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Construire au bourg d'Ergué en 1722

 
Construire au bourg 1722 Dessin réalisé par Albert TanguyVoici un document rare qui a été confié à notre centre de documentation.
C'est la facture pour la construction d'une maison au bourg d'Ergué-Gabéric en 1722.
Le propriétaire en était François Le Poupon, né vers 1668 et marié à Marie Nedelec en 1710.
Il mourut peu après la construction de la maison neuve en 1728 à l'âge de 60 ans.

L'orthographe non fixée à l'époque a été mise volontairement en français contemporain.
 
Mémoire pour François Le Poupon des frais et dépenses qu’il a eut à bâtir une maison au bourg d’Ergué-Gabéric, l’année mille sept cent vingt et deux.
 
Et en premier
  • Donné à Monsieur de Penenrun pour un courtil1 et l’emplacement de la maison et les frais et {illisible} du contrat : soixante neuf livres2.
  • Pour faire un fossé neuf et séparer les autres autour du dit courtil, donné à Yves Le Meur : vingt et un livres.
  • Pour les pierres et les livrer de la perrière3, il me coûte : vingt livres.
  • Pour tirer les attraits4 de la maison : dix livres deux sols et six deniers.
  • Pour faire charroyer les pierres : trente six livres.
  • Pour six semaines de temps que Le Poupon a été employé à travailler autour de la dite maison, servir les maçons, chercher des charrettes et autre travail : dix livres, six sept sols et six deniers.
  • Et pour sa dépense, pareille somme de : dix livres, dix sept sols et six deniers. 
  • Pour le maçonnage de la maison donné en argent aux maçons : soixante livres.
  • Donné aux darbareurs5 en argent, seize livres dix sols.
  • Pour la nourriture des maçons et darbareurs et autres : soixante livres.
  • Pour le temps de la femme du dit Poupon et pour le payement d’autres personnes qu’il lui a fallu prévoir en sa place : six livres.
  • Pour trois poutres et le grand boisage donné à Jean Le Camme, quarante et deux livres.
  • Pour les lattes et chevrons : quinze livres.
  • De plus donné aux darbareurs pour finir la maison entre argent et nourriture : trois livres dix sols.
  • De plus pour tirer et tailler des pierres pour faire les côtés du pignon du couchant de la dite maison donné aux maçons : deux livres.
  • La paille pour couvrir la dite maison, compté : 14 livres.
  • Pour la façon de la couverture : trois livres.
  • Pour un mois de temps que le dit Poupon a été employer à boiser la dite maison et faire la porte et les fenêtres : douze livres.
  • Le bois pour faire la porte et les fenêtres : trois livres dix sols.
  • Pour la façon du présent : trois livres
  • Le présent mémoire se monte à la somme de quatre cents vingt quatre livres, sept sols et six deniers.
 
On a ici probablement la construction d’un penn-ti : une seule porte, trois poutres, toit en paille.
Le temps global passé à la construction est de six semaines, il s’agit donc d’une construction simple et à moindre coût puisque le propriétaire et sa femme travaillent sur le chantier.
 

1.  Courtil : en breton liorzh, petite parcelle de terre
2. La livre valait 0,31 gramme d’or pur, dans une livre il y avait 20 sols et dans un sol 12 deniers.
3. Perrière : carrière de pierres en breton mengleuz
4. Attraits : confusion probable avec trait, tirer les traits de la maison, faire le plan.
5. Darbareur : apprenti maçon, maneuvre chargé de faire le mortier. En breton darbarer.
 
 

Inondations de 2001

Inondations de 2001

 
La vague d’inondations qu’a connue le Sud-Finistère n’est certes pas une première dans l’histoire des hivers bas-bretons. Même si pour celles qui nous ont touchés à répétition, la mémoire cherche encore des comparaisons.

