afin de recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires puis sur ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations ainsi que sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Déguignet. Voici rassemblés des extraits des carnets d’Anatole Le Braz dans lesquels il est question d’Ergué-Gabéric. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part d’éléments et de traditions aujourd’hui oubliés.

 

Fontaine Saint-Guénaël à Kerrouz

« fontaine de Saint-Guénaël près du Stangala au village de Kerrouz où l’on trempait les enfants pour les guérir de certaines maladies. Guénaël patron d’Ergué-Gabéric ». (carnet E 76)

Saint-Guénolé

« Saint-Guénolé : pardon 3ème dimanche de juillet. La chapelle sur une hauteur dans un bois de hêtres ». (carnet E 40)

Photo : Extrait des carnets d'Anatole Le Bras concernant la statuaire de St Guénolé.

« À Ergué-Gabéric, auprès de Saint-Guennolé, il y a une fondrière (eun toul-lap) qu’on appelle poull ar c’héméner. C'est là, disait-on, qu'on trouvait tous les enfants qui naissaient dans les fermes des environs.
Le quéméner qui a donné son nom à ce poull était un tailleur extraordinaire : il allait toujours seul, ne voulait pas d'apprenti. Pour revenir chez lui le soir, il passait toujours par ce poull. Il y avait de l'eau là, dans l'hiver, jusqu'à la ceinture. Chaque fois qu'il arrivait près de ce poull noir, il criait :
- Harz ar Bleiz ! Venez à mon secours, car le loup me dévore.
Il y avait réellement des loups en ce pays, dans ce temps-là. Les gens accouraient pour lui porter aide. Lui alors se moquait d'eux :
- Vous auriez mieux fait de rester au lit.
Mais à la fin, à force de se moquer des paysans, ceux-ci n'allaient plus. Or, un soir, il fut dévoré. On ne trouva que sa tête. Cette tête est encore là sous une grosse pierre debout, un menhir où est sculptée une croix. Cette pierre est toujours là ».
« À Saint-Guennolé, il y a un saint Isidore au-dessus du portail d'entrée, avec une faucille à la main. »

Sainte Apolline

« Il y a en Ergué, sur la route de Kerdévot, auprès de Lezergué, une fontaine de sainte Apolline (santez Apollina).
C'est la patronne des dents : elle est représentée à Saint-Guennolé avec une tenaille à la main, et une dent entre les pinces de la tenaille. On allait à la fontaine jeter des croix de bois, pour le mal de dents. Peut-être la statue de sainte Apolline est-elle maintenant au bourg d'Ergué ». (carnet ED 40 253-258, propos inédits de J.-M. Déguignet recueillis par Anatole Le Braz )

Saint-André

« II y a encore en Ergué-Gabéric la chapelle de Saint-André qu'on a reconstruite il y a une quinzaine d'années.
« Le dimanche des Rameaux, les paysans cornouaillais ont l'habitude de planter un rameau de laurier bénit dans leurs champs ». (id.

Kerdévot

« 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ».
Et plus loin dans le même passage : « Le chêne est à lui seul un monument avec de grandes plaies, de vraies grottes dans son écorce et les bossellements de ses racines qui forment des sièges naturels ». (carnet EG 86)
« Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins ». (carnet ED 42).

Lezergué

"Vu au château de Lezergué (9 septembre 1893) sur une armoire datant de 1822 dans la cuisine une représentation de saint Edern mitre en tête sur un cerf à corps de cheval très fringant avec énormes bois sinueux, la crosse dans une main. Les gens de la maison savent du reste que c’est saint Edern ». (carnet ED 42)

 

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Trésors d'archives > Politique > Pour une signalisation bilingue

Pour une signalisation bilingue

 
Comme beaucoup de communes, Ergué-Gabéric s’apprête à appliquer les principes du bilinguisme sur les panneaux de signalisation. Une première réunion avec un élu de Pluguffan a permis de s’informer sur la manière de procéder. Une commission a été mise en place comprenant des membres d’Arkae et de Brezhonegerien Leston’ pour faire un état des lieux et faire des propositions pour une politique rationnelle et progressive de mise en place d’une signalisation bilingue.
 
Photo : ces noms anciens porteurs d'histoire et d'identité nous viennent du Moyen-âge.
 
La dénomination publique des noms a un intérêt patrimonial capital. Ce sont ces noms anciens qui sont aujourd’hui porteurs d’histoire et les noms que nous mettons aujourd’hui à nos rues seront aussi les témoignages de notre époque : il faut donc les choisir avec soin, car c’est notre image que nous transmettons. Dans ce contexte, le bilinguisme a toute sa pertinence. Certes le nombre de bretonnants de naissance continue à décroître, mais, d’un autre côté, jamais l’attachement à notre langue ancestrale n’a été aussi fort, et, à l’image de la filière bilingue créée à Lestonan, le breton est langue d’avenir pour affirmer notre identité dans un monde qui perd peu à peu ses repères.
 
La situation linguistique des prochaines années semble se dessiner avec plus de netteté : la totalité de la population parlera le français, et ce sera la langue commune de notre société. A côté de cela une minorité non négligeable continuera à cultiver ses racines en utilisant le breton. L’objectif fixé par le Conseil Régional est de dix pour cent de la population. Enfin l’usage de l’anglais  ne fera que s’accentuer à l’heure de la mondialisation. Ergué accueille déjà plusieurs familles anglophones, ou mixtes, et la pratique du multilinguisme ne fera que s’accentuer.
 
Cette étude comprend trois volets :
  1. Les noms de lieux déjà existants.
  2. Les noms de rues déjà existants et à créer.
  3. Les dénominations à créer : signalisation routière et celle des bâtiments publics.
 
Les principes qui nous guident dans cette étude sur le bilinguisme sont simples :
  1. Respecter le legs de nos ancêtres en gardant les noms bretons qu’ils ont forgés depuis 1500 ans.
  2. Utiliser les formes bilingues quand il le faut.
  3. Donner la possibilité aux nouveaux apprenants de trouver dans la signalisation publique la marque forte de notre identité.
 
Une grande anarchie règne dans la toponymie d'Ergué-Gabéric à cause de la superposition de graphies anciennes ou fautives.
 
Les cadastres se contredisent, les cartes colportent des graphies parfois fantaisistes, le francisation se fait bizarrement : 
 
 
Breton du moyen âge :panneaux lieux-dits
  • Ty : aujourd’hui on écrit ti.
  • Parc : aujourd’hui on écrit Park.
  • Creac’h : aujourd’hui Krec’h.
Graphie du cadastre de 1836 : 
  • Croas ar gac : aujourd’hui on écrit Kroaz ar Gag.
Des noms ont été traduits en français : 
  • Ar sal C’hlas  devenu Salverte puis Salleverte.
  • Ar groaz ru devenu La croix rouge.
  • Meilh Jet devenu Moulin du Jet.
Certains noms ont subi une francisation orthographique :
  • Lenn hesk est devenu lenhesq.
  • Kersaoz est devenu Kersaux.
  • Kerfor est devenu Kerfort.
 
Certains noms ont été altérés par l’anglais :
  • Trolann devenu Troland ( il n’y a aucune raison de mettre un d comme dans l' anglais Land qui signifie « terre »).
  • Parc ar land : on devrait écrire Park al Lann (du breton Lann : ajonc).

D’autres sont écrits dans une orthographe qui n’a aucun fondement :

  • Kerhô : il n’y a aucune raison de mettre un accent circonflexe.

D’autres ont subi une bretonnisation mal aboutie :

  • Gars Haleg, Gars Halec, Garsalec : aujourd’hui on écrit en breton Garzhaleg, qui signifie Haie de Saules.
  • Hent ar troland vian : on devrait écrire Hent Trolann Vihan.
 
Les noms de rue les plus récents sont en français pour la plupart, mais on trouve beaucoup d’exemples mixtes français-breton : 
  • Allée Izella : on devrait écrire Ale Izelañ.
  • Avenue Per Jakez Helias : le vrai nom d’état civil est Pierre-Jakez Hélias ; si on le met en breton : Per-Jakez Helias, ne devrait-on pas mettre la pancarte en bilingue : Bali Per-Jakez Helias et Avenue Pierre-Jakez Hélias.
  • Angéla Duval : ou bien on met Anjela Duval qui est son nom de plume en breton ou Angèle Duval qui est son nom d’état civil     …/...
 
La totalité de la population d’Ergué parle le français. Un bon pourcentage connaît et pratique le breton. Le breton petit à petit acquiert une reconnaissance par les institutions. Il s’agit d’en tenir compte. De plus l’internationalisation des échanges implique qu’on fasse simple mais aussi enraciné. Il faut :
  • Tenir compte du patrimoine. Le nom c’est un patrimoine qu’on transmet. Avant toute dénomination il faut vérifier qu’un nom original ne disparaisse pas de la mémoire collective.
  • Eviter la banlieuisation d’Ergué. Evitons les noms qu’on trouve dans les pourtours de grandes villes où il faut baptiser à la va-vite des quartiers entiers de noms de fleurs, d’arbres, d’écrivains de peintres qui n’ont rien à voir avec la réalité locale.
  • Mettre en valeur nos hommes illustres.  Il est anormal de n’avoir pas à Ergué des rues Yves Cabellic, Guy Autret, Mgr de la Marche,
 

 

Quelques exemples :

 
Cleuyou(1834). Ce lieu-dit est prononcé localement /kleuyou/. L’éthymologie est claire : il s’agit du mot Kleuziou, Talus (le /Z/ entre deux voyelles ne se prononce pas en Cornouaille). Nous préconisons donc l’écriture Kleuyou.
 
Griffonès : Les formes anciennes sont : Griffonez (1426), Griffones (1475), Griffonnes (1536), Grifones (1680). Le problème à résoudre est d’écrire avec un ou deux /F/, un ou deux /N/ et d’écrire avec un /S/ ou un /Z/ à la fin du mot. Le mot vient de Grifon, animal fantastique du moyen âge, sans doute le célèbre dragon de la légende du Stangala. L’éthymologie, la prononciation et l’écriture du breton moderne convergent pour une écriture stabilisée : Grifonez.
 
Lestonan : Les formes anciennes sont Lesdonan (1540), Lestonnan (1540), Lesthonan (1678), Lestonnant (1678), Lestonan (1685). L’éthymologie du nom est donnée par la plus ancienne forme du nom Lez –Donan, qui peut se traduire par la cour (Lez) d’un petit noble rural dénommé Donan. Mais la prononciation de Lez renforce le D en T, et l’accent tonique très fort sur l’avant dernière syllabe sur le /To/ de Tonan renforce le Z en S. Celle ci d’ailleurs accentue tellement l’avant dernière syllabe que la dernière ne s’entend plus. On dit /Leston’/, comme on dit chez nous /bar/ au lieu de bara. C’est la conséquence de notre accentuation.

On peut donc garder la graphie actuelle Lestonan qui sans dénaturer l’origine du mot, tient compte de la prononciation locale.
Bernez Rouz
 
 
 
 

Trésors d'archives > Pat. rural > Construire au bourg d'Ergué en 1722

Construire au bourg d'Ergué en 1722

 
Construire au bourg 1722 Dessin réalisé par Albert TanguyVoici un document rare qui a été confié à notre centre de documentation.
C'est la facture pour la construction d'une maison au bourg d'Ergué-Gabéric en 1722.
Le propriétaire en était François Le Poupon, né vers 1668 et marié à Marie Nedelec en 1710.
Il mourut peu après la construction de la maison neuve en 1728 à l'âge de 60 ans.

L'orthographe non fixée à l'époque a été mise volontairement en français contemporain.
 
Mémoire pour François Le Poupon des frais et dépenses qu’il a eut à bâtir une maison au bourg d’Ergué-Gabéric, l’année mille sept cent vingt et deux.
 
Et en premier
  • Donné à Monsieur de Penenrun pour un courtil1 et l’emplacement de la maison et les frais et {illisible} du contrat : soixante neuf livres2.
  • Pour faire un fossé neuf et séparer les autres autour du dit courtil, donné à Yves Le Meur : vingt et un livres.
  • Pour les pierres et les livrer de la perrière3, il me coûte : vingt livres.
  • Pour tirer les attraits4 de la maison : dix livres deux sols et six deniers.
  • Pour faire charroyer les pierres : trente six livres.
  • Pour six semaines de temps que Le Poupon a été employé à travailler autour de la dite maison, servir les maçons, chercher des charrettes et autre travail : dix livres, six sept sols et six deniers.
  • Et pour sa dépense, pareille somme de : dix livres, dix sept sols et six deniers. 
  • Pour le maçonnage de la maison donné en argent aux maçons : soixante livres.
  • Donné aux darbareurs5 en argent, seize livres dix sols.
  • Pour la nourriture des maçons et darbareurs et autres : soixante livres.
  • Pour le temps de la femme du dit Poupon et pour le payement d’autres personnes qu’il lui a fallu prévoir en sa place : six livres.
  • Pour trois poutres et le grand boisage donné à Jean Le Camme, quarante et deux livres.
  • Pour les lattes et chevrons : quinze livres.
  • De plus donné aux darbareurs pour finir la maison entre argent et nourriture : trois livres dix sols.
  • De plus pour tirer et tailler des pierres pour faire les côtés du pignon du couchant de la dite maison donné aux maçons : deux livres.
  • La paille pour couvrir la dite maison, compté : 14 livres.
  • Pour la façon de la couverture : trois livres.
  • Pour un mois de temps que le dit Poupon a été employer à boiser la dite maison et faire la porte et les fenêtres : douze livres.
  • Le bois pour faire la porte et les fenêtres : trois livres dix sols.
  • Pour la façon du présent : trois livres
  • Le présent mémoire se monte à la somme de quatre cents vingt quatre livres, sept sols et six deniers.
 
