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Géographie : Sommaire des articles

 

 

 


Trésors d'archives > Géographie > L'Odet et le Jet en 1972

L'Odet et le Jet en 1972

(Fichier technique des estuaires bretons par Anne-Marie Jegou de la S.E.P.N.B.)
 
Cette étude de la SEPNB fourmille de renseignements sur nos deux rivières :
 
1.  LIMITE DE LA MER
 
Cette limite est fixée à la passerelle pour piétons du champ de bataille. Mais le point limite de remontée des eaux est située au barrage Merret en amont de la ligne de chemin de fer. La limite de salure des eaux a été fixé par décret le 4/07/1853 modifié le 7/12/1902.
 
2.  DEBIT DE l'ODET
 
mois J F M A M J J A S O N D
Débit 1972 7 14,7 9,8 5,6 4,8 5,6 2,1 1,1 0,8 0,9 4,6 10,7
Moyenne 1954-1972 8,4 8,3 6,1 4,3 3,2 2,1 2 1 1,2 1,9 4,3 7,3
3 DEBIT COMPARE JET /ODET (1972)
mois J F M A M J J A S O N D
Odet 7 14,7 9,8 5,6 4,8 5,6 2,1 1,1 0,8 0,9 4,6 10,7
Jet 2,4 5,7 4,4 4 3,9 4,7 1,4 0,8 0,6 0,7 2,1 4,2
 
4. CRUE MAXIMALE
 
64 M3/s au confluent du Jet et de l'Odet.
 
5. POLLUTION
 
Rejets épisodiques des papeteries Bolloré qui utilisent des acides pour la déminéralisation de l'eau.
Rejets de boues des carrières Guéguen.
 
6. SAUMONS
 
Estimation des captures (Chiffres de l'Association de pêche)
 
  ODET STEIR JET
1971-72 105 72 130
1972-73 85 52 65
Existence de trois piscicultures sur le Jet Obstacles à la remontée des saumons : Barrage Merret à Quimper Barrage de Penhoat en Kerfeunteun Echelle en biais au travers du déversoir des papeteries Bolloré franchissable seulement en période de crues.  

Trésors d'archives > Guerres > Les Résistants de Lestonan

Les Résistants de Lestonan

François Ac'h, avec le participation de Valia, fille de Malou Lazou 

 

Arkae > TArchives > Guerres > Resistants Lestonan > Jean, Malou et Jeanne LazouVacances de Noël 1940.

Les locaux de l’école publique de Lestonan sont silencieux. Les trois classes ont fermé.

Jeanne Lazou, la directrice, reçoit sa fille Malou, qui poursuit des études de médecine à Rennes. Elle passe quelques jours chez elle. Ce retour à la maison familiale est marqué par le souvenir du père, Jean Lazou, qui ne sera pas là. Il a été tué le 15 mai précédent sur le front des combats, dans l’Aisne.

Mais Malou est revenue à Lestonan accompagnée d’un étudiant en médecine qui deviendra son mari. C’est René Le Herpeux, qui par ailleurs est, à Rennes, un dirigeant des étudiants communistes, un proche de la direction régionale du Parti.

De gauche à droite : Jean, Malou et Jeanne Lazou

La chasse aux communistes.

Malgré les difficultés de la période, Jeanne Lazou est restée militante au Parti Communiste. A vrai dire, à cette date, le Parti est réduit à peu de chose. Il a été dissous le 26 septembre 1939 par le Gouvernement Daladier, en raison de la signature du Pacte germano-soviétique, et par ailleurs, la plupart des militants hommes ont été mobilisés.
Cependant un PCF clandestin se réorganise pendant le second trimestre de 1940, en bonne partie avec des jeunes et des femmes.
Ces communistes bretons n’ont pas attendu l’invasion de l’URSS par l’Allemagne le 22 juin 1941 pour entrer en résistance : sous la direction d’Auguste Havez, leur responsable régional, ils développent déjà dans leur propagande des positions anti-nazies très nettes.
C’est une période où les militants communistes sont soumis à une surveillance de la police : dès avant l’arrivée au pouvoir de Pétain, les communistes ont été considérés par le personnel politique au pouvoir comme des ennemis de l’intérieur : le PCF interdit, ses militants sont condamnés à la clandestinité.
Le 20 janvier 1940, les députés communistes sont déchus de leurs mandats. Les cinq maires et 60 conseillers municipaux du Finistère membres du Parti sont révoqués. Puis en avril 1940, le décret « Sérol » institue de fait la peine de mort pour les communistes qui poursuivent leurs activités, sous l’accusation de démoralisation de l’armée ou de la nation.
Quand le gouvernement de Vichy s’installe en juillet 1940 avec son programme de « Révolution Nationale » et son esprit de vengeance, il n’a qu’à poursuivre la chasse aux communistes déjà bien engagée.
En août 1940, il institue une police spécialisée : le Service de police anticommuniste (SPAC), qui condamnera à la prison les militants arrêtés pour les livrer ensuite aux forces d’occupation. Ainsi, leur peine terminée, ils seront pour la plupart déportés en Allemagne.

La ronéo dans le grenier de l’école.

Arkae > TArchives > Guerres > Resistants Lestonan > Mathias Le LouëtC’est pendant ces vacances de Noël 1940 que Jeanne Lazou fait se rencontrer René Le Herpeux et Mathias Le Louët. Mathias est un ancien élève de Jean Lazou. Il n’a pas encore atteint ses 20 ans. Il travaille à Quimper, aux Ponts et Chaussées.
Le Herpeux lui propose d’entrer dans un groupe de résistants à constituer.
Mathias écrira plus tard1 que ses « sentiments anti-allemands et anti-pétainistes » lui ont suffi pour agir avec les communistes au sein du Front National2 (il n’adhérera au Parti Communiste qu’une fois la guerre terminée). Ainsi, dès janvier 1941, Mathias commença à déposer ses premiers tracts, la nuit, aux portes des maisons de Lestonan.
Rapidement, l’action militante de Mathias va se porter sur Quimper. Le responsable local qu’il rencontre est André Quiniou, employé de perception : Mathias fera partie d’un « triangle » de militants avec Jean Bernard, employé de bureau à l’Office du blé, et René Tressard, instituteur à Pleuven. Une tâche particulière lui est confiée par André Quiniou : installer une ronéo à l’école de Lestonan, au grenier de Madame Lazou, et tirer en tracts, avec l’aide de celle-ci, des textes tapés à la machine sur stencils par Yves Dérédec, un employé du service de l’enregistrement. Cette propagande est destinée au Sud-Finistère.
Le logement de Jeanne Lazou sert aussi occasionnellement pour l’hébergement de responsables communistes de passage. Ce sont, par exemple des responsables locaux des FTP : « Commandant Pascal », « Capitaine Michel », ou des militants de base. C’est aussi, en septembre 1941, la responsable régionale « Madame Lecrux3 » .

Photo : Mathias Le Louët 1985.

Alertes et coups durs.

Mai 1942. Deux jeunes militants communistes d’Ergué-Armel, Pierre Jolivet et Emile Le Page, tous deux âgés de 19 ans, sont arrêtés pour avoir distribué des tracts appelant à manifester le 1er mai. Ils sont de plus soupçonnés d’avoir participé à des attentats. Ils sont fusillés le 5 juin suivant.

