Trésors d'archives > Patrimoine religieux > Les statues de Saint-Guénolé

Les statues de Saint Guénolé

 

Dimanche 15 septembre 2013, à l'occasion des Journées du patrimoine, le public a pu découvrir sous un nouveau jour les statues de la chapelle Saint-Guénolé qui venaient d'être restaurées.

Ces six statues datent du XV° jusqu'au XIX° siècle. 

Le travail de restauration a été confié à deux ateliers spécialisés Arthéma Restauration de Abbatez et l'atelier régional de restauration de Bignan.

Le coût total de la restauration est de 12 870 euros, financé grâce au don du comité de Saint-Guénolé, représenté par Gérard Jézéquel et aujourd'hui dissous, et aux subventions de la Drac, du conseil général et du conseil régional.

Historique de la restauration de la chapelle Saint-Guénolé.

 


Saint Corentin - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Corentin, bois, H. : 1,40 m. XVIe siècle.

A gauche dans le choeur. Vêtu de la chape il tient en main un livre ouvert. Le traditionnel poisson n'étant intervenu dans l'iconographie du premier évêque de Cornouaille, qu'à une époque relativement récente, il n'est pas ici représenté. La crosse a été restaurée de façon rudimentaire. Le Musée départemental de Quimper possède une statue analogue à notre saint Corentin.

 

 

 

 

Statue de saint Guénolé, pierre calcaire, H. : 1,05 m. XVe siècle.

A droite dans le choeur. Le personnage, tonsure monacale et chasuble gothique, tient en main gauche le livre de la Règle. La hampe de la crosse garnie du linge est tenue en main droite. Le noeud à pans de cette crosse typiquement médiéval ne doit pas être pris pour une lanterne ou un reliquaire. On le comprendra si l'on pense qu'est perdu le crosseron en volute, dont demeure le trou pour l'assemblage. La statue, vu son matériau provient peut-être d'un atelier ligérien.

 

 

Saint Maudet - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Maudet, bois polychrome, revers évidé, XVIIe siècle.

Troisième pilier nord nef. Vêtu de la tunique et de la chape, le saint esquisse le geste de la bénédiction.

 

 

Saint Michel - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Michel archange.

Troisième pilier sud nef. "Une mauvaise statue", selon Le Guennec, qui fonde son jugement sur la liberté que l'artiste a prise vis-à-vis des canons classiques de la statuaire*. Ce qualificatif de "mauvais", n'est pas de mise pour une oeuvre, fruste certes, mais qui entre dans la catégorie bien définie de l'art rudimentaire. Notre saint Michel a été esquissé par un homme de bonne volonté qui n'a pas eu le loisir d'assimiler les ressources d'un art dont la maîtrise ne peut faire l'économie du passage par un vrai atelier. Si elle témoigne d'un savoir-faire limité, ii faut saisir le charme populaire d'une production créée en marge des oeuvres parfaitement élaborées.

* Louis Le Guennec, op. cit. idem.

 

Saint Herbot - chapelle Saint-GuénoléStatue de religieux cordelier, bois, revers plein, XIXe siècle.

Bas-côté nord.  L'habit au petit camail, la cordelière ponctuée de noeuds dits de capucin, le livre tenu en main ne suffisent pas pour savoir à qui on a affaire. On ne voit guère comment le culte de saint Louis de Toulouse, de saint Fidèle de Sigmaringen ou de saint Joseph de Leonessa, des cordeliers, a pu être introduit ici. Mais le nom de saint Herbot, attribué par commodité, est certainement anachronique, car notre ermite breton n'a jamais été ainsi représenté , du moins dans les périodes de grande tradition. Comme on a de toute évidence affaire à une statue du XIXe siècle, il ne faut pas s'étonner de la distorsion entre la représentation et l'attribution.

 

 

Saint Alar - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint non identifié. Bois, H. 1,20 m, revers creux, XVIe siècle.

Bas-côté sud. Enigmatique, c'est la statue la plus curieuse du lot. Là où certains voient un second saint Herbot, le Nouveau Répertoire suggère, avec prudence d'ailleurs, un saint Jérôme, ce qui convient mieux *. Le personnage, pieds-nus, est vêtu, sous un manteau à capuchon, d'une tunique serrée par une ceinture où pend un chapelet à gros grains. Il est coiffé d'un bonnet et d'une capuche, avec un chapeau à larges bords. Serait-ce le chapeau de cardinal qui est l'un des attributs de l'ermite de Nazareth? Mais où est le lion, où la tête de mort, où la croix, où sont les cailloux de l'iconographie traditionnelle de saint Jérôme ?
 

* René Couffon, op. cit.

 

 

 

 

 

 


Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Gwenn-Aël Bolloré

Gwenn-Aël Bolloré

Par Pierre Faucher, Bernez Rouz, Gaëlle Martin et Christophe Violette.

 

Témoignage de Pierre Faucher

Pendant une vingtaine d’années, j’ai eu l’occasion de rencontrer assez souvent Gwenn-Aël Bolloré qui se plaisait à résider dans son manoir d’Odet, cadre si luxuriant et tellement fleuri au printemps avec ses rhododendrons. Le musée océanographique complétait harmonieusement le parc longé par l’Odet.

Les visites du comité de jumelage avec la ville de Bude Stratton (Grande-Bretagne), celle du ministre de la Mer (L. Le Pensec) en 1982, les portes ouvertes presque chaque année où il recevait ses nombreux amis, étaient l’occasion d’échanger sur les activités de la papeterie, les occupations multiples de l’hôte, tant dans le domaine littéraire – en particulier avec les salons du livre (maritime à Concarneau, breton à Trévarez) – que dans la recherche océanographique, qu’il se plaisait à expliquer dans son musée.

À plusieurs reprises, je l’ai rencontré pour des discussions précises concernant la commune d’Ergué-Gabéric :
- l’acquisition des propriétés boisées de Kerho (par la commune), de Stang Luzigou (par le Conseil Général),
- l’achat de logements dans la cité de Ker Anna,
- l’aménagement du canal de l’usine, inutilisé depuis la fermeture de la papeterie d’Odet, où des avis divergeaient sur son aménagement. Gwenn-Aël Bolloré souhaitait qu’il devienne une réserve de pêche qui aurait été contrôlée par la Fédération des pêcheurs et ouverte à la carte au public. Le projet est toujours dans l’eau !

Et parfois, les discussions devenaient plus personnelles, avec des souvenirs du béret vert infirmier et son livre racontant le 6 juin 1944 Nous étions 177. Lors d’un passage au Mémorial de Caen, vers 2005, ayant décliné mon identité gabéricoise, des responsables militaires m’ont entretenu de la mémoire de Gwenn-Aël Bolloré et du commando Kieffer, dont il était le dernier survivant.

Les activités littéraires occupaient beaucoup de son temps et il aimait en converser longuement. Un jour, au manoir, je l’ai rencontré en train de vérifier son dernier livre, ce devait être Mémoires parallèles et nous sommes restés un bon moment à échanger sur ses souvenirs.

L’accueil à Odet était toujours chaleureux. Cet homme du XXe siècle que l’on rencontrait à Lestonan, aux offices religieux de l’église Saint-Guinal et à Kerdévot, aimait cultiver ses attaches locales. Et son éclectisme, son humanisme subsistent encore dans les mémoires des gabéricois.

Je suis allé voir l’exposition de la bibliothèque de Gwenn-Aël ce lundi 21 janvier 2002 vers 10 h à la bibliothèque municipale de Quimper. J’y ai rencontré Bernard Poignant, Michèle Coïc, directrice de la bibliothèque, et ai acheté le catalogue de la vente. En sortant, je me suis retrouvé face à Anne Bolloré, la fille de Gwënn. Nous avons échangé quelques mots sur le départ de son père et elle m’a fait part de sa surprise en voyant exposée la bibliothèque personnelle de son père. Les proches connaissaient le manuscrit de Céline, mais personne n’imaginait la richesse de cette bibliothèque personnelle. Il fallait traverser la chambre de son père pour y avoir accès. Un bon aparté.

