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Le placître de Kerdévot

 

Suite à une étude confiée à Bretagne Arborescence sur la santé des arbres du placître de Kerdévot, Morgane HUMEAU, agent Nature de la commune d’Ergué-Gabéric a réalisé une synthèse de l’expertise afin de renseigner les visiteurs sur les modifications en cours. Ainsi l’été dernier, ils pouvaient trouver les explications suivantes sur le site de Kerdévot.

La fréquentation du site liée aux habitations proches, aux visiteurs de la chapelle et à l'organisation du pardon de Kerdévot, implique un maximum de sécurité des personnes et des biens. Pour ces raisons une étude a été confiée à l'entreprise Bretagne Arborescence.

Le placître est composé d'une futaie élevée de platanes dont la plantation est postérieure aux chênes et châtaigniers. Le choix de l'essence s'avère atypique pour la région. Les arbres de lisière sont correctement ramifiés et présentent un déport lié au phénomène de phototropisme*.

L'étude réalisée sur les arbres prend en compte :

  • leur stade physiologique,
  • leur diagnostic phytosanitaire,
  • leur diagnostic sécuritaire.

1 - Le stade physiologique

Le relevé montre des arbres matures ayant achevé leur développement aérien et amorçant une mise en régression des systèmes racinaires et aériens (stade 8 et 9, schéma p. suivante).
 

2 - Le diagnostic phytosanitaire

Résultat : 50 % des arbres présentent des problématiques sanitaires sous forme de foyers de pourriture interne du fait de la contamination des tissus ligneux par des spores d'agents pathogènes lignivores.
 

3- Le diagnostic sécuritaire

Résultat : Les déficiences relevées se situent toutes en partie aérienne (sommet des troncs et au niveau des charpentières*). Les risques de rupture sont dus à l'évolution des pathologies qui amenuisent les caractéristiques ligneuses garantes d'une bonne solidité.
 
Quelques chiffres :
6% des arbres présentent un bon état mécanique.
94 % des arbres présentent des déficiences structurelles.
 
Synthèse des analyses précédentes.
Il apparaît que le peuplement est majoritairement composé d'arbres présentant une somme de problématiques pouvant s'exprimer immédiatement, à court et moyen terme (entre 5 et 25 ans).
 

La préconisation de gestion retenue lors des réunions du groupe de travail du placître de Kerdévot est le prélèvement de 21 arbres sur la partie intérieure du placître, suivi de la plantation de jeunes chênes pédonculés d’environ 14 ans. Cette solution réduit au maximum la concurrence pour la lumière et assure des plantations qui auront un aspect homogène à terme. Les platanes en bon état situés sur le bord de la route seront conservés dans un premier temps car ils canalisent la circulation. Cette stratégie répond à l'exigence sécuritaire immédiate tout en intégrant une notion de gestion étalée dans le temps et de cohérence des actions de plantation garantes de la pérennité du patrimoine arboré.

Échéancier :
Action réalisée le 22 et 23 mai 2003 : taille sanitaire du chêne et prélèvement de 3 arbres qui présentaient de gros risques pour la sécurité.
Fin 2003 : prélèvement des 19 arbres restants et plantation.

 

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Trésors d'archives > Quartiers > Le seigneur de Pennarun

Le seigneur de Pennarun

 

Quand on vient de Quimper au Bourg d’Ergué-Gabéric par la vallée du Jet, la masse imposante du manoir de Pennarun s’élève à droite de la route, pratiquement au sommet de la côte, un peu avant le cimetière. Deux entrées, l’une à l’Ouest, l’autre à l’Est, permettent d’accéder à la cour.
Les premiers relevés cadastraux qui datent de la moitié du XIXe siècle, mentionnent 3 parcelles ouvertes : à l’Ouest, la parcelle 333, appelée « ale ar Veil » et classée « avenue » ; à l’Est , la parcelle 335, appelée « ale Pennarun » et classée « futaie »;  et, au Nord, la parcelle 339, « ale ar Voc’h », classée également « futaie ».
Plus tard, à la construction de la route de Pont-Névez (ou côte de Pennarun), l’«ale ar Veil» s’est changée en « Park an ale goz ». Au début du XXe siècle, l’« ale ar Voc’h », route communale du Bourg, bordée de châtaigniers, méritait toujours le nom d’« avenue ».

