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La reconstruction du clocher de l'église Saint-Guinal en 1837

Clocher bas

Le 2 février est à marquer d’une pierre noire dans les annales de notre patrimoine : C’est en-effet un 2 février 1701 que la foudre abattit le clocher de Kerdevot faisant deux victimes. Plus près de nous il a 170 ans un coup de vent fit tomber le clocher de l’église paroissiale St Guinal … le deux février 1836, preuves que les dérèglements climatiques ne datent pas d’aujourd’hui. Les dégâts sont considérables : la tour n’est plus qu’un tas de cailloux, les orgues sont abîmées ainsi que l’horloge, sans parler du toit. L’émotion est grande à une époque ou le clocher paroissial est l’emblème et la fierté d’une commune ou toute la population pratique la religion catholique.

 

Chasse aux subventions

Du côté officiel, les choses n’ont pas traîné. Dès le 17 mars les 9 conseillers municipaux ont devant leurs yeux le devis de l’architecte départemental Joseph Bigot. Agé de 29 ans, il signe là l’un de ses premiers devis : 7486 francs et 80 centimes, la somme est considérable.

La commune a déjà chiffré les dépenses de charrois, de fournitures et d’entretien des pierres pour 700 francs. Une souscription a été ouverte qui a permis de collecter 200 francs. La commune estime qu’elle ne pourra mettre guère plus de 300 francs. Depuis le Concordat, l’état doit rémunérer le clergé mais aussi entretenir les édifices cultuels. Le maire de l’époque René Laurent de Skividan, se tourne donc vers l’autorité compétente et «  exprime le vœu qu’il plaise à l’administration supérieure de venir au secours d’une commune qui abandonnée à ses propres ressources ne pourrait espérer voir rétablir l’église au culte de la religion pratiquée par la totalité des Habitants. »

La fabrique, c’est à dire l’association qui gère l’église paroissiale, prends le relais et écrit à l’évêque Jean-Marie Dominique De Poulpiquet de Brescanvel alors âgé de 77 ans, pour qu’il intervienne auprès du ministre des cultes, afin qu’il finance la reconstruction et demande 4000 francs. L’évêque de Quimper et du Léon fait intervenir une vieille connaissance de la noblesse bretonne, l’Archevêque de Paris Hyacinthe-Louis de Quélen, pair de France, et lui demande d’appuyer la requête. Les interventions gabéricoises ne s’arrêtent pas là : le député Augustin Le Goazre de Toulgoet, chevalier de Saint-Louis est également sollicité.

 

Adresse au Roi

Mais les résultats se font attendre. Le 4 octobre, le conseil de fabrique écrit en désespoir de cause à l’évêque : « Nous n’avons rien à attendre du gouvernement ». Ils souhaitent que le pasteur du diocèse leur cède le tiers des revenus de Kerdévot pendant quelques années, ils se promettent d’organiser une souscription pour compléter le financement. Les Gabéricois en bons bretons ne baissent pas les bras. Ils apprennent peu après Noël que le Roi Louis-Philippe vient d’échapper à un attentat à Paris. Au début de l’année 1837 le conseil de Fabrique écrit donc à Louis Philippe, en breton, une lettre touchante qui fait un parallèle étonnant entre les malheurs du roi et ceux des paroissiens d’Ergué. On l’a connaît grâce au livre Breiz-Izel ou la Vie des Bretons de l’Armorique :
Ce courrier qualifié à l’époque de chef-d’œuvre de bonhomie et de finesse par Alexandre Bouët, touche à son but, puisque la préfecture est chargé d’annoncer la bonne nouvelle au recteur d’Ergué-Gabéric :

Aotrou Roue,
Ar bloavezh 1836 a zo bet e gwirionez , leun a drubuilhoù evidomp ;
Gwall glac'haret omp bet o klevout hoc'h bet c'hwi teir gwech war bouez bezañ drouklazhet , hag an avel en deus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil a viz c'hwevrer .
Hogen dre vadelezh Doue , deuet hoc'h a-benn d'en em dennañ diouzh an taolioù-se ha spi hon eus e teuimp a-benn , gant aluzennoù an dud vat , da renkañ hon iliz ha d'adsevel hon tour .
Ho servichourien , a-greiz-kalon hag ho keneiled gant doujañs .