 

 

Interview par Bernez Rouz et Gaëlle Martin

Arkae > Tresors archives > Personnages > Gwenn-Ael BolloréQuelques mois avant son décès le 12 juillet 2001, Gwenn-Aël Bolloré, ancien vice-président des papeteries Bolloré, écrivain, cinéaste, océanographe, avait accepté de rencontrer trois membres de l’association Arkae, dans son manoir d’Odet : Jean Guéguen, Gaëlle Martin et Bernez Rouz : l’occasion d’évoquer les grands moments de sa vie. En voici, classés par thèmes, les extraits les plus significatifs :

 

Le prénom Gwenn-Aël

En fait je m’appelais Gwinal et puis finalement ça s’est transformé en Gwenaël, et puis moi, j’ai un petit peu celtisé l’orthographe quand j’ai commencé à écrire : Gwenn-Aël, qui veut dire ou ange blanc ou vent blanc, suivant les experts. Je pense que c’était probablement pour honorer Ergué, quoiqu’il y avait la petite chapelle qui est au-dessus, là, qui était Guinal ou Guénolé. Guinal est celui qui a jeté Dahut dans les eaux... enfin il y a un tas de légendes.
Q : Il n’y avait pas de tradition dans votre famille de donner des prénoms bretons ?
Non, absolument pas, je suis le premier. Moi, j’ai un petit-fils qui s’appelle Gwenaël, mais non, il n’y avait pas de prénoms bretons.
Q : C’est une incongruité, à cette époque on ne connaît pas de gens qui s’appellent Gwenaël en fait ?
C’est très rare. Quand j’étais jeune, les gens me regardaient avec des yeux ronds. Maintenant je peux me promener, je ne parle pas de Quimper mais de Paris, où j’entends une mère de famille qui dit à son fils : « Gwenaël, arrête de faire des bêtises etc. ». Au début ça m’interpellait un petit peu puis maintenant je suis habitué.

 

La commune d'Ergué-Gabéric

Je suis né ici, (5 septembre 1925). Je suis né dans ma chambre actuelle. Les bureaux des papeteries étaient à Nantes : ma mère était d’origine nantaise, on a été habiter Nantes. Je suis resté à Nantes jusqu’à la mort de mon père et on venait passer les trois mois d’été en Bretagne, plus les vacances de Pâques. Les vacances de Noël, parfois, on allait aux sports d’hiver. A l’époque, c’était un peu un safari, car on n’allait pas souvent aux sports d’hiver. Oui, j’ai vécu quatre mois par an ici.
Q : Quand on habite Nantes, venir au fin fond de la Bretagne c’était une pénitence ?
Oh non, pas du tout, parce qu’ici on était en vacances, tandis qu’à Nantes on était en classe. En général on venait en voiture, mais c’était une aventure. Il y avait une voiture qui partait de Nantes et en général on coulait une bielle du côté d’Auray ou de Vannes. Et alors le chauffeur de l’usine qui était Louis L’Helgoualc’h, si je me souviens bien du nom, à moins que ce ne soit Gourmelen, venait nous prendre avec la voiture de l’usine. Donc on y mettait la journée. C’était une expédition. J’avais quand même deux frères, une sœur, ma mère, mon père et puis nous avions une vieille institutrice qu’on considérait comme notre tante, qui s'appelait Germaine César, que tous les gens d’Odet ont bien connue. On était au moins à deux voitures.

 

Les jeux d’enfant

Il n’y avait pas de télévision bien sûr. On avait des distractions qui étaient différentes : on allait beaucoup dans la rivière. Maintenant il y a prescription, mais on braconnait un peu : on s’amusait à pêcher les truites à la main ou les anguilles avec une fourchette en soulevant les cailloux. On avait de très bons professeurs. Il y avait deux gardes-chasse fameux, à commencer par Kergoat, puis Sizorn. On s’est bien amusé. Il y avait le Stangala, parce qu’à l'époque on marchait. Ce sont des sentiers avec des cailloux. On allait passer l’après-midi au Stangala. Il y avait la promenade du canal. Il y avait un canal d’amenée d’eau pour les turbines turbo-électriques, qui fait 1,6 km. On allait pique-niquer au bout du canal. On amenait du pain, des confitures et on passait l’après-midi comme ça.

 

La Fête-Dieu

Il y avait la Fête-Dieu qui était une fête extraordinaire : d’abord le clergé était beaucoup plus structuré qu’il n’est maintenant. Il y avait toujours une douzaine de chanoines en grand uniforme. A la Fête-Dieu, tout le monde allait ramasser des fleurs. C’était un petit peu dommage : on cassait des fleurs pour faire des paniers pleins de pétales, des roses... tout ça c’était massacré, et on mettait ça par terre. Il y avait des défilés avec tout le clergé, le haut clergé et des bannières. On trouvait ça formidable, quoi ! A l’époque il y avait la chapelle, une messe tous les matins, deux messes le dimanche ; il y avait le recteur qui habitait l’usine. Il y avait cinq ou six choristes en soutane rouge. Enfin c’était très spectaculaire.

 

Le camélia

Mon arrière-grand-père, chirurgien de la Marine, a été en Chine sur une escadre de bateaux. Ils ont ramassé des graines de camélia et les officiers ont ramené des graines. Ce camélia a été planté à l’époque. C’est sûrement l’un des plus vieux de Bretagne. C’est un des plus vieux de France. J’ai une photo de ce camélia qui a été datée par Kodak et qui a déjà cent ans. Il est presque aussi gros. Le parc a été dessiné par un paysagiste anglais, ça n’a d’ailleurs rien à voir avec les jardins à la française.

 

L’usine

On y allait automatiquement parce que c’était à côté. C’était de belles machines à papier. ça nous paraissait énorme. On connaissait tout le monde. Nos parents ne nous l'interdisaient pas. Il y avait aussi deux ou trois enfants de contremaîtres de l’époque qui étaient là : la famille Garin, la famille Eouzan, la famille Léonus. Non, ça se passait bien. Il n’y avait pas de problème.

 

La vie de château

Il y avait pas mal de réceptions, notamment parce qu’on faisait du papier qu’on exportait pour la plus grande part. On avait énormément de clients anglais, américains, de tous les pays d’ailleurs,  des gens d’Extrême-Orient. Enfin c’était très folklorique. Il est certain que le rapport clientèle était plus intime qu’il n’est maintenant. Maintenant, les clients, on les reçoit dans un hôtel impersonnel à Paris, mais on ne les invite pas chez soi, ou alors il faut que ce soit de vieux clients qui sont devenus des amis. Il y avait tout un réseau chasse, car mon père était un grand chasseur et il adorait cela. C’était une manière de distraire les clients. Il y avait dans la ferme de Moguéric, à côté, une faisanderie, où on élevait des faisans. On devait élever environ trois cents faisans par an. Et alors quand les clients venaient - car il n’y a jamais eu beaucoup de faisans en Bretagne, il n’ont pas de quoi bien se nourrir - il y avait le garde chasse avec un sac et une douzaine de faisans dedans, qui rampait derrière les talus, et puis au moment où le client était en ligne, il jetait un faisan. Alors le client tirait, il tuait le faisan et il était tout content.

 

La guerre

En 39-40, j’étais à Orléans. Mon père était mort cinq ans avant. Ma mère vivait à Paris. Elle avait dit " Paris va être détruit, j’envoie mes enfants à Orléans ". J’ai été en demi-pension dans un collège qui s’appelle Saint-Euverte. Paris n’a pas été touché et Orléans a été réduit en cendres. On est parti devant les Allemands avec quelques jours d’avance et on est arrivé en Bretagne, à Quimper quelques jours avant les Allemands. Je les ai vus devant l’Hôtel de l’Epée : il y avait un side-car allemand où ils étaient trois et ils ont occupé la ville pendant 24 h. Il y avait huit cents hommes de troupe qui n’ont pas bougé et ça, ça m’a choqué. Nous avons été réquisitionnés très officiellement. Tout le gouvernement devait venir à Beg-Meil et on devait faire le " réduit breton ". La maison de mes parents c’était Paul Reynaud qui devait y venir. Mon grand-père avait une petite maison et on s’est replié dans la petite maison d’à-côté et on a fait le lit pour Paul Raynaud. On a mis des fleurs pour Paul Raynaud - c’était le Président du Conseil français - et il y a un général allemand qui a couché dedans à la place de Paul Reynaud ! et ça c’est assez choquant. L’usine a fermé, il n’y avait plus de charbon, il n’y avait plus de commandes, il n’y avait plus de clients. Si, on avait du chiffon, on avait deux cents tonnes de stock de chanvre indien. C’est du cannabis, mais il faut le traiter un peu. A part la matière première, il n’y avait plus de charbon, il n’y avait plus personne. Les ouvriers étaient soit sous les drapeaux, soit en prison et on ne pouvait pas continuer à tourner. A Cascadec, le gouvernement de Pétain nous a obligés à marcher avec une ou deux machines. Nous on tournait pour la Seita, la régie des tabacs.