On a ici probablement la construction d’un penn-ti : une seule porte, trois poutres, toit en paille.
Le temps global passé à la construction est de six semaines, il s’agit donc d’une construction simple et à moindre coût puisque le propriétaire et sa femme travaillent sur le chantier.
 

1.  Courtil : en breton liorzh, petite parcelle de terre
2. La livre valait 0,31 gramme d’or pur, dans une livre il y avait 20 sols et dans un sol 12 deniers.
3. Perrière : carrière de pierres en breton mengleuz
4. Attraits : confusion probable avec trait, tirer les traits de la maison, faire le plan.
5. Darbareur : apprenti maçon, maneuvre chargé de faire le mortier. En breton darbarer.
 
 

Trésors d'archives > Souvenirs > Louise Kergourlay de Lost ar Gilleg

 Louise Kergourlay de Lost ar Gilleg

Souvenirs de Louise Kergourlay

 

" Habitant à Lost ar Guillec depuis un peu plus d’un an, j’ai souhaité mieux connaître ce hameau. Avec Isabelle Guégan, habitante des lieux, nous sommes allées interviewer Mme Louise Kergourlay.
Née à Lost ar Guillec en 1932, elle est actuellement religieuse à Sainte-Anne d’Auray où elle nous avait préparé un très chaleureux accueil. Qu’elle en soit ici remerciée. " 
 

Un trésor à Lost Ar Guillec ?

« La légende veut que le premier bâtiment encore existant de Lost ar Guillec était la maison d’un notaire qui y aurait caché un trésor. La mère de Louise l’avait connu avec un toit de chaume et l’on disait alors que, lorsqu’on le détruirait, on trouverait le trésor… Sans doute est-il très bien caché.
Dans « les aveux collectifs de Christophe Blohio, Françoise Le Roux, sa femme et Jehanne Kerguz, mère de cette dernière », en 1540, on apprend qu’il y avait déjà un bâtiment à Lost ar Guillec. Etant donné le style de cette maison (présence notamment d’une accolade au-dessus de la porte), on peut avancer qu’il s’agissait déjà de celle-ci. Entre temps et jusqu’à ce que le propriétaire actuel l’aménage, elle a servi de débarras, de crèche à cochons.
Entre cette maison et la grande maison (partie neuve actuelle), il y avait un hangar avec le pressoir à cidre ainsi que du bois. On faisait en effet du cidre à Lost ar Guillec où il y avait de nombreux pommiers et le grand-père Nédélec a d’ailleurs reçu des prix pour son cidre bouché.
En 1846, date que l’on peut lire au linteau d’une fenêtre de la grande maison, M. et Mme Laurent s’installèrent à Lost ar Guillec. Peut-être firent-ils construire la grande maison. Ils venaient d’une grande ferme, à environ deux kilomètres de la chapelle de Kerdévot. N’ayant pas d’enfant, ils décidèrent de venir vivre dans une ferme de plus petite taille. Au bout de quelques temps cependant, ils eurent trois filles. De ces trois filles, l’une alla s’installer à Mezanlez. La fille de celle-ci recevra Lost ar Guillec en dot : c’est la grand-mère de Louise. Quant à son grand-père Nédélec, il venait de Lezergué. 
Derrière la grande maison il y avait un appentis avec d’un côté la laiterie et de l’autre, dans une partie plus longue, un âtre surélevé avec deux galettières. C’est là que l’on faisait des crêpes en quantité lors du grand pardon de Kerdévot, quand toute la famille se retrouvait à Lost ar Guillec et à Kergamen (acheté par le grand-père Nédélec). 
 

L’arrivée de la fée électricité

Le grand-père Nédélec acheta le moulin afin d’agrandir sa propriété. A côté, il construisit une autre maison pour sa retraite. Vers 1942-43, alors que le père de Louise et son commis faisaient le tour des fermes pour prendre le grain et rendre le son, ils embarquèrent un homme qui traînait son vélo. Celui-ci leur demanda s’il y avait l’électricité au moulin, ce qui n’était pas le cas. Un peu plus tard il vint y installer l’électricité, ainsi qu’à Kergamen et même à Lost ar Guillec. Il y avait une dynamo et quand le moulin tournait, les accumulateurs se chargeaient et on avait donc de l’électricité. Ainsi, le moulin a permis à la famille d’être les premiers à avoir l’électricité, dans les environs. Lors du débarquement en Normandie, la famille n’avait pas fini de manger que tous les voisins venaient suivre les actualités à la maison. 
L’activité du moulin permettait aussi d’élever un nombre considérable de cochons à Kergamen, puisque le père de Louise prélevait un kilo par sac de son pour les nourrir. 
Le moulin est resté en fonction jusqu’en 1950 environ, période où le père de Louise a cessé l’activité.
 

Un vrai paradis  !

Archives Arkae Louise Kergourlay de Lost ar Gilleg

Là où se trouve actuellement la maison neuve, il y avait un jardin clos, « un vrai paradis ». On y trouvait des poires, des groseilles, des fraises, des groseilles à maquereaux, des fleurs, des légumes… Il y avait aussi du très beau raisin. La vigne s’étendait sur les façades des bâtiments et l’on peut encore en voir un petit bout sur la crèche accolée à la grande maison. Du cresson poussait dans la petite rigole qui partait de la fontaine. Au marché, on vendait tous ces produits, ainsi que les noix et les pommes à couteau qui avaient un bon succès, les lapins, les poules… Ces « milles petites choses » qui faisaient que la ferme tournait.
Tous les champs autour étaient très cultivés, même là où il y a actuellement les pins.
 
 

Un quartier très animé

Un petit sentier traversait la prairie derrière Lost ar Guillec. Il était si emprunté que jamais on n’aurait pu penser qu’il disparaîtrait. On allait de Lost ar Guillec à Kergamen par là. C’est aussi par là que ceux de Kernaou rejoignaient le Reunic, ainsi que ceux de Penmine, de Kerampeillet…
Le père de Louise avait aménagé la mare en face du moulin : il avait monté deux murs de chaque côté de la fontaine et adossé un toit en papier goudronné à la petite butte qui la surplombait. Les gens du quartier utilisaient ce lavoir couvert et durant le mois de janvier on l’invitait à prendre le café, en remerciement. Lui-même répondait aux invitations et il y avait comme cela un roulement pour s’inviter, lors du changement d’année.
A la forge du Reunic, on ferrait les chevaux, les roues des charrettes, on y trouvait également des machines à battre, etc. Pendant la guerre, le lundi matin surtout, les gens venaient apporter leur sac de blé au moulin. Et en attendant, ils allaient faire ferrer leur cheval chez le forgeron. Il y avait aussi un courtier en produits du sol et, plus loin sur la route, un cantonnier.
En ce lieu de passage qu’était le Reunic, on trouvait aussi un café-épicerie. La mère de Louise lui a raconté que les gens d’Elliant s’y arrêtaient pour se reposer et boire un café, en allant au marché de Quimper. On y organisait des repas de mariage, ainsi que les bals du 31 décembre, du petit pardon et du grand pardon de Kerdévot, les dimanches soirs. C’était très vivant. Au grand pardon, on rencontrait au bal du Reunic des personnes de toutes les communes alentours (Ergué-Armel, Elliant, Landudal).  »
Témoignage recueilli parAurélie le Déroff 
 
Voici retracé un morceau d’histoire de Lost ar Guillec, écho de cette vie dont est héritier le moindre de nos villages.
Et l’on ne vous a encore rien dit du « tonton russe », devenu précepteur des enfants du Tsar et qui possédait, dit-on, une rue entière à Saint-Petersbourg.
Le grand-père avait acheté Kergamen et quand sa fille Joséphine s’était mariée avec Monsieur Bacon de Kernaou on lui avait donné cette ferme. 
Marie-Louise, Joséphine et Marie-Jeanne sont restées.
Durant la jeunesse de Louise, Joséphine et Marie-Louise tenait la ferme de Kergamen. Un employé venait tous les jours du bourg pour y travailler. Puis elles sont venues à Lost ar Guillec et ce sont les Kergourlay qui se sont occupés de Kergamen jusqu’en 1963, qu’ils louaient à Joséphine, Kergamen étant un ferme plus importante (plus étendue, plus de bâtiments). Les grands parents, eux étaient au moulin.
Marie-Mouise et Joséphine s’occupaient du jardin, lorsque les Kergourlay sont partis à Kergamen. Elles l’aimaient beaucoup. Les deux tantes ont vécu avec leur mère jusqu’à son décès en 1949, dans la grande maison. Celle-ci était descendue du moulin après le décès de son mari.
Il y avait un petit pont. (la prairie du moulin)
De l’autre côté de la route, un petit champ fait aussi partie de la ferme de Lost ar Guillec. (Park Pont)
Plus haut, il y a aussi un peu de lande que Mezanlez avait donné dans la dote de leur fille, pour que Lost ar Guillec ait aussi un peu de lande, nécessaire à toute ferme autrefois.
L’étang sur la route de Mezanlez faisait partie du moulin. Il avait fallu faire des travaux pour que l’eau vienne l’alimenter. (elle a vu vider cet étang par 38 hommes).
Si l’on remonte dans le temps, Lost ar Guillec a peut-être été une fabrique de poterie gallo-romaine. En effet, lorsque tante Joséphine cultivait le petit jardin, elle trouvait beaucoup de poteries. La présence d’eau et de buis ainsi que l’intuition qu’une voie romaine devait passer à proximité, lui permettait d’arriver à cette conclusion.
Keleier Arkae - n° 26 février 2003
 

Trésors d'archives > Guerres > Prisonniers de guerre allemands à Ergué-Gabéric (1945-1951)

Prisonniers de guerre allemands à Ergué-Gabéric (1945-1951)

 

Tableau de Kerouredan par Helmut Homillius

Cette date et cette signature au bas d'un tableau représentant ma maison natale, ont probablement, dans mon enfance, suscité, mais sans plus, quelques interrogations familiales. Mais ce n'est que bien plus tard, en 2004 – 2005, qu'au travers d'innombrables témoignages faisant mémoire de la guerre 1939-1945 et instruisant notre histoire, qu'un début de réponse concrète m'est apparu. La collaboration de Marie-Thérèse Le Mao, témoin de cette période, et qui habitait alors avec ses parents à la ferme de Kerautret, a apporté une réponse à mes questions et a aussi permis d'enrichir un travail de mémoire sur ce sujet délicat et, bien souvent, peu connu. 
 
Elle m'a en effet livré des souvenirs liés à cette période d'après-guerre à travers le dialogue suivant.
 
Tableau de la ferme de Kervoreden peint par Helmut Homilius.
Inscription : KEROUREDAN. (pour Kervoreden). 10 JULI 1946. - H. HOMILIUS.
Entretien avec Marie-Thérèse Le Mao
Jacqueline - Je crois que ce nom "H. Homilius" te dit quelque chose.
Marie-Thérèse – Effectivement, Helmut était un prisonnier de guerre qui travaillait chez mes parents.
 
Jacqueline – Pourquoi et comment est-il arrivé chez toi ?
Marie-Thérèse – Mon père avait fait la demande à la Préfecture (peut-être avait-il la possibilité de cette obtention car il avait été fait prisonnier dans les Ardennes allemandes de mai 1940 à juillet 1942. Je ne sais pas trop tout cela).
Les prisonniers de guerre allemands étaient cantonnés à Lanniron (commune d'Ergué-Armel). Mon père est allé en char à bancs le chercher, en novembre 1945. En fait, il est revenu avec deux prisonniers, Helmut et Oscar. Le premier soir, ils ont "dévoré" leur repas, tant ils semblaient avoir peur de manquer. Mes parents ont essayé de leur faire comprendre que le lendemain ils seraient encore nourris.
 
Jacqueline – Tu peux les présenter un peu plus ?
Marie-Thérèse – Helmut était de Haïnichen (Saxe), près de la frontière tchèque, où il travaillait dans une laiterie. Cela faisait seulement huit jours qu'il était marié quand il fut arrêté. Sa femme a été faite prisonnière par les Russes.
Oscar était de Bielefeld (ville aujourd'hui jumelée avec Concarneau). Il était marié et père de deux enfants et travaillait à la Préfecture.
Helmut travaillait davantage dans les champs, alors qu'Oscar participait surtout aux travaux d'entretien (maison, jardin…).
 
Jacqueline – Le gouvernement français exerçait-il un suivi, un contrôle ?
Marie-Thérèse – De temps à autre, un inspecteur du travail passait voir si tout se déroulait correctement. Si jamais ils ne rentraient pas aux horaires requis, nous devions le signaler. Je me souviens qu'un soir, un prisonnier du secteur manquait au contrôle. Cela avait fini par s'arranger quand même assez bien.
Leurs uniformes venaient de Brest, où on devait aller les chercher. Au bout de deux ans, Helmut est devenu "travailleur libre".
 