On peut en citer de mémorables en 1865 dues à un vent violent, combiné comme les précipitations de décembre dernier, à des marées de grande amplitude.
Quimper s’était alors retrouvée sous 1,60 m d’eau (quartier de Locmaria et rue de Pont L’Abbé).
Ergué-Gabéric fut aussi affectée par cette tempête survenue dans la nuit du 3 au 4 décembre et le Conseil municipal votait  le 26 du mois courant une somme de 100 fr pour venir en aide aux victimes des inondations.

Kerdévot eut sans doute à souffrir des effets des bourrasques de l’hiver 1865-66 car en février 1866, le Conseil municipal envisage des dépenses pour « des réparations importantes à la chapelle de Kerdévot », réparations dont la nature n’est pas précisée. Ergué-Gabéric n’était pas nécessairement menacée lorsque l’eau débordait à Quimper car alors l’Odet  possédait des zones naturelles de rétention d’eau qui pouvaient canaliser un trop plein.

Pont de RubuenL'histoire du pont de Rubuen
Les nombreux dégâts causés à Ergué-Gabéric, nous ont amenés à nous intéresser au pont de Rubuen qui s’est récemment effondré. Ce n’est pas l’édifice en lui-même qui a attiré notre attention : la Cellule départementale des Ouvrages d’Art ne signale rien de particulier sur ce simple édifice fait « d’une dalle de béton sur piédroits en maçonnerie », pas même de datation.
Nous avons cherché à remonter l’histoire de ce pont en raison de sa position stratégique entre Ergué et Elliant :  il permet au chemin vicinal n°9 d’enjamber en direction d’Elliant un cours d’eau qui marque sur une partie de son cours la limite entre les deux communes et se trouve sur un itinéraire tout indiqué entre le bourg d’Elliant et la chapelle de Kerdévot.
Cet article sera l’occasion pour nous de revenir sur  deux anciens itinéraires du pardon de Kerdévot et d’expliquer l’origine de la confusion qui se fait parfois entre Pont Rubuen et Pont Roudoubloud (de roudou : gué et bloud, mou, boueux).

Le ruisseau que surplombait Pont Rubuen se nomme à cet endroit Steir Venn et … un peu plus bas Roudoubloud ! Il est en effet typique de la part des cours d’eau de changer de nom en fonction du nom des fermes ou lieux-dits qu’ils traversent. Image de l’instabilité de leurs ondes ! Ceci explique la confusion avec le gué à la sinistre réputation, célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre la Vierge et la Peste d’Elliant. L’itinéraire Bourg d’Elliant-Quistinigou-Pont Roudoubloud - Kerdévot semble le plus anciennement pratiqué. Dans ses « billets » sur le passé d’Elliant, Yann Daoudal mentionne un autre cheminement passant par Beg Avel - Cosquer Ven - Quénéhaye - Meil Quénéhaye - Kerdévot.
A Meil Quénéhaye, on empruntait un « ponceau étroit fait avec de longues pierres plates » que « les attelages devaient traverser à gué ». Vraisemblablement ce second itinéraire était arpenté par les pèlerins à pieds tandis que le premier servait déjà au temps où l’évoque Yann Daoudal aux chars à bancs, vélos et voitures.

L’actuelle route sur laquelle se trouvait Pont Rubuen présente donc un léger infléchissement vers le nord du parcours traditionnel entre Elliant et Ergué en passant par Kerdévot. Mais on peut comprendre ainsi que la fréquentation du pardon par un grand nombre d’Elliantais a contribué à modeler le réseau des voies de communication entre nos deux communes.

Gaëlle Martin - Keleier Arkae n° 9 février - 2001
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > Les statues du calvaire de Kerdevot

Les statues du calvaire de Kerdevot

Où sont-elles passées, les statues du calvaire de Kerdévot ?

Cette question maintes fois posée reçoit invariablement la même réponse : on n’en sait rien. On ne sait même pas s’il y a eu des statues, un jour, dans les 12 niches. Tout au plus peut-on dire qu’il y a très peu de calvaires qui n’auraient pas reçu les personnages qu’ils ont pour fonction de présenter au public. On peut aussi avancer sans risque d’erreur que les 12 niches étaient destinées à recevoir les 12 Apôtres, comme c’est le cas à la chapelle de Quilinen en Landrévarzec.
 