Pendant la guerre, j’étais à Paris avec ma mère et je suis parti le 6 mars 43 en Angleterre. Avant j’avais essayé de partir mais j’avais quinze ans ou seize ans, avec des culottes de golf comme Tintin et ça ne faisait pas sérieux et alors j’ai été obligé d’attendre d’avoir des pantalons longs. J’ai mis très longtemps à trouver la filière. J’ai été souvent me balader sur la côte et puis je faisais trop jeune. J’ai eu de la chance. ça s’est bien passé lorsqu’on prenait des risques invraisemblables. A cet âge on est inconscient. Quand on signe un engagement à la France Libre, on signe pour la durée de la guerre plus trois mois. Donc pendant le reste de mon engagement, j’ai été à la DGR qui était le service des renseignements généraux. J’étais à Paris, j’avais un beau bureau, je me croyais quelqu’un d’important, ça m’a permis de me remettre un petit peu sur selle.

 

Le retour aux affaires

Et puis après ça je suis revenu ici, j’ai fait un stage à Cascadec, et je suis parti six mois en Amérique dans une usine qu’on avait construite, où j’ai fait un stage pour apprendre le métier de papetier, en Amérique. Là j’ai fait la défection, la machine, les lessiveurs. C’étaient des anciens ingénieurs de Bolloré qui avaient construit l’usine : Patin, Cartel. Donc on était un peu habitué au processus et tout, et quand je suis revenu, ils m’ont embauché. J’ai gardé un très bon souvenir de la papeterie parce que c’est quelque chose de vivant, le papier : ce n’est pas de la mécanique pure : il faut savoir le pourquoi et le comment, il faut sentir la chose ; si on ne sent pas la chose on est un mauvais papetier.

 

Le directeur technique

J’étais directeur technique, et puis j’ai été vice-président. Je m’occupais de toutes les usines du groupe. J’aimais bien ça et je n’ai pas eu de problèmes : les papeteries, techniquement, se sont aussi bien débrouillées que nos concurrents français. J’avais une très bonne équipe avec moi : Garin, Patin, Galès et alors il y avait Martin, et moi ça ne m’a jamais fait peur de prendre comme adjoint un type qui en savait trois fois plus. Martin était un polytechnicien, il fallait faire attention parce qu’il avait quelquefois des idées de polytechnicien. Mais on lui doit beaucoup, il était génial. La dernière chose que j’ai faite avant de prendre ma retraite, c’est la première machine de polypropylène d’Odet, et puis après ça a continué et maintenant ça va bien, j’ai un neveu qui se débrouille très bien. Il y a eu un moment qui a été un petit peu difficile mais qui est maintenant totalement arrangé, parce que j’ai un neveu, Vincent, qui est parfait.

 

L'écrivain

C’est arrivé peu à peu ; quand je suis parti je n’avais pratiquement pas fait d’études : j’avais très peu lu, j’ai fait la guerre dans des conditions où je n'avais pas le temps de me mettre dans un fauteuil pour étudier. Quand je suis revenu, j’ai eu une certaine frustration et alors je me suis mis à lire, je me suis intéressé à l’édition, et puis après ça je me suis occupé d’océanographie. J’avais aucun bagage et puis avec le musée j’ai pris contact avec le British Museum et avec le Musée de Genève qui est très riche et un jour le Professeur De Byiesse qui était directeur des recherches atomiques à Saclay, m’a dit « Bolloré ça va pas, vis à vis des étrangers, vous n’êtes pas docteur, ça fait pas sérieux, il faut que vous passiez votre doctorat. » A l’époque il m’a dit : « c’est une formalité. » Eh bien ce n’est pas une formalité. J’ai boulonné comme un nègre pendant trois ans et j’ai passé mon doctorat, j’avais plus de cinquante ans.

 

Le coelacanthe

C’est le professeur Anthony qui a été pêcher le coelacanthe aux Comores, c’est dans l’océan indien. Je l’intéressais beaucoup, d’abord parce que j’avais des notions d’océanographie et puis j’avais mon permis pour conduire les bateaux. Ca lui économisait de prendre un capitaine au long cours. Là, j’ai passé trois semaines à la pêche au coelacanthe. On a eu de la chance on en a pêché deux. Maintenant on n’a plus le droit de les pêcher, ils sont protégés. J’en ai un au musée.

 

Le Musée océanographique d’Odet

J’ai commencé à faire une collection dans ma maison et à un certain moment il y avait des crabes, des coquillages sur les armoires, sous les lits, et ma famille m’a fait comprendre que je serais bienvenu si je dégageais. Donc j’ai dessiné un petit bâtiment et puis je l’ai agrandi et je suis arrivé au musée actuel où mes collections nageaient les premières années, et qui maintenant est beaucoup trop court comme bâtiment. Je pourrais le doubler. La pièce dont je suis le plus fier c’est un petit crabe affreux que j’ai découvert et qui porte mon nom. Le Dromia bollorei. Il n’a pas un intérêt considérable mais pour moi c’est important.

 

Le cinéma

Arkae > Tresors archives > Personnages > Gwenn-Ael Bolloré - Bernez Rouz - Gaelle Martin

J’aurais pu faire du cinéma. Mais là il faut le faire vraiment, et puis c’est un monde. C’est un monde qui n’est d’ailleurs pas tellement sympathique. J’ai fait sept ou huit films, sur l’Odet, sur la pêche à pied aux Glénan, sur les grands voiliers, sur la transhumance des rennes en Laponie, sur les grottes des Pyrénées, aux Canaries. J’en ai fait un sur la pêche aux requins-pèlerins aux Glénan. Le plus gros que j’ai pêché faisait neuf mètres, il paraît que certains font quinze mètres, c’est la taille d’une baleine pratiquement. J’en ai fait en Floride, c’est des films qui font vingt minutes. Le seul grand film auquel j’ai participé c’était les Naufrageurs. C’est moi qui ai fait le scénario et qui m’occupais des bateaux. Il y avait un bateau qui était naufragé et qui devait se casser sur Saint-Guénolé-Penmarc’h et puis personne ne voulait mettre le bateau sur les cailloux. Alors on s’est retourné vers moi : « C’est toi qui a écrit le scénario, c’est à toi de le faire ! ». On avait reconstitué une petite ville, pas en staff mais en granite autour de Tronoën. Et puis les Beaux-Arts ont voulu qu’on démolisse après. C’était idiot car c’était fait vraiment comme autrefois. Ils auraient pu le garder.

 

Le projet de musée de la papeterie

Moi, je suis tout à fait pour. J’ai même dit que j’étais prêt à collaborer ; je n’ai pas de choses considérables, mais j’ai quand même des documents et tout. Mais vous savez, un musée, c’est pas commode à construire, même si on a des moyens. Le bâtiment des machines 9 et 10 serait formidable pour faire un musée. Moi, si on me le donne, je bourre ça de crabes et de coquillages, ça va pas être long !

 

L'exposition de la bibliothèque de GA Bolloré

Suite à l'exposition de la bibliothèque de Gwenn-Aël Bolloré à Quimper en 2002, Christophe Violette a rédigé pour le journal Ouest-France un article descriptif.