Monsieur le Roi
L’année 1836 a été en vérité bien malheureuse pour nous ;
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse qu’on a failli trois fois vous tuer , et le vent du second jour de février a abattu la tour de l’église de notre paroisse
Mais, par la grâce de Dieu, vous êtes sortis sain et sauf de tous ces dangers-là, et nous avons confiance que la charité des bonnes gens nous aidera à réparer notre église et notre tour.
Vos humbles serviteurs du fond du cœur, et vos amis avec respect.

Monsieur le préfet,

Le Roi a eu sous les yeux l'adresse en langue bretonne votée par le conseil de fabrique d'Ergué-Gabéric à l'occasion de l'attentat du 27 décembre .
Sa majesté a été touchée des bons et honorables sentiments qui s'y trouvent naïvement exprimés.
Désirant donner à cette commune un témoignage de sa bienveillance , sa majesté vient de lui destiner un secours de 300 francs pour aider aux réparations de la tour de l'église .
J'ai l'honneur de vous en donner avis , en vous priant , Monsieur , de prévenir M. le curé d'Ergué-Gabéric que cette somme va être remise à sa disposition par les soins de M. le trésorier de la couronne .
Agréez ...
    
Le secrétaire du cabinet.
Signé , Camille Vain.

Le 12 mars 1837 , le bilan du lobbying gabéricois est très loin des espérances.
L’état donne 1100 F, Le conseil général 500 francs, la Commune 300, La Fabrique 300, Le Roi, 300, et le gouvernement accepte une aide supplémentaire de 500 F.

 

Philippique
Le 14 mai 1837, le conseil municipal confie le travail au maître-maçon L’haridon, qui donc à reconstruit la tour, à l’économie. Le projet de Joseph Bigot a été sérieusement revu à la baisse et nous vaut une tour moins élancée qu’on aurait pu espérer. Amer le conseil municipal conclu : « Les habitants qui ont déjà fournis diverses sommes pour sa réparation se trouveront encore dans la nécessité de s’imposer de nouveaux sacrifices pour l’acquisition d’une horloge et de deux clochers. »

Les Orgues ne furent réparées qu ‘en 1845.

Quand à Louis-Philippe, les Gabéricois lui réservèrent un triste sort en 1848. C’est Déguignet qui nous raconte comment les enfants du Guélennec lapidèrent son effigie en plâtre que René Laurent, retiré des affaires gardait dans sa ferme de Skividan. « Nous nous étions arrêtés à regarder un grand bonhomme en plâtre posé au milieu de l’aire à battre avec une grande pipe dans la bouche. Le maire , un gros paysan qui aimait à rire assez, nous voyant là arrêtés à regarder ce bonhomme, vint demander si nous connaissions cette figure là. Non parbleu ! … il s’appelle Louis-Philippe, et était roi de France, mais il s’est sauvé comme un bramer coz . Les Parisiens voulaient bien le tuer, mais ils n’ont pas pu. Eh bien, mes enfants, dit-il, voyons si vous serez plus forts que les parisiens, vous allez ramasser des cailloux et vous allez tirer dessus, et le premier qui lui cassera sa pipe aura un sou. » On peut penser comme les cailloux pleuvèrent [sic] dru sur le pauvre bonhomme Philippe, non seulement sa pipe, mais sa tête, et tout le reste de son corps furent brisés en moins de cinq minutes, pendant que le maire se tenait les côtes de rire. Voilà comment on arrange les hommes qui tombent, les rois comme les autres. Le maire était cependant un fervent philippiste, puisque ce fut lui-même qui fit fabriquer cette statue pour orner son bureau, et puis, il fut le premier peut-être, à la mettre dehors, et à la faire mutiler, de tous les maires de France. »
 René Laurent s’était peut être vengé ainsi du peu d’intérêt que l’État montra à ses projets. C’est lui qui en 1840 laissa voter le projet pharaonique de déplacement du bourg à Penn-Carn Lestonan, c’est lui qui également fit voter une résolution pour déplacer la chapelle de Saint-André près de la route de Coray. Deux projets bloqués par le préfet. La prochaine mise en en lumière du clocher paroissial devrait lui donner un peu de baume au cœur c’est le seul chantier d’envergure qu’il a mené à bien.