Juillet 1942. Mathias a réussi à livrer à André Quiniou une valise de tracts tirés en prévision du 14 juillet. Le lendemain, Quiniou et Dérédec sont arrêtés par la police de Vichy dans le Morbihan avec une partie des tracts. Quiniou décède à Lorient des suites de coups reçus lors de son interrogatoire, et Dérédec sera déporté dans un camp en Allemagne. Mathias se cache à Trégourez. Il revient à Lestonan quand il estime qu’il n’est pas recherché et il continue à diffuser la presse clandestine.

Octobre 1942. A l’occasion d’un large coup de filet dans les rangs des FTP4 du Sud-Finistère, Jean Bernard5 et René Tressard6 sont arrêtés. Mathias n’est pas inquiété, mais se cache pendant une semaine à Elliant après avoir confié la ronéo à René Guillamet, adjoint technique au Génie Rural et mari d’une des institutrices de Lestonan. Il est désormais coupé de l’organisation. Il lui faudra attendre Noël 1942 pour convenir avec René Le Herpeux des modalités pour rétablir la liaison avec un responsable régional.

Arrestations.

Le 1er mars 1943, Mathias, informé via Jeanne Lazou, a un rendez-vous avec le nouveau contact dans le hall de la gare de Quimper. Il y a des signes de reconnaissance à respecter : « à l’heure dite, j’étais au rendez-vous, la cigarette aux lèvres, le ticket de chemin de fer à la main et lisant la revue. Un gars d‘une trentaine d’années, vêtu d’un blouson et d’un pantalon de golf, coiffé d’un béret et chaussé de gros brodequins s’approcha. Il me demanda du feu et après qu’il eut allumé sa cigarette, me dit : « Je viens de la part de Fernand ». C’était le mot de passe convenu. Nous nous dirigeâmes vers la sortie. Dans la cour de la gare, il me présenta un autre gars correctement vêtu de bleu marine, et me dit que ce serait désormais mon nouveau responsable régional… »7.
Ils rejoignent ensemble le centre-ville et prennent un café Place Toul-al-laër tout en interrogeant Mathias sur la situation locale de l’organisation, les possibilités de la faire redémarrer et de la développer. Arrivés près du Commissariat, soudain les deux hommes se jettent sur Mathias : ce sont des policiers, de la Police Spéciale de Rennes, qui le font enfermer au commissariat. Son interrogatoire va durer deux jours.

Le lendemain matin de son arrestation, il est rejoint au poste de police par Jeanne Lazou et par René Guillamet, également arrêtés. Tous trois sont dirigés dans la soirée vers le Palais de justice, puis conduits à la prison française de Mesgloaguen. Ils y restent pendant un mois puis sont conduits, Jeanne Lazou à la prison de Rennes, et les deux jeunes gens à celle de Vitré.
Ils sont jugés tous trois à Rennes le 15 avril 1943, sous l’inculpation d’avoir « détenu de mauvaise foi des tracts à tendance communiste et du matériel de diffusion tendant à propager les mots d’ordre de la IIIème Internationale ou des organismes qui s’y rattachent ». Jeanne Lazou est condamnée à un an de prison, Mathias à deux ans, et René Guillamet se voit relaxé, Mathias ayant prétendu l’avoir trompé sur le contenu de la caisse contenant la ronéo.

Des prisons françaises au maquis.

Mathias revient pour deux mois encore à la prison de Vitré, puis est dirigé le 17 juin sur celle de Poissy, le 20 septembre sur celle de Melun, enfin le 15 décembre 1943 à la Maison d’Arrêt de Châlon-sur-Marne. Dans toutes ces prisons se trouvent de nombreux communistes. A Châlon, Mathias retrouve Jean Bernard et René Tressard, et plusieurs autres sud-finistériens8.

Fin mars 1944, Mathias est atteint de typhoïde, ce qui lui vaut d’être hospitalisé. C’est à l’hôpital qu’il apprend le Débarquement en Normandie. La nuit précédant son retour en prison, celle du 14 juin, Mathias s’évade par les toits avec deux camarades. Avec l’aide de la population locale, ils regagnent le maquis d’Argonne (un maquis « gaulliste ») où Mathias participe à des actes de sabotage, des parachutages d’armes, et enfin à la libération de Sainte-Menehould le 30 août, avec l’aide des troupes américaines. Fin septembre, il est de retour à Lestonan.

Sauvée in extremis

Jeanne Lazou est restée à Rennes pour effectuer son année de prison « française ». Mais comme l’indique Mathias dans son livre : « il valait mieux être condamné à une peine de prison de cinq années plutôt qu’à une petite peine de un ou deux ans. En effet, dès la peine terminée dans une prison française, on était transféré dans une prison allemande pour être déporté, quelques jours ou quelques semaines plus tard, dans les camps allemands »9. Malou Lazou aussi le savait. Elle était devenue Madame Le Herpeux. Le jeune couple s’était installé à Paris, où l’action clandestine était davantage possible. Mais que faire ?

Elle se rendit de Paris à Rennes. Elle raconte : « un de mes condisciples de l’Ecole de médecine10 était devenu interprète à la Kommandantur. Il est intervenu auprès d’un officier allemand, que je suis allée voir. Celui-ci m’a conseillé d’aller chercher ma mère à la Centrale. Lorsque j’y arrivai, elle n’y était plus (Je l’ai retrouvée chez des amis). Elle était dans la file des femmes partant pour la déportation. On l’a alors mise en dehors (de la file) avec son baluchon. Il avait suffi (heureusement) d’un coup de téléphone de l’officier allemand aux fonctionnaires français (de la prison) pour faire libérer ma mère»11. Jeanne Lazou était libre, le 9 mars 1944. Interdite de séjour dans le Finistère, elle est venue habiter à Paris, chez une de ses sœurs. Elle y restera jusqu’à la Libération de Paris.

Autre arrestation ce même 9 mars.

Et « Fernand » ? Celui dont il était question dans le mot de passe utilisé par Mathias était René Le Herpeux. Pendant les deux jours d’interrogatoires subis par Mathias après son arrestation à Quimper, le commissaire Mitaine s’était montré très intéressé de savoir qui était « Fernand ». Mathias réussit à ne laisser échapper aucun indice. René Le Herpeux put donc poursuivre ses activités de résistant, mais désormais sur Paris où il s’était installé comme médecin praticien dans un quartier ouvrier. Il fut arrêté un an après, pour une autre affaire. C’était le jour même de la libération de Jeanne Lazou.

En rentrant de Rennes à son domicile à Paris, Malou Lazou fut surprise d’y trouver les policiers français qui, deux jours auparavant, venaient d’arrêter son mari René Le Herpeux ainsi qu’une bonne partie du réseau FTP constitué à l’Assistance Publique. Malou était élève d’externat d’un grand pédiatre qui deviendra le fondateur de la néonatologie en France, le Professeur Alexandre Minkowski. René et Malou avaient fait entrer celui-ci dans le groupe. Lui aussi avait été victime de la rafle. A l’occasion d’une brève rencontre qui leur fut autorisée, René put glisser à Malou cette phrase en l’embrassant : « Minko est notre conférencier ». Lors des interrogatoires qu’elle eut à subir, Malou répéta donc ces mots, ce qui valut à Minkowski d’être mis hors de cause et libéré au bout de deux jours.
Malou eut à subir deux mois d’emprisonnement à la Conciergerie avant d’être, elle aussi libérée12.

