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 Louise Kergourlay de Lost ar Gilleg

Souvenirs de Louise Kergourlay

 

" Habitant à Lost ar Guillec depuis un peu plus d’un an, j’ai souhaité mieux connaître ce hameau. Avec Isabelle Guégan, habitante des lieux, nous sommes allées interviewer Mme Louise Kergourlay.
Née à Lost ar Guillec en 1932, elle est actuellement religieuse à Sainte-Anne d’Auray où elle nous avait préparé un très chaleureux accueil. Qu’elle en soit ici remerciée. " 
 

Un trésor à Lost Ar Guillec ?

« La légende veut que le premier bâtiment encore existant de Lost ar Guillec était la maison d’un notaire qui y aurait caché un trésor. La mère de Louise l’avait connu avec un toit de chaume et l’on disait alors que, lorsqu’on le détruirait, on trouverait le trésor… Sans doute est-il très bien caché.
Dans « les aveux collectifs de Christophe Blohio, Françoise Le Roux, sa femme et Jehanne Kerguz, mère de cette dernière », en 1540, on apprend qu’il y avait déjà un bâtiment à Lost ar Guillec. Etant donné le style de cette maison (présence notamment d’une accolade au-dessus de la porte), on peut avancer qu’il s’agissait déjà de celle-ci. Entre temps et jusqu’à ce que le propriétaire actuel l’aménage, elle a servi de débarras, de crèche à cochons.
Entre cette maison et la grande maison (partie neuve actuelle), il y avait un hangar avec le pressoir à cidre ainsi que du bois. On faisait en effet du cidre à Lost ar Guillec où il y avait de nombreux pommiers et le grand-père Nédélec a d’ailleurs reçu des prix pour son cidre bouché.
En 1846, date que l’on peut lire au linteau d’une fenêtre de la grande maison, M. et Mme Laurent s’installèrent à Lost ar Guillec. Peut-être firent-ils construire la grande maison. Ils venaient d’une grande ferme, à environ deux kilomètres de la chapelle de Kerdévot. N’ayant pas d’enfant, ils décidèrent de venir vivre dans une ferme de plus petite taille. Au bout de quelques temps cependant, ils eurent trois filles. De ces trois filles, l’une alla s’installer à Mezanlez. La fille de celle-ci recevra Lost ar Guillec en dot : c’est la grand-mère de Louise. Quant à son grand-père Nédélec, il venait de Lezergué. 
Derrière la grande maison il y avait un appentis avec d’un côté la laiterie et de l’autre, dans une partie plus longue, un âtre surélevé avec deux galettières. C’est là que l’on faisait des crêpes en quantité lors du grand pardon de Kerdévot, quand toute la famille se retrouvait à Lost ar Guillec et à Kergamen (acheté par le grand-père Nédélec). 
 

L’arrivée de la fée électricité

Le grand-père Nédélec acheta le moulin afin d’agrandir sa propriété. A côté, il construisit une autre maison pour sa retraite. Vers 1942-43, alors que le père de Louise et son commis faisaient le tour des fermes pour prendre le grain et rendre le son, ils embarquèrent un homme qui traînait son vélo. Celui-ci leur demanda s’il y avait l’électricité au moulin, ce qui n’était pas le cas. Un peu plus tard il vint y installer l’électricité, ainsi qu’à Kergamen et même à Lost ar Guillec. Il y avait une dynamo et quand le moulin tournait, les accumulateurs se chargeaient et on avait donc de l’électricité. Ainsi, le moulin a permis à la famille d’être les premiers à avoir l’électricité, dans les environs. Lors du débarquement en Normandie, la famille n’avait pas fini de manger que tous les voisins venaient suivre les actualités à la maison. 
L’activité du moulin permettait aussi d’élever un nombre considérable de cochons à Kergamen, puisque le père de Louise prélevait un kilo par sac de son pour les nourrir. 
Le moulin est resté en fonction jusqu’en 1950 environ, période où le père de Louise a cessé l’activité.
 

Un vrai paradis  !