Bernez Rouz - (Bulletin municipal d'Ergué-Gabéric. septembre 2007).

 

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Trésors d'archives > Pat. rural > Le costume breton d'Ergué-Gabéric

Le costume breton d'Ergué-Gabéric

 

Costume breton d'Ergué-GabéricLe costume de la première moitié du XIXe siècle

La seule représentation qu'on ait du costume féminin porté à Ergué-Gabéric se trouve dans un ouvrage de 1842 : "Les Bretons" d'Alfred de Courcy. Cette coiffe de type archaïque était appelée Pichou du breton Pitchourell qui désigne une coiffe à huppe ou à capuche. Cette coiffe a déjà été desinée par Olivier Perrin en 1810.
 
 
Cette lithographie signée Victor Coindre, dessinateur prolixe du XIXe siècle a été éditée par Thierry Frères.

A noter le titre en trois langues : français, anglais, allemand pour satisfaire la curiosité des celtophiles de l'Europe entière qui s'intéresse à la Bretagne  suite à la publication du Barzaz Breiz d' Hersart de La Villemarqué.
 
Dans le vêtement on voit parfaitement les trois corsages superposés qui composaient traditionnellement l'habit des jeunes filles. Le tablier porte de jolis couleurs gaies qui tranchent avec le noir qui s'imposera par la suite.
 
 

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Trésors d'archives > Guerres > Fanch Balès dans la résistance

Fanch Balès dans la résistance

 
Le récit historique se constitue par le recoupement de documents d'époque et de témoignages d'origines diverses. Malgré sa conviction d'être dans le vrai, aucun témoin ne peut prétendre être détenteur de la vérité historique dans toute son ampleur et jusque dans le dernier détail. D'où la nécessité de continuer à recueillir des témoignages.C'est ainsi que dans ce numéro de Keleier Arkae, nous pouvons également vous présenter ce dont Madame Catherine Peton, sœur de François Balès, se souvient des événements qui ont trait à la Résistance dans le bourg d'Ergué-Gabéric en 1940-1944. Suivent trois témoignages de Jean Borossi, Robert Méhu et Jean Le Bris.

François Ac'h
 
 
Je remercie les responsables de l'association Arkae de me donner l'occasion de m'exprimer sur la résistance de mon frère François Balès. Beaucoup d'inexactitudes ont été dites ou écrites à ce sujet.
 
J'avais 20 ans quand a eu lieu le "coup du S.T.O.", le même âge que l'un des acteurs directs, Hervé Bénéat. Je travaillais au commerce familial avec mon frère François (2 ans de plus que moi) et ma sœur Thérèse (4 ans de moins). Vivant sous le même toit et en toute confiance mutuelle avec notre frère, nous étions obligées, ma sœur et moi, de connaître une partie des activités de François, et même, dans certaines circonstances, d'y participer. Ainsi, je me souviens de ce cantonnement dans le bourg, en juin 1940, d'un groupe d'aviateurs français : un général, ami de la famille Bolloré, avait fait se replier sur Ergué-Gabéric cette troupe démoralisée qu'un soir, à la tombée de la nuit, nous vîmes arriver en faisant le tour de l'église. Elle occupa plusieurs jours la salle de bal tenue par la famille Balès.
N'ayant pas d'autre issue que de se rendre aux Allemands arrivés à Quimper le 20 juin, ils ont cependant voulu éviter que l'unique camion en leur possession ne tombe entre les mains de l'occupant. Ainsi, un capitaine a demandé à François Balès de lui indiquer où ils pourraient cacher ce véhicule. Les Allemands auront connaissance de cette cachette plus tard, après avoir fait prisonniers les aviateurs. Quand ils vinrent le récupérer, il avait été saboté par Pierre Le Moigne et François Balès. Mais ils ne purent le réparer et durent le remorquer jusqu'à Quimper.
Les Allemands avaient laissé sur place deux militaires français qu'ils avaient chargés de la liquidation des réserves appartenant aux aviateurs : tabac, conserves, autres provisions… Les aviateurs en proposèrent à la famille Balès. Notre père s'opposa fermement à ce que nous acceptions. Ils invitèrent alors les gens à se servir. Le local fut rapidement vidé.