Déportation et mort de René Le Herpeux13.

René Le Herpeux fit partie d’un convoi de déportés qui quitta la France le 30 juillet 1944 à destination du camp de Neuengamme14. Courant septembre, avec d’autres français il rejoint une usine d’armement à Blumenthal ; en tant que médecin, il est affecté à l’infirmerie du Kommando, ce qui lui permet par sa compétence de sauver de la mort plusieurs de ses compagnons. Fin février et début de mars, il participe à un projet d’évasion collective qui n’a pas abouti. Le 21 avril, à l’approche des alliés, les prisonniers en état de marcher sont jetés sur les routes dans la direction du Nord. René Le Herpeux s’affaire à l’arrière de la colonne, auprès de ceux qui n’en peuvent plus.
Le convoi finit par rejoindre Neuengamme ; le camp est évacué quinze jours plus tard : les survivants sont acheminés par train jusqu’au port de Lübeck, sur la Baltique ; ils sont parqués (à environ 6.000 déportés) sur un cargo, le Cap Arcona. On y trouve une vague infirmerie : c’est là où se tient le « toubib », René Le Herpeux.
Le matin du 3 mai, les alliés sont aux portes de Lübeck ; des avions anglais survolent le port. Ils bombardent les trois bateaux chargés de déportés. Sur le Cap Arcona, seuls 150 à 200 seront sauvés15.
« Je ne reverrai plus jamais mon vieux copain René Le Herpeux. Un survivant du « Cap Arcona » m’apprit qu’il avait été abattu à coups de revolver par un SS alors qu’il distribuait des ceintures de sauvetage à ses malades, sur ce bateau en feu. J’aimais beaucoup René. C’était un homme simple, juste et bon, courageux. Je lui dois la vie car il m’a soigné le mieux qu’il a pu » (André Duroméa p.174).

Photos : Concours agricole années 30.

François Ac'h & Valia, fille de Malou Lazou.

 

  1. Mathias Le Louët Je viens de la part de Fernand. Récit de la Résistance et de prison. 1941-1944. A compte d’auteur. Presses Impressions du Sagittaire. Février  2004).
  2. C’est le mouvement de résistance créé par le PCF à partir de mai 1941.
  3. De son vrai nom Simone Bastien. Ouvrière du textile de Dijon, elle vient de purger 8 mois de prison pour « propagande communiste et tentative de reconstitution de groupement dissous » quand elle arrive en Bretagne ; elle sera de nouveau arrêtée à Rennes pour réorganisation de groupes FTP et déportée à Ravensbrück puis Auschwitz.
  4. FTP(F) ou Francs Tireurs et Partisans français : branche armée du Front National, créée par le PCF en 1942, pour remplacer l’O.S. ou « Organisation Spéciale », groupe armé initialement chargé depuis 1940 de couvrir les distributions de tracts et inscriptions murales.
  5. Pont-l’Abbiste, né en 1923. Fera les prisons françaises puis sera déporté en Allemagne. Il survivra au camp de Buchenwald.
  6. Il va mourir en déportation.
  7. Dans Mathias Le Louët : « Je viens de la part de Fernand… », page 36.
  8. Une soixantaine d’arrestations de membres de l’O.S. ou du Front National ont eu lieu pendant l’été 1942  dans le Sud-Finistère : tous furent condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement ; beaucoup furent ensuite déportés ; certains revinrent ; d’autres non (Voir G.M. Thomas et Alain Le Grand « Le Finistère dans la guerre 1939-1945 », Tome 1 : L’Occupation, page 317 – Editions de la Cité).
  9. Dans Mathias Le Louët : « Je viens de la part de Fernand… », pages 56-57.
  10. De Rennes.
  11. Texte rédigé par Malou Lazou. Collection privée.
  12. Elle a sauvé une deuxième fois A. Minkowski, cette fois de la vengeance des « camarades ». Il raconte dans « Le mandarin aux pieds nus. Entretiens avec Jean Lacouture » (Seuil, 1975, p. 78-79) : « J’étais considéré par eux comme un individu suspect : je m’étais engagé pour la Finlande, j’avais distribué des tracts trotskystes. Je n’étais donc pas parfaitement fiable. Puis quand mes camarades ont été arrêtés et déportés –aucun n’est revenu- et moi libéré, un élément de suspicion, assez naturel après tout, s’est ajouté à mon dossier. J’ai été filé, bien entendu, et sommairement jugé. J’avais été convoqué dans un terrain vague de Rueil. Je suis venu au rendez-vous et je n’ai rencontré personne. Ce rendez-vous était, paraît-il, destiné à mon exécution. Je l’ai su par la suite (…) C’est une amie, ancienne élève d’externat, celle-là même par qui j’avais été introduit dans le réseau qui m’a dit qu’elle était arrivée à temps pour expliquer aux « camarades » que j’étais incapable d’avoir vendu quiconque… ». Malou avait réussi à convaincre les responsables du réseau en expliquant l’alibi utilisé pour couvrir « Minko » selon lequel leurs relations étaient strictement professionnelles.
  13. D’après le récit d’André DUROMEA, futur maire communiste du Havre, qui a suivi avec René Le Herpeux le même parcours de Compiègne à Lübeck (« André Duroméa raconte : La Résistance, la Déportation… Le Havre », p. 117 à 178. Edit. Messidor/Editions Sociales 1987.
  14. C’est également dans ce camp que se trouvaient les résistants quimpérois et gabéricois arrêtés après « le coup du S.T.O. : Jean et Antoine Le Bris, Laurent Jacq, René Fauvel, Loulou Kerneis, Hervé Bénéat et Jean Le Corre.
  15. C’est également sur le Cap Arcona qu’a péri Laurent Jacq, l’instigateur du « coup du S.T.O. » à Quimper.

 

Mathias Le Louët

Né en 1921 au Guélen en Briec dans le penti des ses parents journaliers agricoles, Mathias vint habiter à Lestonan avec la famille quand il a trois ans, son père ayant été embauché comme manœuvre à la Papeterie de l’Odet.
Elève à l’école publique de Lestonan, il fit partie de ces enfants que leurs parents, ouvriers chez Bolloré, durent inscrire à l’école privée à son ouverture en 1929. Ce qui n’empêcha pas que le père de Mathias fut licencié deux ans après, suite à la mise en service de nouvelles machines.
Et Mathias termina sa scolarité à l’école publique dans la classe de Mr Lazou.
A 19 ans, vers Noël 1940, Madame Lazou lui propose d’entrer dans un réseau de résistance du P.C.F. pour une activité de propagande (imprimer, transporter, distribuer des tracts). Cela dure de janvier 1941 jusqu’à juillet 1942, quand des membres de son réseau sont arrêtés. Le 1er mars 1943, il est lui-même piégé par la police anti-communiste, ainsi que Mme Lazou et René Guillamet.
Le 15 avril 1943, il est condamné à Rennes à deux ans de prison. Il est transféré successivement de la prison de Vitré à celles de Poissy, Melun, Châlon-sur-Marne. Il parvient à s’évader de l’hôpital de cette dernière ville le 14 juin 1944 et à rejoindre le maquis FFI de la Forêt d’Argonne où il combat jusqu’au 13 septembre 1944. Fin septembre 1944, il est de retour à Lestonan.
Mathias reprend son travail aux Ponts et Chaussées. Il sera cadre dans des sociétés de distribution d’eau du Sud-Finistère. Son épouse Jacqueline sera comme lui une militante du PCF et de la CGT. Mathias sera connu également comme Président du Conseil des Prud’hommes de Quimper. Il est décédé en 1987, à l’âge de 66 ans.
Mathias a laissé un récit sous le titre « Je viens de la part de Fernand. Récit de la Résistance et de prison. 1941-1944 » publié en 2004 par son épouse.
 

