Le retable de Kerdévot > Revue de presse

Restauration du retable de Kerdévot : la revue de presse

 
Ouest-France - jeudi 10 novembre 2011

Étude et protection du retable, trésor de la chapelle de Kerdévot - Ergué-Gabéric

En novembre 2010, le retable anversois, véritable trésor de la chapelle de Kerdévot, a été démonté par des spécialistes pour prendre la direction de l'atelier régional de restauration du patrimoine, à Kerguehennec dans le Morbihan. Il devrait retrouver sa chapelle à l'été 2012.

Déjà en partie restauré, il va faire l'objet d'une étude historique et artistique (5 600 €), d'un complément de conservation restauration (6 000 €), et d'une nouvelle présentation sécurisée dans la chapelle (24 000 €). Lundi soir, l'ensemble des conseillers a approuvé le lancement de ces travaux subventionnés à un minimum de 75 %. Il restera à la charge de la commune un maximum de 9 300 €.

Vitre protectrice coulissante

Seule l'étude historique et artistique chiffonne René Querrec d'Ensemble à gauche : « En période de crise, ces études, qui coûtent chères, pourraient être reportées. » Ce n'est pas l'avis de Jean-Paul Le Pohon qui estime que cette étude présente « beaucoup d'intérêt ». Elle permettra aux chercheurs de mieux documenter l'histoire de l'oeuvre et d'approfondir la culture artistique flamande de l'époque (1 500). Pour lui, les 9 300 € restants à la charge de la commune « peuvent se concevoir ».

Le maire n'a rien à ajouter, sauf à l'élu des Verts : « Nous t'avons écouté religieusement. »

L'étude historique et artistique portera sur l'analyse des décors du retable, la datation exacte de l'oeuvre, l'histoire des retables. Le complément du travail de restauration, déjà réalisé, concernera des traitements, la consolidation et la désinfection préventive du bois.

Le nouveau système de présentation du retable dans la chapelle de Kerdévot comprendra une base adaptée aux dimensions de l'autel en pierre, une caisse qui garantira une bonne ventilation et interdira l'accès aux rongeurs, une façade vitrée montée sur rails coulissants et ouvrant en trois parties verticales, des serrures. La disposition des vitres permettra une bonne lecture des statuettes de façade.

Le retable flamand, en chêne polychrome et doré, raconte la vie de la Vierge : nativité, dormition, funérailles, couronnement de la Vierge. Au XVII e siècle, ont été rajoutées les scènes de l'adoration des mages et de la présentation au temple.

À l'époque, l'importance des échanges commerciaux, par voie maritime, entre la Bretagne et les Flandres peut expliquer la présence de ce retable à Kerdévot.

 

Ouest-France - mardi 20 décembre 2011

Le retable de Kerdévot sera de retour l'an prochain - Ergué-Gabéric

Retable flamand de Kerdévot Article Ouest France 20 dec 2011Jean-René Blaise, adjoint chargé de l'environnement, du patrimoine et de la culture, prévoit que le retable de Kerdévot sera de retour en 2012 « sans doute avant le pardon de septembre. »

En novembre 2010, le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot, avait pris la direction de l'atelier régional de restauration du patrimoine, à Kerguehennec dans le Morbihan, pour des travaux de restauration et de conservation.

Le retable va faire l'objet d'une étude artistique et historique qui permettra aux chercheurs de mieux documenter l'histoire de l'oeuvre et d'approfondir l'histoire flamande de l'époque (1 500). Cette étude, d'une valeur de 5 600 €, sera menée durant les mois de janvier et de février.

D'autre part, un maître d'oeuvre va être désigné, fin janvier, pour coordonner différentes opérations : fourniture d'un caisson de transport, 2 600 € ; fabrication d'une base adaptée au retable, 4 000 € ; fourniture et pose d'une vitrine devant le retable, 12 550 € ; installation d'un système d'alarme détecteur de mouvements, sirène intérieure et extérieure, avec report d'alarme sur astreinte, 5 000 € ; transport et installation, 3 800 € ; transformation de l'autel néogothique, 700 €.

Le conseil municipal a validé, par anticipation au budget 2012, un crédit de 45 000 € pour l'ensemble des travaux. Des travaux qui devraient être subventionnés à hauteur de 75 % minimum.