En ce qui concerne l'apparition clandestine sur le tableau d'affichage de la mairie, le 11 Novembre 1941, du poème de Victor Hugo, c'est dans la cuisine de chez Balès que cela a été décidé. C'est là que François et ses copains ("la bande du bourg") se réunissaient et écoutaient habituellement Radio-Londres (et non chez Lennon).
C'est dans cette cuisine aussi que plus tard sera tenue à jour une carte de Russie, avec les positions des armées allemandes, ce qui permettait de suivre leur retraite. Une devise, inspirée par Pierre Kéraval, y était inscrite : "il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"
 
Mademoiselle Anne (et non pas Marie-Louise) De Kervénoaël n'est pas venue de Saint-Pol-de-Léon à Ergué-Gabéric avant fin octobre 1943. Appartenant elle-même au Mouvement "Libération-Nord",
comme François Balès et ses amis, il lui avait été indiqué qu'elle pouvait convoyer vers le Bourg d'Ergué cinq jeunes Belges, déserteurs de l'Organisation TODT qui les employait dans la région de Saint-Pol. Ils ont été hébergés quelques jours chez Balès, avant d'être répartis en des lieux plus discrets. C'est ensuite par l'intermédiaire de François Balès qu'ils ont été recrutés dans les F.T.P. Le plus jeune d'entre eux se trouvera parmi les fusillés de Mousterlin. Quant à Melle De Kervénoaël, elle avait immédiatement été dirigée dès son arrivée vers la ferme de Sulvintin, guidée par notre grand-mère. Elle y a passé le reste de la journée.
 
A ma connaissance, François Balès n'a pas cherché à passer en Angleterre en 1941 en embarquant à Roscoff, à partir des indications de Melle De Kervénoaël, qu'il ne connaissait pas encore à cette époque C'est dès juin 1940 (vers le 25) qu'il avait envisagé un tel départ : il avait eu un contact à Quimper avec un ancien combattant et d'autres jeunes ; un bateau s'apprêtait à partir ; il fallait être au rendez-vous fixé près de la Poste… Il eut une conversation avec son père, qui arriva à le convaincre de renoncer à ce projet pour ne pas abandonner ses sœurs. Notre père est décédé un mois après. C'est sans doute à ce moment qu'il s'est plutôt orienté vers les possibilités de lutte sur place.
François s'est donc rapproché de ses copains de Lycée et de Jean Borossi, copain d'enfance, qui a pu le mettre en contact, par l'intermédiaire de Robert Méhu et Jean Pochet, avec Madame Le Bail, épouse du député de Plozévet. Il intégra ainsi le Réseau "Georges-France" dont elle était responsable pour la région. Début 1941, il était nommé responsable pour Ergué-Gabéric (voir attestations qui suivent).
Après le démantèlement du Réseau "Georges –France" et l'arrestation de Madame Le Bail, François, grâce à Jean Borossi, put prendre contact avec "Libération-Nord", dont le responsable était Antoine Le Bris, qui le chargea de constituer et diriger l'équipe du Grand-Ergué (voir attestations qui suivent).
 
J'en arrive à la destruction des dossiers du S.T.O. dans le four de la boulangerie Balès, et à ce qui se passa les jours suivants.
 