 

Les belles pages de Gwenn-Aël Bolloré

La bibliothèque de Gwenn-Aël Bolloré va être vendue aux enchères par Sotheby’s. Avant cette dispersion, les Quimperois vont avoir la chance lundi prochain d’en admirer une sélection à la bibliothèque municipale. Dont les manuscrits de Céline, Léon Bloy, André Le Breton, Max Jacob, Roger Nimier… Une collection remarquable. C’est sûr, cette vente atteindra des sommets. Les 143 lots sélectionnés ont été estimés à près de 1,6 million d’euros (plus de 10 millions de francs) C’est que, mieux que la bibliothèque d’un très honnête homme, c’est la collection d’un personnage hors du commun qui va être dispersée les 7 et 8 février, à Paris. Décédé l’été dernier dans son manoir de l’Odet, Gwenn-Aël Bolloré a été tour à tour, industriel, grand résistant, écrivain, éditeur et océanographe. A 17 ans tout juste, il rejoint l’Angleterre en mars 1943, avant de revenir libérer Ouistreham, le 6 juin 1944 au sein du bataillon des 177 Français du commando Kieffer.


La Table Ronde

Gwenn-Aël collectionnait les livres avec passion. Dans ses Mémoires parallèles, il raconte ses très nombreuses rencontres avec les grands libraires parisiens. Très actif au sein de l’avant-garde littéraire parisienne, il pousse en avant le grand poète Henri Michaux, coédite en 1953 L’Arrache-Cœur de Boris Vian. C’est un tournant, l’industriel d’Ergué-Gabéric, vice-président des Papeteries de l’Odet, se lance alors dans l’édition : il prend une large participation dans La Table Ronde (ainsi baptisée par Jean Cocteau). Au cours des années 1950, sa culture et son dynamisme parviennent à cristalliser autour de sa maison d’édition le mouvement des Hussards : Roger Nimier deviendra le plus célèbre de ces jeunes écrivains. Au cours des années 1960, Gwenn-Aël tourne une nouvelle page et se lance dans l’océanographie. Toujours aussi passionné, il créé son Musée océanographique de l’Odet, monte des expéditions sur les mers lointaines, découvre des espèces, dont celle d’un crabe inconnu à qui il donne son nom.

 

Le manuscrit de Nord
Un tel personnage, écrivain lui-même, ne pouvait avoir qu’une bibliothèque exceptionnelle. Parmi les pièces majeures de sa collection, qui sera vendue le 7 février, figure le manuscrit autographe de Nord : 1565 pages écrites de la main de Louis-Ferdinand Céline, où, comme Dante décrivait les cercles de son Enfer, le Dr Destouches dépeint l’Allemagne de la débâcle. On trouvera aussi un ensemble de 64 ouvrages d’Henri Michaux, dont quinze pages manuscrites rédigées pendant sa période d’écriture « mescalinienne ». Un carnet de poèmes autographes d’André Breton : celui qui allait devenir le pape du surréalisme n’était alors qu’un jeune poète. Les chants de Maldoror de Lautréamont, illustrés par Salvador Dali. Le manuscrit autographe des Enfants tristes de Roger Nimier. Celui du Mendiant ingrat de Léon Bloy. Ou encore, pour ne citer que ceux-là, parmi tant d’autres, deux carnets de voyage de Max Jacob… Ces deux dernières pièces ne manqueront pas de toucher beaucoup de Quimpérois. La bibliothèque municipale ou le musée des Beaux-Arts, qui détient déjà nombre de documents de Max Jacob, auront-ils les moyens de se porter acquéreurs ?
 
Article de Christophe Violette dans Ouest-France, paru le mardi 15 janvier 2002.

 

 

Bibliographie

 

Romans

Moïra La naufrageuse, édition La Table Ronde, 1958.
Contes-fiction, éd. du Scorpion, 1961.
Le Dîner bleu, édition La Table Ronde, 1979.
Les Amants de l'espace, édition Le Cherche Midi, 1985.
Histoires troubles, éditions Jean Picollec, 1993.

 

Histoire

Nous étions 177, édition France Empire, 1964. (Edition augmentée en 1983 chez le même éditeur sous le titre Commando de la France Libre, Prix Raymond Poincaré, 1983, Prix National de la Résistance 1984 au Cherche Midi, nouvelle édition sous le titre J'ai débarqué le 6 juin 1944, préface à Voyage en Chine, éd. SFHA,Quimper, 1979).

 

Essai

Propos interrompus, Gallimard 1958.

 

Océanographie

Guide du pêcheur à pied et sa cuisine, La Table Ronde, 1960, Gallimard 4e édition, 1986.
Destins tragiques du fond des mers, La Table Ronde, 1963. Collection " L'Ordre du Jour ".
Du mimétisme à l'utilisation de l'outil par les animaux marins, Musée Océanographique de l'Odet, Ergué-Gabéric, 1968.
Évolution et pêche au coelacanthe, édition la Palantine, 1974.
Un musée océanographique à la recherche d'une muséologie, Thèse, La Table Ronde, 1976.
Célébration de la bernique, Gallimard, 1982.
Suivez le Crabe, de l'océan à votre assiette, Gallimard, 1984.
La Saga de l'anguille : vie, pêche, cuisine, Gallimard, 1986.
Les îles suisses du Lac Léman, édition L'âge d'homme, Lausanne, 1997.

 

Poèmes

Anatomie descriptive, Seghers, 1955.
Nerfs à fleur de larmes, édition Saint-Germain-des-Prés, 1982.
L'Oiseau, édition La Groac'h du loc'h, 1994.
Morbide, édition Jean Picollec, 2001.

 

Mémoires

Mémoires parallèles, édition Jean Picollec, 1996.
Né gosse de riche, Ouest-France/Édilarge, 2000.

 

Filmographie

 

Long-métrage

Les Naufrageurs, 1959, 92 min. Tourné en 35 mm en cinémascope dans le Pays Bigouden. Il a été réalisé par Charles Brabant à partir du roman Moïra la Naufrageuse avec Danny Carrel, Charles Vanel, Henri Vidal, Carl Schell et Renée Cosima.

 

Court-métrage

Le Vire-Caillou, 1954, 12 mn ; pêche et vie aquatique durant le jusant.
Requins sur nos plages, 1955, 11 mn ; la pêche au harpon à main des requins-pélerins, le plus grand de tous les poissons dont certains spécimens peuvent atteindre 15 m de long.
La Transhumance des lapons et des rennes. Eleveurs et pêcheurs, c’est la vie des lapons.
Abîme. Une promenade dans les entrailles de la terre.
Derniers voiliers, 1958. La course Brest-Ténérife avec les derniers grands bateaux à voile.
Sur la route de Key West. La pêche au gros au large de la Floride.
La vie d'une rivière : l'Odet, 1955. De la source à la mer, une rivière et ses habitants.
Persistance du rêve, essai d'art abstrait à partir de la mer.

 

Bibliographie réalisée par Pierre Faucher pour le Keleier d'Arkae n°69, en septembre 2011.

 

Retour

 

 


Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Gustave Guéguen

L'abbé Gustave Guéguen, recteur d'Ergué-Gabéric
Année 1941

Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Gustave Gueguen > PortraitNous reproduisons dans cet article des extraits du « Registre-Journal » tenu par l’Abbé Gustave Guéguen pendant la première année de son ministère à Ergué-Gabéric, il y a 70 ans.
C’est en principeau début du XXe siècle que remontent les Registres-journaux dans le diocèse de Quimper. Les Statuts Synodaux publiés en 1928 par Mgr Duparc demandaient aux curés et recteurs de tenir un tel journal : « Le curé tiendra au courant le Journal Historique de la paroisse, dans lequel sont enregistrés les faits d’une certaine importance pour l’histoire locale » (article 69). Ce récit avait en particulier pour but de renseigner les recteurs à venir sur les divers antécédents qui avaient pu marquer la paroisse, d’expliquer des habitudes, des comportements, de justifier des choix. Un tel document est donc intéressant par ce qu’il nous apprend de l’époque, des personnalités, des positionnements des uns et des autres, même s’il demande une lecture critique.

L’Abbé Guéguen, fréquemment désigné à Ergué sous son prénom « Gustave », était un personnage hors du commun. Il peut apparaître comme ayant  une haute estime de lui-même, autoritaire, intéressé par l’argent des quêtes, par l’éclat à donner aux chapelles, à l’église paroissiale, aux cérémonies. C’est qu’il se prenait avant tout pour le représentant de Dieu sur le territoire de sa paroisse, et pensait que l’hommage rendu à Dieu ne pouvait que rejaillir sur sa propre personne et justifier une soumission respectueuse de tous. C’est ce qui le conduit par exemple à parler de lui-même à la troisième personne, ou à ne pas supporter de devoir faire une entrée discrète à Ergué à vélo…

François Ac'h




« Prise de possession » et « installation » en bicyclette.