Jacqueline – Alors que Oscar, lui, s'était évadé…
Marie-Thérèse – Il y avait d'autres prisonniers de guerre à Ergué-Gabéric, à Elliant aussi, dont notre ferme était proche. Un soir, vers 1946, Oscar, avec un prisonnier de guerre employé à Elliant (ce dernier parlait français) n'est pas rentré. Mon père a prévenu la Préfecture et les chefs à Lanniron. Trop de lenteurs dans les recherches (ou peu de réel empressement, ou quelque complicité ?) ont fait qu' Oscar a réussi à rejoindre son pays, alors que son collègue de fuite se serait fait reprendre.
Oscar avait été très malade et craignait beaucoup de revenir au camp, alors pourquoi ne pas tenter la fuite ? Quelques jours plus tard, mon père retrouva dans un champ des habits de prisonnier d'Oscar, et se rendit compte qu'il lui manquait alors une veste et ses papiers d'identité.
Parfois Oscar et Helmut "s'agrippaient un peu", mais jamais on ne saura si, dans ce cas, ils furent complices. A mon avis, une certaine solidarité a joué, car Helmut lui avait donné un peu d'argent, ce que nous apprîmes bien après.
Oui, revenir à Lanniron était pour tous une crainte. Une anecdote me revient. Au départ, ne sachant pas traire les vaches, Helmut nous révéla sa hantise que le lait ne vienne pas. Alors, il priait, priait, avant de se mettre à traire…Anecdote un peu comique à priori, mais quand on sait l'enjeu du moment, on peut comprendre !
 
Jacqueline – Et Helmut ?
Marie-Thérèse – Helmut a quitté Kerautret en mai 1950. Pendant 5 ans, il a participé à la vie locale d'une façon assez "positive". Ses talents de peintre et de dessinateur, sa convivialité, ont facilité les rencontres. Dans différents lieux qu'il a fréquentés, ses tableaux sont relativement nombreux (Kerautret, Garsalec, Kervoréden…). Les gens le payaient, reconnaissant son art.
J'ai des photos où on le voit effectuant la traite des vaches ou blanchissant la  maison. Il est aussi allé à Quimper se faire photographier au studio Etienne Le Grand. Sur la photo de mariage de René CARIOU, notre voisin, en 1948, il est là avec Georges, un autre prisonnier de guerre qui se trouvait employé chez le marié du jour. Helmut s'était acheté un vélo (chez Hervé Le Goff, à la forge de Garsalec : Denise, sa fille, s'en souvient très bien), et à son départ, il l'a vendu.
 
 
Jacqueline – Finalement, peut-on dire que son intégration était assez réussie ?
Marie-Thérèse – Dans l'ensemble, je pense que oui. Il avait un peu appris le français. Mon père et lui étaient parvenus à un langage de compréhension mutuelle et cela marchait assez bien. Dire que tout était idéal, c'est exagéré. Un jour, lors d'une journée de gros travaux, mon père eut à calmer le jeu. 
Un gars du coin, qui avait été prisonnier en Allemagne, s'est un peu énervé. Cela aurait même pu s'envenimer si mon père ne lui avait rappelé que lui aussi avait souffert de son séjour en Allemagne. Helmut était là, il ne l'avait pas choisi, et c'était ainsi. Mais peut-être était-ce là un signe pour dire que le moment était venu, dans la paix retrouvée, de penser au retour…
 
Jacqueline – Comment cela s'est-il achevé ?
Marie-Thérèse – Helmut est retourné chez lui en mai 1950. Il a retrouvé sa femme, LINI (à qui il faisait parvenir des colis contenant des denrées alimentaires et des vêtements, quand cela lui était possible).
En 1952, il fut papa d'une petite fille, Barbara. Je possède aussi la photo du baptême. Puis peu à peu les échanges se sont arrêtés. C'est dommage, mais ainsi va la vie.
 
 
 

Trésors d'archives > Guerres > Le camp de prisonniers de Lanniron

Le camp de prisonniers de Lanniron 

 

Portrait d'Helmut Homilus > Archives ArkaeHelmut Homilius, prisonnier allemand à Ergué-Gabéric a raconté dans ses mémoires Cinq années de pénitence son séjour à Ergué-Gabéric. Il a raconté les conditions épouvantables de détention au camp de Lanniron en Ergué-Armel, un épisode peu connu de la guerre 39-45.

Le camp de prisonniers de guerre de Lanniron "Frontstalag 135" était situé sur l'ancienne commune d'Ergué-Armel, intégrée à celle de Quimper en 1960.
Le camp fut installé sur la rive gauche de l'Odet, à la périphérie de Quimper, chef-lieu du département, sur des terrains privés réquisitionnés par les autorités militaires allemandes d'occupation.
 Le camp de prisonniers occupait des terrains agricoles et des vergers dépendant de fermes appartenant aux familles De Massol (5 hectares réquisitionnés), également propriétaire du château de Lanniron, et De Blois (3 hectares réquisitionnés), propriétaire du château de Poulguinan également proche du camp de prisonniers. Au début du mois de novembre 1940, le château de Lanniron fut également réquisitionné et mis à disposition des officiers commandant le camp de prisonniers. 

Les terrains furent réquisitionnés dès septembre 1940. Des baraques furent bâties sur une superficie de 20 ares dans un premier temps. Le camp fut rapidement agrandi car à la fin de la guerre la surface des baraques atteignait 90 ares. Il y avait une surface de 4,50 ares d'emplacements cimentés pour les W.C., les lavabos. Plus de 50 ares de routes empierrées furent ouvertes sans compter des tranchées et des emplacements bétonnés.

Voir les dessins d'Helmut Homilus sur le camp de Lanniron

 

Le camp de prisonniers français (fin 1940 – août 1944).

A la fin de l'année 1940, les premières troupes françaises sont internées en captivité au camp de Lanniron. On trouve mention de militaires français de métropole au camp de Lanniron dès 1940.

En mai 1941, le camp de prisonniers de Quimper comptait, selon un rapport de la Croix-Rouge : "803 blancs, 6.592 hommes de couleur, 31 noirs, 320 annamites, soit un total de 7.746 hommes".
 Plusieurs décès de soldats coloniaux sont constatés dans les registres de l'état-civil. Il s'agit de tirailleurs sénégalais (18ème RTS), marocains (2ème RTM), tunisiens (8ème RTT) et algériens (19ème RTA), parfois de soldats de bataillons de pionniers ou du Génie, originaires d'Afrique du Nord, et plus rarement d'AOF ou d'AEF.
Dix de ces militaires décèdent à Quimper en 1941.

 

Le camp de prisonniers allemands (août 1944 – juin 1946).

La ville de Quimper est libérée le 8 août 1944 après plusieurs combats opposant les résistants aux troupes allemandes qui se replient vers Brest et la presqu'île de Crozon. Dès la Libération de la ville, le camp de prisonniers de Lanniron devient le lieu de détention des prisonniers de guerre allemands. Les conditions de détention de ces prisonniers semblent avoir été difficiles. En effet, au moins 39 soldats allemands sont décédés en captivité à Quimper : 18 ont été inhumés dans un premier temps à Quimper, et 21 à Ergué-Armel, entre août 1944 et le 26 mai 1946, date du dernier décès enregistré. Le camp de prisonniers est fermé peu après cette date car le 29 juin 1946, les autorités militaires françaises lèvent la réquisition des terrains qui sont alors restitués à leur propriétaire.

Des dossiers d'indemnisation sont instruits dans le cadre des dommages de guerre pour réparer les préjudices des propriétaires. Les baraques sont démolies en 1946. Aujourd'hui, rien ne subsiste plus de ce camp. 

Bruno Le Gall - Archiviste de la ville de Quimper, mai 2005 -Keleier Arkae n°44 mai 2006
 
 
 

Trésors d'archives > Quartiers > Bourg d'Ergué en 1790

Bourg d'Ergué en 1790


Le "petit bourg" du "Grand" Ergué en 1790

Le 20 juillet dernier, dans le cadre des "Mercredis du Patrimoine", une conférencière de l'Office du Tourisme de Quimper, Jacqueline Van Thielen, a conduit la visite du bourg d'Ergué-Gabéric par une quarantaine de personnes. Elle a contribué à faire découvrir ou approfondir par chacun les raisons géographiques de l'implantation du bourg, l'histoire de son développement (ou de sa stagnation), la qualité et la répartition de ses habitants...
Dans la suite de cette visite, pour que chacun puisse se faire une représentation plus éclairée de ce qu'était le bourg il y a 215 ans, pourquoi ne pas se reporter aux résultats du Recensement de 1790 concernant précisément sa population ?

Combien d'habitants ?
Il est recensé 61 "âmes" (ou habitants). C'est peu, y compris au regard de la population totale de la paroisse, qui était établie à la même période à 1609 personnes : le bourg ne représentait donc que 3,79 % de la population de la paroisse. Il n'y a pas lieu de penser qu'il y a eu "beaucoup de monde dans le bourg" autrefois !
 
Combien de familles ? - ou plus précisément de "feux", c'est-à-dire de "foyers" (personnes regroupées sous un même toit) ?
Il y en avait 16, d'inégale importance.

Deux "feux" importants ressortent, avec chacun huit habitants :
Le presbytère, où vivent :
  • Le recteur, M. Dumoulin, 43 ans, et aussi sa mère, 70 ans, et sa nièce de 20 ans,
  • Le "curé" ou vicaire, M. Vallet, 29 ans,
  • Un autre prêtre, M. Tanguy, 33 ans,
  • Un "clerc tonsuré" de 18 ans, M. Le Breton, peut-être neveu du recteur,
  • Et deux domestiques : homme de 26 ans et femme de 39 ans.
  • Dans une autre maison vit un autre prêtre, Monsieur Baudry, 59 ans, et sa sœur, 54 ans.
 
La ferme Le Roux, dirigée par l'unique "cultivateur" (propriétaire) du bourg, Corentin Le Roux, 35 ans, marié en secondes noces à Marie-Catherine Le Guyader, 38 ans, qui a emmené une fille (15 ans) et un garçon (6 ans) de son premier mariage. Il y a 4 domestiques : une femme de 23 ans et 3 garçons de 26, 24 et 16 ans.
 
On observe ensuite qu'il y a deux "métayers" :
  • François Dagorn, 53 ans, et son épouse de 43 ans, qui ont deux filles de 7 et 5 ans, et par ailleurs un garçon de 13 ans et une fille de 15 ans issus du mariage précédent des deux époux (total : 6 personnes),
  • Jacques LOUIS, 35 ans, et sa femme, 37 ans, avec un fils (8 ans) et deux filles (3 ans et 6 mois), et qui ont une veuve de 54 ans comme journalière (total : 6 personnes)
A ces trois fermes s'ajoutent :
  • Un boulanger et sa femme (31 et 48 ans), sans enfants, avec une jeune fille de 20 ans comme domestique.
  • Un "hobergiste" et sa femme (32 et 25 ans), avec leurs deux filles de 4 ans et 6 mois, et une domestique de 26 ans. Ils hébergent chez eux une "tailleuse" de 30 ans.
  • Un autre "hobergiste" et sa femme (50 et 40 ans), sans enfants.
  • Un "sacriste" et sa femme (43 et 44 ans), chez qui vit un neveu de 9 ans.
  • Un "maréchal" et sa femme (32 et 39 ans), avec leur fille de 4 ans et d'autre part un garçon de 17 ans et une fille de 11 ans issus du premier mariage de l'épouse.
Enfin des maisons de journaliers et de veuves :
  • Un journalier de 31 ans, avec sa femme de 26 ans, leurs deux filles (4 ans et 8 mois) et la belle-mère, veuve de 64 ans,
  • Une autre veuve de 67 ans, chez qui vivent une journalière de 42 ans et la fille de celle-ci, 8 ans,
  • Une veuve de 64 ans, qui héberge une domestique de 40 ans,
  • Une journalière de 54 ans, veuve qui vit seule,
  • Et enfin une veuve de 67 ans, chez qui est installé un cordonnier de 36 ans.
On voudrait pouvoir en dire plus sur la localisation des maisons des uns et des autres. Celle des deux plus importants "feux" s'impose : le presbytère et la ferme Le Roux. Mais il est encore facile d'imaginer que les artisans sont en "haut" du bourg, tandis que les journaliers et les veuves sont " Traon ar vorc'h ", où se remarque encore ce qu'il reste de leurs petites maisons aux abords du lavoir.
Le recensement fait encore état de 7 "actifs" dans le bourg. Sont ainsi désignés les gens qui ont un revenu suffisant pour devoir verser des contributions fiscales : le recteur et trois autres prêtres, le "cultivateur", un "métayer", un "hobergiste". Je vous invite à monter à " Menez ar vorc'h " pour voir s'animer ce " petit monde ".
François Ac'h - 2005
 

Trésors d'archives > Dossiers > Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905

Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905
 
 
 
> Site officiel de Jean-Marie Déguignet mis en place par l'association Arkae, éditeur des Mémoires d'un paysan bas-breton.
 
 
 

 


Trésors d'archives > Souvenirs > Souvenirs d'une écolière pensionnaire (1917-1921)

Souvenirs d'une écolière pensionnaire (1917-1921)

 
Ce témoignage  a été recueilli auprès de Marie Gourmelen (Marie Roumégou) par Gaëlle Martin et Jacqueline Le Bihan dans le cadre de l'exposition présentée par Arkaé en juin 2004 : " Ergué-Gabéric et ses écoles ".
L'école  primaire des filles " Notre-Dame de Kerdévot " a été ouverte au Bourg de 1898 à 1963. Elle a disposé d'un pensionnat. Elle était tenue par la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. Ses locaux ont été, après la fermeture, occupés par le C.A.T. " Les Papillons Blancs ", puis ont été transformés en " Résidence Bude-Stratton ".
 