Archives Arkae Louise Kergourlay de Lost ar Gilleg

Là où se trouve actuellement la maison neuve, il y avait un jardin clos, « un vrai paradis ». On y trouvait des poires, des groseilles, des fraises, des groseilles à maquereaux, des fleurs, des légumes… Il y avait aussi du très beau raisin. La vigne s’étendait sur les façades des bâtiments et l’on peut encore en voir un petit bout sur la crèche accolée à la grande maison. Du cresson poussait dans la petite rigole qui partait de la fontaine. Au marché, on vendait tous ces produits, ainsi que les noix et les pommes à couteau qui avaient un bon succès, les lapins, les poules… Ces « milles petites choses » qui faisaient que la ferme tournait.
Tous les champs autour étaient très cultivés, même là où il y a actuellement les pins.
 
 

Un quartier très animé

Un petit sentier traversait la prairie derrière Lost ar Guillec. Il était si emprunté que jamais on n’aurait pu penser qu’il disparaîtrait. On allait de Lost ar Guillec à Kergamen par là. C’est aussi par là que ceux de Kernaou rejoignaient le Reunic, ainsi que ceux de Penmine, de Kerampeillet…
Le père de Louise avait aménagé la mare en face du moulin : il avait monté deux murs de chaque côté de la fontaine et adossé un toit en papier goudronné à la petite butte qui la surplombait. Les gens du quartier utilisaient ce lavoir couvert et durant le mois de janvier on l’invitait à prendre le café, en remerciement. Lui-même répondait aux invitations et il y avait comme cela un roulement pour s’inviter, lors du changement d’année.
A la forge du Reunic, on ferrait les chevaux, les roues des charrettes, on y trouvait également des machines à battre, etc. Pendant la guerre, le lundi matin surtout, les gens venaient apporter leur sac de blé au moulin. Et en attendant, ils allaient faire ferrer leur cheval chez le forgeron. Il y avait aussi un courtier en produits du sol et, plus loin sur la route, un cantonnier.
En ce lieu de passage qu’était le Reunic, on trouvait aussi un café-épicerie. La mère de Louise lui a raconté que les gens d’Elliant s’y arrêtaient pour se reposer et boire un café, en allant au marché de Quimper. On y organisait des repas de mariage, ainsi que les bals du 31 décembre, du petit pardon et du grand pardon de Kerdévot, les dimanches soirs. C’était très vivant. Au grand pardon, on rencontrait au bal du Reunic des personnes de toutes les communes alentours (Ergué-Armel, Elliant, Landudal).  »
Témoignage recueilli parAurélie le Déroff 
 
Voici retracé un morceau d’histoire de Lost ar Guillec, écho de cette vie dont est héritier le moindre de nos villages.
Et l’on ne vous a encore rien dit du « tonton russe », devenu précepteur des enfants du Tsar et qui possédait, dit-on, une rue entière à Saint-Petersbourg.
Le grand-père avait acheté Kergamen et quand sa fille Joséphine s’était mariée avec Monsieur Bacon de Kernaou on lui avait donné cette ferme. 
Marie-Louise, Joséphine et Marie-Jeanne sont restées.
Durant la jeunesse de Louise, Joséphine et Marie-Louise tenait la ferme de Kergamen. Un employé venait tous les jours du bourg pour y travailler. Puis elles sont venues à Lost ar Guillec et ce sont les Kergourlay qui se sont occupés de Kergamen jusqu’en 1963, qu’ils louaient à Joséphine, Kergamen étant un ferme plus importante (plus étendue, plus de bâtiments). Les grands parents, eux étaient au moulin.
Marie-Mouise et Joséphine s’occupaient du jardin, lorsque les Kergourlay sont partis à Kergamen. Elles l’aimaient beaucoup. Les deux tantes ont vécu avec leur mère jusqu’à son décès en 1949, dans la grande maison. Celle-ci était descendue du moulin après le décès de son mari.
Il y avait un petit pont. (la prairie du moulin)
De l’autre côté de la route, un petit champ fait aussi partie de la ferme de Lost ar Guillec. (Park Pont)
Plus haut, il y a aussi un peu de lande que Mezanlez avait donné dans la dote de leur fille, pour que Lost ar Guillec ait aussi un peu de lande, nécessaire à toute ferme autrefois.
L’étang sur la route de Mezanlez faisait partie du moulin. Il avait fallu faire des travaux pour que l’eau vienne l’alimenter. (elle a vu vider cet étang par 38 hommes).
Si l’on remonte dans le temps, Lost ar Guillec a peut-être été une fabrique de poterie gallo-romaine. En effet, lorsque tante Joséphine cultivait le petit jardin, elle trouvait beaucoup de poteries. La présence d’eau et de buis ainsi que l’intuition qu’une voie romaine devait passer à proximité, lui permettait d’arriver à cette conclusion.
Keleier Arkae - n° 26 février 2003
 