 

Ouest-France - 28-29 janvier 2011

Une pétition contre la fermeture de l’Atelier de restauration

Les personnels de l’Atelier restaurent des pièces de l’art religieux. Comme ici le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric, une pièce maîtresse restaurée ici.« L’Atelier Régional de Restauration en danger ». Une pétition circule actuellement sur internet en direction du conseil général du Morbihan et du conseil régional de Bretagne sur le risque de fermeture de l’atelier régional de Bretagne, installé dans des locaux du domaine de Kerguéhennec. Cette fermeture, que les personnels craignent pour l’été 2012, entraînerait la perte des sept emplois.
Pour ces personnels cette fermeture est liée « à une baisse drastique des subventions. Celles attribuées jusqu’à présent à l’Atelier risquent d’être considérablement réduites. Sans ces subventions l’Atelier ne pourra plus fonctionner, ni assurer sa mission de service public. »
Le conseil général du Morbihan, propriétaire des lieux, prévoit une nouvelle affectation des locaux dès 2013 pour l’ouverture d’un centre dédié au peintre Pierre Tal-Coat. « Ces locaux ont pourtant été aménagés tout spécialement pour la mission de l’Atelier, dans l’aile ouest du château de Kerguéhennec, grâce à d’importants financements publics émanant de la région, de l’État et de l’Europe. »
Ces aménagements concernent le système de conditionnement climatique, l’installation d’une salle de radiographie, des salles équipées de systèmes de surventilation. « Cette situation met en péril l’existence même de la structure qui, depuis 1984, oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine breton », dénoncent encore les personnels. Ils tiennent à sensibiliser les pouvoirs publics sur l’intérêt que le public porte à l’Atelier régional de restauration créé à l’initiative de l’association des conservateurs de Bretagne, par la région Bretagne et le département du Morbihan.
 
Un dossier suivi
Conseiller général du canton de Saint-Jean-Brévelay, Guénaël Robin suit de très près ce dossier. L’Atelier de restauration de Kerguéhennec est installé dans des locaux appartenant au conseil général. « Comme les élus de Bignan, j’apporte mon soutien au travail remarquable de cet atelier qui dispose d’outils performants pour mener à bien sa tâche. Je souhaite qu’il demeure à Bignan. » Le conseiller général explique que, toutefois, deux domaines sont à prendre en considération : les statuts de l’atelier qui fonctionne actuellement sous forme associative et qui est subventionné par le conseil général et le conseil régional. Ces statuts font actuellement l’objet d’une étude d’un cabinet spécialisé. Le cadre juridique doit être en concordance avec le dispositif imposé par l’Union européenne.
La seconde question est la reprise de ces locaux par le centre d’art contemporain pour y créer le centre Tal-Coat ? Sur ce point Guénaël Robin précise qu’il est intervenu personnellement auprès de François Goulard, président du conseil général. « Je ne ferai rien qui puisse porter atteinte à l’atelier de restauration. » Pour Guénaël Robin, aucune décision ne sera prise avant les conclusions de l’audit qui pourrait ouvrir une porte vers une autre formule de fonctionnement.

Photo : Les personnels de l’Atelier restaurent des pièces de l’art religieux. Comme ici le retable anversois, trésor de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric, une pièce maîtresse restaurée ici.

 
 
 
Ouest-France - jeudi 7 août 2013

Le retable de Kerdévot a rajeuni grâce à Marie-Cécile Cusson

Restauration retable de Kerdevot« Toute petite, je bricolais avec mon père. J'ai toujours aimé toucher et sentir les matériaux », raconte Marie- Cécile Cusson. Elle fait un peu partie de l'histoire de Kerdevot. Car c'est la restauratrice qui a mené, avec son équipe, la renaissance du retable flamand de la chapelle. Originaire de Charente-Maritime, Marie-Cécile a obtenu son diplôme en 1992, à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle entre, en 1993, à l'atelier régional de restauration de Kerguéhennec. En 2010, le retable fait son entrée à J'atelier. " Pour commencer le traitement, nous l'avons conditionné dans une poche spéciale hermétique pour capter l'oxygène et détruire les insectes et microorganismes présents. Cette opération prend quatre mois ", explique Marie-Cécile Cusson.

