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Jean-Marie Déguignet 1834 - 1905
 
 
 
> Site officiel de Jean-Marie Déguignet mis en place par l'association Arkae, éditeur des Mémoires d'un paysan bas-breton.
 
 
 

 


Trésors d'archives > Souvenirs > Souvenirs d'une écolière pensionnaire (1917-1921)

Souvenirs d'une écolière pensionnaire (1917-1921)

 
Ce témoignage  a été recueilli auprès de Marie Gourmelen (Marie Roumégou) par Gaëlle Martin et Jacqueline Le Bihan dans le cadre de l'exposition présentée par Arkaé en juin 2004 : " Ergué-Gabéric et ses écoles ".
L'école  primaire des filles " Notre-Dame de Kerdévot " a été ouverte au Bourg de 1898 à 1963. Elle a disposé d'un pensionnat. Elle était tenue par la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. Ses locaux ont été, après la fermeture, occupés par le C.A.T. " Les Papillons Blancs ", puis ont été transformés en " Résidence Bude-Stratton ".
 

1917 : " à l'école on priait pour les morts".

« Je suis entrée à l'école à l'âge de 9 ans, en septembre 1917. A cette époque, les enfants n'étaient pas scolarisés dès l'âge de leurs 2 ans comme aujourd'hui, et de plus, j'étais l'aînée, donc utile à la maison.
J'habitais à Kervéguen, ce qui fait que je fus mise en pension à l'école des filles du bourg : l'école Notre-Dame de Kerdévot.
Je suis allée à l'école en char à bancs avec mes affaires de pensionnaire : literie, vêtements… Je me rappelle que je disposais de quatre blouses d'écolière et que je faisais trois jours avec une blouse. Mes autres habits étaient de simples habits paysans : la jupe, le gilet, le corsage et les sabots.
J'ai démarré l'école alors que la première guerre mondiale faisait rage. Je me souviens qu'il y avait un service mortuaire toutes les semaines, et qu'à l'école on priait pour les morts, et pour que le conflit s'arrête.
J'ai trouvé que les bâtiments de l'école étaient grands par rapport à ceux de la maison.
 

"Je ne parlais que le breton".

Bien sûr, je ne parlais que le breton en y arrivant. L'apprentissage du français s'est  fait petit à petit. Pour moi, je n'ai pas de souvenir d'interdiction, de lutte, de punition contre l'usage du breton. Cela venait doucement : par exemple l'instituteur traduisait la date en breton, le catéchisme se faisait en breton, parfois les prières (le "je vous salue Marie") et on lisait la "Vie des Saints" en breton.

Il y avait deux classes, avec chacune deux divisions. La petite classe était dirigée par Sœur Yvonne et il y avait une salle spéciale pour apprendre à lire. La seconde classe était dirigée par Sœur Euphrasie, puis par Mademoiselle Monique, qui jouait du piano. Le matériel d'écolier était fourni par l'école.
        

Une journée bien chargée

La journée des pensionnaires commençait toujours ainsi : Sœur Félicienne réveillait le pensionnat par une phrase en latin. Les grandes étaient obligées de se rendre à la messe, qui durait 30 minutes et c'est seulement ensuite qu'elles pouvaient déjeuner. Le petit déjeuner se composait de café et de soupe. Mais il y avait plusieurs menus en fonction de l'argent laissé par les parents. Puis les filles allaient faire leur toilette et leur lit.
La rentrée en classe avait lieu à 9 heures, bien en rangs. On restait debout devant sa place et on disait la prière. La classe commençait par la récitation des leçons : géographie, histoire, poésie. Puis on passait à l'arithmétique. Ce que je préférais, c'était la dictée.
A la récréation, les filles sautaient à la corde, jouaient à la marelle, à "mouchig dall" (colin-maillard). Elles chantaient : "Dansons la capucine…", "La Mère Michel", "Savez-vous planter des choux ?", "Compagnons de la marjolaine", "En passant par la Lorraine…".
Avec des noix ou des haricots, selon la saison, on jouait à "glouc" : dans un trou, on disposait quelques noix ou haricots et on gardait le reste pour les lancer chacune à son tour : celle dont le projectile atteignait le trou remportait tous les haricots ou toutes les noix.
 

Menus ouvriers et menus paysans

Après l'Angelus de midi, on sortait de classe et on se rendait au réfectoire. Les repas des enfants des ouvriers de la Papeterie étaient payés par Bolloré. On appelait cela "la grande pension", car c'était un repas amélioré.. Pour le reste des enfants (dont moi), les sœurs préparaient une soupe de légumes. Elles y ajoutaient les morceaux de lard que les parents des pensionnaires avaient laissé pour leurs enfants. La ration impartie à chacun était identifiée grâce à une tige de métal fichée dans chaque morceau de lard. Ainsi, chaque fille se voyait servir la quantité de viande laissée par les parents. Ceux-ci laissaient aussi du pain, et une ration de beurre.
Les demi-pensionnaires apportaient le nécessaire, pour avoir un peu plus que la soupe aux légumes.
Il n'y avait pas de dessert.
 Vers 1920-1921, tous les jeudis, Sœur Cécilien préparait un ragoût de pommes de terre. C'est elle aussi qui a changé le système des fiches de métal dans les morceaux de viande : elle les marquait d'incisions différentes les unes des autres.
Au printemps, je me rappelle que je pouvais acheter de la salade aux sœurs ; il y avait un grand potager, et aussi un verger à l'école. Pour l'assaisonnement, on achetait du sucre en poudre à la Boulangerie Balès, et on mangeait les feuilles de salade ainsi, avec un peu de sucre.
 