1917 : " à l'école on priait pour les morts".

« Je suis entrée à l'école à l'âge de 9 ans, en septembre 1917. A cette époque, les enfants n'étaient pas scolarisés dès l'âge de leurs 2 ans comme aujourd'hui, et de plus, j'étais l'aînée, donc utile à la maison.
J'habitais à Kervéguen, ce qui fait que je fus mise en pension à l'école des filles du bourg : l'école Notre-Dame de Kerdévot.
Je suis allée à l'école en char à bancs avec mes affaires de pensionnaire : literie, vêtements… Je me rappelle que je disposais de quatre blouses d'écolière et que je faisais trois jours avec une blouse. Mes autres habits étaient de simples habits paysans : la jupe, le gilet, le corsage et les sabots.
J'ai démarré l'école alors que la première guerre mondiale faisait rage. Je me souviens qu'il y avait un service mortuaire toutes les semaines, et qu'à l'école on priait pour les morts, et pour que le conflit s'arrête.
J'ai trouvé que les bâtiments de l'école étaient grands par rapport à ceux de la maison.
 

"Je ne parlais que le breton".

Bien sûr, je ne parlais que le breton en y arrivant. L'apprentissage du français s'est  fait petit à petit. Pour moi, je n'ai pas de souvenir d'interdiction, de lutte, de punition contre l'usage du breton. Cela venait doucement : par exemple l'instituteur traduisait la date en breton, le catéchisme se faisait en breton, parfois les prières (le "je vous salue Marie") et on lisait la "Vie des Saints" en breton.

Il y avait deux classes, avec chacune deux divisions. La petite classe était dirigée par Sœur Yvonne et il y avait une salle spéciale pour apprendre à lire. La seconde classe était dirigée par Sœur Euphrasie, puis par Mademoiselle Monique, qui jouait du piano. Le matériel d'écolier était fourni par l'école.
        

Une journée bien chargée

La journée des pensionnaires commençait toujours ainsi : Sœur Félicienne réveillait le pensionnat par une phrase en latin. Les grandes étaient obligées de se rendre à la messe, qui durait 30 minutes et c'est seulement ensuite qu'elles pouvaient déjeuner. Le petit déjeuner se composait de café et de soupe. Mais il y avait plusieurs menus en fonction de l'argent laissé par les parents. Puis les filles allaient faire leur toilette et leur lit.
La rentrée en classe avait lieu à 9 heures, bien en rangs. On restait debout devant sa place et on disait la prière. La classe commençait par la récitation des leçons : géographie, histoire, poésie. Puis on passait à l'arithmétique. Ce que je préférais, c'était la dictée.
A la récréation, les filles sautaient à la corde, jouaient à la marelle, à "mouchig dall" (colin-maillard). Elles chantaient : "Dansons la capucine…", "La Mère Michel", "Savez-vous planter des choux ?", "Compagnons de la marjolaine", "En passant par la Lorraine…".
Avec des noix ou des haricots, selon la saison, on jouait à "glouc" : dans un trou, on disposait quelques noix ou haricots et on gardait le reste pour les lancer chacune à son tour : celle dont le projectile atteignait le trou remportait tous les haricots ou toutes les noix.
 

Menus ouvriers et menus paysans

Après l'Angelus de midi, on sortait de classe et on se rendait au réfectoire. Les repas des enfants des ouvriers de la Papeterie étaient payés par Bolloré. On appelait cela "la grande pension", car c'était un repas amélioré.. Pour le reste des enfants (dont moi), les sœurs préparaient une soupe de légumes. Elles y ajoutaient les morceaux de lard que les parents des pensionnaires avaient laissé pour leurs enfants. La ration impartie à chacun était identifiée grâce à une tige de métal fichée dans chaque morceau de lard. Ainsi, chaque fille se voyait servir la quantité de viande laissée par les parents. Ceux-ci laissaient aussi du pain, et une ration de beurre.
Les demi-pensionnaires apportaient le nécessaire, pour avoir un peu plus que la soupe aux légumes.
Il n'y avait pas de dessert.
 Vers 1920-1921, tous les jeudis, Sœur Cécilien préparait un ragoût de pommes de terre. C'est elle aussi qui a changé le système des fiches de métal dans les morceaux de viande : elle les marquait d'incisions différentes les unes des autres.
Au printemps, je me rappelle que je pouvais acheter de la salade aux sœurs ; il y avait un grand potager, et aussi un verger à l'école. Pour l'assaisonnement, on achetait du sucre en poudre à la Boulangerie Balès, et on mangeait les feuilles de salade ainsi, avec un peu de sucre.
 

"Jamais je n'ai eu le cafard"

Après le repas du soir, l'hiver, on faisait le tour de la cour en courant et en chantant pour se réchauffer. L'été, on faisait des jeux. Le jeudi soir était dévolu aux travaux manuels. J'ai ainsi fait des coiffes pour ma mère. J'ai aussi brodé une nappe pour le pain noir, qui reste en haut de la table à la campagne. J'ai bien sûr fait du tricot.
On allait se coucher à 21 heures, été comme hiver. Il n'y avait pas de toilette avant d'aller se coucher. Le dortoir n'était pas chauffé. Chaque fille avait deux couvertures et un édredon. Il n'y avait pas le droit de parler. Personne ne pleurait. Jamais je n'ai eu "le cafard". Je me rappelle quand même d'une fille qui avait fugué. Les maîtresses l'ont vigoureusement battue à son retour.
Le jour de congé, à cette époque, était le jeudi. L'après-midi était l'occasion d'une grande sortie : promenade sur toutes le routes d'Ergué-Gabéric, tout en chantant ou en discutant les unes avec les autres.
Mes parents venaient me voir le dimanche. C'est alors que se faisait le transfert des vêtements propres et sales. Ils me donnaient quelques sous. Et ainsi, le jeudi, je pouvais m'acheter des bonbons.
 

"Ainsi furent mes courtes années d'école".

J'ai quitté l'école à 13 ans et demi. Mon père était tombé malade. J'étais l'aînée. Je devais revenir aider à la maison. Je n'ai donc pas été au certificat d'études et ai ressenti de la tristesse en voyant les autres filles de ma classe y aller.
Ainsi furent mes courtes années d'école.
Mon école était ainsi… quand j'étais petite fille. »

Témoignage recueilli par Gaëlle Martin - Keleier Arkae n° 37, janvier 2005

Trésors d'archives > Pat. rural > Le costume breton d'Ergué-Gabéric

Le costume breton d'Ergué-Gabéric

 

Costume breton d'Ergué-GabéricLe costume de la première moitié du XIXe siècle

La seule représentation qu'on ait du costume féminin porté à Ergué-Gabéric se trouve dans un ouvrage de 1842 : "Les Bretons" d'Alfred de Courcy. Cette coiffe de type archaïque était appelée Pichou du breton Pitchourell qui désigne une coiffe à huppe ou à capuche. Cette coiffe a déjà été desinée par Olivier Perrin en 1810.
 
 
Cette lithographie signée Victor Coindre, dessinateur prolixe du XIXe siècle a été éditée par Thierry Frères.

A noter le titre en trois langues : français, anglais, allemand pour satisfaire la curiosité des celtophiles de l'Europe entière qui s'intéresse à la Bretagne  suite à la publication du Barzaz Breiz d' Hersart de La Villemarqué.
 
Dans le vêtement on voit parfaitement les trois corsages superposés qui composaient traditionnellement l'habit des jeunes filles. Le tablier porte de jolis couleurs gaies qui tranchent avec le noir qui s'imposera par la suite.
 
 

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Trésors d'archives > Pat. rural > Les Moulins d'Ergué-Gabéric

Les Moulins d'Ergué-Gabéric

 

Moulins sur l'Odet

  • Meilh Kergonan, sur l'Odet, connu depuis 1540 comme dépendant du manoir de Kergonan. Avait trois paires de meules. Subsiste aujourd'hui en habitation. Il y a peut-être eu un autre moulin de Kergonan sur un ruisseau affluent de l'Odet.
  • Meilh Odet, près de Pont Piriou, aujourd'hui disparu. Connu depuis 1540 comme dépendant du manoir de Kerfors.
  • Y a-t-il eu un " Meilh baper " (moulin à papier) avant l'implantation des Papeteries Bolloré sur l'Odet en 1822?
  • Meilh Poull, aujourd'hui en ruines, connu dès 1426 comme dépendant du manoir de Griffonès. A la Révolution, il devient propriété des meuniers qui l'exploitent jusqu'en 1924, où une crue emporte le tablier du pont. Les clients de Kerfeunteun ne traversent plus : le meunier cesse alors son activité
  • A Kénechgongar, un moulin disparu, connu en 1573 . Dépendait du manoir de Pennervan.
  • Un moulin, sans doute à Lenhesq, signalé dans un aveu du manoir de Lezergué en 1550 comme étant près des terres de Quillihuec.
  • A Kerfrès, un moulin devenu aujourd'hui habitation. Deux roues verticales à augets.
  • Meilh Kerellan, disparu sans laisser de traces, autrefois implanté dans la prairie de Prat an enes, avec début d'activité signalé au 12 décembre 1490.

Moulins sur le Jet

  • Meilh Jet. Roue horizontale, bief de 1 km.200, arrêté vers 1960. Aujourd'hui habitation.
  • Meilh Faou, actuellement habitation, signalé dès 1460 comme dépendant du manoir de Keristin. Roue horizontale. Arrêté en 1976.
  • Près de Kerfors, un moulin aujourd'hui disparu, connu par un aveu de 1488 comme dépendant du manoir de Kerfors.
  • A Kergamen, il y avait un moulin avec roue à augets. Dépendait du manoir de Mezanlez. Aujourd'hui habitation.
  • A Kernaou, traces d'un moulin démoli vers 1925.
  • Meilh Pont ar Marc'hat, aujourd'hui pisciculture. A pu comporter une scierie.
  • Meilh Pennarun, aujourd'hui habitation. Deux roues horizontales. Aurait travaillé en scierie de 1852 à 1900. A moulu le grain jusqu'en 1976.
  • Moulin du Cleuyou, restauré. Roue à aubes. Connu par un aveu de 1566.
  • Meilh Coutily, anciennement moulin "charretier" ou "chartier" à un lieu-dit Pont Even (à l'emplacement de l'ancienne usine Gouiffès).
Jean Istin - Keleier Arkae n°41 novembre 2005
 

Trésors d'archives > Géographie > Description d'Ergué-Gabéric en 1780 et 1843

Description d'Ergué-Gabéric en 1780 et 1843

 

Dictionnaire d'Ogée (1780)

Ergué-Gaberie [Ergué- Gaberic] ; à 1 lieue 1/5 à l'E. de Quimper, son évêché, sa subdélégation et son ressort, et à 37 lieues de Rennes. On y compte 1800 communiants : La cure est à l'alternative. Son territoire est fertile en grains, et plein de vallons  où sont de très belles prairies ; mais on y voit beaucoup de landes et terres incultes.
Vers l'an 1640, Gui Autret , seigneur de Missirien , fit bâtir, près l'avenue de son château d'Ergué, une chapelle dédiée à saint Joachim, dans laquelle il fonda quatre messes par semaine Toute la paroisse relève du roi, à l'exception des trois villages de Kermorvan , de kernechiron et Kerougan, qui se trouvent sous le fief de l'évêque de Quimper. La maison noble de Kerfort appartenait, en 1420, à Anceau de la Marche.
 

Réédition de 1843 par A. Marteville et P. Varin

Ergué-Gabéric (sous l'invocation de saint Guenaél, abbé de Landevennec), commune formée par l’ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale. 

Limite : Nord rivière d'Odet ; E. Elliant; S. Ergué-Armel. Saint Evarzec, Saint-Yvi, rivière le Ged ; O. Kerfeunteun, rivière d'Odet.
Principaux villages : Quélennec, Squividan, Kerourvois, Salverte, Quilinec , Lostarguiret, Kerellou, Kerdilès, Kerguen , Kerfor, Kerlarion.
Objets remarquables : manoirs de Lezergue , de Cleuyou; château de Kerjenny. Superficie 3988 hect. 72 a., dont les principales div. sont : terres labourables , prés et pat. 365 ; bois 179 ; vergers etjardins 39 ; landes et incultes 1324. Superficie des proprieties bâties 28 ; cont. non imposable. Const. dliv. 424 ; moulins, du Ged, Penarrux, Cleuyou, Coutilli, Poul, Faou, Pont-ar-Marhat.
Outre l’église, il y a les chapelles Saint-Guinolé , Notre-Dame-de Quelen( en ruines ) et Kerdevot. 
Il y a en Ergué-Gaberic un moulin à papier et une tuilerie. 
La route royale n° 165 dite de Nantes à Audierne, traverse cette commune du sud-est au nord-ouest. 
Géologie : constitution granitique ; micaschiste au nord du bourg.
On parle le breton.