Le 14 janvier 1944, vers 19 heures, la voiture conduite par François Balès, contenant les dossiers provenant du cambriolage du S.T.O. s'arrête devant le fournil. Je savais que François avait pris la voiture de notre tante, avec son autorisation, pour aller à Quimper (son mari se trouvait prisonnier en Allemagne). Mais je ne savais pas ce qu'il était allé faire. Il est entré souriant dans la cuisine, m'a dit : "ça y est ! c'est fait !", et m'a rapidement expliqué.
Après avoir déchargé la voiture, rempli le four de papier et allumé le feu, François s'est empressé de rejoindre la ferme de Pennarun. Ses sœurs ont surveillé et alimenté le feu jusqu'au retour des garçons, qui ont continué la destruction des dossiers toute la nuit.
 
Au matin du samedi 15, un nettoyage minutieux du fournil est effectué, et toute trace de l'opération effacée, ce qui a été possible grâce à M. Le Goff, notre oncle, prévenu par Grand-mère et venu en char à banc de Sulvintin pour débarrasser cendres et pains brûlés en raison d'une surchauffe du four ; une autre partie du pain a été évacuée chez Madame Le Roux, notre tante, fermière au bourg. Par la suite, il a fallu remplacer la farine ainsi gaspillée, la farine étant à l'époque une denrée rare, strictement attribuée en fonction des bons de pain remis. C'est encore la famille Le Goff qui fera le nécessaire pour nous permettre, à la fin du mois, d'être en règle auprès des Services du Ravitaillement.
Passe le dimanche 16.
 
Le lundi 17 janvier, François se trouvait à Quimper, en particulier pour des achats de levure, quand deux hommes de la Gestapo sont arrivés chez nous vers 16 heures. Ils ont attendu François dans la salle du café, en posant quelques questions anodines et indirectes. Au bout d'un quart d'heure environ, je leur ai demandé de pouvoir continuer mon travail dans la cuisine. En réalité, c'était pour dire à ma sœur de demander aux réfugiés lorientais que nous logions chez nous (famille Talec) d'aller au-devant de François, par chacune des deux routes d'accès au bourg à partir de Quimper. Grâce à eux, et à Odette Coustans, rencontrée en route et rentrant elle même à Ergué, François et Pierre Moigne, prévenus, ne sont pas rentrés au bourg.
Hervé Bénéat quant à lui n'a pas été prévenu, et s'est fait cueillir par la Gestapo à 200 mètres avant d'arriver au bourg.
François et Pierre ont été hébergés ce soir-là et pour plusieurs jours, chez M. et Madame Gadel à Ergué-Armel. Monsieur Gadel était un retraité de l'armée, ancien combattant, ami de notre père.
Ce 17 janvier, il n'y a pas eu de perquisition par la Gestapo chez Balès, en particulier de la chambre de François. Heureusement, car ils auraient trouvé des documents compromettants, par exemple une fausse carte d'identité qui portait déjà sa fausse identité mais n'avait pas encore reçu le coup de tampon de la mairie (j'ai encore en ma possession les deux clefs de la mairie, l'une pour la porte extérieure et l'autre pour le local de mairie, qui servirent à François à s'y introduire).
Les cachets et tampons ramenés de Quimper avec les dossiers ont été enterrés (à l'intérieur d'une boîte en fer blanc) par notre grand-mère, puis remis à Jean Borossi pour permettre à la Résistance de continuer la fabrication de faux documents S.T.O.
C'est le lendemain, 18 janvier, que la Gestapo est revenue pour faire une perquisition, et là, ils n'ont rien trouvé à les intéresser, et ils n'on rien emporté.
 
