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Jean Bernard, une fine gaule

 
Dans l'article Souvenirs de Jean Bernard, artisan-menuisier, nous avons découvert Jean Bernard, le menuisier, sans oublier qu’il était aussi apiculteur (par exemple 500 kg. de miel récoltés en 1884), chasseur bien sûr, et… pêcheur.
Jean a eu une passion très précoce pour la pêche en rivière, passion vécue plus intensément encore lorsque arriva le moment de la retraite, en 1985. Cette passion le conduisait à transcrire avec une minutie extraordinaire toutes ses pêches dans un petit carnet.
 
Jean Bernard estime avoir pris durant toute sa vie de pêcheur, c’est-à-dire depuis son enfance, près de 5.000 truites
 
Aujourd’hui, avec son accord, nous publions quelques extraits de ce beau palmarès.
 

Jean Bernard de Garsalec, une fine gaule Sur 10 saisons consécutives (les 10 premières années de sa retraite), Jean Bernard a pêché :

  • 1985 : 268 truites
  • 1986 : 369 truites
  • 1987 : 389 truites
  • 1988 : 321 truites
  • 1989 : 109 truites
  • 1990 : 129 truites
  • 1991 : 213 truites
  • 1992 : 234 truites
  • 1993 : 233 truites
  • 1994 : 208 truites

Total : 2 473 truites, pesant 294 kg.

 
 

Palmarès de l’année 1987 :

  • mars : 46 truites
  • avril : 49 truites
  • mai : 55 truites
  • juin : 40 truites
  • juillet : 94 truites
  • août : 64 truites
  • septembre : 44 truites

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

mars 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

avril 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

mai 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

mai - juin 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

juin - juillet 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

juillet 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

juillet - août 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

août 1987

Jean Bernard de Garsalec : pecheur de truites

août - septembre 1987

 
 
Devant ces chiffres à laisser pantois les pêcheurs les plus chevronnés, nous pouvons avancer ces quelques remarques :
  • Les appâts employés sont soigneusement choisis, suivant la période : pêche au ver, au grillon, à la cuiller, et enfin, à partir de la mi-juin, à la sauterelle.
  • Les notes relatives aux observations météorologiques ont leur importance : « eau trouble », « eau chocolat »
  • De même le choix des lieux de pêche, stratégique : Landudal, Langolen, Trégourez, Meil Faou, Kerlavian, Stang Kerrreun, Reunic, Meil Dreau, Pont Alhuen, Pont Marc’had, Kerveil…
  • Suivant Jean Bernard, les accès aux rivières sont devenus plus difficiles par manque d’entretien.
  • Et l’état de santé des eaux de pêche est un souci.
Tels des gamins écarquillant tout grands les yeux face à un magicien réalisant son numéro, nous penserons tout simplement qu’un tel pêcheur possède une connaissance parfaite de la nature, à mille lieux des bruits de ce monde, et cela, c’est du bonheur.
 
 
Jacqueline Le Bihan - keleier Arkae 58 - juillet 2009
 

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Marcel Flochlay de GarsalecMarcel Floc'hlay de Garsalec

Un champion cycliste des années 1960
Georges Cadiou retrace sa carrière dans son livre Les Grands cyclistes bretons
Editions Alan Sutton, 2005, p. 92
 
 
 

Marcel Flochlay

Né le 14 janvier 1934 à Laz (29)*.
Décédé le 30 décembre 1998 à Quimper.
 
V.S. Quimpérois. V.S. Scaër.
 
Il fut deux fois champion de Bretagne sur route des Indépendants : en 1961 à Néant-sur-Yvel, et, en 1965, chez lui à Ergué-Gabéric. En 1965, il fut aussi champion de Bretagne des Sociétés, avec le V.S. Scaërois.
 
Mais sa plus belle victoire fut sans doute le Tour du Morbihan, qu’il remporta en 1961
 
Il fut aussi deux fois vainqueur du Triomphe Breton (en 1963 et en 1965), et de la Ronde Finistérienne (en 1965 et 1966).
 
En 1960, il avait réussi un exploit peu commun lors du week-end de la Pentecôte : remporter trois courses en trois jours ! Il gagna en effet coup sur coup le Circuit du Kernic le samedi à Plounevez-Lochrist, le Prix de Caudan le dimanche, et celui de Plonevez-du-Faou le lundi.
 