 

Famille Lazou

Arkae > TArchives > Guerres > Resistants Lestonan > Jean et Francine LazouJean François Lazou est né à Plougasnou le 29 juillet 1895. Il vient juste d’avoir 19 ans quand la Première Guerre Mondiale embrase l’Europe : il est appelé sous les drapeaux avec sa classe d’âge à partir de décembre 1914. Il a déjà terminé sa formation d’instituteur et va servir dans cette guerre comme officier.

A la fin de la guerre, Jean Lazou a choisi de rester mobilisé pour aller réintroduire le français dans l’enseignement primaire en Moselle : il opte pour un poste d’instituteur à Grosbliederstroff, où il est rejoint par Francine Combot, son épouse, également institutrice, née à Morlaix le 5 décembre 1895. C’est là que naît leur fille Marie-Louise (Malou) en 1919. De retour dans le Finistère, Jean et Francine Lazou enseignent à Roscoff en 1924. Puis au 1er octobre 1926, ils sont tous deux affectés aux écoles de Lestonan, lui comme instituteur adjoint et elle comme directrice.

Photos : Francine et Jean Lazou.

 

Ils ont, avec les autres instituteurs, à faire face à la création à Lestonan, de deux écoles privées, l’une pour les filles (octobre 1928) et l’autre pour les garçons (octobre 1929). L’effectif de chacune des écoles publiques se trouve ramené de 130 élèves chacune à une trentaine seulement. Jean Lazou devient directeur de l’école publique des garçons à partir du 1er janvier 1931 et les deux écoles publiques sont « géminées » à la rentrée de 1933, ce qui constitue une étape vers la mixité, encore limitée au strict temps de classe.


Arkae > TArchives > Guerres > Resistants Lestonan > Jean Lazou avec ses pigeonsJean Lazou se révèle par ailleurs animateur dynamique de la vie locale : il est connu pour être un actif organisateur de la « Fête de Lestonan » et de son concours agricole. Il assure des cours post-scolaires bien fréquentés et il tient un élevage important de pigeons voyageurs. Ce sont surtout ses qualités de maître d’école qui ont nourri l’excellent souvenir qu’ont gardé de lui ses anciens élèves.

Il est mobilisé pour participer à la seconde Guerre mondiale, au 337ème Régiment d’Infanterie, un régiment de réservistes. Il combat sous le grade de capitaine. Sa citation à l’ordre de la Division est ainsi rédigée : « Officier de haute valeur morale, donnant l’exemple de la discipline. Très à la hauteur de sa tâche et inspirant confiance à ses hommes en les entraînant au devoir. A trouvé une mort glorieuse le 15 mai 1940 à Montcornet (Aisne) lors d’une violente attaque ennemie ». Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile d’argent. La Légion d’Honneur lui sera attribuée en 1950 (J.O. du 3.1.1950).

 

Arkae > TArchives > Guerres > Resistants Lestonan > Francine LazouDe son côté, Francine Lazou est engagée (sous le prénom de Jeanne, qui restera son prénom usuel) dans un réseau de résistance créé par le Parti Communiste. Elle est arrêtée en mars 1943, condamnée à un an de prison par la justice de Pétain, et échappe à la déportation grâce à la démarche de sa fille Malou, qui  milite également à l’Assistance Publique de Paris. Jeanne Lazou retrouve sa classe le 9 octobre 1944. Elle restera enseigner à Lestonan jusqu’à son départ en retraite au tournant des années 50. Elle est décédée le 25 octobre 1983.

Alors que Malou Lazou est retenue pendant deux mois en prison française, son mari, René Le Herpeux, médecin comme elle, est déporté au camp de Neuengamme le 31 juillet 1944. Il sera abattu au pistolet le 3 mai 1945 par un gardien SS lors de l’attaque des Alliés sur Lübeck.

Malou Lazou obtiendra son doctorat en médecine en juin 1946. Elle y ajoutera des  qualifications en médecine du travail et en gynécologie. Elle a exercé en Eure-et-Loire, puis a été Médecin-conseil auprès de la C.P.A.M. de Digne.  Elle est décédée en 1995.

Malou Lazou et Marie Goyat

François Ac'h.

 

Dossier réalisé par François Ac'h - Keleier 71 - janvier 2012

 

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Trésors d'archives > Patrimoine religieux > Les statues de Saint-Guénolé

Les statues de Saint Guénolé

 

Dimanche 15 septembre 2013, à l'occasion des Journées du patrimoine, le public a pu découvrir sous un nouveau jour les statues de la chapelle Saint-Guénolé qui venaient d'être restaurées.

Ces six statues datent du XV° jusqu'au XIX° siècle. 

Le travail de restauration a été confié à deux ateliers spécialisés Arthéma Restauration de Abbatez et l'atelier régional de restauration de Bignan.

Le coût total de la restauration est de 12 870 euros, financé grâce au don du comité de Saint-Guénolé, représenté par Gérard Jézéquel et aujourd'hui dissous, et aux subventions de la Drac, du conseil général et du conseil régional.

Historique de la restauration de la chapelle Saint-Guénolé.

 


Saint Corentin - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Corentin, bois, H. : 1,40 m. XVIe siècle.

A gauche dans le choeur. Vêtu de la chape il tient en main un livre ouvert. Le traditionnel poisson n'étant intervenu dans l'iconographie du premier évêque de Cornouaille, qu'à une époque relativement récente, il n'est pas ici représenté. La crosse a été restaurée de façon rudimentaire. Le Musée départemental de Quimper possède une statue analogue à notre saint Corentin.

 

 

 

 

Statue de saint Guénolé, pierre calcaire, H. : 1,05 m. XVe siècle.

A droite dans le choeur. Le personnage, tonsure monacale et chasuble gothique, tient en main gauche le livre de la Règle. La hampe de la crosse garnie du linge est tenue en main droite. Le noeud à pans de cette crosse typiquement médiéval ne doit pas être pris pour une lanterne ou un reliquaire. On le comprendra si l'on pense qu'est perdu le crosseron en volute, dont demeure le trou pour l'assemblage. La statue, vu son matériau provient peut-être d'un atelier ligérien.

 

 

Saint Maudet - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Maudet, bois polychrome, revers évidé, XVIIe siècle.

Troisième pilier nord nef. Vêtu de la tunique et de la chape, le saint esquisse le geste de la bénédiction.

 

 

Saint Michel - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint Michel archange.