Par ailleurs, on connaît assez bien la tentative du recteur Gustave Guéguen de pallier cette absence béante qui semble interdire au calvaire de Kerdévot d’être classé parmi les plus remarqués.
 
Au commencement de cette histoire, on n’en sera pas étonné, il y a bien sûr la famille Bolloré, plus exactement Madame Bolloré. Certains l’avaient complimentée publiquement  le jour de son mariage en 1910 avec René Bolloré, en déclarant: « nous avions déjà Notre-Dame de Kerdévot, et nous avons aussi maintenant notre dame d’Odet ». Elle a manifesté un certain attachement à la chapelle de Kerdévot, mais pendant la Seconde Guerre Mondiale, quand deux de ses enfants rejoignirent l’Angleterre, l’aîné René-Guillaume en 1942, puis le benjamin Gwen-Aël, elle eut à craindre pour eux et se rapprocha plus encore de Notre Dame de Kerdévot. Elle fit un vœu : elle « ferait quelque chose » pour Kerdévot si ses deux fils revenaient sains et saufs de la guerre.
 
Il faudra attendre 1954, année déclarée « mariale » il est vrai, pour que cet engagement prenne forme : Madame Bolloré demanda alors au recteur Gustave Guéguen ce qu’elle pourrait faire pour embellir Kerdévot. Le recteur avait déjà beaucoup fait dans ce domaine depuis la fin de la guerre : un trône pour la statue de la Vierge en novembre 1945, la réparation des vitraux à Paris en 1950, l’enlèvement, la même année, de la tribune déclarée « inesthétique et inutile» par le recteur, une copie par Guillaume Saliou de la statue de Notre-Dame de Kerdévot en 1953 et de son trône en 1954… Après maintes réflexions, est retenue l’idée de faire fabriquer, dans un premier temps, six statues à poser dans les niches du calvaire.
 
Dans son journal, à la date du mercredi 7 juillet 1954, le recteur note : Monsieur Gwenaël Bolloré m’a dit que je pouvais compter sur 4 statues d’apôtres au moins pour le calvaire de Kerdévot à 30.000 l’une. Le lendemain, je me suis adressé à Beggi, le sculpteur, qui va se mettre à l’ouvrage.
 
Plus d’un an après, le 23 août 1955, on peut lire dans le même journal : « Le marbrier de Quimper (Monsieur Beggi, de Carrare) est venu apporter les quatre premiers apôtres du calvaire de Kerdévot : St Pierre, St Jean, St Barthélemy et Saint Mathieu. J’avais demandé le premier groupe apostolique : Pierre, Jacques, Jean André. Il appelait Saint Barthélemy Saint Rémy, et Saint Mathieu Saint Christophe !!! Les statues sont très bien faites, plus fines que je pensais et vont admirablement dans leur niche. On a profité pour descendre la Pieta1 et L’Ecce Homo2 : le fût de la croix est ainsi plus dégagé. A 11 heures, tout était en place ».
 
Les quatre statues sont donc dans leur niche pour le pardon de Kerdévot de septembre 1955. Mais dans son journal à la date du 11 septembre suivant, « Gustave » parle très rapidement de ces statues qu’il a « reçu ordre d’enlever et qui seront enlevées le jeudi suivant pour éviter les difficultés ultérieures ».
L’évêque, Mgr Fauvel, était présent aux Vêpres de ce pardon de Kerdévot. Le recteur observe simplement dans le même journal, au 11 septembre également, que l’évêque « a admiré le bénitier et un peu critiqué les statues. Bernard de Parades m’a dit que moyennant quelques modifications, cela pourrait aller ».
C’est ainsi que « Gustave » se vit désavoué dans son initiative, contredit dans ses goûts artistiques et mal soutenu par ce jeune évêque qui lui paraissait être un successeur un peu pitoyable du vénéré patriarche Mgr Duparc. Il ne nous dit rien de plus. Son amour propre en prit certainement un coup Il va décéder six mois plus tard.
 