Trésors d'archives > Guerres > Prisonniers de guerre allemands à Ergué-Gabéric (1945-1951)

Prisonniers de guerre allemands à Ergué-Gabéric (1945-1951)

 

Tableau de Kerouredan par Helmut Homillius

Cette date et cette signature au bas d'un tableau représentant ma maison natale, ont probablement, dans mon enfance, suscité, mais sans plus, quelques interrogations familiales. Mais ce n'est que bien plus tard, en 2004 – 2005, qu'au travers d'innombrables témoignages faisant mémoire de la guerre 1939-1945 et instruisant notre histoire, qu'un début de réponse concrète m'est apparu. La collaboration de Marie-Thérèse Le Mao, témoin de cette période, et qui habitait alors avec ses parents à la ferme de Kerautret, a apporté une réponse à mes questions et a aussi permis d'enrichir un travail de mémoire sur ce sujet délicat et, bien souvent, peu connu. 
 
Elle m'a en effet livré des souvenirs liés à cette période d'après-guerre à travers le dialogue suivant.
 
Tableau de la ferme de Kervoreden peint par Helmut Homilius.
Inscription : KEROUREDAN. (pour Kervoreden). 10 JULI 1946. - H. HOMILIUS.
Entretien avec Marie-Thérèse Le Mao
Jacqueline - Je crois que ce nom "H. Homilius" te dit quelque chose.
Marie-Thérèse – Effectivement, Helmut était un prisonnier de guerre qui travaillait chez mes parents.
 
Jacqueline – Pourquoi et comment est-il arrivé chez toi ?
Marie-Thérèse – Mon père avait fait la demande à la Préfecture (peut-être avait-il la possibilité de cette obtention car il avait été fait prisonnier dans les Ardennes allemandes de mai 1940 à juillet 1942. Je ne sais pas trop tout cela).
Les prisonniers de guerre allemands étaient cantonnés à Lanniron (commune d'Ergué-Armel). Mon père est allé en char à bancs le chercher, en novembre 1945. En fait, il est revenu avec deux prisonniers, Helmut et Oscar. Le premier soir, ils ont "dévoré" leur repas, tant ils semblaient avoir peur de manquer. Mes parents ont essayé de leur faire comprendre que le lendemain ils seraient encore nourris.
 
Jacqueline – Tu peux les présenter un peu plus ?
Marie-Thérèse – Helmut était de Haïnichen (Saxe), près de la frontière tchèque, où il travaillait dans une laiterie. Cela faisait seulement huit jours qu'il était marié quand il fut arrêté. Sa femme a été faite prisonnière par les Russes.
Oscar était de Bielefeld (ville aujourd'hui jumelée avec Concarneau). Il était marié et père de deux enfants et travaillait à la Préfecture.
Helmut travaillait davantage dans les champs, alors qu'Oscar participait surtout aux travaux d'entretien (maison, jardin…).
 
Jacqueline – Le gouvernement français exerçait-il un suivi, un contrôle ?
Marie-Thérèse – De temps à autre, un inspecteur du travail passait voir si tout se déroulait correctement. Si jamais ils ne rentraient pas aux horaires requis, nous devions le signaler. Je me souviens qu'un soir, un prisonnier du secteur manquait au contrôle. Cela avait fini par s'arranger quand même assez bien.
Leurs uniformes venaient de Brest, où on devait aller les chercher. Au bout de deux ans, Helmut est devenu "travailleur libre".
 