Troisième pilier sud nef. "Une mauvaise statue", selon Le Guennec, qui fonde son jugement sur la liberté que l'artiste a prise vis-à-vis des canons classiques de la statuaire*. Ce qualificatif de "mauvais", n'est pas de mise pour une oeuvre, fruste certes, mais qui entre dans la catégorie bien définie de l'art rudimentaire. Notre saint Michel a été esquissé par un homme de bonne volonté qui n'a pas eu le loisir d'assimiler les ressources d'un art dont la maîtrise ne peut faire l'économie du passage par un vrai atelier. Si elle témoigne d'un savoir-faire limité, ii faut saisir le charme populaire d'une production créée en marge des oeuvres parfaitement élaborées.

* Louis Le Guennec, op. cit. idem.

 

Saint Herbot - chapelle Saint-GuénoléStatue de religieux cordelier, bois, revers plein, XIXe siècle.

Bas-côté nord.  L'habit au petit camail, la cordelière ponctuée de noeuds dits de capucin, le livre tenu en main ne suffisent pas pour savoir à qui on a affaire. On ne voit guère comment le culte de saint Louis de Toulouse, de saint Fidèle de Sigmaringen ou de saint Joseph de Leonessa, des cordeliers, a pu être introduit ici. Mais le nom de saint Herbot, attribué par commodité, est certainement anachronique, car notre ermite breton n'a jamais été ainsi représenté , du moins dans les périodes de grande tradition. Comme on a de toute évidence affaire à une statue du XIXe siècle, il ne faut pas s'étonner de la distorsion entre la représentation et l'attribution.

 

 

Saint Alar - chapelle Saint-GuénoléStatue de saint non identifié. Bois, H. 1,20 m, revers creux, XVIe siècle.

Bas-côté sud. Enigmatique, c'est la statue la plus curieuse du lot. Là où certains voient un second saint Herbot, le Nouveau Répertoire suggère, avec prudence d'ailleurs, un saint Jérôme, ce qui convient mieux *. Le personnage, pieds-nus, est vêtu, sous un manteau à capuchon, d'une tunique serrée par une ceinture où pend un chapelet à gros grains. Il est coiffé d'un bonnet et d'une capuche, avec un chapeau à larges bords. Serait-ce le chapeau de cardinal qui est l'un des attributs de l'ermite de Nazareth? Mais où est le lion, où la tête de mort, où la croix, où sont les cailloux de l'iconographie traditionnelle de saint Jérôme ?
 

* René Couffon, op. cit.

 

 

 

 

 

 


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Gwenn-Aël Bolloré

Par Pierre Faucher, Bernez Rouz, Gaëlle Martin et Christophe Violette.

 

Témoignage de Pierre Faucher

Pendant une vingtaine d’années, j’ai eu l’occasion de rencontrer assez souvent Gwenn-Aël Bolloré qui se plaisait à résider dans son manoir d’Odet, cadre si luxuriant et tellement fleuri au printemps avec ses rhododendrons. Le musée océanographique complétait harmonieusement le parc longé par l’Odet.

Les visites du comité de jumelage avec la ville de Bude Stratton (Grande-Bretagne), celle du ministre de la Mer (L. Le Pensec) en 1982, les portes ouvertes presque chaque année où il recevait ses nombreux amis, étaient l’occasion d’échanger sur les activités de la papeterie, les occupations multiples de l’hôte, tant dans le domaine littéraire – en particulier avec les salons du livre (maritime à Concarneau, breton à Trévarez) – que dans la recherche océanographique, qu’il se plaisait à expliquer dans son musée.

À plusieurs reprises, je l’ai rencontré pour des discussions précises concernant la commune d’Ergué-Gabéric :
- l’acquisition des propriétés boisées de Kerho (par la commune), de Stang Luzigou (par le Conseil Général),
- l’achat de logements dans la cité de Ker Anna,
- l’aménagement du canal de l’usine, inutilisé depuis la fermeture de la papeterie d’Odet, où des avis divergeaient sur son aménagement. Gwenn-Aël Bolloré souhaitait qu’il devienne une réserve de pêche qui aurait été contrôlée par la Fédération des pêcheurs et ouverte à la carte au public. Le projet est toujours dans l’eau !

Et parfois, les discussions devenaient plus personnelles, avec des souvenirs du béret vert infirmier et son livre racontant le 6 juin 1944 Nous étions 177. Lors d’un passage au Mémorial de Caen, vers 2005, ayant décliné mon identité gabéricoise, des responsables militaires m’ont entretenu de la mémoire de Gwenn-Aël Bolloré et du commando Kieffer, dont il était le dernier survivant.

Les activités littéraires occupaient beaucoup de son temps et il aimait en converser longuement. Un jour, au manoir, je l’ai rencontré en train de vérifier son dernier livre, ce devait être Mémoires parallèles et nous sommes restés un bon moment à échanger sur ses souvenirs.

L’accueil à Odet était toujours chaleureux. Cet homme du XXe siècle que l’on rencontrait à Lestonan, aux offices religieux de l’église Saint-Guinal et à Kerdévot, aimait cultiver ses attaches locales. Et son éclectisme, son humanisme subsistent encore dans les mémoires des gabéricois.

Je suis allé voir l’exposition de la bibliothèque de Gwenn-Aël ce lundi 21 janvier 2002 vers 10 h à la bibliothèque municipale de Quimper. J’y ai rencontré Bernard Poignant, Michèle Coïc, directrice de la bibliothèque, et ai acheté le catalogue de la vente. En sortant, je me suis retrouvé face à Anne Bolloré, la fille de Gwënn. Nous avons échangé quelques mots sur le départ de son père et elle m’a fait part de sa surprise en voyant exposée la bibliothèque personnelle de son père. Les proches connaissaient le manuscrit de Céline, mais personne n’imaginait la richesse de cette bibliothèque personnelle. Il fallait traverser la chambre de son père pour y avoir accès. Un bon aparté.

 

 

Interview par Bernez Rouz et Gaëlle Martin

Arkae > Tresors archives > Personnages > Gwenn-Ael BolloréQuelques mois avant son décès le 12 juillet 2001, Gwenn-Aël Bolloré, ancien vice-président des papeteries Bolloré, écrivain, cinéaste, océanographe, avait accepté de rencontrer trois membres de l’association Arkae, dans son manoir d’Odet : Jean Guéguen, Gaëlle Martin et Bernez Rouz : l’occasion d’évoquer les grands moments de sa vie. En voici, classés par thèmes, les extraits les plus significatifs :

 

Le prénom Gwenn-Aël

En fait je m’appelais Gwinal et puis finalement ça s’est transformé en Gwenaël, et puis moi, j’ai un petit peu celtisé l’orthographe quand j’ai commencé à écrire : Gwenn-Aël, qui veut dire ou ange blanc ou vent blanc, suivant les experts. Je pense que c’était probablement pour honorer Ergué, quoiqu’il y avait la petite chapelle qui est au-dessus, là, qui était Guinal ou Guénolé. Guinal est celui qui a jeté Dahut dans les eaux... enfin il y a un tas de légendes.
Q : Il n’y avait pas de tradition dans votre famille de donner des prénoms bretons ?
Non, absolument pas, je suis le premier. Moi, j’ai un petit-fils qui s’appelle Gwenaël, mais non, il n’y avait pas de prénoms bretons.
Q : C’est une incongruité, à cette époque on ne connaît pas de gens qui s’appellent Gwenaël en fait ?
C’est très rare. Quand j’étais jeune, les gens me regardaient avec des yeux ronds. Maintenant je peux me promener, je ne parle pas de Quimper mais de Paris, où j’entends une mère de famille qui dit à son fils : « Gwenaël, arrête de faire des bêtises etc. ». Au début ça m’interpellait un petit peu puis maintenant je suis habitué.