Un retable de 524 ans

« Ensuite, commence le traitement avec l'injection et le badigeonnage des zones boisées, le refixage des écailles, le dépoussiérage de l'œuvre, la consolidation du bois. » Le caisson de l'époque était victime du développement de micro-organismes. « À l'atelier, les études ont pu être réalisées sous contrôle hygrométrique constant, dans des conditions de confort optimal. » Depuis avril dernier, le retable a retrouvé une nouvelle jeunesse malgré ses 524 ans, et sa place dans la chapelle de Kerdevot. « Il faut maintenant penser à un suivi annuel pour constater l'évolution des conditions de conservation de l'œuvre », précise la restauratrice. Le retable, protégé des agressions par une vitrine spécialement conçue, est donc prêt à recevoir les visiteurs.

Jusqu'au 30 août, le retable de Kerdevot est visible à la chapelle, du mardi au dimanche, de 14 h 30 à 18 h 30 et le mercredi, de 14 h 30 à 20 h. Fermé le lundi.

Photo : Marie-Cécile Cusson, restauratrice du retable de Kerdevot.

 
 
 

Trésors d'archives > Dossiers > Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905

Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905
 
 
 
> Site officiel de Jean-Marie Déguignet mis en place par l'association Arkae, éditeur des Mémoires d'un paysan bas-breton.
 
 
 

 


Trésors d'archives > Dossiers > L'orgue Dallam de Saint-Guinal

L'orgue Dallam de Saint-Guinal

 

Historique

On ne possède guère d'archives sur l'orgue d'Ergué-Gabéric, aussi devons-nous nous baser sur l'examen de l'instrument lui-même pour en reconstituer l'historique. Une date apparaît sur le buffet : 1680, et la comparaison avec les orgues de Ploujean, Saint-Melaine de Morlaix, Guimiliau, Sizun et Rumengol nous permet d'attribuer la paternité de cet orgue à Thomas Dallam, sieur de La Tour.
 
 
Arkae > Trésors d'archives > Orgue de Dallam
Ce facteur, d'origine anglaise, est né vers 1630, dans une famille catholique originaire du Lancashire. Son père, Robert Dallam, était déjà célèbre en Angleterre, mais il dut s'exiler au moment de la Révolution puritaine qui interdit l'usage de l'orgue dans les églises et se réfugia à Quimper en 1642.

Il fut chargé de construire le grand orgue de la cathédrale, et la famille Dallam garda longtemps des attaches avec Quimper. En 1660, à la restauration de la monarchie anglaise, Robert Dallam rentra dans son pays, mais son fils Thomas resta dans le Finistère où il s'établit et travailla sans relâche jusqu'à sa mort à Guimiliau en 1705. On lui doit les orgues déjà citées ainsi que d'autres disparues depuis.

L'orgue de Ploujean, près de Morlaix, fut commandé en 1677 et terminé en 1680 ; il est donc contemporain de celui d'Ergué, avec lequel il présente de nombreuses analogies : les deux orgues ne possèdenr qu'un seul clavier à l'arrière du buffet, et tous deux se trouvent placés en bord de tribune, tels des positifs.
 

Restaurations

Ce qui fait l'intérêt de l'orgue d'Ergué-Gabéric, c'est qu'il fut très peu retouché au cours des siècles. Quelques réparations eurent lieu en 1845, consécutives à des dommages causés par la chute du clocher en 1836. Ces modestes travaux, réalisés par un artisan originaire du Morbihan, François Bardouil, permirent à l'instrument de poursuivre sa carrière jusqu'en 1902, lorsque les Wolf, facteurs d'origine suisse établis à Quimper, effectuèrent une intervention pour 1.200 F.

Quelques années plus tard cependant, il semble que l'orgue soit devenu muet, et ce triste état devait durer jusqu'en 1980. L'instrument tricentenaire, classé Monument Historique, fut alors restauré par Jean Renaud sous la direction de Jean-Albert Villard. L'objectif était de revenir autant que possible à l'état de 1680. Les travaux portèrent sur la remise en état de la tuyauterie, de la soufflerie, du sommier, de la mécanique des claviers et des registres, ainsi que sur le buffet et la tribune.
 