Je signale que deux mois plus tard, alors que François passait de cachette en cachette dans les fermes d'Ergué-Gabéric, Melgven, Tourch… ma sœur et moi avons été arrêtées par les Feldgendarmes, et retenues à la Feldgendarmerie avant d'être transférées à la Feldkommandantur pour interrogatoire, dans le bureau du Feldtkommandant. Les Belges de l'Organisation TODT que nous avions hébergés venaient d'être pris dans le maquis de Châteaulin, et l'adresse de la maison Balès avait été trouvée dans les affaires de l'un d'entre eux. Nous avons été libérées dans la soirée. Notre chance est venue du défaut d'entente entre la Gestapo et la Feldgendarmerie, laquelle ignorait que nous avions hébergé ces Belges quelques mois auparavant »
 


Madame Catherine Péton nous a remis la copie d'un courrier que Jean Borossi lui adressait le 7 mars 1964. Nous y lisons la confirmation de ce fait bien établi :
"…c'était François qui avait la responsabilité du groupe d'Ergué et (…) c'est lui qui avait groupé tous les autres".
 
Mais qui avait sollicité l'engagement de Fanch Balès ?
"c'était François qui avait été contacté, par mon intermédiaire, d'abord par Jean Pochet. Puis, par la suite, il m'avait demandé mon opinion sur Le Bris, qui l'avait contacté en 1943-1944. Je lui avais dit qu'il pouvait marcher en confiance avec lui".
Nous savons ainsi comment s'est constitué le groupe d'Ergué-Gabéric du Réseau "Georges-France". Il y avait déjà, à Quimper, un groupe de ce Réseau, dirigé par Robert Méhu (employé à la gare, né en 1912, habitant Kerfeunteun) et comprenant Jean Pochet (instituteur d'Ergué-Armel, né en 1922 et beau-frère de Robert Méhu), Jean Borossi et Roger Le Bras (qui sera tué à Telgruc). C'est donc Jean Borossi qui signale Fanch Balès et le met en contact avec Jean Pochet.
Une attestation émanant de Robert Mehu, établie en mai 1985 à l'intention de Madame Péton, apporte les compléments suivants:
"Au début de 1941, accompagné de Madame Le Bail Jeanne (femme de Monsieur Albert Le Bail, député de Plozévet), en tant que chef de groupe au sein du Réseau de résistance "Georges-France", je suis allé à Ergué-Gabéric voir Monsieur François Balès, boulanger dans cette commune. (Madame Le Bail fut par la suite déportée, ainsi que son fils Georges).
Nous désirions que Monsieur Balès accepte d'assurer la constitution d'un groupe de résistance à Ergué-Gabéric et qu'il en assure la gestion. C'est sans hésitation qu'il accepta …"
Et plus tard, c'est donc Jean Borossi qui a encore encouragé Fanch Balès à rejoindre le Mouvement "Libération-Nord" dont le responsable quimpérois était Antoine Le Bris.
Madame Péton nous communique aussi un courrier récent (du 22 septembre 2004) de Jean Le Bris, le frère d'Antoine .
"Je savais qu'Antoine avait choisi ton frère comme adjoint, pour Quimper-Est et qu'il lui faisait une confiance sans limite. Il l'avait recruté pour "Libé-Nord" et l' "Armée Secrète" en septembre 1943.
"La mise à sac du S.T.O. a eu lieu le 14 janvier 1944, le vendredi en soirée. Et le mardi à midi, Antoine m'a dit que Fanch était "en cavale", la Gestapo étant venue chez toi pour l'arrêter le lundi après-midi. Ce dont ton frère l'avait prévenu par une voie que j'ai toujours ignorée, en lui disant où il se trouvait. Nous sommes montés tous deux à Kergoat-al-Lez en vélo. Antoine est entré dans la maison à l'adresse indiquée, après l'appel de Fanch qui surveillait la rue depuis le grenier de la maison. Quant à moi, je suis resté dehors, pour faire le guet, au cas où…
Nous sommes ensuite repartis, et je n'ai rien su de leurs échanges ; mon frère ne m'a fait aucune confidence, et je ne lui ai, du reste, rien demandé. C'était alors la règle de sécurité et nous étions satisfaits de savoir François à l'abri de la Gestapo."

Ces différents témoignages situent bien le rôle essentiel de Fanch Balès.