Dans cette commune, sur le bord de la route de Vannes à Quimper et à 5 kilomètres de cette derniere ville on voit les ruines de bâtiments et d'une chapelle y attenant, connue dans le pays sous le nom de Sainte-Anne du Guélen. En comparant le style de ces ruines à celui de certaines autres bien reconnues pour être celles d'édifices. ayant appartenu aux Templiers, on est conduit à penser-que Sainte-Anne-du-Guélen dépendait autrefois de cet ordre célèbre.
Aymar De Blois
Note : Aymar De Blois place par erreur Kerlaeron et Sainte Anne du Guélen en Ergué-Gabéric au lieu d'Ergué-Armel.
 
 

Trésors d'archives > Géographie > Ergué sur la carte de Cassini

Ergué sur la carte de Cassini

 
Sur la carte de Cassini, de la fin du XVIIIe siècle, apparaît le nom « Ergué-Guberie ou le Grand Terrier ».
Que peut signifier ce grand terrier ?
 
Le sens le plus probable doit se rapprocher de celui du livre terrier.
Sous l’Ancien Régime un livre terrier ou un livre rentier est un peu l’ancêtre de notre cadastre, il décrit l’ensemble des biens d’une seigneurie. Pour qu’une paroisse vienne à être nommée le grand terrier, cela laisse supposer qu’il y ait eu une seigneurie avec un nombre conséquent de biens. À Ergué-Gabéric, à cette époque, les principaux seigneurs propriétaires sont le roi, l’évêque de Cornouailles et de nombreux nobles, les premiers étant les De La Marche.
 
Les terres du domaine royal sont cependant moins nombreuses à Ergué-Gabéric qu’à Elliant. L’évêque de Cornouaille pour sa part est propriétaire de la quasi-totalité des paroisses de Kerfeunteun – et Cuzon – et Lanniron, ainsi que de Coray. Les biens de ces deux seigneuries ne se distinguaient donc pas par leur importance sur la paroisse d’Ergué-Gabéric.

Les autres terres étaient partagées entre une dizaine de manoirs et seuls se détachaient les biens des De La Marche, seigneurs de Lezergué, Kerfors et autres lieux. Cependant leurs biens restaient malgré tout dans la moyenne pour une famille noble de cette envergure.
 
Et les moines rouges? Certaines interprétations qui nous sont parvenues rapportent que ce nom de grand terrier conserverait la trace de biens des moines rouges, c’est-à-dire des Templiers. Malheureusement il n’y a jamais eux d’établissement templier à Ergué-Gabéric. Tout au plus peut-on mentionner leur établissement à Notre-Dame du Guélen en Ergué-Armel.
Mais dans ce cas c’est Ergué-Armel qui aurait dû recevoir le nom de Grand Terrier. En outre l’ordre du Temple disparut en 1314, et le terme Grand Terrier n’apparaît jamais dans les actes officiels avant Cassini. Il serait surprenant que après plus de 450 ans de silence l’idée d’un établissement templier aie pu refaire surface. Le seul établissement monacal propriétaire dans la paroisse est l’abbaye de Landévennec, au Guélennec, cependant ses biens gabéricois relevaient de la seigneurie de Guelevain et des Salles en Landrévarzec. Et le Guélennec à lui seul ne permet pas de qualifier la paroisse de Grand Terrier.

L’explication la plus plausible de ce nom reste une erreur de transcription.
La carte de Cassini, il faudrait dire les cartes, fut réalisée sur plusieurs années et CASSINI ne travailla pas seul mais dirigea une équipe (arpenteurs, enquêteurs, graveurs, etc.). La graphie du nom même d’Ergué-Gabéric, orthographié Ergué-Guberie nous incite à être prudent.
Autres erreurs plus significatives : Logueltas et Kerveil y sont appelés respectivement Loqueste et Le Mooul (!).
On y trouve aussi deux lieux-dit appelés Tréolan, preuve que cette carte a été réalisée en plusieurs étapes – dans d’autres communes cela se voit souvent par des corrections dans le tracé des chemins.
 
Depuis le XVIe siècle les documents réalisés couvrant un vaste territoire n’ont cessé de comporter des erreurs.
En 1553, Charles Estienne, imprimeur lyonnais, publie La Guide des Chemins de France, et sauf erreur il n’est jamais venu en Bretagne car entre Vannes et Quimper il place : Ancray (comprendre Auray, erreur de lecture ?), Hennebont, Pontſecort (Pontscorf), Quimpelay (coquille) et Rosseperdan (transcription phonétique ?).
Dans les années 1950, l’administration française fait réaliser par l’INSEE un index des noms des lieux, hameaux et écarts afin d’avoir une écriture normalisée de ces différents noms. Gongallic y est devenu Congalic, Le Cluyou, Cluyon, Mesanles, Mez-en-Lez et une erreur d’écriture de Parc Loch Guen donne Pallach-Guen en plus de Parc-Lochguen plus correctement orthographié.
 
Pour en revenir au Grand Terrier, il y a plusieurs hypothèses possibles : phonétique la prononciation de Grand Ergué est proche de celle de Grand Terrier, la liaison entre le d final et le E initial se prononçant comme un t [granterge]– Gran Tergué. La graphie étant « corrigée » a posteriori pour le d de Grand.
La transformation de son [g] – gu – en son [i] peut tenir à plusieurs hypothèses. La première pourrait être que l’une des personnes travaillant sur la carte aie mal compris le nom – prononcé trop vite, mal articulé, etc. Une autre hypothèse est plutôt graphique, le g d’Ergué peut ressembler, écrit manuellement à un y, donc Ergué – en breton Erge – devenu Eryué ou Eryie – si la modification du t à déjà eu lieu : Teryué ou Teryié. Et cette dernière forme teryé a pu être « corrigée » en terrier lors d’une relecture.
 
Vous avez dit Cassini ?
C'est à l'initiative de Louis XV, impressionné par le travail cartographique réalisé en Flandre, qu'est levée la première carte géométrique du Royaume de France.
César François Cassini de Thury (1714-1784) dit Cassini III, fils de Jacques, est chargé de réaliser ce travail à l'échelle "d'une ligne pour cent toises", soit 1/86400e.
La carte s'appuie sur le réseau géodésique que viennent d'établir (de 1683 à 1744) Jean-Dominique Cassini et son fils Jacques (père de Cassini De Thury).

Les levées commenceront en 1760 avec César François Cassini De Thury et se termineront en 1789 avec son fils, Jacques Dominique Cassini. La publication sera retardée par les événements de la Révolution pour n'être achevée qu'en 1815.
La carte de Cassini servira de référence aux cartographies des principales nations européennes pendant la première moitié du XIXe siècle.
 
 

Trésors d'archives > Géographie > Terre d'argile et de potiers

Terre d'argile et de potiers

De l'argile aux potiers à Ergué-Gabéric

Il y aurait eu des potiers à Ergué-Gabéric. Où ? Quand ?
D’où provenait l’argile qu’ils utilisaient ? Qu’est-ce que nous en savons ?
 

Des terres louées pour en extraire de l’argile à potier

Un article signé Daniel Bernard, paru en 1923 dans le Bulletin de la Société Archéolo­gique du Finistère nous fait connaître trois documents qui évoquent des terres louées pour en extraire de l’argile à poterie :

Il y a d’abord cet aveu (ac­cord) établi en 1493 par Isa­belle de Lesmaès, veuve de Canévet de Kerfors, au béné­fice de Charles de Kerfors, son fils aîné, par lequel celui-ci re­çoit entre autres donations :
« item une migne (mine) de terre de laquelle on fait des potz, affermée anciennement aux po­tiers qui la tiennent, sçavoir Je­ han Le Dourgar, Jehan Guézennec, Geoffroy Poupon et Guion Le Baelegou, la somme de 10 livres monnoie pour chacun an, a estre poyez aud terme de la Sainct Michel ». On sait que Geoffroy Le Pou­pon habitait à Parc-al-land en 1498. Il n’est pas dit où se trouvent précisément ces terres louées à des potiers pour en extraire de l’argile. Elles re­lèvent du Manoir de Kerfort.
 
Un autre aveu, daté de 1634, évoque une autre transaction :
« la poterie dudict Ergué affer­mée à Vincent Legall et Yvon Le Galland, pour payer par an quarante huit livres tournois (monnaie frappée à Tours, et par la suite monnaie royale) et une charge de potz ».
 
Puis, en 1652, dans un aveu fourni par Guy Autret, Sieur de Missirien, pour Lezergué, il est question de « deux parées de terres froides ou grandes ga­rennes dans lesquelles on tire de l’ardille (argile) à faire des potz, affermées à plusieurs parti­culiers et pouvant valoir com­munes années cent livres et six charges de potz ».
 
Première conclusion que nous pouvons tirer de ces docu­ments : du XVe au XVIIe siècles, les nobles de Kerfort louent à des potiers des terres dont ceux-ci extraient de l’ar­gile pour leurs fabrications.
 
 

Des potiers recensés le long de la route Quimper­ Coray

En septembre 1794, Jacques Cambry, un lorientais deve­nu Commissaire des Sciences et des Arts, est chargé d’une mission dans le Finistère : il doit établir un rapport, qui se­ra publié en 1799 sous le titre Voyage dans le Finistère ou Etat de ce département en 1794-1795, sur les biens nationaux, les activités économiques, les coutumes... du département.
 
A Quimper, il s’attarde sur les faïenceries de Locmaria, et si­gnale entre autre chose : « J’ai parlé de la faïence de Locmaria ; il existe d’autres pe­tites manufactures de grosse po­terie et de vases de grès dans le même lieu, à Gabéric, à Ergué ».
 
Effectivement, le recense­ment de la population effectué en 1791, signalait quatre po­tiers sur la commune d’Ergué­Gabéric : à Bec-ar-Menez, à Kervinic, à Kervéguen et à Mes­naonic.
  • A Bec­ ar­ Menez c’est Yves Coatmen (42 ans) qui est installé comme potier avec sa famille. Mais les registres d’Etat-civil ne signalent aucun potier qui lui ait succédé, pas même parmi ses cinq fils.
  • A Kervinic, Louis Istin est présenté à la fois comme potier et cultivateur en 1790. Voilà quelqu’un qui est né à Elliant en 1749, a habité suc­cessivement Parc al land, puis Guilly-huec, et qui est donc en 1790 à Kervinic avec son fils âgé de 22 ans. Un autre fils, Louis, sera signalé comme « potier-cultivateur » en 1798 à Guilly-vian, puis, en 1842, à Kervernic. Mais aucun des deux fils de ce dernier n’est mentionné comme potier.
  • A Kervéguen, Alain Huitric, 37 ans, exerce comme potier avec sa femme, son fils et sa fille.
  • A Mesnaonic, on trouve Ma­thias Gourmelen (51 ans), sa femme et trois domestiques.
  • On ne trouve pas de potiers ni dans la descendance d’Alain Huitric (Kervéguen), ni dans celle de Mathias Gourmelen (Mesnaonic).
  • Par ailleurs, les registres d’Etat-­civil des années sui­vantes devraient, à travers les informations qu’ils nous donnent, nous permettre de sa­voir l’importance de la profes­sion, la localisation des potiers éventuellement la permanence de certaines familles de potiers. Ainsi, nous repérons :
  • Joseph Quiniou potier à Kervoréden, en 1808.
  • René Jean Lozach, cultiva­teur et potier à Kerouzoul en 1817.
  • Louis René Gourmelin, né en 1814 à Kerfeunteun, est potier à Garsalec en 1850 et en 1852.
  • François Laurent, né à Pluguffan, est indiqué potier à Kervernic en 1854, puis cultiva­teur en 1856 et 1857, au même endroit.
  • Jean Laurent Toussaint Caugant est « potier » à Garsa­lec, en 1864-1866, et sa femme également est dite « po­tière et ménagère ». Mais en 1868 et 1878, ils sont à Len­hesq.
Pour aucun d’entre eux, il n’est signalé que leur descen­dance ait poursuivi dans le même métier et, à fortiori, dans le même lieu.
Quelles hypothèses pouvons- nous dégager des observations ainsi faites après la Révolution ?
  • On peut être potier et cultiva­teur à la fois. Mais le plus sou­vent, c’est uniquement l’activité de potier qui est mentionnée, ce qui ne veut pas dire que celle-ci excluait un travail an­nexe de culture et d’élevage.
  • Seul sur quatre, le potier de Bec-ar-Menez est qualifié d’ « actif » en 1790, c’est-à­dire ayant des revenus suffi­sants pour le rendre imposable.
  • Le métier (perçu comme acti­vité principale) ne semble pas se transmettre souvent de père à fils. Par ailleurs les potiers et leur descendance ne semblent pas avoir été établis durable­ment dans le même village. Il s’agirait donc d’un artisanat aléatoire.
  • Cependant, les potiers sont habituellement installés dans les mêmes villages, situés de part et d’autre de l’axe routier Quimper-Coray, qui traverse la commune d’ouest en est en em­pruntant une ligne de crête.Cette zone d’implantation au­rait un lien direct avec la pré­sence d’argile dans ces lieux.