En 1959, il avait remporté l’étape Le Huelgoat – Douarnenez de l’Essor Breton (4ème au classement général), et en 1961, l’étape de Bourbonne-les-Bains dans la Route de France (3èmeau classement général final de l’épreuve, gagnée par Jean Jourdren).
A son palmarès, il faut encore noter le Circuit de l’Arrée, à Commana à quatre reprises, en 1959, 1962, 1966 et 1968, le Prix de Plounevez-Lochrist en 1959 et 1966, le Prix de Ploemeur en 1959 et en 1967, le Prix de Moëlan-sur-Mer en 1960 et en 1966, le Prix d’Auray en 1960 et 1964, le Prix de Saint-Thois en 1964 et 1966, des victoires à Pont-Croix en 1957, à Lesconil en 1958, à Châteuneuf-du-Faou et à Lanester en 1960, à Loqueffret en 1961, à Concarneau et à Guiscriff en 1962, dans le Circuit de l’Aven à Rosporden en 1963, le Circuit du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon et le Circuitdu Poher en 1964, le Grand Prix de Plogastel-Saint-Germain en 1964, et le Grand Prix des Montagnes Noires à Leuhan en 1968.
 
En 1969, pour sa dernière saison, il offre à ses supporters un superbe Circuit de l’Aulne à Châteaulin, se classant quatrième, derrière trois Belges : Eddy Merckx, Eric de Vlaeminck et Jan Stevens !
 
 
Georges Cadiou.
 
 
 
 
 
Extrait de l’article de Pierre Gassot dans Ouest-France du 27 juin 1965
 

Ce fameux circuit de la vallée blanche de 1965

Marcel Flochlay - circuit de la vallée blanche 1965

C’est dans une ambiance indescriptible créée par des centaines de ses supporters que Marcel Floclay a endossé hier, à Lestonan, son second maillot de champion de Bretagne des Indépendants.
A Néant-sur-Yvel, en 1961, le Scaërois avait remporté un championnat que la canicule avait transformé en une véritable hécatombe. Rien de pareil cette fois à Ergué-Gabéric où, comme il fallait s’y attendre, c’est un circuit extrêmement tourmenté qui a provoqué, par ses seules difficultés, l’élimination des concurrents qui s’alignèrent en condition trop précaire.
Mais pour tous ceux qui, il y a huit jours, furent les témoins, tant à Brest et Melgven qu’à Plumélec, de la baisse de forme qui contraignit même par deux fois Marcel Flochlay à l’abandon, le revoir ainsi transformé en si peu de temps fut évidemment une surprise.
Et pourtant, Flochlay ne fut nullement servi par des circonstances exceptionnelles. Prudent durant la toute première moitié de la course, il évita de s’embarquer dans une mauvaise aventure. Marcel Flochlay attendit la première occasion favorable : dans la côte de Pont-Banl, au 125èmekm, lorsque Bonnet, Leignel et Adelisse se dégagèrent du peloton : à Lestonan, Flochlay n’avait plus que 200 mètres de retard sur eux, puis il réduisit son écart dans la longue descente vers Squividant, pour rejoindre enfin le groupe de tête au 135èmekm. L’avance était portée à 1 minute au 155èmekm.
 
(…)
 
Dans le raidillon menant à l’arrivée, Bonnet parut un moment mieux placé, mais Flochlay le déborda irrésistiblement à 50 mètres de la ligne.
Pour lui, ce maillot blanc frappé d’hermine effaçait du même coup tous les malheurs de la semaine passée.
 
(…)
 
Sa victoire ne doit rien au hasard ni à la négligence des autres.
 Déjà à Plouvorn, le jeudi précédant, (…)  le sommeil qui le fuyait depuis quelque temps était brusquement revenu.
Son optimisme et son sens inné de la course firent le reste. « J’ai tout d’abord hésité sur la décision à prendre, mais quand Bonnet, Adelisse et Leignel eurent pris 30 secondes d’avance, je compris que cela pouvait être très dangereux ».
Tout ne fut pourtant pas si facile dans cette poursuite de dix kilomètres, et même après la jonction : « J’ai bien eu du mal à suivre le train pendant quelque temps. Dans les deux côtes d’Ergué-Gabéric, j’étais même régulièrement « décollé », mais je revenais ensuite sur le plat ».
Son sprint victorieux, Marcel Flochlay l’explique de la façon la plus simple qui soit : « Je ne voulais pas aborder la côte de l’arrivée en troisième position… Il suffit que celui qui vous précède fasse un écart, et il devient impossible de revenir sur le coureur de tête… Bonnet a paru un moment mieux placé que moi, mais je pense avoir gagné assez nettement ». Sans aucun doute, mais derrière les écarts s’étaient considérablement amenuisés.
 