 

La commune d'Ergué-Gabéric

Je suis né ici, (5 septembre 1925). Je suis né dans ma chambre actuelle. Les bureaux des papeteries étaient à Nantes : ma mère était d’origine nantaise, on a été habiter Nantes. Je suis resté à Nantes jusqu’à la mort de mon père et on venait passer les trois mois d’été en Bretagne, plus les vacances de Pâques. Les vacances de Noël, parfois, on allait aux sports d’hiver. A l’époque, c’était un peu un safari, car on n’allait pas souvent aux sports d’hiver. Oui, j’ai vécu quatre mois par an ici.
Q : Quand on habite Nantes, venir au fin fond de la Bretagne c’était une pénitence ?
Oh non, pas du tout, parce qu’ici on était en vacances, tandis qu’à Nantes on était en classe. En général on venait en voiture, mais c’était une aventure. Il y avait une voiture qui partait de Nantes et en général on coulait une bielle du côté d’Auray ou de Vannes. Et alors le chauffeur de l’usine qui était Louis L’Helgoualc’h, si je me souviens bien du nom, à moins que ce ne soit Gourmelen, venait nous prendre avec la voiture de l’usine. Donc on y mettait la journée. C’était une expédition. J’avais quand même deux frères, une sœur, ma mère, mon père et puis nous avions une vieille institutrice qu’on considérait comme notre tante, qui s'appelait Germaine César, que tous les gens d’Odet ont bien connue. On était au moins à deux voitures.

 

Les jeux d’enfant

Il n’y avait pas de télévision bien sûr. On avait des distractions qui étaient différentes : on allait beaucoup dans la rivière. Maintenant il y a prescription, mais on braconnait un peu : on s’amusait à pêcher les truites à la main ou les anguilles avec une fourchette en soulevant les cailloux. On avait de très bons professeurs. Il y avait deux gardes-chasse fameux, à commencer par Kergoat, puis Sizorn. On s’est bien amusé. Il y avait le Stangala, parce qu’à l'époque on marchait. Ce sont des sentiers avec des cailloux. On allait passer l’après-midi au Stangala. Il y avait la promenade du canal. Il y avait un canal d’amenée d’eau pour les turbines turbo-électriques, qui fait 1,6 km. On allait pique-niquer au bout du canal. On amenait du pain, des confitures et on passait l’après-midi comme ça.

 

La Fête-Dieu

Il y avait la Fête-Dieu qui était une fête extraordinaire : d’abord le clergé était beaucoup plus structuré qu’il n’est maintenant. Il y avait toujours une douzaine de chanoines en grand uniforme. A la Fête-Dieu, tout le monde allait ramasser des fleurs. C’était un petit peu dommage : on cassait des fleurs pour faire des paniers pleins de pétales, des roses... tout ça c’était massacré, et on mettait ça par terre. Il y avait des défilés avec tout le clergé, le haut clergé et des bannières. On trouvait ça formidable, quoi ! A l’époque il y avait la chapelle, une messe tous les matins, deux messes le dimanche ; il y avait le recteur qui habitait l’usine. Il y avait cinq ou six choristes en soutane rouge. Enfin c’était très spectaculaire.

 

Le camélia

Mon arrière-grand-père, chirurgien de la Marine, a été en Chine sur une escadre de bateaux. Ils ont ramassé des graines de camélia et les officiers ont ramené des graines. Ce camélia a été planté à l’époque. C’est sûrement l’un des plus vieux de Bretagne. C’est un des plus vieux de France. J’ai une photo de ce camélia qui a été datée par Kodak et qui a déjà cent ans. Il est presque aussi gros. Le parc a été dessiné par un paysagiste anglais, ça n’a d’ailleurs rien à voir avec les jardins à la française.

 

L’usine

On y allait automatiquement parce que c’était à côté. C’était de belles machines à papier. ça nous paraissait énorme. On connaissait tout le monde. Nos parents ne nous l'interdisaient pas. Il y avait aussi deux ou trois enfants de contremaîtres de l’époque qui étaient là : la famille Garin, la famille Eouzan, la famille Léonus. Non, ça se passait bien. Il n’y avait pas de problème.

 

La vie de château

Il y avait pas mal de réceptions, notamment parce qu’on faisait du papier qu’on exportait pour la plus grande part. On avait énormément de clients anglais, américains, de tous les pays d’ailleurs,  des gens d’Extrême-Orient. Enfin c’était très folklorique. Il est certain que le rapport clientèle était plus intime qu’il n’est maintenant. Maintenant, les clients, on les reçoit dans un hôtel impersonnel à Paris, mais on ne les invite pas chez soi, ou alors il faut que ce soit de vieux clients qui sont devenus des amis. Il y avait tout un réseau chasse, car mon père était un grand chasseur et il adorait cela. C’était une manière de distraire les clients. Il y avait dans la ferme de Moguéric, à côté, une faisanderie, où on élevait des faisans. On devait élever environ trois cents faisans par an. Et alors quand les clients venaient - car il n’y a jamais eu beaucoup de faisans en Bretagne, il n’ont pas de quoi bien se nourrir - il y avait le garde chasse avec un sac et une douzaine de faisans dedans, qui rampait derrière les talus, et puis au moment où le client était en ligne, il jetait un faisan. Alors le client tirait, il tuait le faisan et il était tout content.

 

La guerre

En 39-40, j’étais à Orléans. Mon père était mort cinq ans avant. Ma mère vivait à Paris. Elle avait dit " Paris va être détruit, j’envoie mes enfants à Orléans ". J’ai été en demi-pension dans un collège qui s’appelle Saint-Euverte. Paris n’a pas été touché et Orléans a été réduit en cendres. On est parti devant les Allemands avec quelques jours d’avance et on est arrivé en Bretagne, à Quimper quelques jours avant les Allemands. Je les ai vus devant l’Hôtel de l’Epée : il y avait un side-car allemand où ils étaient trois et ils ont occupé la ville pendant 24 h. Il y avait huit cents hommes de troupe qui n’ont pas bougé et ça, ça m’a choqué. Nous avons été réquisitionnés très officiellement. Tout le gouvernement devait venir à Beg-Meil et on devait faire le " réduit breton ". La maison de mes parents c’était Paul Reynaud qui devait y venir. Mon grand-père avait une petite maison et on s’est replié dans la petite maison d’à-côté et on a fait le lit pour Paul Raynaud. On a mis des fleurs pour Paul Raynaud - c’était le Président du Conseil français - et il y a un général allemand qui a couché dedans à la place de Paul Reynaud ! et ça c’est assez choquant. L’usine a fermé, il n’y avait plus de charbon, il n’y avait plus de commandes, il n’y avait plus de clients. Si, on avait du chiffon, on avait deux cents tonnes de stock de chanvre indien. C’est du cannabis, mais il faut le traiter un peu. A part la matière première, il n’y avait plus de charbon, il n’y avait plus personne. Les ouvriers étaient soit sous les drapeaux, soit en prison et on ne pouvait pas continuer à tourner. A Cascadec, le gouvernement de Pétain nous a obligés à marcher avec une ou deux machines. Nous on tournait pour la Seita, la régie des tabacs.