Jacqueline – Alors que Oscar, lui, s'était évadé…
Marie-Thérèse – Il y avait d'autres prisonniers de guerre à Ergué-Gabéric, à Elliant aussi, dont notre ferme était proche. Un soir, vers 1946, Oscar, avec un prisonnier de guerre employé à Elliant (ce dernier parlait français) n'est pas rentré. Mon père a prévenu la Préfecture et les chefs à Lanniron. Trop de lenteurs dans les recherches (ou peu de réel empressement, ou quelque complicité ?) ont fait qu' Oscar a réussi à rejoindre son pays, alors que son collègue de fuite se serait fait reprendre.
Oscar avait été très malade et craignait beaucoup de revenir au camp, alors pourquoi ne pas tenter la fuite ? Quelques jours plus tard, mon père retrouva dans un champ des habits de prisonnier d'Oscar, et se rendit compte qu'il lui manquait alors une veste et ses papiers d'identité.
Parfois Oscar et Helmut "s'agrippaient un peu", mais jamais on ne saura si, dans ce cas, ils furent complices. A mon avis, une certaine solidarité a joué, car Helmut lui avait donné un peu d'argent, ce que nous apprîmes bien après.
Oui, revenir à Lanniron était pour tous une crainte. Une anecdote me revient. Au départ, ne sachant pas traire les vaches, Helmut nous révéla sa hantise que le lait ne vienne pas. Alors, il priait, priait, avant de se mettre à traire…Anecdote un peu comique à priori, mais quand on sait l'enjeu du moment, on peut comprendre !
 
Jacqueline – Et Helmut ?
Marie-Thérèse – Helmut a quitté Kerautret en mai 1950. Pendant 5 ans, il a participé à la vie locale d'une façon assez "positive". Ses talents de peintre et de dessinateur, sa convivialité, ont facilité les rencontres. Dans différents lieux qu'il a fréquentés, ses tableaux sont relativement nombreux (Kerautret, Garsalec, Kervoréden…). Les gens le payaient, reconnaissant son art.
J'ai des photos où on le voit effectuant la traite des vaches ou blanchissant la  maison. Il est aussi allé à Quimper se faire photographier au studio Etienne Le Grand. Sur la photo de mariage de René CARIOU, notre voisin, en 1948, il est là avec Georges, un autre prisonnier de guerre qui se trouvait employé chez le marié du jour. Helmut s'était acheté un vélo (chez Hervé Le Goff, à la forge de Garsalec : Denise, sa fille, s'en souvient très bien), et à son départ, il l'a vendu.
 
 
Jacqueline – Finalement, peut-on dire que son intégration était assez réussie ?
Marie-Thérèse – Dans l'ensemble, je pense que oui. Il avait un peu appris le français. Mon père et lui étaient parvenus à un langage de compréhension mutuelle et cela marchait assez bien. Dire que tout était idéal, c'est exagéré. Un jour, lors d'une journée de gros travaux, mon père eut à calmer le jeu. 
Un gars du coin, qui avait été prisonnier en Allemagne, s'est un peu énervé. Cela aurait même pu s'envenimer si mon père ne lui avait rappelé que lui aussi avait souffert de son séjour en Allemagne. Helmut était là, il ne l'avait pas choisi, et c'était ainsi. Mais peut-être était-ce là un signe pour dire que le moment était venu, dans la paix retrouvée, de penser au retour…
 
Jacqueline – Comment cela s'est-il achevé ?
Marie-Thérèse – Helmut est retourné chez lui en mai 1950. Il a retrouvé sa femme, LINI (à qui il faisait parvenir des colis contenant des denrées alimentaires et des vêtements, quand cela lui était possible).
En 1952, il fut papa d'une petite fille, Barbara. Je possède aussi la photo du baptême. Puis peu à peu les échanges se sont arrêtés. C'est dommage, mais ainsi va la vie.
 
 
 

Trésors d'archives > Guerres > Le camp de prisonniers de Lanniron

Le camp de prisonniers de Lanniron 

 

Portrait d'Helmut Homilus > Archives ArkaeHelmut Homilius, prisonnier allemand à Ergué-Gabéric a raconté dans ses mémoires Cinq années de pénitence son séjour à Ergué-Gabéric. Il a raconté les conditions épouvantables de détention au camp de Lanniron en Ergué-Armel, un épisode peu connu de la guerre 39-45.