Le mercredi 29 janvier, par une radieuse journée, arrivaient péniblement au bourg d'Ergué-Gabéric en bicyclette deux abbés Guéguen : l'un doyen du Chapitre, l'autre nouveau recteur de la paroisse, transféré de Clohars-Fouesnant et succédant à Monsieur Neildé mort accidentellement le 11 janvier1.

L'abbé Gustave Guéguen avait vainement cherché à Quimper chez les différents loueurs de taxi une voiture : le manque d'essence fit qu'aucun véhicule ne pouvait sortir et qu'en conséquence les deux cousins germains, en plein XXe siècle, durent venir de Quimper en si piteux équipage. En cours de route les deux cyclistes communiquaient leurs impressions sur la dureté des temps.
Le conseil paroissial se trouvait réuni au complet : Jean-Marie Nédélec de Saint-Joachim, René Riou de Tréodet, Pierre Tanguy de Kérellou (maire), Jérôme Quelven de Garsalec, Pierre Le Bihan d'Odet, Alain Le Roux de Mélennec, Pierre Le Roux de Kerfort.
Dans la salle à manger du presbytère, on procéda à la prise de possession telle qu'elle figure au registre des délibérations. On décida que le nouveau Recteur ferait son entrée le jeudi suivant 6 février à 15 heures, mais sans aucune solennité à cause des évènements.

6 février 1941. Au jour indiqué, le Recteur arriva à l'heure fixée, par le même moyen de locomotion, mais seul cette fois, ayant tout le loisir voulu en cours de route d'agiter dans son esprit des idées plutôt moroses. Fort peu de monde au bourg : l'arrivant trouva près de l'église quelques figures amies connues dans des postes précédents.

9 février 1941. L'installation officielle eut lieu le 9 février, présidée par M. le chanoine Pichon, curé de Saint-Corentin (…).
Temps assez sombre mais pas trop froid.

Inconcevable, cette quête !

Le dimanche 16 février : 5 F. comme offrande à toutes les messes !!! Inconcevable.

Le dimanche 23 février, annonce que désormais 3 plats circuleront dans l'assistance à toutes les messes (…). Il n'y eut pas de protestation, mais force d'inertie qui oblige à fermer les yeux pour les basses messes et à ne se contenter que de deux plats2 !

Et ils s’amusent…

Dimanche 2 mars, pardon de Saint-Guénolé. Innovation : Vêpres à 16 h. Mauvais temps. M. Eon chante la messe. M. Guillou prêche. J'arrive pendant le sermon. Malgré le temps, nombreuse assistance aux Vêpres. Il est toutefois regrettable que certains jeunes gens et jeunes filles, au lieu d'assister aux offices, aient senti le besoin de se réunir trop nombreux dans les granges du voisinage pour des amusements qui ne sont vraiment pas de saison quand il y a tant de souffrances dans le monde.

Des arriérés !

(La visite de sa paroisse par le nouveau recteur s’est déroulée sur plusieurs semaines. Il est accompagné dans ce porte-à-porte soit par un vicaire, soit par un fabricien).
Impression générale très défavorable : distances effrayantes, chemins impraticables; côtes incessantes et dangereuses, habitations mal tenues. Je m'attendais à trouver le Porzay3.
Quelle déception ! Très arriérés au point de vue culture, manquant de savoir-vivre, ils sont bien moins sociables et bien moins hospitaliers qu'à Clohars4. Leur sauvagerie vient peut-être de leur timidité.

N.D. de Kerdevot à sa place, au-dessus de l’autel et du retable.

26 mars 1941. En l'absence de M. le Recteur, appelé d'urgence pour prêcher la retraite pascale des hommes au Passage-Lanriec, M. Eon vicaire a veillé sur le travail d'érection de la statue de Notre-Dame de Kerdévot au dessus du retable où elle se trouvait avant la réfection du grand vitrail par les Beaux-Arts. Ces Messieurs avaient placé le trône sur des tréteaux devant la balustrade du coté de l'épître. Le rétablissement du trône a été exécuté par des ouvriers d'Odet gracieusement prêtés par l'usine sous l'habile direction de M. Blanchard, contremaître. La population a été enchantée de voir la statue remise à son ancienne place5.

Réforme du prix des chaises.

30 mars 1941. Dimanche de la Passion. Annonce en chaire de l'augmentation du prix de location des chaises : 20 centimes au lieu de 10, pour le dimanche suivant. Cette réforme a été acceptée sans aucune protestation. Le Recteur a regretté de n'avoir pas porté la taxe à 25 centimes, mais on parlait de la démonétisation probable des pièces de 25, bruit démenti officiellement le jour même où rentrait en vigueur le nouveau règlement6.

Pardon « mud »

10 avril 1941. Jeudi Saint. A Kerdévot, à 18 heures, cérémonie pieuse et émouvante organisée par la JAC masculine et féminine d'Ergué. Départ du bourg vers  17 h. par petits groupes en silence. Les jeunes seuls ont récité alternativement les prières et les chants de l'Heure Sainte. Louis Lozachmeur de Kerous, employé de bureau à la préfecture pour les garçons, et Mlle Josèphe Cariou du bourg, élève de seconde du lycée de Quimper pour les filles. Chapelle pleine, attitude très pieuse. Peu d'hommes. Quelques jeunes gens arrivés en retard. Cette cérémonie devait avoir lieu la nuit, mais l'on a craint les représailles des "occupants" interdisant toute circulation à partir de 22 h. M. le Recteur, dans l'adieu final, a promis à Notre-Dame. que tous s'y retrouveraient si possible l'année suivante à pareil jour. (…)

Un pardon qui paie bien.

29 juin 1941. Pardon de Saint-Eloi - Saint-Jean à Kerdevot. On prétendait qu'il n'y avait qu'une douzaine de chevaux à peine. Or M. le Recteur en a compté 59 pendant qu'ils défilaient devant la chapelle après leur bénédiction avant la grand-messe. Résolution de donner à ce pardon plus d'extension si possible, car les offrandes sont intéressantes. Sans doute la réflexion semble cynique, mais c'est une question d'une importance singulière à l'époque que nous vivons.

Pompes funèbres.

Début juillet, achat de tentures funèbres chez M. Paul de Quimper pour rehausser l'éclat des funérailles dont le tarif a été augmenté. Ces tentures sont arrivées début de septembre et elles ont servi la première fois pour l'enterrement solennel de Jeanne Bacon, veuve Rannou, de Ty Ru (Odet) le mercredi 29 octobre et pour les fêtes de la Toussaint. La population a été très agréablement surprise de voir tous ces décors pour la fête des Trépassés.

Salle interdite.

13 juillet 1941. Séance récréative donnée par des acteurs en majeure partie jacistes dans la salle Balès en faveur des prisonniers de guerre. Cette salle, habituellement condamnée, a vu lever l'interdit par une grâce spéciale de Mgr Duparc uniquement pour ce motif et après intervention directe de M. le Recteur7. (…)

Du laisser-aller.

10 août 1941. Un abus tendit à s'introduire dans la paroisse au sujet des publications de bans. Les jeunes gens venaient seuls ; parfois même l'un d'entre eux seulement et en tenue négligée. L'on a averti que par respect pour le sacrement de mariage, on ne recevrait plus les candidats avec cette désinvolture et ce sans-gêne et qu'ils devraient désormais être toujours accompagnés de leurs parents ou du moins de l'un d'entre eux. La leçon a porté et les parents ont été fiers de voir qu'on leur redonnait la place qu'ils n'avaient su garder. (…)

Un pardon en temps de guerre.

14 septembre 1941. Pardon de Kerdévot. M. le Recteur a multiplié ses démarches à la Préfecture, à la Kommandantur, pour obtenir l'autorisation de circuler en auto le 14 septembre et prendre à Quimper ce jour là le doyen du chapitre, M. Guéguen et le curé-archiprêtre de St Corentin, M. Pichon. Il a conservé quelque espoir de réussite jusqu'au vendredi. Il a fallu alors se résigner à prendre ces hauts personnages en char à bancs !!!