"Jamais je n'ai eu le cafard"

Après le repas du soir, l'hiver, on faisait le tour de la cour en courant et en chantant pour se réchauffer. L'été, on faisait des jeux. Le jeudi soir était dévolu aux travaux manuels. J'ai ainsi fait des coiffes pour ma mère. J'ai aussi brodé une nappe pour le pain noir, qui reste en haut de la table à la campagne. J'ai bien sûr fait du tricot.
On allait se coucher à 21 heures, été comme hiver. Il n'y avait pas de toilette avant d'aller se coucher. Le dortoir n'était pas chauffé. Chaque fille avait deux couvertures et un édredon. Il n'y avait pas le droit de parler. Personne ne pleurait. Jamais je n'ai eu "le cafard". Je me rappelle quand même d'une fille qui avait fugué. Les maîtresses l'ont vigoureusement battue à son retour.
Le jour de congé, à cette époque, était le jeudi. L'après-midi était l'occasion d'une grande sortie : promenade sur toutes le routes d'Ergué-Gabéric, tout en chantant ou en discutant les unes avec les autres.
Mes parents venaient me voir le dimanche. C'est alors que se faisait le transfert des vêtements propres et sales. Ils me donnaient quelques sous. Et ainsi, le jeudi, je pouvais m'acheter des bonbons.
 

"Ainsi furent mes courtes années d'école".

J'ai quitté l'école à 13 ans et demi. Mon père était tombé malade. J'étais l'aînée. Je devais revenir aider à la maison. Je n'ai donc pas été au certificat d'études et ai ressenti de la tristesse en voyant les autres filles de ma classe y aller.
Ainsi furent mes courtes années d'école.
Mon école était ainsi… quand j'étais petite fille. »

Témoignage recueilli par Gaëlle Martin - Keleier Arkae n° 37, janvier 2005

Trésors d'archives > Pat. rural > Le costume breton d'Ergué-Gabéric

Le costume breton d'Ergué-Gabéric

 

Costume breton d'Ergué-GabéricLe costume de la première moitié du XIXe siècle

La seule représentation qu'on ait du costume féminin porté à Ergué-Gabéric se trouve dans un ouvrage de 1842 : "Les Bretons" d'Alfred de Courcy. Cette coiffe de type archaïque était appelée Pichou du breton Pitchourell qui désigne une coiffe à huppe ou à capuche. Cette coiffe a déjà été desinée par Olivier Perrin en 1810.
 
 
Cette lithographie signée Victor Coindre, dessinateur prolixe du XIXe siècle a été éditée par Thierry Frères.

A noter le titre en trois langues : français, anglais, allemand pour satisfaire la curiosité des celtophiles de l'Europe entière qui s'intéresse à la Bretagne  suite à la publication du Barzaz Breiz d' Hersart de La Villemarqué.
 
Dans le vêtement on voit parfaitement les trois corsages superposés qui composaient traditionnellement l'habit des jeunes filles. Le tablier porte de jolis couleurs gaies qui tranchent avec le noir qui s'imposera par la suite.
 
 

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Trésors d'archives > Pat. rural > Les Moulins d'Ergué-Gabéric

Les Moulins d'Ergué-Gabéric

 

Moulins sur l'Odet

  • Meilh Kergonan, sur l'Odet, connu depuis 1540 comme dépendant du manoir de Kergonan. Avait trois paires de meules. Subsiste aujourd'hui en habitation. Il y a peut-être eu un autre moulin de Kergonan sur un ruisseau affluent de l'Odet.
  • Meilh Odet, près de Pont Piriou, aujourd'hui disparu. Connu depuis 1540 comme dépendant du manoir de Kerfors.
  • Y a-t-il eu un " Meilh baper " (moulin à papier) avant l'implantation des Papeteries Bolloré sur l'Odet en 1822?
  • Meilh Poull, aujourd'hui en ruines, connu dès 1426 comme dépendant du manoir de Griffonès. A la Révolution, il devient propriété des meuniers qui l'exploitent jusqu'en 1924, où une crue emporte le tablier du pont. Les clients de Kerfeunteun ne traversent plus : le meunier cesse alors son activité
  • A Kénechgongar, un moulin disparu, connu en 1573 . Dépendait du manoir de Pennervan.
  • Un moulin, sans doute à Lenhesq, signalé dans un aveu du manoir de Lezergué en 1550 comme étant près des terres de Quillihuec.
  • A Kerfrès, un moulin devenu aujourd'hui habitation. Deux roues verticales à augets.
  • Meilh Kerellan, disparu sans laisser de traces, autrefois implanté dans la prairie de Prat an enes, avec début d'activité signalé au 12 décembre 1490.