Le camp de prisonniers de guerre de Lanniron "Frontstalag 135" était situé sur l'ancienne commune d'Ergué-Armel, intégrée à celle de Quimper en 1960.
Le camp fut installé sur la rive gauche de l'Odet, à la périphérie de Quimper, chef-lieu du département, sur des terrains privés réquisitionnés par les autorités militaires allemandes d'occupation.
 Le camp de prisonniers occupait des terrains agricoles et des vergers dépendant de fermes appartenant aux familles De Massol (5 hectares réquisitionnés), également propriétaire du château de Lanniron, et De Blois (3 hectares réquisitionnés), propriétaire du château de Poulguinan également proche du camp de prisonniers. Au début du mois de novembre 1940, le château de Lanniron fut également réquisitionné et mis à disposition des officiers commandant le camp de prisonniers. 

Les terrains furent réquisitionnés dès septembre 1940. Des baraques furent bâties sur une superficie de 20 ares dans un premier temps. Le camp fut rapidement agrandi car à la fin de la guerre la surface des baraques atteignait 90 ares. Il y avait une surface de 4,50 ares d'emplacements cimentés pour les W.C., les lavabos. Plus de 50 ares de routes empierrées furent ouvertes sans compter des tranchées et des emplacements bétonnés.

Voir les dessins d'Helmut Homilus sur le camp de Lanniron

 

Le camp de prisonniers français (fin 1940 – août 1944).

A la fin de l'année 1940, les premières troupes françaises sont internées en captivité au camp de Lanniron. On trouve mention de militaires français de métropole au camp de Lanniron dès 1940.

En mai 1941, le camp de prisonniers de Quimper comptait, selon un rapport de la Croix-Rouge : "803 blancs, 6.592 hommes de couleur, 31 noirs, 320 annamites, soit un total de 7.746 hommes".
 Plusieurs décès de soldats coloniaux sont constatés dans les registres de l'état-civil. Il s'agit de tirailleurs sénégalais (18ème RTS), marocains (2ème RTM), tunisiens (8ème RTT) et algériens (19ème RTA), parfois de soldats de bataillons de pionniers ou du Génie, originaires d'Afrique du Nord, et plus rarement d'AOF ou d'AEF.
Dix de ces militaires décèdent à Quimper en 1941.

 

Le camp de prisonniers allemands (août 1944 – juin 1946).

La ville de Quimper est libérée le 8 août 1944 après plusieurs combats opposant les résistants aux troupes allemandes qui se replient vers Brest et la presqu'île de Crozon. Dès la Libération de la ville, le camp de prisonniers de Lanniron devient le lieu de détention des prisonniers de guerre allemands. Les conditions de détention de ces prisonniers semblent avoir été difficiles. En effet, au moins 39 soldats allemands sont décédés en captivité à Quimper : 18 ont été inhumés dans un premier temps à Quimper, et 21 à Ergué-Armel, entre août 1944 et le 26 mai 1946, date du dernier décès enregistré. Le camp de prisonniers est fermé peu après cette date car le 29 juin 1946, les autorités militaires françaises lèvent la réquisition des terrains qui sont alors restitués à leur propriétaire.

Des dossiers d'indemnisation sont instruits dans le cadre des dommages de guerre pour réparer les préjudices des propriétaires. Les baraques sont démolies en 1946. Aujourd'hui, rien ne subsiste plus de ce camp. 

Bruno Le Gall - Archiviste de la ville de Quimper, mai 2005 -Keleier Arkae n°44 mai 2006
 
 
 

Trésors d'archives > Quartiers > Bourg d'Ergué en 1790

Bourg d'Ergué en 1790


Le "petit bourg" du "Grand" Ergué en 1790

Le 20 juillet dernier, dans le cadre des "Mercredis du Patrimoine", une conférencière de l'Office du Tourisme de Quimper, Jacqueline Van Thielen, a conduit la visite du bourg d'Ergué-Gabéric par une quarantaine de personnes. Elle a contribué à faire découvrir ou approfondir par chacun les raisons géographiques de l'implantation du bourg, l'histoire de son développement (ou de sa stagnation), la qualité et la répartition de ses habitants...
Dans la suite de cette visite, pour que chacun puisse se faire une représentation plus éclairée de ce qu'était le bourg il y a 215 ans, pourquoi ne pas se reporter aux résultats du Recensement de 1790 concernant précisément sa population ?

Combien d'habitants ?
Il est recensé 61 "âmes" (ou habitants). C'est peu, y compris au regard de la population totale de la paroisse, qui était établie à la même période à 1609 personnes : le bourg ne représentait donc que 3,79 % de la population de la paroisse. Il n'y a pas lieu de penser qu'il y a eu "beaucoup de monde dans le bourg" autrefois !
 