Le pardon s'est ouvert comme d'habitude la veille au soir par le chant des Vêpres où il y avait fort peu de monde. Les confesseurs se sont trouvés réunis le samedi soir à la table de M. le Recteur : M. Kerbiriou, supérieur de l'école Saint-Charles à Kerfeunteun, M. Cauvel, professeur à Pont-Croix, M. Guilcher, vicaire à Elliant. Ces messieurs sont partis dès l'aurore pour les confessions qui ont été très nombreuses. Les « pardonneurs » sont arrivés fort peu de temps avant l'heure. Il y avait au chœur 15 soutanes. Célébrant : le doyen. Prédicateur : l'archiprêtre. Pardon très émouvant, très pieux. Les offrandes ont été très abondantes. Une seule ombre au tableau : les paroissiens ne suivent pas la procession, se contentant  de la regarder et ne se signant pas au passage de la croix, toutes remarques qui ont été faites par les prêtres étrangers.
M. le Recteur à son départ de la chapelle, le dimanche vers 18 heures, a été hué par une bande de buveurs qu'il a mis à la raison par un mot d'esprit.
Et ces messieurs d'Elliant, le même soir, en regagnant leurs pénates, ont été entrepris par une troupe de jeunes avinée chantant "l'Internationale" ; étant descendus de bicyclette, ils ont mis à la raison ces jeunes garnements, particulièrement l'abbé Marzin en exhibant ses titres de prisonnier de guerre libéré. (…).

Le lendemain, 15 septembre 1941. Le recteur et le vicaire sont allés à Kerdevot pour de nombreuses confessions paroissiales. M. le Recteur a donné un avertissement sévère à la tenancière de l'auberge qui désirait avoir "un casse-gueule" pour amuser la jeunesse et qui n'a eu qu'un innocent manège de chevaux de bois sans musique pour l'amusement des bébés. (…)

La J.A.C. reste autorisée.

26 octobre 1941. Fête de la jeunesse rurale à Kerdévot8. Toutes les paroisses environnantes ont été invitées : Ergué-Armel, Kerfeunteun, Saint-Yvi, Saint-Evarzec, Briec, Landudal, Elliant.  La grand-messe annoncée à 10 h 30 n'a commencé qu'à 11 heures, chantée par M. le Recteur. Sermon par M. le chanoine Favé, sous-directeur des Œuvres, d'assez méchante humeur parce qu’aucun jeune homme de la paroisse n'avait assisté à une réunion des jours précédents à Quimper. Dîner à la sacristie. Séance d'étude à 13 heures sur l'organisation des loisirs à la campagne le dimanche.

Rien de précis dans la discussion et rien de prévu pour donner au dimanche sa signification de jour saint, consacré au Seigneur. Guère de franchise de la part des jeunes gens à mon avis. Vêpres. Jeux divers. Mot d'adieux de M. le Recteur. (…)

Et encore…

Début Novembre. Rétablissement d'une messe régulière à Saint-Guénolé le 1er dimanche du mois à la grande joie de tout le quartier qui a témoigné sa reconnaissance par de généreuses offrandes.
Annonce que la messe du 1er vendredi du mois sera désormais célébrée pour les prisonniers et qu'on y ferait une quête pour l'honoraire de la messe, l'excédent devant servir à célébrer d'autres messes. Ce premier vendredi, il y a eu de nombreuses femmes de très loin et même quelques hommes.

Le 2 novembre, M. le Recteur a reçu du Secours National9 la somme de 2000 Fr. pour la fondation d'une bibliothèque paroissiale : elle a commencé à prêter des livres d'abord aux jacistes le dimanche 16. Ont été nommées bibliothécaires : Melle Laurence Bihannic et Melle Louise Lennon du Bourg. Elles seront à la disposition des clientes le 1er dimanche du mois après les messes et le 3e dimanche après la réunion générale.
(…)

Arkae > TA > Personnages > Gustave Guéguen > phot du bourg

  1. L’Abbé Pierre Neildé, originaire du Juch, avait été nommé recteur d’Ergué-Gabéric en 1938. Il y est décédé le 7 janvier 1941, à l’âge de 57 ans, après deux ans et quelques mois de présence. « Toujours à son devoir, c’est en se pressant de rentrer d’une visite à son frère malade, pour faire son catéchisme, qu’il a été terrassé d’une hémorragie cérébrale, le lundi, vers midi. Malgré tous les soins, M. Neildé expirait le mardi matin, vers cinq heures » (Semaine Religieuse de Quimper et Léon, 31 janvier 1941).
  2. Ainsi, le recteur n’aurait pas réussi à se faire obéir, du moins pour les « basses messes ».
  3. L’Abbé Guéguen est originaire de Locronan, et le Porzay était considéré dans le clergé comme faisant partie, comme le Léon, des « gras pâturages » attribués en fin de carrière aux prêtres méritants.
  4. L’Abbé Guéguen était précédemment, depuis 1937, recteur de Clohars-Fouesnant.
  5. Telle était la configuration historique de l’ensemble autel-retable-trône de la Vierge. C’est en septembre-octobre 1944 que l’Abbé Guéguen, sous le contrôle de l’inspecteur départemental des Beaux-Arts, dispersera ces éléments, le retable étant transféré au fond de la chapelle, contre le mur Nord, et la statue de N.D. de Kerdevot sur son trône, en appui contre un pilier de la travée Nord, face à l’entrée Sud.
  6. Sous l’Occupation allemande, ces petites pièces de monnaie, qui contenaient des métaux stratégiques pour l’armement (nickel, cupronickel…) furent démonétisées en 1941 et 1942, c’est-à-dire mises hors circuit monétaire, pour être récupérées par les Allemands et servir dans leurs industries d’armement. Elles furent remplacées par des pièces en zinc. La démonétisation de la pièce de 25 centimes, d’abord annoncée pour le 1er avril 1941, n’a eu lieu que plus tard.
  7. Depuis une dizaine d’années (voir Semaine Religieuse du 18 mars 1932 : « Directives au sujet des danses »), Mgr Duparc avait engagé son clergé dans une campagne de proscription des salles de bal, « véritables écoles de corruption », de leurs tenanciers et de leurs enfants, « pécheurs publics et traités comme tels », c’est-à-dire privés des sacrements de l’Eglise, des danseurs et danseuses, des musiciens… Ainsi, plusieurs salles de danses se trouvaient « interdites » à Ergué-Gabéric, dont celle tenue par la famille Balès au Bourg.
  8. Le régime de Pétain voulait, en créant par la loi du 15 juillet 1940 un Secrétariat Général de la Jeunesse, « coordonner et contrôler l’action éducative des différents mouvements de jeunesse », avec comme objectif de couler les jeunes dans le moule de la Révolution Nationale. L’Eglise de France résista à une trop forte absorption de ses mouvements de jeunes par l’Etat. Ainsi, la J.A.C. et la J.A.C.F. purent poursuivre leurs activités ; l’encadrement assuré par les autorités religieuses garantissait que ces mouvements ne s'occuperaient pas de ce qui ne les regardait pas. C’est ainsi que la J.A.C. continua à prospérer pendant la guerre.
  9. La loi du 4 octobre 1940 attribuait au Secours National un rôle bien plus large que celui d’assistance aux soldats mobilisés (colis, courrier…) : Pétain en faisait un organisme d’Etat chargé d’habiliter, de coordonner et de contrôler toutes les œuvres privées, les initiatives d’assistance, que ce soit auprès des soldats prisonniers, de leurs familles, des réfugiés, des victimes des bombardements anglais, etc. « Le Secours National est seul qualifié pour formuler des appels publics à la générosité et recevoir des subventions de l’Etat ou des diverses collectivités publiques ». Les maires ne peuvent autoriser que les quêtes qui ont l’aval du Secours National, et il n’y a de subvention ou d’aide que par le canal du Secours National.