Pendant la guerre, j’étais à Paris avec ma mère et je suis parti le 6 mars 43 en Angleterre. Avant j’avais essayé de partir mais j’avais quinze ans ou seize ans, avec des culottes de golf comme Tintin et ça ne faisait pas sérieux et alors j’ai été obligé d’attendre d’avoir des pantalons longs. J’ai mis très longtemps à trouver la filière. J’ai été souvent me balader sur la côte et puis je faisais trop jeune. J’ai eu de la chance. ça s’est bien passé lorsqu’on prenait des risques invraisemblables. A cet âge on est inconscient. Quand on signe un engagement à la France Libre, on signe pour la durée de la guerre plus trois mois. Donc pendant le reste de mon engagement, j’ai été à la DGR qui était le service des renseignements généraux. J’étais à Paris, j’avais un beau bureau, je me croyais quelqu’un d’important, ça m’a permis de me remettre un petit peu sur selle.

 

Le retour aux affaires

Et puis après ça je suis revenu ici, j’ai fait un stage à Cascadec, et je suis parti six mois en Amérique dans une usine qu’on avait construite, où j’ai fait un stage pour apprendre le métier de papetier, en Amérique. Là j’ai fait la défection, la machine, les lessiveurs. C’étaient des anciens ingénieurs de Bolloré qui avaient construit l’usine : Patin, Cartel. Donc on était un peu habitué au processus et tout, et quand je suis revenu, ils m’ont embauché. J’ai gardé un très bon souvenir de la papeterie parce que c’est quelque chose de vivant, le papier : ce n’est pas de la mécanique pure : il faut savoir le pourquoi et le comment, il faut sentir la chose ; si on ne sent pas la chose on est un mauvais papetier.

 

Le directeur technique

J’étais directeur technique, et puis j’ai été vice-président. Je m’occupais de toutes les usines du groupe. J’aimais bien ça et je n’ai pas eu de problèmes : les papeteries, techniquement, se sont aussi bien débrouillées que nos concurrents français. J’avais une très bonne équipe avec moi : Garin, Patin, Galès et alors il y avait Martin, et moi ça ne m’a jamais fait peur de prendre comme adjoint un type qui en savait trois fois plus. Martin était un polytechnicien, il fallait faire attention parce qu’il avait quelquefois des idées de polytechnicien. Mais on lui doit beaucoup, il était génial. La dernière chose que j’ai faite avant de prendre ma retraite, c’est la première machine de polypropylène d’Odet, et puis après ça a continué et maintenant ça va bien, j’ai un neveu qui se débrouille très bien. Il y a eu un moment qui a été un petit peu difficile mais qui est maintenant totalement arrangé, parce que j’ai un neveu, Vincent, qui est parfait.

 

L'écrivain

C’est arrivé peu à peu ; quand je suis parti je n’avais pratiquement pas fait d’études : j’avais très peu lu, j’ai fait la guerre dans des conditions où je n'avais pas le temps de me mettre dans un fauteuil pour étudier. Quand je suis revenu, j’ai eu une certaine frustration et alors je me suis mis à lire, je me suis intéressé à l’édition, et puis après ça je me suis occupé d’océanographie. J’avais aucun bagage et puis avec le musée j’ai pris contact avec le British Museum et avec le Musée de Genève qui est très riche et un jour le Professeur De Byiesse qui était directeur des recherches atomiques à Saclay, m’a dit « Bolloré ça va pas, vis à vis des étrangers, vous n’êtes pas docteur, ça fait pas sérieux, il faut que vous passiez votre doctorat. » A l’époque il m’a dit : « c’est une formalité. » Eh bien ce n’est pas une formalité. J’ai boulonné comme un nègre pendant trois ans et j’ai passé mon doctorat, j’avais plus de cinquante ans.

 

Le coelacanthe

C’est le professeur Anthony qui a été pêcher le coelacanthe aux Comores, c’est dans l’océan indien. Je l’intéressais beaucoup, d’abord parce que j’avais des notions d’océanographie et puis j’avais mon permis pour conduire les bateaux. Ca lui économisait de prendre un capitaine au long cours. Là, j’ai passé trois semaines à la pêche au coelacanthe. On a eu de la chance on en a pêché deux. Maintenant on n’a plus le droit de les pêcher, ils sont protégés. J’en ai un au musée.

 

Le Musée océanographique d’Odet

J’ai commencé à faire une collection dans ma maison et à un certain moment il y avait des crabes, des coquillages sur les armoires, sous les lits, et ma famille m’a fait comprendre que je serais bienvenu si je dégageais. Donc j’ai dessiné un petit bâtiment et puis je l’ai agrandi et je suis arrivé au musée actuel où mes collections nageaient les premières années, et qui maintenant est beaucoup trop court comme bâtiment. Je pourrais le doubler. La pièce dont je suis le plus fier c’est un petit crabe affreux que j’ai découvert et qui porte mon nom. Le Dromia bollorei. Il n’a pas un intérêt considérable mais pour moi c’est important.

 

Le cinéma

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J’aurais pu faire du cinéma. Mais là il faut le faire vraiment, et puis c’est un monde. C’est un monde qui n’est d’ailleurs pas tellement sympathique. J’ai fait sept ou huit films, sur l’Odet, sur la pêche à pied aux Glénan, sur les grands voiliers, sur la transhumance des rennes en Laponie, sur les grottes des Pyrénées, aux Canaries. J’en ai fait un sur la pêche aux requins-pèlerins aux Glénan. Le plus gros que j’ai pêché faisait neuf mètres, il paraît que certains font quinze mètres, c’est la taille d’une baleine pratiquement. J’en ai fait en Floride, c’est des films qui font vingt minutes. Le seul grand film auquel j’ai participé c’était les Naufrageurs. C’est moi qui ai fait le scénario et qui m’occupais des bateaux. Il y avait un bateau qui était naufragé et qui devait se casser sur Saint-Guénolé-Penmarc’h et puis personne ne voulait mettre le bateau sur les cailloux. Alors on s’est retourné vers moi : « C’est toi qui a écrit le scénario, c’est à toi de le faire ! ». On avait reconstitué une petite ville, pas en staff mais en granite autour de Tronoën. Et puis les Beaux-Arts ont voulu qu’on démolisse après. C’était idiot car c’était fait vraiment comme autrefois. Ils auraient pu le garder.

 

Le projet de musée de la papeterie

Moi, je suis tout à fait pour. J’ai même dit que j’étais prêt à collaborer ; je n’ai pas de choses considérables, mais j’ai quand même des documents et tout. Mais vous savez, un musée, c’est pas commode à construire, même si on a des moyens. Le bâtiment des machines 9 et 10 serait formidable pour faire un musée. Moi, si on me le donne, je bourre ça de crabes et de coquillages, ça va pas être long !