On le voit, l'histoire de ce petit instrument comporte encore des zones d'ombre, et mériterait d'être mieux connue, ainsi que les circonstances de sa construction. Tel qu'il est cependant, il représente surtout depuis 1990, un excellent exemple de la facture de Thomas Dallam et permet de retrouver des sonorités oubliés depuis bien longtemps.

 

Arkae > Trésors d'archives > Orgue de Dallam

Partie sonore et buffet

Composition actuelle (conforme à la composition d'origine, 1680) :

  • Clavier de 48 notes, Ut à Ut sans premier Ut#
  • Bourdon 8
  • Montre 4
  • Flûte 4 à cheminée
  • Nasard 2 2/3
  • Doublette 3
  • Tierce 1 3/5
  • Fourniture III
  • Cymbale II
  • Cornet V (de Ut 3)
  • Trompette 8 (en basses et dessus, coupure entre Ré# et Mi)
  • Voie humaine 8 (idem)


Le tempérament est inégal, proche de celui préconisé par Schlick, mais légèrement moins affirmé. La composition du plein-jeu est conforme à celle de l'orgue français classique, par exemple à celle de Dom Bédos, avec les reprises sur les Fa et Ut.

Les tailles des tuyaux sont homogènes par famille de jeux : une taille pour les principaux, une pour les jeux flûtés. Le bourdon 8 possède des tuyaux de plusieurs jeux anciens, bourdons ou flûtes. La trompette 8, de Dallam, n'a probablement pas été d'abord destinée à Ergué-Gabéric. Les tuyaux, trop longs ne pouvaient trouver place dans le buffet, et elle parle mieux avec une pression légèrement plus basse que celle des autres jeux.

Les bouches sont assez basses. Beaucoup avaient été relevées au cours des siècles, mais il a été possible de retrouver la hauteur d'origine, en se basant sur quelques tuyaux témoins, pratiquement non retouchés depuis leur fabrication.

Arkae > Trésors d'archives > Dossier > Orgue de DallamLe buffet a retrouvé sa polychromie et ses dorures anciennes, que le XIXe siècle avait camouflées sous une couche de peinture marron. La tourelle centrale a la forme d'une proue de navire, ce que l'on retrouve dans les autres buffets Dallam, les tourelles latérales, plus courtes, s'arrondissent au-dessus des encorbellements.

La décoration sculptée est des plus simples dans la partie basse, mais s'orne d'anges à la trompette dans les hauteurs. On trouve aussi des anges musiciens sur les fresques décorant la tribune avec l'inscription en latin "Laudate Dom in timpano et choro. Laudate Eum in chordis et organo". Ces panneaux peints, eux aussi restaurés en 1980, rehaussent le buffet de leurs chaudes couleurs.

Depuis quelques années, le Finistère peut s'enorgueillir de posséder trois orgues de Thomas Dallam en état de jouer, ceux de Ploujean, Guimiliau et Ergué-Gabéric, tous classés. Leur restauration a été confiée à des facteurs différents, mais on retrouve des caractéristiques communes dans les éléments constitutifs de leur sonorité, c'est-à-dire la forme des tuyaux, leur embouchage, le vent, la taille des gravures des sommiers, etc.

On ira donc à Guimiliau écouter un grand orgue Dallam de trois claviers et pédalier, pouvant interprêter avec raffinement toute la musique ancienne ; on ira à Ploujean pour écouter un Dallam de taille moyenne, à un clavier et pédalier ; on ira à Ergué-Gabéric pour écouter un petit Dallam à un seul clavier, aux riches possibilités malgré sa taille - et son ramage étant égal à son plumage, on goûtera le chatoiement de ses ors et de ses couleurs.
 
Texte de présentation de l'orgue rédigé par Michel Cocheril
 
 
 
 
 

Trésors d'archives > Dossiers > Odet Bolloré

Odet Bolloré

 
De René Guillaume Bolloré, qui posa avec Nicolas Le Marié la première pierre de la « manufacture de papier à cylindre » à Odet en Ergué-Gabéric, au docteur Jean-René Bolloré qui fit réaliser les premiers essais de production de papier mince, parachevés par son successeur René Bolloré, chaque génération de cette famille d’industriels, qui a mis au point le célèbre papier à cigarettes OCB, a apporté sa contribution à la recherche des procédés de fabrication performants et de débouchés.