 


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Témoignage sur la mine d'antimoine de Kerdévot

 

Ce texte est extrait de la revue bilingue Evid ar Brezhoneg. Il fut publié en 1975.

Il contient une brève introduction sur l’histoire de la découverte de l’antimoine à Kerdévot.

Il se poursuit par l’interview d’un ancien mineur Jean-René Even  qui habitait Kerroué-Kerfeunteun mais qui était originaire d’Ergué-Gabéric.

 

C’est en 1911 que l’on découvrit, par hasard, ce corps appelé antimoine à Kerzevod, en Ergué Gabéric, près de Quimper. Un jour que les gens du village extrayaient des pierres dans les champs, on en trouva une plus lourde que les autres sans que personne ne sût pourquoi. Cette pierre fut utilisée pendant un certain temps afin de savoir qui aurait la force de la soulever. Mais un jour, elle fut brisée ; les morceaux en étaient bleus et brillants. Le propriétaire des terres interrogea l’un de ses amis, expert en pétrologie, sur ce qu’il enétait. Il s’agissait d’antimoine. Les piques et les pelles se mirent donc à extraire de la terre et à creuser dans la carrière. Il vint trente ouvriers, puis plus de cinquante, travailler à la mine. Ils n’étaient pas tous du pays. Il y eut même des Espagnols, mais beaucoup venaient des environs de Quimper, tel Yann Even de Kerfeunteun. Une fois, les mineurs firent grève ; ils travaillaient pour une société parisienne, la “Société nouvelle des mines de la Lucette”. La grue qui remontait la terre cessa de travailler en 1916. Elle recommença en 1921, jusqu’en 1928. Depuis, on n’extrait plus rien de la mine de Kerzevod.

 

Interview d’un ancien mineur Jean-René Even

Jean-René Even, mineur à KerdévotA quelle époque y travaillez-vous?
C’était avant la guerre de quatorze et je n’avais pas encore trente ans, et maintenant j’en ai quatre-vingt dix.  Je suis maintenant un vieil homme. Pendant 2 ans  j’y ai travaillé.
 
D’où étaient les gens qui travaillaient avec vous ?
Je venais de Kervern, mais tous ne venaient pas d’Ergué-Gabéric. Il y avait aussi des étrangers, de Saint-Malo, de France, et il y avait même des Espagnols. Un des trous dans la mine a été appelé Le trou des Espagnols.
 
Et le travail, comment était-il ?
Comment se passait la journée ?
Nous travaillions pendant sept-huit heures, mais huit jours les gens travaillaient, et il y avait trois groupes. Je commençais le soir et jusqu’au matin je travaillais dans la carrière. Ainsi je pouvais  m’occuper de ma ferme pendant la journée.  Nous extrayions de la terre et à l’intérieur se trouvait l’antimoine. Cette terre  à était remontée à la surface par la grue.
 
Et quelle était la couleur de l’antimoine ?
Elle était bleue, presque noire. Et ensuite je ne me souviens pas très bien  où elle était expédiée. je suis devenu oublieux, mon gars. Dans la Mayenne, par le train je crois.
 
Comment était-ce dans la mine ?  C’était profond ?
Il y avait une cheminée pour descendre en
bas et là, ce n’était pas clair, je te le dis, mon gars. Mais chacun était muni d’une lanterne qui fonctionnait au carbure. Oui. C’était profond, deux ou trois kilomètres sous la terre, jusqu’à Keryann, si vous savez où ça se trouve.
 
Ça n’était pas dangereux ?
ça n’était pas, non. Personne n’a jamais été tué. Nous travaillions comme des taupes et l’eau coulait partout. Mais ce n’était pas mal payé.
 
Combien vous donnait-on à cette époque ?
Je ne m’en souviens pas, mon gars.  J’ai perdu la mémoire…vingt réaux = cinq francs, la journée. Mais nous étions assez bien payés et on nous donnait aussi un morceau de pain. Mais il n’y avait pas de lard.
 
Et depuis les choses ont beaucoup changé ?
Oui, iI y a certainement du changement : le travail n’est plus si pénible qu’auparavant. Il y a maintenant des machines partout et des tracteurs au lieu des chevaux.
 
Et les gens, ils ont changé aussi?
Les gens ? Oh oui, beaucoup. Ils ne sont plus
sérieux. Autrefois, les gens étaient mieux que maintenant. Maintenant, ils sont devenus électriques. La roue tourne trop vite.
 
Collecté par Jean-Michel Kernaleguen
Petit neveu de Yann Even

 

 

Accident à la mine de Kerdevot. Trois ouvriers ensevelis.

(article paru dans l’hebdomadaire Le Citoyen daté du 26 mai 1927).