Localisation des dépôts d’argile à Ergué-­Gabéric

En effet, l’essentiel de ce sec­teur est constitué de granites et granodiorites d’âge hercynien (250 à 400 millions d’années) et de micaschistes briovériens (600-650 millions d’années) dans lesquels sont situés les ni­veaux argileux en alternance avec des niveaux de grès. La présence d’argile au lieu­dit « Garront Leston » au sud de Leston Vihan est signalée dans le compte-rendu du conseil municipal du 9 août 1840, relatif au projet de dépla­cement du Bourg vers Lesto­nan.
A ce compte-rendu sont jointes les observations de per­sonnes opposées au déplace­ment, qui décrivent cette garenne de Lestonan dans les termes suivants : « Le terrain sur lequel il est question de transporter le bourg est en entier composé d’une épaisse couche d’argile si compacte qu’il sert à la fabri­cation de la poterie... que le terrain étant assie sur argile à potrie et n’absorbant pas les eaux de pluie, est inon­dés tous les hyvers et présente pendant plusieurs mois de l’an­née l’aspect d’un véritable ma­rais ».
Aujourd’hui des traces de l’ex­ploitation d’argile peuvent être observées à Ty Poisson où, au milieu des bois, des trous de quelques mètres d’extension et d’un mètre de profondeur au maximum, remplis d’eau en hi­ver, attestent de ces anciens tra­vaux.
 

Formation et composi­tion de l’argile

Les argiles ou roches argi­leuses sont composées d’élé­ments provenant de l’altération mécanique ou chimique de roches préexistantes, telles que les granites, les gneiss ou schistes. Elles sont observées en amas sur leur lieu de formation, ou peuvent être transpor­tées par le vent ou l’eau, puis se déposent en couches épaisses et continues dans les formations sédimentaires
 
  • La kaolinite, de couleur blan­châtre, utilisée en céramique et en particulier dans la fabrication de la porcelaine. En Bretagne le kaolin est encore exploité à Berrien (Finistère) et à Ploemeur (Morbihan).
  • La montmorillonite, connue sous l’appellation de terre de Som ­ mière, qui est utilisée comme dé­tachant, ou comme bentonite employée dans l’industrie pétro­lière.
 
Ces minéraux ne se ren­contrent pas isolément, mais dans des roches composées de minéraux typiques des argiles et d’autres minéraux tels que du quartz, des oxydes de fer, du calcaire, des débris végétaux.
 

Utilisation de l’argile

L’argile est un des plus an­ciens matériaux utilisés par l’homme. Mélangée avec de l’eau, elle donne une pâte qui peut être facilement moulée ou mise en forme. Après cuisson, elle donne un objet résistant et imperméable, tels que les céra­miques et les porcelaines, mais aussi tuiles et briques.
L’argile exploitée à Ergué Ga­béric, appelée glaise ou terre glaise, est de couleur grise, ver­dâtre ou brune, à cause de la pré­sence d’oxydes de fer et autres détritus mélangés aux minéraux argileux. On ne connaît pas sur la commune de dépôt de kaolin permettant la fabrication de por­celaine.
A Ergué-Gabéric l’argile de­vait vraisemblablement être utilisée pour la fabrication d’objets en terre cuite tels que vases, plats, briques et tuiles, et par les enfants pour la fabrication de billes.
On connaît une autre utilisa­tion de ressources minérales ex­ploitées à Ergué Gabéric. La faïencerie Keraluc de Quimper a utilisé des feldspaths (miné­raux essentiels de la plupart des roches magmatiques et de cer­taines roches métamorphiques ; les feldspaths par altération peuvent former de la kaolinite) provenant d’Ergué Gabéric pour la décoration de ses grès. Le manque d’homogénéité et le coût de préparation de ces maté­riaux bruts pénalisèrent leur uti­lisation, qui fut remplacée dans les années 1960 par l’émail de grès uni.
Jean-René Blaise - Keleier Arkae n° 52 août 2007

Souvenirs d'enfance (années 1940-1950) d'André Le Bihan (né à Kervoreden)
 
« Etant né et ayant passé ma jeunesse à Kervoréden en Ergué-Gabéric, j’ai quelques souvenirs liés à l’argile (« pri prat »). En effet dans la petite vallée allant de Saint André vers Guily Vras, Kerouzel, Mu­nugic, c’était des terres froides (« ar yeun »). Il y avait un trou à « Parc Pen all » d’où on extrayait l’argile servant à boucher les trous dans l’aire à battre (« ar leur ») et dans la cuisine dont le sol était de terre bat­tue. Les enfants, pour s’amuser, confectionnaient des objets divers en argile et les faisaient cuire dans l’âtre du foyer qui servait pour la préparation de la nourriture des cochons « Loch ar poël ».

 

L’oncle Lanic, qui était bouilleur de cru, distillait certaines fois, selon ses pérégri­nations (aujourd’hui on dirait planning), dans une espèce de clairière appelée « Ty Poézen ». Je pense que ce nom avait un rapport avec la poterie, « poez ». C’était à coté de Pen Carn Lestonan, vers Kerouzel et Garsalec. J’allais le voir à son travail. Voir distiller, c’était toujours magnifique... ».
Les minéraux les plus com­muns dans les argiles sont : l’illite, la forme la plus ré­pandue, qui est utilisée dans la fa­brication des objets en terre cuite, principal constituant des ar­giles trouvées à Ergué Gabéric. »
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > Inhumation foraine d'un sonneur en 1729

Inhumation foraine d'un sonneur en 1729

 
C’est en consultant les registres paroissiaux d’Ergué-Gabéric que M. Henri Chauveur, membre d’Arkae, et généalogiste aguerri a relevé ce récit d’une mort peu catholique aux yeux du recteur Jean Edy qui signe au bas de l’acte.
M. Chauveur a complété sa trouvaille par des données à l’intention d’autres généalogistes d’Arkae qui auront peut-être des éléments à apporter sur les personnages ou les événements évoqués.
 

Le chemin de l'enfer ou le suicide du sonneur

Ce jour, 29 janvier 1728.
En vertu de la permission de monsieur le juge criminel, le procureur du Roy du présidial de Quimper dudit jour 29 janvier 1728 a été inhumé par moy soussignant, hors des lieux saints dans une fosse faite exprès et bénite conformément au rituel, vis à vis près de la croix de Kergaradec, le corps de Hervé Riou âgé d’environ 60 ans, mort au village de Kernaon, où ayant été appelé pour sonner a une noce, plusieurs des conviés qui nous ont dit que y avoit bu avec beaucoup d'excès. Il déboucha le four du village qui avoit été chauffé le jour précédent, le dit jour, le même [Hervé Riou] pour s’y mettre, d’où il fut extrait par plusieurs des conviés qui nous ont dit affirmé en présence desquels il expira peu de temps après, sans pouvoir parler ni avoir aucune connaissance. Le p(résent) cadavre, nous avons jugé a-propos d’inhumation dans la fosse, attendu son genre de mort extraordinaire, l’abus et le mépris qu’il a fait pendant les dernières années de sa vie des principaux devoirs de la religion, quoiqu’il luy été fait dans différents temps plusieurs remontrances salutaires de la part de l’abbé de Lahaye titulaire de cette paroisse, comme le dit sieur abbé nous l’a affirmé.
Le dit enterrement en présence d’Hervé Riou fils du défunct, de Laurent Le Corre, de Pierre Claude, de Maurice Le Barz et autres.  
Signé : Edy : Recteur d’Ergué-Gabéric
Relevé sur le registre des BMS de 1682 à 1729 : Commune d’Ergué-Gabéric
 
Keleier arkae n°23
 
 

Inhumations Foraines

Suite à la publication dans notre Keleier n°23, du document découvert par M. Chauveur, rapportant la mort étrange et l’inhumation d’Hervé Riou, le Père Castel a aimablement accepté d’apporter un complément d’information sur les inhumations dites « foraines », c’est à dire en dehors des cimetières.
 
« Les lecteurs des Keleiers de novembre et de décembre 2002, ont été intéressés par le récit de l'inhumation d'Hervé Riou au pied de la croix de Kergaradec le 29 janvier 1729. Frappés par son caractère particulier, la question s'est posée de savoir si ce procédé d'inhumation foraine, c'est-à-dire, en dehors des lieux coutumiers, a été courant dans le passé.

Reconnaissons tout d'abord que les pratiques de la sépulture chrétienne ont évolué depuis les origines. Dans les premiers siècles, les fidèles n'innovant en rien sur ce sujet, se sont conformés à la loi romaine des XII Tables qui interdisait d'ensevelir les morts à l'intérieur des murs des cités. Les cimetières chrétiens étaient donc, comme les autres, situés hors des agglomérations, principalement au long des voies qui les desservaient.
Il a fallu attendre le temps des invasions barbares pour voir, par mesure de protection, se dessiner la pratique de porter le corps des défunts dans les cités, à l'intérieur même des églises ou immédiatement autour dans des cimetières. Un tel usage, vite généralisé, aura tendance à s'imposer pour des raisons spirituelles, les défunts participant ainsi de près aux prières et aux suffrages des vivants.

Néanmoins, on ne peut s'en tenir à une vue simplificatrice dans sa généralisation. Au fil des siècles, et selon les contrées, la règle énoncée a été loin de faire l'unanimité. Ainsi, s'est perpétuée durant tout le Haut Moyen Age, et après, l'habitude d'enterrer dans les jardins ou au pied des croix de carrefour. On en a un témoignage dans la protestation émise en 1128, par Jean, évêque de Saint-Brieuc. A l'occasion de la consécration de l'église et du cimetière de Notre-Dame devant le château de Jugon, il interdit d'ensevelir les corps des défunts de cette citadelle aux croix des carrefours et en tout autre endroit qui ne possède pas le statut de cimetière.

Au siècle suivant, le pape Innocent III recommande comme non raisonnable l'usage d'enterrer dans des lieux « nouveaux, moins religieux ». On en déduit que cela se faisait un peu partout dans la chrétienté. Ainsi, les interventions, tant épiscopale que papale, confirment qu'en marge des sépultures ecclésiales et cimétériales, existaient des inhumations « sauvages », disséminées au gré des personnes et des circonstances.
Dans un tel contexte, l'insistance sur le regroupement des morts a pour objectif de socialiser des populations éparpillées à travers un territoire rural où les moyens de communication étaient souvent rudimentaires. Rapprocher les morts devient une manière de souder une communauté.

En Finistère nous pensons avoir l'attestation d'une inhumation foraine qui, à en juger par le style du monument, peut remonter au Xlle siècle. Elle est fournie par la croix de pierre, croix relativement isolée dans la campagne de Bourg-Blanc. La croix de Kerviliou (Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, n° 93), située à peu de distance du hameau de Lagaduzic, se dresse sur le bord de la route qui monte de Bourg-Blanc à Plouvien. De facture simple, monolithe, la place habituelle du crucifix est occupée par une petite croix pattée légèrement en relief. L'intérêt de ce petit monument réside dans son revers. Sur toute la hauteur du pal se déroule une inscription latine de quatorze lignes en onciales gravées en creux. Elle indique de toute évidence qu'il s'agit d'un monument funéraire : PVNC / TA / FVI / PRO /AMI / MA : / MAV / RICII / FILII :/GVI/DO/NIS/ ANNO /DNI. (J'ai été taillée pour l'âme de Maurice fils de Gui, l'an du Seigneur). C'est évidemment la croix qui parle et dit, à qui sait lire, pour qui elle a été faite. On ne peut, certes, savoir à moins d'entreprendre une fouille si c'est ici le lieu de la sépulture de Maurice, fils de Gui. La pierre pourrait être un simple monument commémoratif. De toutes façons, se rapportant à une inhumation, elle se trouve à l'écart de tout lieu bénit « hors des lieux saints » spécialement réservés à cet effet.

La coutume d'inhumation foraine, bien que l'information documentaire soit décevante, semble être moins rare qu'il ne paraît. Le 4 avril 1647, le père jésuite Briséion, missionnaire alors en poste à Cléguérec demande dans une lettre à l'archidiacre René Gouault la création d'une nouvelle trêve pour le village des Salles. Il avance, entre autres considérations, de « pourveoir à la sépulture des morts, que l'on enterre dans les grands chemins, quand ils n'ont pas de quoy se faire porter si loing ». (Alain Croix, La Bretagne au XVIe et XVIIe siècles, tome II, p. 1006 et 1007). Voilà donc une preuve patente d'inhumations foraines.

En plus des inhumations aux croix ou « dans les grands chemins », ce qui, paradoxalement rejoint une pratique chrétienne primitive, mais en dehors de son contexte, se sont créés des cimetières forains en temps d'épidémie, pour éviter autant que faire se pouvait la propagation du fléau. A Locmaria-Plouzané, dans le Léon, l'épidémie de peste qui sévit du 20 mai au 3 novembre 1640 fait cinquante-trois victimes. Pour les ensevelir on creuse des fosses à distance du bourg dans le champ appelé Parc an ltroun Varia qui appartenait à la fabrique. En souvenir de quoi on dressera sans tarder un oratoire dédié à saint Sébastien, un des saints anti-pesteux, au lieu où se dresse aujourd'hui l'édifice qui date de 1862.

Il est possible que les croix dénommées « Croas ar Vossen, « croix de peste » situées à faible distance de certains bourgs, signalent des lieux de sépultures anonymes. Ainsi à Plouézoc'h, les mots Groas A Vocen, s'inscrivent sur la croix foraine datée de 1621. A l'ouest du bourg de Ploumoguer, au lieu-dit Ty-Guen, Croas ar Vossen se dresse dans un petit enclos qui pourrait être le cimetière réservé aux pestiférés.