Moulins sur le Jet

  • Meilh Jet. Roue horizontale, bief de 1 km.200, arrêté vers 1960. Aujourd'hui habitation.
  • Meilh Faou, actuellement habitation, signalé dès 1460 comme dépendant du manoir de Keristin. Roue horizontale. Arrêté en 1976.
  • Près de Kerfors, un moulin aujourd'hui disparu, connu par un aveu de 1488 comme dépendant du manoir de Kerfors.
  • A Kergamen, il y avait un moulin avec roue à augets. Dépendait du manoir de Mezanlez. Aujourd'hui habitation.
  • A Kernaou, traces d'un moulin démoli vers 1925.
  • Meilh Pont ar Marc'hat, aujourd'hui pisciculture. A pu comporter une scierie.
  • Meilh Pennarun, aujourd'hui habitation. Deux roues horizontales. Aurait travaillé en scierie de 1852 à 1900. A moulu le grain jusqu'en 1976.
  • Moulin du Cleuyou, restauré. Roue à aubes. Connu par un aveu de 1566.
  • Meilh Coutily, anciennement moulin "charretier" ou "chartier" à un lieu-dit Pont Even (à l'emplacement de l'ancienne usine Gouiffès).
Jean Istin - Keleier Arkae n°41 novembre 2005
 

Trésors d'archives > Géographie > Description d'Ergué-Gabéric en 1780 et 1843

Description d'Ergué-Gabéric en 1780 et 1843

 

Dictionnaire d'Ogée (1780)

Ergué-Gaberie [Ergué- Gaberic] ; à 1 lieue 1/5 à l'E. de Quimper, son évêché, sa subdélégation et son ressort, et à 37 lieues de Rennes. On y compte 1800 communiants : La cure est à l'alternative. Son territoire est fertile en grains, et plein de vallons  où sont de très belles prairies ; mais on y voit beaucoup de landes et terres incultes.
Vers l'an 1640, Gui Autret , seigneur de Missirien , fit bâtir, près l'avenue de son château d'Ergué, une chapelle dédiée à saint Joachim, dans laquelle il fonda quatre messes par semaine Toute la paroisse relève du roi, à l'exception des trois villages de Kermorvan , de kernechiron et Kerougan, qui se trouvent sous le fief de l'évêque de Quimper. La maison noble de Kerfort appartenait, en 1420, à Anceau de la Marche.
 

Réédition de 1843 par A. Marteville et P. Varin

Ergué-Gabéric (sous l'invocation de saint Guenaél, abbé de Landevennec), commune formée par l’ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale. 

Limite : Nord rivière d'Odet ; E. Elliant; S. Ergué-Armel. Saint Evarzec, Saint-Yvi, rivière le Ged ; O. Kerfeunteun, rivière d'Odet.
Principaux villages : Quélennec, Squividan, Kerourvois, Salverte, Quilinec , Lostarguiret, Kerellou, Kerdilès, Kerguen , Kerfor, Kerlarion.
Objets remarquables : manoirs de Lezergue , de Cleuyou; château de Kerjenny. Superficie 3988 hect. 72 a., dont les principales div. sont : terres labourables , prés et pat. 365 ; bois 179 ; vergers etjardins 39 ; landes et incultes 1324. Superficie des proprieties bâties 28 ; cont. non imposable. Const. dliv. 424 ; moulins, du Ged, Penarrux, Cleuyou, Coutilli, Poul, Faou, Pont-ar-Marhat.
Outre l’église, il y a les chapelles Saint-Guinolé , Notre-Dame-de Quelen( en ruines ) et Kerdevot. 
Il y a en Ergué-Gaberic un moulin à papier et une tuilerie. 
La route royale n° 165 dite de Nantes à Audierne, traverse cette commune du sud-est au nord-ouest. 
Géologie : constitution granitique ; micaschiste au nord du bourg.
On parle le breton.

Dans cette commune, sur le bord de la route de Vannes à Quimper et à 5 kilomètres de cette derniere ville on voit les ruines de bâtiments et d'une chapelle y attenant, connue dans le pays sous le nom de Sainte-Anne du Guélen. En comparant le style de ces ruines à celui de certaines autres bien reconnues pour être celles d'édifices. ayant appartenu aux Templiers, on est conduit à penser-que Sainte-Anne-du-Guélen dépendait autrefois de cet ordre célèbre.
Aymar De Blois
Note : Aymar De Blois place par erreur Kerlaeron et Sainte Anne du Guélen en Ergué-Gabéric au lieu d'Ergué-Armel.