L’entreprise sera reprise en 1981 par Vincent Bolloré. Ergué-Gabéric est devenu le siège social du groupe Bolloré et les récentes usines installées au centre de la commune (film plastique, batteries au lithium) symbolisent l’attachement du groupe industrel à ses racines.

On trouvera dans ce présent dossier les pages de l'histoire qui ont fait les débuts de l'aventure Bolloré tout au long du 19e et du 20e siècle.
 
  • La création. L'aventure des Bolloré qui ont créé à Odet une manufacture de papier à cylindres.
  • La Fabrication du papier. Les secrets de fabrication du papier à cigarettes OCB à partir de chiffons
  • Enquête sur le canal. Les travaux du petit et grand canal de l'usine Odet, ses écluses, ponts et moulins
  • Réjouissances et fêtes. La fête du centenaire des papeteries de Cascadec et d'Odet en 1922 au travers de 55 cartes postales Villard.
 
 
 
 
 

Trésors d'archives > Dossiers > Le retable de la chapelle de Kerdévot

Le retable flamand de Kerdévot

 
Le retable flamand du XVe siècle est le joyau de la chapelle de Kerdévot.  Il n'en existe que deux en Bretagne celui de la cathédrale de Rennes et celui d'Ergué-Gabéric. Ce chef d'oeuvre a été étudié par Gildas Durand et photographié par l'Abbé Morvan lors du cinquième centenaire de la chapelle en 1989. Il a fait l'objet d'une publication Kerdévot 89 aujourd'hui épuisée.
Le retable de Kerdévot
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Photos : (à gauche) Le retable de Kerdévot (photo 1989).
(A droite) Le retable de Kerdévot surmontée de la statue de la Vierge Notre-Dame de Kerdévot (photo d'avant guerre 39-45).  Le retable a été déplacé en 1945.

 

Fiche signalétique

Dimensions 
Largeur : 310 cm au total, 100 cm pour un panneau
Hauteur : 170 cm au total, 85 cm pour un panneau
Materiau & technique
6 scènes sculptées en bois Ronde-brosse dorée, argentée, et polychromée.
Etat
Etat ancien : problablement en forme de T renversé. Les deux scènes latérales supérieures furent ajoutées au XVIIe siècle. Fort dégradé par des vols. Les lettres que portaient le Grand Prêtre de la Présentation et son acolyte, sur leur couvre-chef respectif, ont disparu lors de la «restauration». Les carnations des visages sont des exagérations naïfiantes. Classé Monument Historique le 14 juillet 1898 pour les parties originelles et le 23 juillet 1931 pour les partie modernes. Le 6 novembre 1973, 11 statues furent volées de l'ensemble, certaines sont retrouvées en avril 1974.
Datation & attribution
1480-1490, et ajouts du XVIIe siècle. Malines pour la huche ; Malines et Anvers pour les figures.
Bibliographie
Parmi une bibliographie assez vaste, retenons : Major FATY BSAF VIII 1880-81, 56-61 Abbe FAVE BSAF XXI, 1894, 102-108 JM ABGRALL BSAF XXI 1894,94-101 Gildas DURAND : thése de doctorat en Histoire de l'Art. Kerdevot 89, livre d'or du cinquième centenaire
 