En réalité, un différend avait éclaté entre Monsieur Caillaux, inspecteur des Monuments Historiques et notre « Gustave ». C’est ainsi que les quatre premières statues quittèrent leur niche. Nous ignorons sur quoi portait exactement le litige : une question de forme (le fait d’avoir pris une telle initiative sans en référer aux Beaux-Arts), ou sur une question de fond (les principes en vigueur en matière de restauration).
 
Les quatre statues furent entreposées au presbytère. L’une y est toujours. Elle mesure 90 cm de hauteur. Elle est habituellement présentée comme statue de Saint Barthélemy, qui était bien un apôtre de Jésus, et qui a subi le martyre, écorché vif. Les attributs traditionnels de sa statuaire ou des peintures qui le représentent sont ou bien le coutelas (qui aurait servi à l’égorger) ou bien une peau humaine (la sienne) qu’il brandit dans sa main. Or la statue que l’on peut voir au presbytère représente un personnage tenant à la verticale contre son corps une scie de long et fait allusion à une mort par tronçonnage à l’aide d’une telle scie. C’est ainsi qu’est habituellement représenté Saint Simon, autre apôtre. Alors ?
 
Une autre statue se trouve à « la Retraite » de la rue Verdelet à Quimper. Elle représente un Saint Pierre portant une énorme clef
 
Une troisième a trouvé niche à Léchiagat, dans un mur extérieur de la Chapelle Notre-Dame des Flots. La paroisse de Léchiagat a été créée dans les années 1958 - 1960. Cette statue a pu lui être offerte pour la décoration de sa chapelle récemment bâtie. Elle présente un Saint Jean, l’Evangéliste, portant une coupe, symbole de la coupe de poison qu’on lui aurait fait boire à Ephèse : il n’en fut nullement incommodé, tandis que les deux goûteurs qui en ont bu en même temps que lui succombaient. C’était la preuve de la supériorité du Dieu chrétien sur les idoles.
Et il n’y a donc toujours pas de statues dans les niches du calvaire.
 
Jean Guéguen et François Ac’h - « Keleier Arkae » n° 51, juin 2007.
 
1 Il s’agit sans doute du groupe sculpté habituellement appelé « La mise au tombeau ».
2 Statue encore appelée ‘Le Christ aux liens » ou « Le Christ aux mains liées ».. On doit comprendre que ces deux éléments, positionnés de part et d’autre (face ouest et face est) se trouvaient auparavant plus en hauteur,adossés au fût monolithe de la croix.
 

Trésors d'archives > Pat. religieux > L'église Saint-Guinal à la fin du XVIIe

L'église Saint-Guinal à la fin du XVIIe

 
Différents documents, relatifs entre autres à Guy Autret de Missirien, permettent de reconstituer partiellement l’église paroissiale d’Ergué-Gabéric telle que l’on pouvait la connaître à la fin du XVIIe siècle :
 
En 1503, la tombe des seigneurs de Kerfors se trouve aussi « du cotté de l’epittre ». Il s’agit très probablement de l’enfeu (niche funéraire) qui subsiste aujourd’hui et qui porte les armoiries (cor de chasse dit greslier) des Kerfors.
En 1510, les seigneurs de Lezergué détenaient « armes et armoiries tant en ceintures, liziere (bande horizontale décorée de blasons), tombes, enfeu, avec aultres droicts et préminances. »
 
En 1634, Guy Autret fait reconnaître par les paroissiens le banc privatif des Lezerguéqui était sur leur tombe.
 