Contrairement à ce que rapporte  Jean René Even, qui y travaillait avant guerre, il y a eu à la mine de Kerdevot au moins un accident important, à l’occasion d’un éboulement. Mais c’était en 1927, ce qui peut expliquer qu’il n’en a pas gardé de souvenir personnel.

Un accident qui aurait pu avoir d’irréparables conséquences s’est produit samedi soir près de la Chapelle de Kerdévot, où l’on entreprend actuellement l’exploitation d’un gisement d’antimoine.

Trois ouvriers ont été pris sous un éboulement, dans un puits de 10 mètres de profondeur. Ils ont pu être retirés rapidement, grâce à l’activité du personnel qui se trouvait à la surface.

L’un d’eux, Hervé Moisan, 48 ans, habitant à Landudal, a été grièvement blessé. Les deux autres, Michel Heuven, 23 ans, d’Ergué-Gabéric, et Pierre Merrien, 42 ans, d’Elliant, n’ont été que légèrement atteints.

Ils ont été transportés tous les trois à l’Hôpital de Quimper.

 

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Frédéric Le Guyader 1847-1926

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Né à Brasparts en 1847, Frédéric Le Guyader a publié des pièces de théâtre et de la poésie.

Son ouvrage le plus célèbre est la Chanson du Cidre publié en 1901.

Conservateur de la bibliothèque municipale de Quimper, c’est probablement lui qui est décrit par Déguignet avec sa verve caustique habituelle comme : "un personnage  autocrate, qui trône comme un Dieu dans sa bibliothèque, ami et serviteur des charlatans et comédiens, soi-disant représentant du peuple etc".

Dans ce long poème consacré aux amours d’un paysan riche de Langolen et d’une pauvre fille, il situe l’action dans un cabaret à un quart de lieue de Quimper sur la route de Coray, c’est-à-dire à Ergué-Gabéric.    

 

Le taudis du père Tigréat

En somme, n’ayant eu que la peine de naître,
Je suis le paysan le plus riche peut être
Non seulement du beau pays de Langolen,
Mais de tout Quimperlé, Quimper et Châteaulin,
Qui sont tout simplement la Cornouaille entière.
Suzanne, grâce à Dieu, n’est pas une héritière !

Très franche, en quelques mots elle m’avait tout dit :
Fille unique, ses bons parents « tiennent débit »
Au hameau de Ty Glas, tout près dans la banlieue
De Quimper dont il est distant d’un quart de lieue.

La route de Coray nous y mena tout droit.
Trois chaumes, trois taudis, dont l’aspect donne froid,
Se suivaient, composant ce hameau de misère.
Que m’importait j’étais un amoureux sincère !

Et d’avance, elle était confuse de me voir
Pénétrer avec elle, en ce taudis tout noir,
Où végétait, dans la misère, sa famille.
Je rassurai d’un geste ami la pauvre fille,
Je lui pressai la main et j’entrai bravement.
Oui c’était triste et nu lamentablement.

D’un côté, le foyer, où près d’un chat farouche,
Une vieille faisant un soufflet de sa bouche,
S’efforçait d’animer le feu, dans l’âtre obscur.

 

De l’autre, quelques fûts rangés contre le mur,
Empestés d’eau de vie et de cidre exécrable,
Indiquait un débit tellement misérable,

Que je fus très surpris d’y voir quelques clients,
Trois ou quatre, peut-être, ivrognes très bruyants,
Fumant, buvant, bavant, servis par un bonhomme,
Dont je savais le nom, déjà, sans qu’on le nomme !
Le père Talgréat était à son comptoir.
Mais je le devinais plutôt, sans trop le voir.

La nuit tombait. Suzanne alluma la chandelle.
Comme je lui parlais en m’asseyant près d’elle
Je remarquai que le bonhomme avait les yeux
Epouvantablement cireux et chassieux.

De temps à autre avec une serviette immonde,
Qui servait à rincer les verres à la ronde
Il s’essuyait les yeux… je me sentis frémir ;
Car c’était sale, sale à vous faire vomir…
Ce spectacle Suzanne en avait l’habitude
Sans doute, et ne vit rien de mon inquiétude…

Mais pourquoi me troubler d’un si mince détail ?
Je ne voyais que son sourire aux dents d’émail,
Son front pur, ses yeux doux, si bien que la chaumière
Resplendissait de sa beauté, de sa lumière.


Frédéric Le Guyader
« Comment j’épousai Suzanne » pp. 17-18
Confession d’amour d’un jeune paysan de Langolen - Quimper 1916

 

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