La légende du retable

Jean-Marie Déguignet, dans ses Contes et légendes populaires de la Cornouaille bretonne, nous relate la légende :  
« Les deux plus grands miracles qu'on attribuait à cette Mère de Dieu [de Kerdévot] étaient d'abord d'avoir fait venir dans sa chapelle un grand tableau sculpté représentant toutes les aventures de son fils aîné, et d'avoir empêché durant le grand choléra d'Elliant, ar Vosen, la peste personnifiée, d'entrer dans sa paroisse. 
Le grand tableau avait été vu voguant au hasard sur un bateau plat dans la baie de Quimper. De loin, on le voyait briller au soleil et il paraissait tout en or, mais dès que l'on essayait de l'approcher il disparaissait. Tous les curés des paroisses environnantes étaient venus là en grande procession, essayant d'attirer à eux cette merveille mystérieuse. Mais toujours le tableau s'éloignait d'eux et s'évanouissait. Enfin, les curés d'Ergué-Gabéric après avoir été aussi au nom de leur saint patron Guinal songèrent à y retourner au nom de la Dame de Kerdévot. Cette fois, aussitôt que la procession arriva en vue de la baie, le tableau vint de lui-même au bord, et les curés et les assistants ne furent pas étonnés de voir là à côté d'eux une charette avec deux beaux boeufs attendant le tableau. 
On le chargea dans cette charette inconnue, et aussitôt les boeufs partirent et allèrent seuls et en droite ligne à Kerdévot où ils se placèrent avec leur grande merveille devant la grande porte d'entrée, pendant que les cloches s'étaient mises en branle toutes seules.
Ce tableau fut placé sur l'autel où il est encore aujourd'hui et au-dessus duquel dominait la Mam Doue devenue grâce à Pie IX, la vierge immaculée.  Les boeufs restèrent par là et les cultivateurs pouvaient les prendre quand ils voulaient pour travailler, mais à condition de ne les tenir que depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher.
Un jour un cultivateur, voulant achever une besogne quelconque, les garda après le coucher du soleil ; depuis, on ne les revit plus. On montre encore aujourd'hui deux auges en pierre dans lesquelles ces deux bonnes bêtes trouvaient toujours de l'eau à discrétion. »
 

Description des scènes

Le retable englobe six scènes, d'une iconographie cohérente.
Initialement, le retable se composait de quatre scènes :la Nativité ou Adoration des bergers, la Dormition de la Vierge, ses funérailles, son couronnement.
Vinrent s'ajouter à la forme originelle l'Adoration des Mages et une Présentation au Temple.
 
Arkae > Le retable de Kerdévot > Adoration des bergersNativité, Adoration des bergers
C'est le tableau qui a le plus souffert du vol de 1973.  Il avait été amputé de 5 statuettes. Celle de la Vierge, la plus belle de l'ensemble, les mains jointes, la tête penchée, contemple son fils étendu à terre sur un pan de son manteau. Ont encore été volées, puis retrouvées, les statuettes de St-Joseph, d'un joueur de cornemuse, d'une femme portant une lanterne. Le petit ange, volé lui aussi, a réintégré sa place. Dans l'arrière-plan, derrière une clôture en osier, un très bel ensemble de trois bergers contemplant la scène. A remarquer la naïveté de leurs traits et leur expression admirative. L'un deux joue de la musette. Un quatrième, encapuchonné, apparaît derrière une petite fenêtre. Le boeuf et l'âne jouent leurs rôles. La moitié de la scène est abritée par une toiture délabrée, la charpente à nu.  Photo détail  
 
Arkae > Le retable de Kerdévot > Dormition de la ViergeDormition de la Vierge
Marie est étendue sur sa couche, enveloppée dans son manteau, les bras croisés : à remarquer l'expression de sérénité, de paix, qui se dégage de ses yeux, restés ouverts. Trois statuettes volées, au devant de la scène, manquent à l'appel. L'absence de ces trois apôtres nuit à la profondeur de la scène. Derrière le lit funèbre sont groupés huit Apôtres dont trois portent des cierges, un au chevet, St-Jean, remarquable par sa jeunesse et sa chevelure blonde, St-Pierre revêtu d'une chape, empreint de gravité sereine. Tous contemplent Marie avec une expression de douleur immense, notamment St-Jean, l'Apôtre aux mains jointes et les deux qui s'essuient les yeux avec un pan de leur manteau. Deux petits anges, les mains jointes, vêtus de dalmatiques, planent dans les airs. Photo détail    
 
Arkae > retable de Kerdévot > Funérailles de la ViergeFunérailles de la Vierge
Deux apôtres portent respectueusement sur leurs épaules le brancard sur lequel repose le corps de la Vierge. Les dix autres, avec St-Jean en tête portant un cierge, forment un cortège plein de douleur. Trois soldats romains veulent s'opposer à la marche du cortège et portent une main sacrilège sur le brancard. Leurs mains se détachent de leurs bras et restent fixés au brancard qu'ils ont touché. On les voit, tombés à la renverse, se tordre de douleur. Cette légende, qui avait cours au Moyen-Age, est tirée des Evangiles apocryphes, et est également consignée dans le mystère breton du Trépas de Dame la Vierge Marie publié par M. de La Villemarqué, auteur du Barzaz BreizPhoto détail
 