On trouve en 1652 la précision que ce « bang [se trouve] au cœur d’icelle esglise» et la tombe « au milieu du cœur de l’esglise parroissiale d’Ergué Gabellic. »
En 1638, lorsque Guy Autret achète le manoir de Kerfrez, il acquiert alors la tombe des seigneurs de Kerfrez dans l’église paroissiale, tombe qui est voisine de celle des seigneurs deCréac’h-congar, et lui échoient aussi les armoiries des seigneurs du Plessix, anciens seigneurs de Kerfrez, présentes à Saint-Guinal.
En 1647, il détient une tombe au milieu du chœur, et en plusieurs lieux apparaissent les armes de Lesergué, Kerfrez et Créac’h-congar, il a droit de bandeau funèbre (c’est-à-dire de voir à son enterrement l’église ornée de bandeaux noirs avec son blason), et lui incombent les armoiries de « Lesergué » - en fait des Coetanezre : de gueules à trois épées d’argent, garnies d’or, les pointes en bas, rangées en bande - qui figurent dans la maîtresse vitre, dans la chapelle Saint Guezennec (à gauche du chœur) et sur quatre autres vitres. La possession du manoir de Créac’hcongar lui permet de disposer d’une tombe et enfeu au haut du chœur de l’église.
 
Les deux retables datent du XVIIe siècle. Et l’orgue Dallam construit vers 1680 complète alors l’agencement connu de Saint-Guinal à l’aube du XVIIIe siècle.
 
Photo : la maîtresse-vitre, dans sa partie basse, date de 1515. François de Liziard et son épouse, qui vécurent entre 1481 et 1540, se sont faits représenter dans la vitre de la chapelle latérale sud.
Norbert Bernardkeleier arkae n°16 - janvier 2002.

 

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Trésors d'archives > Pat. religieux > La Chapelle Saint-Guénolé

La chapelle Saint-Guénolé
 

La vie de Saint-Guénolé

Nous n’allons pas ici réécrire une vie de saint Guénolé. Citons les documents les plus anciens où elle se trouve retranscrite :
  • le cartulaire de Landévennec, en latin. La partie historique consiste en la narration de la vie de saint Guénolé avec : 
- La Petite Vie de saint Guénolé, par l’Anonyme de Landévennec ;
- La Grande Vie par Gurdisten, IXe abbé de Landévennec, augmentée de commentaires ascétiques et parsemée de poèmes ;
  • in La Vie des saints Bretons d’Albert Le Grand.
  • Nombreuses autres vies de saints, écrits concernant Landévennec (frère Marc de Landévennec : l’ Abbaye de Landévennec de Saint-Guénolé à nos jours, Ouest-France, Rennes), monographies paroissiales, traditions populaires (légende de la ville d’Is).
 