Le manoir de PennarunJusque dans les années 1950-1960, tous les gens du Bourg se connaissaient (c’était pratiquement vrai, aussi, pour tous les habitants de la commune.) Au Bourg donc, on parlait encore du seigneur de Pennarun, lequel avait mauvaise réputation. Le seigneur ? Quel seigneur ? Son nom s’était perdu dans la nuit des temps si son souvenir était resté vivace. S’agissait-il d’un seigneur en particulier, d’une lignée de seigneurs ? On ne le savait plus. C’était « le » Seigneur de Pennarun ! On disait qu’il était méchant, qu’il avait opprimé les paysans, qu’il pendait à Lenhesq ceux qui ne lui plaisaient pas. Il était si mauvais que la Justice Divine se devait de lui réserver un châtiment exemplaire !
Et c’est ainsi que l’on racontait toujours, vers 1950, que le Seigneur de Pennarun était condamné à réapparaître tous les ans, sous un chêne de l’« ale Goz » où il remuait éternellement l’or de son trésor enfoui. Cela, le dimanche des Rameaux, pendant la lecture particulièrement longue de l’Évangile de la Passion du Christ selon saint Matthieu. La personne qui le trouverait et accepterait son or, le délivrerait de sa malédiction…mais perdrait ipso facto son âme ! En ce temps-là, manquer la messe du dimanche était un péché mortel !

Encore aujourd’hui, personne n’a trouvé le trésor du seigneur de Pennarun. Pourtant le nombre de fidèles à l’église le dimanche matin a fondu comme neige au soleil. Mais qui sait encore à quel moment de l’année est placé le dimanche des Rameaux ? Probablement, en plus, le chêne du seigneur a été abattu pour faire du feu ! Alors, tant pis…le mystère demeure !

Où la légende et l’Histoire se rejoignent : le recensement de 1790 mentionne à Pennarun Mme Veuve Gélin, 48 ans, et ses enfants dont son fils, Marie-Hyacinthe, alors âgé de 19 ans. Ce jeune homme rejoindra la Chouannerie où il retrouvera, entre autres, ses cousins, les Geslin de Bourgogne, de Lantic dans les Côtes-d’Armor. Ses actions dans la région cornouaillaise lui vaudront d’être appelé « le cruel Geslin » (cf. les conférences de S. Duigou). Ne serait-ce pas lui le seigneur de la légende, le seigneur du trésor de « l’Ale Goz » de Pennarun ? Quand on sait que « Pen chou(a)n » était toujours une insulte 200 ans après la Révolution Française, on peut comprendre que Messire Marie-Hyacinthe De Geslin, Seigneur de Pennanrun et autres lieux,  n’était pas en odeur de sainteté au Bourg d’Ergué-Gabéric.

Suzanne COÏC-LOZAC’H

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Trésors d'archives > Quartiers > Croas Spern

Croas Spern (Kroaz Spern)

René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.
Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.
 
Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.
Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine(1), encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires(2). La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: « Ar goas !»(3).
 
Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue(4) … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604.
René Huguen - Avril 2002 Keleier Arkae

 

1 - Le calvaire de Croas Spern se trouvait autrefois au carrefour de la route venant du bourg - Saint Joachim et d’une ancienne voie romaine rejoignant Lenhesq-Quimper, et Elliant dans l’autre sens. On pourrait en retrouver trace aujourd’hui en contrebas du centre socio-culturel. Le calvaire était associé à une fontaine.

2 - Une partie de ces châtaigniers fut abattue lors de la construction du premier « terrain scolaire d’éducation physique et sportive »d’Ergué-Gabéric en 1948. L’argent de la vente servit à construire les vestiaires. 

3 - Ar goas : homme, jeune homme. 

4 - La nouvelle croix du calvaire, restauré en 1992, est l’œuvre du sculpteur Tataruch. Elle comporte les statues géminées du Christ aux liens et du Christ crucifié. Ce denier regarde conventionnellement vers l’ouest, excepté dans le cas des calvaires de carrefour où il peut alors être simplement tourné vers la route. C’était le cas à Croas Spern autrefois comme l’indique M. Huguen. La restauration a tenu a respecter ce principe et le nouveau Christ regarde la nouvelle route !

 

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Arkae > Trésors d'archives > Personnages > Pierre Nédélec : guérisseur de la rage

Pierre Nédélec : guérisseur de la rage à Ergué-Gabéric

Procès Verbal du 23 mai 1877 :

« Á six heures du soir, nous Bouchez Jean-Léon, brigadier, et Le Bourhis Guy, gendarme à cheval à la résidence de Rosporden, département du Finistère, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, rapportons qu’étant en tournée dans les communes de notre circonscription pour nous assurer que les mesures de précaution avaient été prises dans les ravages occasionnés par un chien abattu à Melgven, atteint d’hydrophobie, nous avons recueilli des personnes et des propriétaires des animaux blessés que le sieur Nédélec Pierre du village de Kergouantique en la commune d’Ergué-Gabéric les avait traités pour éviter la contagion de la rage, qu’il avait donné des médicaments liquides de sa composition et qu’il s’était fait payer. »

Des remèdes... quels remèdes ?