Arkae > Le retable de Kerdévot > Couronnement de la ViergeCouronnement de la Vierge
C'est un tableau merveilleux dans sa composition, l'attitude des personnages, les visages empreints de majesté du Père éternel et du Fils, la sérénité du visage de Marie, la grâce juvénile des anges musiciens. Le Père a la tête couronnée et le Fils la poitrine nue où l'on voit la blessure de son côté. Sur ses pieds et ses mains sont dessinés les stigmates des clous du crucifiement. Devant eux est agenouillée la Vierge Marie, les mains jointes et la tête découverte ; ses vêtements amples s'étalent sur les marches du trône. Le Père et le Fils tiennent une couronne au-dessus de sa tête. Surplombant ces trois personnages, plane le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe. De chaque côté du St-Esprit, deux anges portent la colonne de la flagellation et la croix de la Passion. De chaque côté de la scène, deux anges debout jouent du haut-bois et de la guitare ; deux autres assis jouent de la harpe et de l'orgue. Photo détail  
 
Arkae > Le retable de Kerdévot > Adoration des magesAdoration des Mages
Marie, debout dans l'étable, présente son Fils au-dessus de son berceau. A ses côtés St-Joseph. Devant eux se tient une délégation de Rois Mages dont deux ont disparu : ils étaient placés sur le devant de la scène et masquaient ainsi les pieds du troisième et des deux jeunes gens de leur suite, ce qui explique cette découpure à la scie de la partie postérieure de ces trois personnages. En arrière de la scène, à droite, deux hommes d'armes portent des hallebardes. L'un deux a la moustache et la mouche du temps de Louis XIII, ce qui peut servir à dater ce tableau. Photo détail  
 
Arkae > retable de Kerdévot > Presentation au TemplePrésentation au Temple
La Sainte-Vierge, en manches bouffantes, offre son enfant Jésus au-dessus d'une grande table couverte d'un tapis brodé. St-Joseph est derrière elle. Le grand prêtre Siméon contemple l'enfant, les mains jointes. Deux autres prêtres l'accompagnent. Un jeune lévite tient un cierge. Une servante porte sur la tête une corbeille contenant les deux colombes qui seront le prix du rachat de l'Enfant-Jésus. Une autre, à genoux, tient un grand vase contenant l'eau de la purification. Ces deux derniers personnages se retrouvent dans les sculptures des autels de Lampaul-Guimiliau et semblent sortir du même atelier. Photo détail  
 
 

Art des retabliers brabançons

Thème marial. Les scènes de l'Adoration des Bergers et de l'Adoration des Mages, ainsi que la Présentation ne contribuent guère à faire glisser le théme marial vers une histoire mixte qui serait ainsi et égalemet consacrée à l'Enfance du Christ.
En effet, la naissance de Jésus est, avant tout, l'une des Joies de Marie. Quand à la Présentation, c'est de celle da Vierge dont il s'agit, et non de celle de l'Enfant ; la Vierge est présentée au Temple quarante jours après la «Parturition», et la fête religieuse à laquelle correspond l'ancienne fête civile des «relevailles royales», est aussi appelée «Purification de la Vierge». Jeune femme prise parmi les femmes, elle était donc une mortelle avant d'être sanctifiée, quasi divinisée.
L'origine terrestre de la quasi-déesse est rappelée à Kerdevot par la figuration d'une pathétique veillée funéraire des apôtres au chevet de la Vierge. Comme l'on ne sait rien de la vie post-christique de la Vierge, mais seulement des circonstances de sa mort et de son ascension, sa «Dormition» est une des rares scènes de son histoire après la mort du Christ que les sculpteurs ont représentée.
 