Sans prendre en compte aveuglément les traditions locales qui affirment sans nuance que les croix de chemin signalent nécessairement des sépultures, il y aurait intérêt à se pencher de plus près sur le phénomène en élargissant un début d'enquête provoquée par la croix d'Hervé RIOU érigée en 1729. »
Yves-Pascal Castel,10 janvier 2003 - Keleier Arkae n°30
 
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > Les statues du calvaire de Kerdevot

Les statues du calvaire de Kerdevot

Où sont-elles passées, les statues du calvaire de Kerdévot ?

Cette question maintes fois posée reçoit invariablement la même réponse : on n’en sait rien. On ne sait même pas s’il y a eu des statues, un jour, dans les 12 niches. Tout au plus peut-on dire qu’il y a très peu de calvaires qui n’auraient pas reçu les personnages qu’ils ont pour fonction de présenter au public. On peut aussi avancer sans risque d’erreur que les 12 niches étaient destinées à recevoir les 12 Apôtres, comme c’est le cas à la chapelle de Quilinen en Landrévarzec.
 
Par ailleurs, on connaît assez bien la tentative du recteur Gustave Guéguen de pallier cette absence béante qui semble interdire au calvaire de Kerdévot d’être classé parmi les plus remarqués.
 
Au commencement de cette histoire, on n’en sera pas étonné, il y a bien sûr la famille Bolloré, plus exactement Madame Bolloré. Certains l’avaient complimentée publiquement  le jour de son mariage en 1910 avec René Bolloré, en déclarant: « nous avions déjà Notre-Dame de Kerdévot, et nous avons aussi maintenant notre dame d’Odet ». Elle a manifesté un certain attachement à la chapelle de Kerdévot, mais pendant la Seconde Guerre Mondiale, quand deux de ses enfants rejoignirent l’Angleterre, l’aîné René-Guillaume en 1942, puis le benjamin Gwen-Aël, elle eut à craindre pour eux et se rapprocha plus encore de Notre Dame de Kerdévot. Elle fit un vœu : elle « ferait quelque chose » pour Kerdévot si ses deux fils revenaient sains et saufs de la guerre.
 
Il faudra attendre 1954, année déclarée « mariale » il est vrai, pour que cet engagement prenne forme : Madame Bolloré demanda alors au recteur Gustave Guéguen ce qu’elle pourrait faire pour embellir Kerdévot. Le recteur avait déjà beaucoup fait dans ce domaine depuis la fin de la guerre : un trône pour la statue de la Vierge en novembre 1945, la réparation des vitraux à Paris en 1950, l’enlèvement, la même année, de la tribune déclarée « inesthétique et inutile» par le recteur, une copie par Guillaume Saliou de la statue de Notre-Dame de Kerdévot en 1953 et de son trône en 1954… Après maintes réflexions, est retenue l’idée de faire fabriquer, dans un premier temps, six statues à poser dans les niches du calvaire.
 
Dans son journal, à la date du mercredi 7 juillet 1954, le recteur note : Monsieur Gwenaël Bolloré m’a dit que je pouvais compter sur 4 statues d’apôtres au moins pour le calvaire de Kerdévot à 30.000 l’une. Le lendemain, je me suis adressé à Beggi, le sculpteur, qui va se mettre à l’ouvrage.
 
Plus d’un an après, le 23 août 1955, on peut lire dans le même journal : « Le marbrier de Quimper (Monsieur Beggi, de Carrare) est venu apporter les quatre premiers apôtres du calvaire de Kerdévot : St Pierre, St Jean, St Barthélemy et Saint Mathieu. J’avais demandé le premier groupe apostolique : Pierre, Jacques, Jean André. Il appelait Saint Barthélemy Saint Rémy, et Saint Mathieu Saint Christophe !!! Les statues sont très bien faites, plus fines que je pensais et vont admirablement dans leur niche. On a profité pour descendre la Pieta1 et L’Ecce Homo2 : le fût de la croix est ainsi plus dégagé. A 11 heures, tout était en place ».
 
Les quatre statues sont donc dans leur niche pour le pardon de Kerdévot de septembre 1955. Mais dans son journal à la date du 11 septembre suivant, « Gustave » parle très rapidement de ces statues qu’il a « reçu ordre d’enlever et qui seront enlevées le jeudi suivant pour éviter les difficultés ultérieures ».
L’évêque, Mgr Fauvel, était présent aux Vêpres de ce pardon de Kerdévot. Le recteur observe simplement dans le même journal, au 11 septembre également, que l’évêque « a admiré le bénitier et un peu critiqué les statues. Bernard de Parades m’a dit que moyennant quelques modifications, cela pourrait aller ».
C’est ainsi que « Gustave » se vit désavoué dans son initiative, contredit dans ses goûts artistiques et mal soutenu par ce jeune évêque qui lui paraissait être un successeur un peu pitoyable du vénéré patriarche Mgr Duparc. Il ne nous dit rien de plus. Son amour propre en prit certainement un coup Il va décéder six mois plus tard.
 
En réalité, un différend avait éclaté entre Monsieur Caillaux, inspecteur des Monuments Historiques et notre « Gustave ». C’est ainsi que les quatre premières statues quittèrent leur niche. Nous ignorons sur quoi portait exactement le litige : une question de forme (le fait d’avoir pris une telle initiative sans en référer aux Beaux-Arts), ou sur une question de fond (les principes en vigueur en matière de restauration).
 
Les quatre statues furent entreposées au presbytère. L’une y est toujours. Elle mesure 90 cm de hauteur. Elle est habituellement présentée comme statue de Saint Barthélemy, qui était bien un apôtre de Jésus, et qui a subi le martyre, écorché vif. Les attributs traditionnels de sa statuaire ou des peintures qui le représentent sont ou bien le coutelas (qui aurait servi à l’égorger) ou bien une peau humaine (la sienne) qu’il brandit dans sa main. Or la statue que l’on peut voir au presbytère représente un personnage tenant à la verticale contre son corps une scie de long et fait allusion à une mort par tronçonnage à l’aide d’une telle scie. C’est ainsi qu’est habituellement représenté Saint Simon, autre apôtre. Alors ?
 
Une autre statue se trouve à « la Retraite » de la rue Verdelet à Quimper. Elle représente un Saint Pierre portant une énorme clef
 
Une troisième a trouvé niche à Léchiagat, dans un mur extérieur de la Chapelle Notre-Dame des Flots. La paroisse de Léchiagat a été créée dans les années 1958 - 1960. Cette statue a pu lui être offerte pour la décoration de sa chapelle récemment bâtie. Elle présente un Saint Jean, l’Evangéliste, portant une coupe, symbole de la coupe de poison qu’on lui aurait fait boire à Ephèse : il n’en fut nullement incommodé, tandis que les deux goûteurs qui en ont bu en même temps que lui succombaient. C’était la preuve de la supériorité du Dieu chrétien sur les idoles.
Et il n’y a donc toujours pas de statues dans les niches du calvaire.
 
Jean Guéguen et François Ac’h - « Keleier Arkae » n° 51, juin 2007.
 
1 Il s’agit sans doute du groupe sculpté habituellement appelé « La mise au tombeau ».
2 Statue encore appelée ‘Le Christ aux liens » ou « Le Christ aux mains liées ».. On doit comprendre que ces deux éléments, positionnés de part et d’autre (face ouest et face est) se trouvaient auparavant plus en hauteur,adossés au fût monolithe de la croix.
 

Trésors d'archives > Guerres > Fanch Balès dans la résistance

Fanch Balès dans la résistance

 
Le récit historique se constitue par le recoupement de documents d'époque et de témoignages d'origines diverses. Malgré sa conviction d'être dans le vrai, aucun témoin ne peut prétendre être détenteur de la vérité historique dans toute son ampleur et jusque dans le dernier détail. D'où la nécessité de continuer à recueillir des témoignages.C'est ainsi que dans ce numéro de Keleier Arkae, nous pouvons également vous présenter ce dont Madame Catherine Peton, sœur de François Balès, se souvient des événements qui ont trait à la Résistance dans le bourg d'Ergué-Gabéric en 1940-1944. Suivent trois témoignages de Jean Borossi, Robert Méhu et Jean Le Bris.

François Ac'h
 
 
Je remercie les responsables de l'association Arkae de me donner l'occasion de m'exprimer sur la résistance de mon frère François Balès. Beaucoup d'inexactitudes ont été dites ou écrites à ce sujet.
 
J'avais 20 ans quand a eu lieu le "coup du S.T.O.", le même âge que l'un des acteurs directs, Hervé Bénéat. Je travaillais au commerce familial avec mon frère François (2 ans de plus que moi) et ma sœur Thérèse (4 ans de moins). Vivant sous le même toit et en toute confiance mutuelle avec notre frère, nous étions obligées, ma sœur et moi, de connaître une partie des activités de François, et même, dans certaines circonstances, d'y participer. Ainsi, je me souviens de ce cantonnement dans le bourg, en juin 1940, d'un groupe d'aviateurs français : un général, ami de la famille Bolloré, avait fait se replier sur Ergué-Gabéric cette troupe démoralisée qu'un soir, à la tombée de la nuit, nous vîmes arriver en faisant le tour de l'église. Elle occupa plusieurs jours la salle de bal tenue par la famille Balès.
N'ayant pas d'autre issue que de se rendre aux Allemands arrivés à Quimper le 20 juin, ils ont cependant voulu éviter que l'unique camion en leur possession ne tombe entre les mains de l'occupant. Ainsi, un capitaine a demandé à François Balès de lui indiquer où ils pourraient cacher ce véhicule. Les Allemands auront connaissance de cette cachette plus tard, après avoir fait prisonniers les aviateurs. Quand ils vinrent le récupérer, il avait été saboté par Pierre Le Moigne et François Balès. Mais ils ne purent le réparer et durent le remorquer jusqu'à Quimper.
Les Allemands avaient laissé sur place deux militaires français qu'ils avaient chargés de la liquidation des réserves appartenant aux aviateurs : tabac, conserves, autres provisions… Les aviateurs en proposèrent à la famille Balès. Notre père s'opposa fermement à ce que nous acceptions. Ils invitèrent alors les gens à se servir. Le local fut rapidement vidé.

En ce qui concerne l'apparition clandestine sur le tableau d'affichage de la mairie, le 11 Novembre 1941, du poème de Victor Hugo, c'est dans la cuisine de chez Balès que cela a été décidé. C'est là que François et ses copains ("la bande du bourg") se réunissaient et écoutaient habituellement Radio-Londres (et non chez Lennon).
C'est dans cette cuisine aussi que plus tard sera tenue à jour une carte de Russie, avec les positions des armées allemandes, ce qui permettait de suivre leur retraite. Une devise, inspirée par Pierre Kéraval, y était inscrite : "il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"
 
Mademoiselle Anne (et non pas Marie-Louise) De Kervénoaël n'est pas venue de Saint-Pol-de-Léon à Ergué-Gabéric avant fin octobre 1943. Appartenant elle-même au Mouvement "Libération-Nord",
comme François Balès et ses amis, il lui avait été indiqué qu'elle pouvait convoyer vers le Bourg d'Ergué cinq jeunes Belges, déserteurs de l'Organisation TODT qui les employait dans la région de Saint-Pol. Ils ont été hébergés quelques jours chez Balès, avant d'être répartis en des lieux plus discrets. C'est ensuite par l'intermédiaire de François Balès qu'ils ont été recrutés dans les F.T.P. Le plus jeune d'entre eux se trouvera parmi les fusillés de Mousterlin. Quant à Melle De Kervénoaël, elle avait immédiatement été dirigée dès son arrivée vers la ferme de Sulvintin, guidée par notre grand-mère. Elle y a passé le reste de la journée.
 
A ma connaissance, François Balès n'a pas cherché à passer en Angleterre en 1941 en embarquant à Roscoff, à partir des indications de Melle De Kervénoaël, qu'il ne connaissait pas encore à cette époque C'est dès juin 1940 (vers le 25) qu'il avait envisagé un tel départ : il avait eu un contact à Quimper avec un ancien combattant et d'autres jeunes ; un bateau s'apprêtait à partir ; il fallait être au rendez-vous fixé près de la Poste… Il eut une conversation avec son père, qui arriva à le convaincre de renoncer à ce projet pour ne pas abandonner ses sœurs. Notre père est décédé un mois après. C'est sans doute à ce moment qu'il s'est plutôt orienté vers les possibilités de lutte sur place.
François s'est donc rapproché de ses copains de Lycée et de Jean Borossi, copain d'enfance, qui a pu le mettre en contact, par l'intermédiaire de Robert Méhu et Jean Pochet, avec Madame Le Bail, épouse du député de Plozévet. Il intégra ainsi le Réseau "Georges-France" dont elle était responsable pour la région. Début 1941, il était nommé responsable pour Ergué-Gabéric (voir attestations qui suivent).
Après le démantèlement du Réseau "Georges –France" et l'arrestation de Madame Le Bail, François, grâce à Jean Borossi, put prendre contact avec "Libération-Nord", dont le responsable était Antoine Le Bris, qui le chargea de constituer et diriger l'équipe du Grand-Ergué (voir attestations qui suivent).
 
J'en arrive à la destruction des dossiers du S.T.O. dans le four de la boulangerie Balès, et à ce qui se passa les jours suivants.
 