Archives Arkae Pat religieux > Saint GuénoléNous nous attacherons plutôt à quelques épisodes particuliers de sa vie qui la rendent caractéristique.
Tout d’abord, l’historicité de saint Guénolé semble aujourd’hui  bien établie. Les récents travaux sur l’histoire de l’Abbaye de Landévennec ont permis d’attester la présence d’un saint ermite vers la moitié du VIe siècle à proximité du monastère primitif de Landévennec. Nous ne possédons pas toujours d’éléments aussi fondés concernant l’existence de ceux qui sont devenus nos saints bretons.
Saint Guénolé compte parmi les premiers saints nés sur la sol armoricain. A ce titre, il figure donc au nombre des 7 saints fondateurs de Bretagne. 
Ses parents, Guen et Fragan, sont, comme cela se produit souvent dans la généalogie de nos premiers saints bretons des nobles émigrés de Bretagne insulaire. Son père est un neveu de Conan Mériadec. Fragan débarque en baie de Saint-Brieuc vers le début du VIe siècle avec son clan. L’étymologie en perpétue la tradition : Plouffragan serait ainsi l’endroit où il s’installa.
Elève modèle et doué, il se distingue aussi par ses premiers miracles: il rétablit la jambe brisée d’un camarade, en sauve un autre d’une morsure de serpent, ressucite un jeune homme tombé de cheval…
Mais le miracle le plus touchant est celui qu’il accomplit pour sa sœur Clervie. Un jars a arraché un œil à Clervie et l’a avalé. Un ange apparaît en songe à Saint-Guénolé pour lui enjoindre d’intervenir. Il lui indique que le coupable est le plus beau jars du troupeau. Saint-Guénolé retourne donc chez ses parents, s’empare du jars, l’éventre et retrouve l’œil de sa sœur. Il le replace aussitôt dans son orbite. Le jars ne se ressent nullement de l’opération et rejoint ses congénères...
Saint Patrick vient en rêve lui annoncer que le temps est venu pour lui de partir sur les routes pour poursuivre l’évangélisation de l’Armorique. Les pas de Guénolé le mènent à l’embouchure de l’Aulne, non loin de l’endroit où l’on a trace du monastère primitif. Guénolé ne l’a pas à proprement parlé fondé car sa construction est postérieure d’un siècle à la mort de Guénolé.
C’est à cet endroit que le roi Gradlon serait venu le trouver pour se mettre sous sa protection. Guénolé serait  devenu son conseiller, souvent invité par Gradlon dans sa ville d’Is. Ayant reconnu en Dahut, la fille du roi, un être compromis avec le démon, il jette l’anathème sur Is mais sauve Gradlon de la destruction de sa cité par les flots.
 
Photo : Saint Guénolé - pierre calcaire polycrome : visible dans la chapelle du Quellennec. Il porte le vêtement de l'abbé et un linge dans sa main droite afin de ne pas abîmer sa crosse. Sans doute oeuvre d'importation, vu la nature de la pierre.
 
Saint Guénolé aurait introduit le pommier en Armorique !
A Carnac, chapelle de Koetatos, on le prie pour avoir une abondante récolte de pommes de bonne qualité.
 
Il est intéressant de noter qu'Ergué-Gabéric possède deux édifices dédiés aux 2 premiers abbé de Landévennec : saint Guénolé et saint Guénaël (saint Guinal) son saint patron.
 
Vertus de Saint Guénolé :
Il protège les marins (pardon avec procession en mer à Penmarc'h, premier dimanche de septembre.

Les paysans l'invoquent pour faire mûrir les moissons.

 

 

La Fondation de la chapelle du Kelenneg

Un édifice mentionné à la fin du XVIe siècle
En 1516, l’Abbaye de Landévennec possédait au Quellennec en Ergué-Gabéric des terres tenues par Yvon de Menguen. Cet aveu ne mentionne pas la présence d’une chapelle. Elle n’est attestée qu’en 1639 dans un aveu de l’Abbé PierreTanguy concernant les possessions de l’Abbaye au Quellennec. D’autres aveux du XVIIe siècle. confirment outre l’existence de la chapelle celle d’une fontaine à «  Monsieur Sainct Guénollay ».
Couffon et le Bars dans leur répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper font remonter l’élévation de la chapelle au début du XVIe siècle Louis Le Guennec, dans un article paru en 1929 dans le bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzévot » fait remarquer qu’un vitrail porte la date de 1554. Mais ce vitrail n’existe plus.
 
Une fondation des Sieurs de Kerfors
Par un aveu de 1680 conservé aux archives de Nantes et signé Jan de La Marche, nous apprenons que les seigneurs de Kerfors revendiquaient la fondation de la chapelle : 
« … connaît estre fondateur d’une chapelle… en l’honneur de monsieur Saint Guénollay pour avoir icelle esté bâtie en son fonds par par la concession de ses prédécesseurs et avoir un écusson taillé en bosse dans le pignon occidental au dessus de la principale d’icelle et estre fondé de mettre et apposer ses armes en tout endroit d’icelle… »
L’initiative de la fondation remonterait donc à un certain Pierre de Kerfors qui signe des aveux en 1539 et 1549. Il semble que la fondation de la chapelle soit dûe à une convergence d’intérêts entre les moines et les sieurs de Kerfors. Mais, si les premiers citent la chapelle dans leurs biens en 1639, les sieurs de de Kerfors ne manquent pas 40 ans plus tard de réaffirmer leurs prééminences sur la chapelle.
 