Le chaud et le froid. Pour émouvoir, les retabliers jouent de toutes les techniques théâtrales de la mise en scène, de la "mise-en-scène" devrions-nous écrire. Notamment par une succession de scènes bien typées, de nature à solliciter des assentiments et des désaccords différenciés, et propres à narrer en faisant naître des sentiments contrastés, le Mystère de la vie de la Vierge tel qu'il est raconté à Kerdevot procède bien de l'art élaboré du théâtre médiéval de Mystéres. Tantôt la scéne est attendrissante, comme dans l'Adoration des Bergers, tantôt elle est révoltante, comme dans les Funérailles.
Dans le premier Joseph, humblement se décoiffe devant son fils, tandis que pour bercer le sommeil du nouveau-né les rudes Bergers commentent l'heureux événement avec force gesticulations et soufflent à perdre haleine dans leur instrument de musique.
D'autres, respectueusement et plus délicatement restent à l'écart, en dehors de la crèche. Généreusement, la sage-femme tient un fanal, à moins qu'il ne s'agisse de Salomé, s'émerveillant devant sa main reconstituée malgré son geste indiscret autant qu'impie, et que raconte l'apocryphe Pro-évangile de Jacques.
Un angelot guère plus grand que le Petit Jésus ne manque pas d'assister à la collective adoration, problablement dans l'attente impatiente de pouvoir jouer avec lui.
La scène des Funérailles, s'anime de sentiments autres. Le cortège funèbre à qui Jean ouvre le chemin en tenant la palme resplendissante est attaqué par des juifs aussi arrogants qu'incrédules. A la violence de leurs vilaines intentions, l'Esprit Saint oppose un cruel châtiment face auquel les armures des soudards sont bien peu de chose. Leurs mains se détachent des corps, et, nonobstant des souffrances atroces mais bien légitimées, restent collées au brancard mortuaire. Mais Jean ne reste pas insensible, et s'apprête, muni de la palme, à «marchander le rachat» au nom du Dieu magnanime et de la foi réconciliatrice.
Cette succession de chaud et de froid en des instantanés riches en détails fit le succès des rétables du Nord; celui de Kerdevot en est un exemple.
 
Figuration de l'espace. Comme dans l'art théâtral de la mise en scène, les retabliers surgérèrent la profondeur et l'éloignement des personnages par l'inclination du sol. Ceci permettait de présenter trés haut des scènes à être vues du bas, et de donner l'impression d'une succession de plans différents, seulement en étageant les divers acteurs d'une même scène sur le plan incliné : le plus haut figure alors le plus loin.
Ce n'est pas le cas à Kerdevot, sauf dans la scène supérieure du Couronnement de la Vierge. Non seulement la profondeur, mais aussi la largeur de l'espace-cadre d'une histoire, étaient soumises aux contraintes de la niche de chaque scène. A Kerdévot, le sculpteur a usé d'un stratagème beaucoup plus fréquent dans la peinture que dans la sculpture flamande pour augmenter la sensation de largeur.
Dans l'histoire de l' Adoration de Bergers, un intérieur, (celui de la crèche) est représenté dans l'intérieur (celui de la niche), de sorte que l'espace intermédiaire devient un extérieur. C'est là qu'est contraint de rester un berger, signalé par sa houlette.
Parfois, dans les scènes de parturition ou dormition, l'espace peut être dédoublé verticalement et non horizontalement, par un ciel-de-lit; ailleurs, ce peut être par un baldaquin (dans les comparutions), ou par une nature sauvage (dans les épiphanies).
La figuration de l'espace était donc, on le voit, une préocupation essentielle dans l'art du retable. Généralement dans les retables du Nord, une dentelle architecturale de dais d'une complexe technologie d'assemblage, plafonne la scène. Ces dais qui sacralisent par leur richesse, symbolisent peut-être aussi les cieux et à la fois la Providence supervisant toute scène terrestre.
On notera à Kerdevot, comme à l'accoutumée dans les retables brabançons, les contours des espaces de chaque niche. Cette dentelle n'a sans doute aucun rôle symbolique, mais tient bonne place dans l'arsenal des techniques à disposition du metteur-en-scène qu'est le sculpteur ... Coïncidant avec le plan-limite de chaque scène, délimitant l'espace-cadre de l'histoire contée d'avec le public, celui de la réalité, des spectateurs, des fidèles, la dentelle architecturale du devant des retables brabançons est encore assimiliable aux franges d'un rideau levé sur scène après les trois coups de bâton.
Ces résilles, que l'on remarque à peine dans le foisonnement général, montrent à elles seules la richesse du témoignage constitué par l'art de retabliers brabançons. Qui restera des heures devant le retable de Kerdevot y découvrira encore des aspects non remarqués lorsqu'il y repassera !    
 
Dossier de presse : La restauration du retable