Le 14 janvier 1944, vers 19 heures, la voiture conduite par François Balès, contenant les dossiers provenant du cambriolage du S.T.O. s'arrête devant le fournil. Je savais que François avait pris la voiture de notre tante, avec son autorisation, pour aller à Quimper (son mari se trouvait prisonnier en Allemagne). Mais je ne savais pas ce qu'il était allé faire. Il est entré souriant dans la cuisine, m'a dit : "ça y est ! c'est fait !", et m'a rapidement expliqué.
Après avoir déchargé la voiture, rempli le four de papier et allumé le feu, François s'est empressé de rejoindre la ferme de Pennarun. Ses sœurs ont surveillé et alimenté le feu jusqu'au retour des garçons, qui ont continué la destruction des dossiers toute la nuit.
 
Au matin du samedi 15, un nettoyage minutieux du fournil est effectué, et toute trace de l'opération effacée, ce qui a été possible grâce à M. Le Goff, notre oncle, prévenu par Grand-mère et venu en char à banc de Sulvintin pour débarrasser cendres et pains brûlés en raison d'une surchauffe du four ; une autre partie du pain a été évacuée chez Madame Le Roux, notre tante, fermière au bourg. Par la suite, il a fallu remplacer la farine ainsi gaspillée, la farine étant à l'époque une denrée rare, strictement attribuée en fonction des bons de pain remis. C'est encore la famille Le Goff qui fera le nécessaire pour nous permettre, à la fin du mois, d'être en règle auprès des Services du Ravitaillement.
Passe le dimanche 16.
 
Le lundi 17 janvier, François se trouvait à Quimper, en particulier pour des achats de levure, quand deux hommes de la Gestapo sont arrivés chez nous vers 16 heures. Ils ont attendu François dans la salle du café, en posant quelques questions anodines et indirectes. Au bout d'un quart d'heure environ, je leur ai demandé de pouvoir continuer mon travail dans la cuisine. En réalité, c'était pour dire à ma sœur de demander aux réfugiés lorientais que nous logions chez nous (famille Talec) d'aller au-devant de François, par chacune des deux routes d'accès au bourg à partir de Quimper. Grâce à eux, et à Odette Coustans, rencontrée en route et rentrant elle même à Ergué, François et Pierre Moigne, prévenus, ne sont pas rentrés au bourg.
Hervé Bénéat quant à lui n'a pas été prévenu, et s'est fait cueillir par la Gestapo à 200 mètres avant d'arriver au bourg.
François et Pierre ont été hébergés ce soir-là et pour plusieurs jours, chez M. et Madame Gadel à Ergué-Armel. Monsieur Gadel était un retraité de l'armée, ancien combattant, ami de notre père.
Ce 17 janvier, il n'y a pas eu de perquisition par la Gestapo chez Balès, en particulier de la chambre de François. Heureusement, car ils auraient trouvé des documents compromettants, par exemple une fausse carte d'identité qui portait déjà sa fausse identité mais n'avait pas encore reçu le coup de tampon de la mairie (j'ai encore en ma possession les deux clefs de la mairie, l'une pour la porte extérieure et l'autre pour le local de mairie, qui servirent à François à s'y introduire).
Les cachets et tampons ramenés de Quimper avec les dossiers ont été enterrés (à l'intérieur d'une boîte en fer blanc) par notre grand-mère, puis remis à Jean Borossi pour permettre à la Résistance de continuer la fabrication de faux documents S.T.O.
C'est le lendemain, 18 janvier, que la Gestapo est revenue pour faire une perquisition, et là, ils n'ont rien trouvé à les intéresser, et ils n'on rien emporté.
 
Je signale que deux mois plus tard, alors que François passait de cachette en cachette dans les fermes d'Ergué-Gabéric, Melgven, Tourch… ma sœur et moi avons été arrêtées par les Feldgendarmes, et retenues à la Feldgendarmerie avant d'être transférées à la Feldkommandantur pour interrogatoire, dans le bureau du Feldtkommandant. Les Belges de l'Organisation TODT que nous avions hébergés venaient d'être pris dans le maquis de Châteaulin, et l'adresse de la maison Balès avait été trouvée dans les affaires de l'un d'entre eux. Nous avons été libérées dans la soirée. Notre chance est venue du défaut d'entente entre la Gestapo et la Feldgendarmerie, laquelle ignorait que nous avions hébergé ces Belges quelques mois auparavant »
 


Madame Catherine Péton nous a remis la copie d'un courrier que Jean Borossi lui adressait le 7 mars 1964. Nous y lisons la confirmation de ce fait bien établi :
"…c'était François qui avait la responsabilité du groupe d'Ergué et (…) c'est lui qui avait groupé tous les autres".
 
Mais qui avait sollicité l'engagement de Fanch Balès ?
"c'était François qui avait été contacté, par mon intermédiaire, d'abord par Jean Pochet. Puis, par la suite, il m'avait demandé mon opinion sur Le Bris, qui l'avait contacté en 1943-1944. Je lui avais dit qu'il pouvait marcher en confiance avec lui".
Nous savons ainsi comment s'est constitué le groupe d'Ergué-Gabéric du Réseau "Georges-France". Il y avait déjà, à Quimper, un groupe de ce Réseau, dirigé par Robert Méhu (employé à la gare, né en 1912, habitant Kerfeunteun) et comprenant Jean Pochet (instituteur d'Ergué-Armel, né en 1922 et beau-frère de Robert Méhu), Jean Borossi et Roger Le Bras (qui sera tué à Telgruc). C'est donc Jean Borossi qui signale Fanch Balès et le met en contact avec Jean Pochet.
Une attestation émanant de Robert Mehu, établie en mai 1985 à l'intention de Madame Péton, apporte les compléments suivants:
"Au début de 1941, accompagné de Madame Le Bail Jeanne (femme de Monsieur Albert Le Bail, député de Plozévet), en tant que chef de groupe au sein du Réseau de résistance "Georges-France", je suis allé à Ergué-Gabéric voir Monsieur François Balès, boulanger dans cette commune. (Madame Le Bail fut par la suite déportée, ainsi que son fils Georges).
Nous désirions que Monsieur Balès accepte d'assurer la constitution d'un groupe de résistance à Ergué-Gabéric et qu'il en assure la gestion. C'est sans hésitation qu'il accepta …"
Et plus tard, c'est donc Jean Borossi qui a encore encouragé Fanch Balès à rejoindre le Mouvement "Libération-Nord" dont le responsable quimpérois était Antoine Le Bris.
Madame Péton nous communique aussi un courrier récent (du 22 septembre 2004) de Jean Le Bris, le frère d'Antoine .
"Je savais qu'Antoine avait choisi ton frère comme adjoint, pour Quimper-Est et qu'il lui faisait une confiance sans limite. Il l'avait recruté pour "Libé-Nord" et l' "Armée Secrète" en septembre 1943.
"La mise à sac du S.T.O. a eu lieu le 14 janvier 1944, le vendredi en soirée. Et le mardi à midi, Antoine m'a dit que Fanch était "en cavale", la Gestapo étant venue chez toi pour l'arrêter le lundi après-midi. Ce dont ton frère l'avait prévenu par une voie que j'ai toujours ignorée, en lui disant où il se trouvait. Nous sommes montés tous deux à Kergoat-al-Lez en vélo. Antoine est entré dans la maison à l'adresse indiquée, après l'appel de Fanch qui surveillait la rue depuis le grenier de la maison. Quant à moi, je suis resté dehors, pour faire le guet, au cas où…
Nous sommes ensuite repartis, et je n'ai rien su de leurs échanges ; mon frère ne m'a fait aucune confidence, et je ne lui ai, du reste, rien demandé. C'était alors la règle de sécurité et nous étions satisfaits de savoir François à l'abri de la Gestapo."

Ces différents témoignages situent bien le rôle essentiel de Fanch Balès.
 
 
 

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Lettres de Guerre - 2 décembre 1914

 

L'année 2008 verra la commémoration du 90 ème anniversaire de l'armistive de la grande guerre. L'occasion pour Arkae de recueillir la mémoire de ces poilus qui ont payé chèrement leur engagement comme le témoigne l'impressionante liste du monument au mort. Voici quelques témoignages :  Le premier est signé de Pot bihan Boun ( le petit gars de Bodenn) qui écrit à sa cousine Catherine Laurent qui habite Plas An Itron au bourg.

 

« Ma Chère cousine. J’ai reçu ta lettre ce matin avec beaucoup de plaisir, car étant là, seul dans sa tranchée à avoir des idées si lugubres, on n’aime bien avoir quelques nouvelles à lire, surtout quand elles sont aussi bonnes que ceux que tu viens de m’annoncer. Tu me parlais de la mort de J.Y.. Je savais avant, puis en même temps, j’ai eu une lettre de Hervé m’apprenant aussi cette nouvelle, qui fut très triste pour moi. J’aimais bien ce camarade, ainsi que Louis Le Roux. Lui, paraît-il, n’écrit plus non plus ; j’ai su ça par une personne qui doit pourtant recevoir souvent de ses nouvelles. J’attendais aussi des nouvelles de lui. Je m’étais dit que peut-être il n’avait pas le temps : moi, du temps que je courais la Belgique, je ne pouvais pas écrire quand je voulais non plus. Jean Le Roux ne m’a j’amais donné de ses nouvelles. Moi je ne peu pourtant pas lui écrire n’on plus puisse que je n’ai pas son adresse. A vous autres, ça m’étonne qu’il reste sans écrire. Il a une sœur qui n’est pas trop courageuse à écrire n’on plus. Mathias ne m’a pas encore écrit n’on plus, mais je lui ai écrit que dernièrement n’on plus, manque de savoir son adresse également. Il est du côté de Reims. Moi, j’ai combattu là également. J’ai été à Prunet quatre jours sous les obus. Là, j’avais  vu encore des tristes spectacle devant mes yeux. Hervé Bacon fut blessé là aussi. De là, nous sommes revenu du côté de Saint Thény( ?), et quand nous passions par Reims, les premiers obus tombaient sur la cathédrale à 100 m. de nous. Je t’assure en ce moment je ne pensais pas à ma connaissance, puis ça nous arrive souvent . N’oublie pas de rendre le bonjour à Jean Péron et de lui faire part de ma misère. Je ne lui souhaite pas d’y aller, pas plus qu’à François, car ils n’auront pas la bonne place ici. Mathias doit combattre maintenant comme moi, mais je ne le dit pas à ma sœur. Nous ne sommes pas malheureux. Moi, je passe la moitié de mon temps dans les tranchées, comme je suis à l’instant. Le jour, nous sommes assez tranquille, la nuit nous sommes tous debout, prêt à recevoir les attaques. Les boches sont à environ 500 m. de nous. Quand on montre la tête, tout de suite ils tirent. Nous de notre côté, nous faisons pareil. Ainsi, on attend la mort à toute heure. Nous sommes assez bien nourri, c’est du froid qu’on souffre des fois. Tu souhaiteras aussi le bonjour à Anna : est-ce qu’elle grossit toujours ? Les jeunes filles doivent pleurer maintenant de voir tuer tant de jeunes hommes. La mienne me rend heureux, elle me reste fidèle, et très souvent je reçois de ses nouvelles.

Dimanche, Louis Barré a été me voir. Lui est aussi au 3° dragon, il est éclaireur avec un régiment de territorial. Il m’avait dit que le 3° dragon, l’active, a été écrasé du côté de Bismuthe. Ainsi, je suis inquiet avec la situation de mon cher Louis. Nous avons tant rigolé ensemble, tous les trois, mais hélas, ces beaux jours, je ne l’ai verrai plus. Puis ça me fait penser aussi quand viendra mon tour. Je me demande comment que je suis encore en vie ; plusieurs fois, je me suis pourtant dit que c’était fini. A la première bataille en Belgique, à Amis sur Sambre, le soir, je rassemble la compagnie : d’abord nous n’étions que 29 sur 264 que nous étions le matin, mais quelques jours après, lorsque nous fûmes tous rassemblés, nous nous retrouvions à 140, ça n’empêche, ça commençait bien. Huit jours après le 29 à Saint-Richemon, la bataille n’avait pas duré plus de une heure, puis nous ne restions que 80 sur les 140, et pas d’autre chef plus ancien que moi : pendant 5 jours, je suis resté seul avec ses 8O poilus, sans argent : le sergent-major fut tué, il avait 1900f. sur lui, le boni de la compagnie, tout était resté. Alors, voyez notre misère après : on ne touchait presque rien, et nous vivions avec des patates qu’on arrachaient dans les champs et qu’on cuisaient avec de l’eau sans sel. Quand on pouvait, on prenait les poules et les lapins dans les fermes abandonnées. Jamais, je n’ai vu un pays aussi beau que la Belgique, ni des gens aussi aimables. Donnez-vous une idée maintenant de ce que c’est, les fermes toutes brulées, et pas un seul animal ne reste. Ici, au Nord de la France, c’est pareil, et beaucoup de ces fermières-là ne sont pas excentes de perdre leurs maris n’on plus, alors vous voyez quel avenir pour elles. Considérez-vous heureux dans votre chère Bretagne ; je suis heureux de savoir que les miens ne souffre pas de trop de la guerre.
Enfin, ma Chère Catherine, je crois que c’est assez pour une fois. Donc je te quitte en serrant cordialement les extrémités des cinq phalanges, ainsi qu’au vieux François, veinard que tu es, et à vos enfants. Ah ! quel plaisir si j’aurai encore le plaisir d’aller vous voir. Bons baisers à tous.  Votre cousin « pot bihan Bouden » qui vous aime. A revoir et à bientôt. Je suis fatigué à écrire sur mon jenou, c’est mon bureau maintenant.  »