 

François Ac'h - Keleier 66 - janvier 2011

 

Retour

 

 


Arkae > Trésors d'archives > Patrimoine rural> Les fours à pain et les boulangers à Ergué-Gabéric sous la Révolution

Les fours à pain et les boulangers d'Ergué-Gabéric

Pierre Faucher 

 

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > KerrousBernez Rouz :

" Dans ce qu’on appelle le petit patrimoine le four à pain tient une place importante.

Dans ses pérégrinations à travers les quartiers d’Ergué, Pierre Faucher en a repéré quelques 70. C’est presque une ferme sur deux qui en possédait, et certains hameaux en cumulaient jusqu’à trois. De l’époque de l’ancien régime où le four était l’apanage du seigneur jusqu’au XIXe siècle où la fabrication du pain devient symbole de l’émancipation des droits seigneuriaux, le four à pain est un endroit particulièrement choyé de nos ancêtres. On s’imagine les bandes de gamins des années Déguignet s’agglutinant devant une fournée de bon pain tout chaud.
La magie continue aujourd’hui par les artisans boulangers. Certes les fours se sont modernisés mais le pain reste une base importante de l’alimentation contemporaine.

Cet article recense tous les lieux où on a fabriqué du pain à Ergué. Les fours existants ont été répertoriés, beaucoup de fours détruits et sans doute encore d’autres à découvrir.

N’hésitez pas à nous signaler des fours ou des noms de parcelles renfermant le nom « forn » afin que ce premier état des lieux puisse être véritablement complet."


B.R.

Photo : Four de Kerrous, four en bon état, bâtiment attenant.

 

 

Le pain constitue depuis longtemps la base de l’alimentation et à Ergué-Gabéric comme partout en Bretagne et en France, la population s’est organisée pour gagner son pain et le fabriquer.

Dans notre commune subsistent de nombreux fours à pain en granit et lors de la construction du four de Kerfrès par la famille Rannou, Arkae en avait présenté la rénovation (Keleier n°57 mai 2009) avec un article de P. Pliquet, l’artisan qui a remonté le four sur cette belle réalisation.

Depuis, l’étude sur les fours à pain à Ergué-Gabéric a été poursuivie et il peut en être dressé un premier inventaire.

 

1.    Fours en granit et pains de campagne en Basse-Bretagne.

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > KerellouUn livre récent de Pierre Le Guiriec, dont le grand-père était fournier1, le père boulanger, et lui-même s’est retrouvé apprenti-boulanger à 15 ans, et ensuite commercial pour un constructeur de matériel de boulangerie pendant 30 ans, présente sa recherche des vieux fours à pain, fours en granit traditionnels de Basse-Bretagne. (Livre à compte d’auteur - 24,50 € - édité en 2010, disponible en librairie).

L’évolution du fonctionnement des fours est d’ailleurs présentée dans ce livre (p.91 à 94) :
Le four « banal » du Moyen-âge à la Révolution qui appartient à la seigneurie ou aux abbayes. Le four est affermé à un fournier qui perçoit des droits pour cuire le pain (redevance fixée dans le bail – souvent 1/16e).

A partir du XVIIIe siècle, les fours de quartiers ou de bourgs deviendront libres de tous commerces. Les fourniers continueront encore à cuire leur pain au XIXe siècle souvent en parallèle avec d’autres activités commerciales (débit de boissons, épiceries variées, voire forgerons …).

Photo : four de Kerellou, au bord de la route (en 1834, sur le cadastre, il y avaitune maison de four accolée).

Après 1850, chaque ferme, hameau en même bourgade, disposait d’un four banal ou commun.
Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle, que l’on verra apparaître des boulangeries professionnelles. Leurs fours, comme ceux des fermes, seront d’abord chauffés aux fagots de bois, puis équipés en appareils à mazout et après à l’électricité.

 

2.     Les fours en granit à Ergué-Gabéric.

De nombreux villages ou hameaux à Ergué-Gabéric disposaient de four à pain et un inventaire incomplet en fait apparaître près de 70 classés en 2 catégories :

  Four existant aujourd’hui, en bon état, parfois démoli partiellement (les pierres de façade ont parfois été prélevées), parfois un peu plus détérioré mais le corps du four est encore conséquent.
  Four disparu ou avec des restes limités mais recensés à partir de témoignages oraux ou écrits.

Le « ti forn », bâtiment qui se trouve à l’entrée du four pour la préparation du pain  et surtout de la cuisson est signalé.
Liste établie en mars 2011, par ordre alphabétique des lieux-dits.

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > Carte état des fours

Liste établie en mars 2011, par ordre alphabétique des lieux-dits.

Balanou la pierre sous l’entrée du four est existante
Beg ar Menez  four en bon état, important.
Boden démoli, sans trace.
Bohars avec ti forn à l’entrée de la ferme.
Bourg route du cimetière, à l’intérieur d’une maison, sans entrée, ni cheminée.
Coat-Piriou  avec ti forn.
Creac’h Ergué attenant à un bâtiment
Congalic restes d’un four à un emplacement bien déterminé.
Griffonès grand four donnant sur un assez important bâtiment.
Guilly Vras un beau four au milieu de la cour.
Guilly Vian four démoli, sans trace.

Kerdales

- un four en bon état.
- l’entrée d’un autre four dans un mur avec la cheminée.

Kerdiles

- un four démoli, les enfants allaient jouer dedans.
- un autre aussi démoli depuis 30-40 ans.
Kerdudal  four en assez on état.
Kerellou  four au bord de la route, (en 1834, sur le cadastre,  il y avait une maison de four accolée).
Kerfors four à moitié démoli, cheminée haute de 3 - 4 m - linteau cassé
Kerfrès four rebâti en 2009, daterait d’environ 300 ans.
Kergoant four démoli.
Kergonan four recouvert de lierre.
Kerhuel four démoli, il était situé dans un talus près de la maison.
Keristin restes de la cheminée et façade d’un four dans un mur.
Kerho four important dans une cour (isolé).

Kerlaviou

- 2 fours en assez bon état (1 avec ti forn en démolition).
- 1 démoli, sans trace.

Kermoysan  four complet avec fournil en bon état.
Kernaon - four en partie écroulé, accès à l’intérieur d’un vieux cellier en cours de démolition.
- four cité démoli.

Kerveady

- four en bon état.
- four isolé dans un talus, avec un grand chêne sur la voûte pierres de façade enlevées.
Kerrous  four en bon état, bâtiment attenant.
Kersauz démoli.
Kervernic en assez bon état, sur un talus.
Kervian partie de four dans l’entrée de la ferme.
Kervoréden four démoli, les pierres ont servi à la construction d’un mur.
Kerourvois-Kerdévot démoli entièrement, en attente de reconstruction.
Kervreyen un beau four de taille importante.
Le Lec un four a été démoli au début du XXe siècle.
Lestonan un four démoli à Menez Groas.
Lestonan Vian four en partie démoli dans un talus où la voûte se délabre.
Lezergué four démoli (comme le pigeonnier).
Loqueltas four démoli et reconstruit hors commune.
Meilh Poul un peu en abandon, grande taille.
Meouet Vian un peu démoli, les pierres de la façade ont été enlevées.
Melennec four isolé, quelques pierres ont été enlevées. Date de 1791
Mezanlez  démoli, sans trace.
Moulin de Kergonan belle apparence, mais arbres incrustés dans le four.

Niverrot

- un acheté par la commune, démonté dans les ateliers municipaux.
- un, en bon état, toit en ardoises.
Pen Menez  démoli, les murs de façade subsistent.
Pennarun - un four en bon état, isolé.
- un petit four à l’intérieur du manoir, en granit.
Quélennec  2 fours auraient été démolis à Quélennec Huella.
Quélennec Izella   un four aurait existé auprès des vieux bâtiments.
Quillouharn - un grand four en bon état, isolé au centre du village.
- un four un peu démoli, au pignon d’une maison.

  Quillihuec

- démoli, sans trace.
- démoli, en face de Pen Carn Lestonan.
Saint-André les pierres de la façade d’un four au pignon d’une grange près de la chapelle existent.
Savardiry un four existait, noté sur des documents écrits.
Stang Quéau un four existait dans un talus entre les 2 fermes. Démoli.