Combien de familles ? - ou plus précisément de "feux", c'est-à-dire de "foyers" (personnes regroupées sous un même toit) ?
Il y en avait 16, d'inégale importance.

Deux "feux" importants ressortent, avec chacun huit habitants :
Le presbytère, où vivent :
  • Le recteur, M. Dumoulin, 43 ans, et aussi sa mère, 70 ans, et sa nièce de 20 ans,
  • Le "curé" ou vicaire, M. Vallet, 29 ans,
  • Un autre prêtre, M. Tanguy, 33 ans,
  • Un "clerc tonsuré" de 18 ans, M. Le Breton, peut-être neveu du recteur,
  • Et deux domestiques : homme de 26 ans et femme de 39 ans.
  • Dans une autre maison vit un autre prêtre, Monsieur Baudry, 59 ans, et sa sœur, 54 ans.
 
La ferme Le Roux, dirigée par l'unique "cultivateur" (propriétaire) du bourg, Corentin Le Roux, 35 ans, marié en secondes noces à Marie-Catherine Le Guyader, 38 ans, qui a emmené une fille (15 ans) et un garçon (6 ans) de son premier mariage. Il y a 4 domestiques : une femme de 23 ans et 3 garçons de 26, 24 et 16 ans.
 
On observe ensuite qu'il y a deux "métayers" :
  • François Dagorn, 53 ans, et son épouse de 43 ans, qui ont deux filles de 7 et 5 ans, et par ailleurs un garçon de 13 ans et une fille de 15 ans issus du mariage précédent des deux époux (total : 6 personnes),
  • Jacques LOUIS, 35 ans, et sa femme, 37 ans, avec un fils (8 ans) et deux filles (3 ans et 6 mois), et qui ont une veuve de 54 ans comme journalière (total : 6 personnes)
A ces trois fermes s'ajoutent :
  • Un boulanger et sa femme (31 et 48 ans), sans enfants, avec une jeune fille de 20 ans comme domestique.
  • Un "hobergiste" et sa femme (32 et 25 ans), avec leurs deux filles de 4 ans et 6 mois, et une domestique de 26 ans. Ils hébergent chez eux une "tailleuse" de 30 ans.
  • Un autre "hobergiste" et sa femme (50 et 40 ans), sans enfants.
  • Un "sacriste" et sa femme (43 et 44 ans), chez qui vit un neveu de 9 ans.
  • Un "maréchal" et sa femme (32 et 39 ans), avec leur fille de 4 ans et d'autre part un garçon de 17 ans et une fille de 11 ans issus du premier mariage de l'épouse.
Enfin des maisons de journaliers et de veuves :
  • Un journalier de 31 ans, avec sa femme de 26 ans, leurs deux filles (4 ans et 8 mois) et la belle-mère, veuve de 64 ans,
  • Une autre veuve de 67 ans, chez qui vivent une journalière de 42 ans et la fille de celle-ci, 8 ans,
  • Une veuve de 64 ans, qui héberge une domestique de 40 ans,
  • Une journalière de 54 ans, veuve qui vit seule,
  • Et enfin une veuve de 67 ans, chez qui est installé un cordonnier de 36 ans.
On voudrait pouvoir en dire plus sur la localisation des maisons des uns et des autres. Celle des deux plus importants "feux" s'impose : le presbytère et la ferme Le Roux. Mais il est encore facile d'imaginer que les artisans sont en "haut" du bourg, tandis que les journaliers et les veuves sont " Traon ar vorc'h ", où se remarque encore ce qu'il reste de leurs petites maisons aux abords du lavoir.
Le recensement fait encore état de 7 "actifs" dans le bourg. Sont ainsi désignés les gens qui ont un revenu suffisant pour devoir verser des contributions fiscales : le recteur et trois autres prêtres, le "cultivateur", un "métayer", un "hobergiste". Je vous invite à monter à " Menez ar vorc'h " pour voir s'animer ce " petit monde ".
François Ac'h - 2005
 

Trésors d'archives > Dossiers > Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905

Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905
 
 
 
> Site officiel de Jean-Marie Déguignet mis en place par l'association Arkae, éditeur des Mémoires d'un paysan bas-breton.