Archives Arkae pat religieux > Saint CorentinUn souci permanent de maintenir l’édifice en état

1679 : le lambris est refait ainsi que l’indique l’inscription  dans le bas-côté sud de la chapelle.
1777 : la cloche « fendue depuis longtemps » est fondue chez le sieur Goubelin à Quimper. Elle pesait 291 livres.
1794 : procès verbal d’expertise des biens du Clergé: « elle est en très bonne réparation, plafonnée en entier à neuf… »
1943 : dépôt pendant la période de la guerre, de 722 caisses contenant les vitraux de Saint-Corentin, Saint-Matthieu, Penmarc’h, Peumerit, Pont Croix. En échange, la toiture a été réparée et des grillages ont été placés aux fenêtres.
1974 : restauration de Jean-Marie Puech, évoquée dans le bulletin municipal.
 
Photo : Saint-Corentin - bois polychrome : il occupe à Saint-Guénolé la place qui devrait être celle de la statue su saint patron, à droite lorsqu'on regarde l'autel.

Les destructions :

Haut du calvaire dans un talus proche de la chapelle

En 1794 le calvaire est encore debout. Le commissaire expert, dans son procès verbal d’expertise des biens du Clergé, inventorie « une croix en pierre de taille ayant un piédestal de 8 pieds de haut sur huit pieds de largeur dans les quatre faces. ». Ainsi, la Révolution lui fut peut-être fatale comme à tant d’autres éléments du patrimoine religieux. Aujourd’hui, il n’en reste que le vestige exposé dans la chapelle.

Photos :
Haut du calvaire dans un talus proche de la chapelle
Clocher de la chapelle Saint-Guénolé - octobre 1983

Arkae > Tresors Archives > Patrimoine religieux > St-guenole-clocher 1911L’année 1911, le recteur Lein note dans son journal : « Le clocher de st Guénolé a été atteint par la foudre le 10 juillet vers midi et le toit est très endommagé. L’on a refait  le clocher en ciment armé, mais le clocher est désormais et moins beau et moins haut….Les ouvriers avaient brisé une partie des pierres de l’ancien clocher et s’en étaient servis pour faire la maçonnerie de la base du nouveau clocher. Pour ce travail, M. le maire s'était entendu avec M. Hervénou, entrepreneur à l'Hôtel, Ergué-Gabéric. On a dépensé pour tout ce travail 1 600 francs (dont 6 ou 700 fournis par la compagnie d'assurances, 500 par l'église d'Ergué-Gabéric et le reste par le conseil municipal (la commune). Le jour même où le clocher avait été abattu, la foudre aussi avait tué plusieurs bêtes à corne chez Rannou.»

Extrait du journal de M. Lein, recteur d'Ergué-Gabéric de 1909 à 1914.

 
Les intempéries furent les autres ennemies de Saint-Guénolé. On voit encore sur les dalles  de la chapelle, près de la porte occidentale, le ciment qui a servi à niveler le sol lorsque le clocher s’est effondré, crevant le toit et endommageant l’intérieur.
 
 
 
Saint Guénolé est fêté le 3 mars.
C'est pourquoi un petit pardon a lieu le premier dimanche de mars. A Ergué-Gabéric, le grand pardon a traditionnellement lieu le 2 juillet.
 
La trêve de Saint-Guénolé était une des plus importante de la paroisse par sa superficie. Les village de Tréodet, Kerrous, Skividan, LeLec, Kerfrés, Stanc Quéau, Kernoas, Griffonès, Quellenec, Beg ar Menez, Penanec'h, Kermorvan en faisaient partie.
 
 
Bernez Rouz - Keleier n°4 juillet 2000