 

L'exposition de la bibliothèque de GA Bolloré

Suite à l'exposition de la bibliothèque de Gwenn-Aël Bolloré à Quimper en 2002, Christophe Violette a rédigé pour le journal Ouest-France un article descriptif.

 

Les belles pages de Gwenn-Aël Bolloré

La bibliothèque de Gwenn-Aël Bolloré va être vendue aux enchères par Sotheby’s. Avant cette dispersion, les Quimperois vont avoir la chance lundi prochain d’en admirer une sélection à la bibliothèque municipale. Dont les manuscrits de Céline, Léon Bloy, André Le Breton, Max Jacob, Roger Nimier… Une collection remarquable. C’est sûr, cette vente atteindra des sommets. Les 143 lots sélectionnés ont été estimés à près de 1,6 million d’euros (plus de 10 millions de francs) C’est que, mieux que la bibliothèque d’un très honnête homme, c’est la collection d’un personnage hors du commun qui va être dispersée les 7 et 8 février, à Paris. Décédé l’été dernier dans son manoir de l’Odet, Gwenn-Aël Bolloré a été tour à tour, industriel, grand résistant, écrivain, éditeur et océanographe. A 17 ans tout juste, il rejoint l’Angleterre en mars 1943, avant de revenir libérer Ouistreham, le 6 juin 1944 au sein du bataillon des 177 Français du commando Kieffer.


La Table Ronde

Gwenn-Aël collectionnait les livres avec passion. Dans ses Mémoires parallèles, il raconte ses très nombreuses rencontres avec les grands libraires parisiens. Très actif au sein de l’avant-garde littéraire parisienne, il pousse en avant le grand poète Henri Michaux, coédite en 1953 L’Arrache-Cœur de Boris Vian. C’est un tournant, l’industriel d’Ergué-Gabéric, vice-président des Papeteries de l’Odet, se lance alors dans l’édition : il prend une large participation dans La Table Ronde (ainsi baptisée par Jean Cocteau). Au cours des années 1950, sa culture et son dynamisme parviennent à cristalliser autour de sa maison d’édition le mouvement des Hussards : Roger Nimier deviendra le plus célèbre de ces jeunes écrivains. Au cours des années 1960, Gwenn-Aël tourne une nouvelle page et se lance dans l’océanographie. Toujours aussi passionné, il créé son Musée océanographique de l’Odet, monte des expéditions sur les mers lointaines, découvre des espèces, dont celle d’un crabe inconnu à qui il donne son nom.

 

Le manuscrit de Nord
Un tel personnage, écrivain lui-même, ne pouvait avoir qu’une bibliothèque exceptionnelle. Parmi les pièces majeures de sa collection, qui sera vendue le 7 février, figure le manuscrit autographe de Nord : 1565 pages écrites de la main de Louis-Ferdinand Céline, où, comme Dante décrivait les cercles de son Enfer, le Dr Destouches dépeint l’Allemagne de la débâcle. On trouvera aussi un ensemble de 64 ouvrages d’Henri Michaux, dont quinze pages manuscrites rédigées pendant sa période d’écriture « mescalinienne ». Un carnet de poèmes autographes d’André Breton : celui qui allait devenir le pape du surréalisme n’était alors qu’un jeune poète. Les chants de Maldoror de Lautréamont, illustrés par Salvador Dali. Le manuscrit autographe des Enfants tristes de Roger Nimier. Celui du Mendiant ingrat de Léon Bloy. Ou encore, pour ne citer que ceux-là, parmi tant d’autres, deux carnets de voyage de Max Jacob… Ces deux dernières pièces ne manqueront pas de toucher beaucoup de Quimpérois. La bibliothèque municipale ou le musée des Beaux-Arts, qui détient déjà nombre de documents de Max Jacob, auront-ils les moyens de se porter acquéreurs ?
 
Article de Christophe Violette dans Ouest-France, paru le mardi 15 janvier 2002.

 

 

Bibliographie

 

Romans

Moïra La naufrageuse, édition La Table Ronde, 1958.
Contes-fiction, éd. du Scorpion, 1961.
Le Dîner bleu, édition La Table Ronde, 1979.
Les Amants de l'espace, édition Le Cherche Midi, 1985.
Histoires troubles, éditions Jean Picollec, 1993.

 

Histoire

Nous étions 177, édition France Empire, 1964. (Edition augmentée en 1983 chez le même éditeur sous le titre Commando de la France Libre, Prix Raymond Poincaré, 1983, Prix National de la Résistance 1984 au Cherche Midi, nouvelle édition sous le titre J'ai débarqué le 6 juin 1944, préface à Voyage en Chine, éd. SFHA,Quimper, 1979).

 

Essai

Propos interrompus, Gallimard 1958.

 

Océanographie

Guide du pêcheur à pied et sa cuisine, La Table Ronde, 1960, Gallimard 4e édition, 1986.
Destins tragiques du fond des mers, La Table Ronde, 1963. Collection " L'Ordre du Jour ".
Du mimétisme à l'utilisation de l'outil par les animaux marins, Musée Océanographique de l'Odet, Ergué-Gabéric, 1968.
Évolution et pêche au coelacanthe, édition la Palantine, 1974.
Un musée océanographique à la recherche d'une muséologie, Thèse, La Table Ronde, 1976.
Célébration de la bernique, Gallimard, 1982.
Suivez le Crabe, de l'océan à votre assiette, Gallimard, 1984.
La Saga de l'anguille : vie, pêche, cuisine, Gallimard, 1986.
Les îles suisses du Lac Léman, édition L'âge d'homme, Lausanne, 1997.

 

Poèmes

Anatomie descriptive, Seghers, 1955.
Nerfs à fleur de larmes, édition Saint-Germain-des-Prés, 1982.
L'Oiseau, édition La Groac'h du loc'h, 1994.
Morbide, édition Jean Picollec, 2001.

 

Mémoires

Mémoires parallèles, édition Jean Picollec, 1996.
Né gosse de riche, Ouest-France/Édilarge, 2000.

 

Filmographie

 

Long-métrage

Les Naufrageurs, 1959, 92 min. Tourné en 35 mm en cinémascope dans le Pays Bigouden. Il a été réalisé par Charles Brabant à partir du roman Moïra la Naufrageuse avec Danny Carrel, Charles Vanel, Henri Vidal, Carl Schell et Renée Cosima.

 

Court-métrage

Le Vire-Caillou, 1954, 12 mn ; pêche et vie aquatique durant le jusant.
Requins sur nos plages, 1955, 11 mn ; la pêche au harpon à main des requins-pélerins, le plus grand de tous les poissons dont certains spécimens peuvent atteindre 15 m de long.
La Transhumance des lapons et des rennes. Eleveurs et pêcheurs, c’est la vie des lapons.
Abîme. Une promenade dans les entrailles de la terre.
Derniers voiliers, 1958. La course Brest-Ténérife avec les derniers grands bateaux à voile.
Sur la route de Key West. La pêche au gros au large de la Floride.
La vie d'une rivière : l'Odet, 1955. De la source à la mer, une rivière et ses habitants.
Persistance du rêve, essai d'art abstrait à partir de la mer.

 

Bibliographie réalisée par Pierre Faucher pour le Keleier d'Arkae n°69, en septembre 2011.

 

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