Sulvintin

- traces dans un mur d’entrée.
- un autre démoli sans trace.
Tréodet cités dans un document écrit vers 1680 (inventaire après décés).
Squividan four dont on a ôté les pierres de façade et qui sert de poulailler.

 

3.    Les boulangers et les boulangeries à Ergué-Gabéric.

Jusque vers la fin du XIXe siècle, le pain était fabriqué et cuit dans la plupart des villages des communes rurales comme Ergué-gabéric.

3.1. Au bourg

Arkae > Tresors archives > Patrimoine rural > Les fours à pain et boulangers Ergué-Gabéric > PennarunVers la fin du XIXe siècle, ou début du XXe, Pierre Le Naour était boulanger au bourg. Son fournil et son four devaient se situer au bout de la maison Troalen et pas loin de l’école (espace Déguignet aujourd’hui). Il fournissait le pain chaque fin de semaine à Lestonan.

Jean Balés l’a remplacé entre les 2 guerres. La boulangerie - buvette - épicerie donnait sur la place.
Deux ouvriers boulangers Youenn Gueguen et Noël Peuziat fabriquaient le pain, à la levure (goût plus neutre), remplacé par le levain ensuite (plus suret).

Une fois par semaine, ils fabriquaient des boules de vrai pain de seigle, le pain noir d’antan, acide, à la mie compacte, délicieux tartiné au lard ou à la graisse salée. Le dimanche, on pouvait se procurer à l’étal de la boulangerie du pain doux et du gâteau breton maison.
Le four servait aussi à la cuisson du riz au lait et du pâté de campagne.
Jean Balés livrait le pain en automobile dans ses dépôts de campagne (Kerdilés, Kerdévot, Le Drohen ...).

Photo : four de Pennarun, un four en bon état isolé.

La famille Nédelec, après la seconde guerre mondiale remplacera J. Balés.
Trois fours seront construits par J. Balés et la famille Nédelec, au bord de la rue de la Fontaine, puis près de la grande salle et au milieu avec le fournil.

Biannic, le deuxième boulanger du bourg entre les 2 guerres. Il tenait aussi buvette, épicerie, salle de mariage et téléphone (à l’emplacement du commerce longtemps tenu par Marie et René Poupon).
En 1938, la famille Biannic prendra possession de la nouvelle maison qu’elle a fait bâtir en plein centre bourg (la mairie sera construite à côté en 1955-56).
Le café-mercerie Lennon, en face de l’église, vendait du pain fourni par la boulangerie Le Ster de Stang Ven.

Après la fermeture en 2001 de la boulangerie Nédelec, un bâtiment construit par la commune accueille la boulangerie du bourg depuis 2005, en face de l’église.

3.2. A Lestonan

Pierre Le Naour possédait une boulangerie à Lestonan où il déposait le pain fabriqué au bourg. En 1912, est venu Germain Guéguen qui louait la maison avec four servant de boulangerie, un hangar et une petite cour situés Menez-Groas. Germain Guéguen envoyait aussi du pain à Ti Ru.
La boulangerie, après un incendie en 1922, fut reconstruite et modernisée.
En 1947, au décés de Germain Guéguen, son fils François lui succéda jusqu’en 1970.
Ensuite, André Dervoet d’Elliant fut boulanger de 1970 à 2000. Et depuis, Arnaud Herledan (2000 - 2006) et Michel Girard se sont succédés.
A Stang Ven, la boulangerie Le Ster fut créée probablement vers 1923.
Après la seconde guerre mondiale, vers 1948, elle fut prise par Jean Philippe, ancien coureur cycliste, à l’origine du circuit de la Vallée Blanche et d’OCB.
Fanch Le Ster, vers la fin des années 1950, reprit le commerce familial - boulangerie, épicerie, bistrot - avec des tournées sur Briec, Ergué et Landudal.
La boulangerie Le Ster a ouvert un magasin de vente à Pen Ergué de 1987 à 1999.

3.3. Vers Garsalec - Saint-André

Peu après la fin de la guerre 39-45, à quelques 300 mètres du carrefour de la Croix Saint-André, juste avant la ferme de Kernaon, Mathias Binos ouvrit une boulangerie - bistrot.
En 1953, Guillaume et Catherine Plouzennec lui ont succédé, et Catherine sillonna jusqu’en 1981 les routes d’Ergué-Gabéric vers Garsalec et vers Landudal (voir Keleier n°55 - mai 2008).

3.4. Bara-bio à Kerveguen

Depuis plus de 20 ans, l’exploitation agricole de Kerveguen (Yves Le Gall) produit des céréales biologiques et fabrique en meunerie des farines diverses.
Et la boulangerie façonne des pains biologiques (farine fraîche de « la ferme », levain naturel, sel de Guérande, eau de source) cuits dans des fours chauffés au bois.

3.5. Au Rouillen

Avec l’urbanisation de ce quartier, des dépôts de pain furent installés :
- au magasin de Kérélan (Timmy) : 1978-1998
- à Pen Ergé (Le Ster de Stang-Ven).
Le supermarché de la Salle Verte vend du pain depuis 1998.
Une boulangerie importante fabrique et vend - rue P.J. Hélias - du pain et des gâteaux.
 

4.    Souvenir d’un mitron pendant la guerre 1939-45.

Jean Guéguen, fils de Germain qui fut boulanger à Lestonan de 1912 à 1947, aida son père pendant la guerre.
Il raconte le souvenir de la fabrication du pain de seigle.

" Le pain de seigle, plus communément appelé « pain noir », se faisait tous les mercredis.
La veille, on prenait une boule de pâte qui était restée dans du gros sel depuis une semaine. On la mettait dans la maie avec de l’eau tiède et on ajoutait un peu de farine pour faire un levain dans un demi-seau. On couvrait avec un sac.
Le lendemain, on reprenait le levain et on pétrissait avec de la pâte fraîche pour obtenir la pâte à pain.
On faisait 2 sortes de pain : de 1 kilo ou de 2 kilos.
Avant la cuisson, on les enduisait avec une pâte bouillie liquide faite de farine blanche et d’eau. Souvent, en les sortant du four, ces pains étaient fendus sur le pourtour. "

 

  1. Fournier : celui qui s’occupe de chauffer le four, de cuire le pain et éventuellement de faire le commerce du pain (vente au comptoir, portage à domicile, tournées …).

 

Dossier réalisé par Pierre Faucher - Keleier 67 - mars 2011

 

Retour

 

 


Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Alain Dumoulin

Alain Dumoulin

Bernez Rouz

Alain Dumoulin : présentation dans le dictionnaire d'Arkae

1811 : la mort du recteur Dumoulin

Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Alain Dumoulin > Hent ar BaradosRecteur d’Ergué-Gabéric de 1788 à 1791 Alain Dumoulin dut s’exiler à Liège puis à Prague pendant la Révolution. Il revient d’exil en 1802 et reprend son rectorat à Ergué-Gabéric. Il est nommé à Crozon puis curé de la cathédrale de Quimper.
Bras droit de l’évêque Mgr Dombideau de Crouzeilhes, il exerce les responsablités de vicaire général dans le diocèse jusqu’à sa mort.

Une convention avec une dame Feunteun
Alain Dumoulin garde des relations avec les paroissiens d’Ergué-Gabéric. En 1810 il passe une convention avec une dame Feunteun demeurant à Lezergué : celui qui survivrait dirait deux messes pour l’autre. Il survécut à la dame et dit effectivement ses deux messes.

Alain Dumoulin meurt subitement le 21 mai 1811 à l’âge de soixante trois ans. L’évêque écrivit alors « ce pauvre M. Dumoulin je le regretterai jusqu’à mon dernier soupir ». Quand à son biographe il témoigne « Quand il mourut, ce fut un deuil universel dans la ville. On jugea de l’estime et de l’affection dont il jouissait au nombre considérable de personnes de toutes les classes qui assistèrent à son inhumation  ».

Il est enterré au cimetière Saint-Louis. Son oncle Mgr Graveran originaire comme lui de Crozon fit exhumer ses restes en 1852 pour les déposer dans le chœur de la chapelle du cimetière. L’évêque fit graver une pierre tombale en marbre noir où il fit graver une inscription de sa composition.

 

Bernez Rouz - Keleier 66 - janvier 2011

 

Retour