Si au Moyen-âge, des charlatans de tout poil remplissaient des grimoires de médecine populaire, les Diafoirus de l’époque moderne, qui avaient cour auprès du Roi et se piquaient d’arguments pseudo-scientifiques pour prescrire des remèdes contre la rage, n’étaient guère plus efficaces.

Le plus célèbre est le Normand Paulmier. Sa recette sera reprise par de nombreuses personnes et déclinée régionalement selon les herbes disponibles.
Ainsi suite à la « rage de Gourin » en 1767, qui occasionna la mort d’un jeune garçon, le médecin inspecteur des Hôpitaux de Bretagne, un dénommé Busson, écrit un rapport qu’il fait éditer par l’Intendant de Bretagne.
Il préconise les bains de mer dans un premier temps puis un traitement interne : boire une demi chopine de vin blanc dans lequel on a délayé quatre gros d’écailles d’huitres mâles calcinées. Ensuite prendre un demi gros (1,91 gr) de poudre de plants de mouron à fleurs rouges dite morgeline, dans l’eau tiède ou le bouillon. Il préconise enfin un traitement externe par scarification de la plaie avec un onguent mercuriel.

A l’époque on considère que toute morsure de chien peut être porteuse de maladie. Les vétérinaires proposent donc de vérifier si le chien est enragé par des procédés qui font sourire aujourd’hui : « Frotter la blessure avec un morceau de pain ou des noix écrasées, donner le pain ou les noix à une poule, elle refusera ou mourra si l'animal était enragé. »

Les remèdes sont bien fantaisistes : en Haute Bretagne, à Plancoët, le médecin Maréchal préconise un traitement qui n’est autre qu’une omelette antirabique : oeufs, poudre de noix et rosier sauvage qu’on appelle en breton « roz-ki », la rose du chien. L’omelette une fois cuite doit être appliquée sur la morsure - c’est le principe de cautérisation - et l’autre moitié doit être mangée par celui qui a été mordu.

L’enquête sur la « rage de Gourin » permet de faire connaître un dénommé Fresnay, 74 ans, qui a fabriqué un remède qu’il a appliqué avec succès à 2000 personnes prétend t-il.
A Cléden-Poher un dénommé De Muzillac adresse en 1777 une formule guérissant de la rage à l’intendant de Bretagne. Il précise que sa famille transmet la formule depuis au moins 100 ans. Son remède est inspiré de Paulmier : c’est une chopine de vin blanc et une de vinaigre mélangé à différentes herbes : absynthe, angélique, bétoine, cression ou passe-rage, églantier, marguerites sauvages, mélisse, ortie roiable, un poireau, une pomme reinette, ainsi qu’une poignée de polypode, rue, petite sauge, grosse sauge, sabine et du sel.

A quel saint se vouer ?

Fontaine Saint-TugenEn plus de la médecine populaire les Bretons s’en remettent aux saints locaux.
Saint Hubert, invoqué contre la rage, est peu présent en Bretagne ; aussi dans le Morbihan on se réfère à saint Bieuzy, saint Gildas ou encore saint Mathurin1.

En Ille et Vilaine on invoque saint Méen dont le culte était célébré dans une fontaine de Gael. L’eau de Gael faisait l’objet d’un véritable trafic avec l’aval du Parlement de Bretagne, sans qu’on aie vraiment pu vérifier son efficacité.

Dans le Finistère, le grand saint antirabique est saint Tugen à Primelin. Celui-ci avait fait voeu de chasteté pour sa sœur.
Elle se jeta évidemment dans les bras d’un damoiseau rusé qui trompa la vigilance de Tugen. Celui-ci s’exclama de dépit : « Mieux vaut commander une bande de chiens enragés que garder une seule femme ».
La légende raconte que pour le punir de n’avoir pas exaucé son voeu Dieu lui donna la garde de tous les chiens enragés de la contrée.
C’est ainsi que naquit la tradition de la clé de Saint Tugen. Cette clé protégeait les pélerins, car tous les chiens enragés venaient mourir à l’église de Saint Tugen. Celle-ci possédait une prison pour enfermer les hommes enragés qui attendaient la mort.

Une autre tradition populaire dit que les enragés étaient attachés sur la place de l’église et que leur famille devait les étouffer. Cette tradition barbare trouve un écho curieusement dans un dictionnaire français-breton du XVIIIe siècle : le dictionnaire de l’Armerye :
« C’est un crime qui mérite punition corporelle d’étouffer une personne enragée ».

Pierre Nédélec se défend

Quant Pierre Nédélec, reçoit la visite des gendarmes le 26 mai 1877. Voici ce qu’il déclare :
« Ayant été informé que plusieurs personnes et des animaux avaient été mordus par un chien atteint d’hydrophobie dans la commune de Melgven et connaissant un remède très efficace, je m’y suis transporté afin de remédier au mal, mais je ne me fais jamais rétribuer et je n’exerce que dans les cas de rage. Je n’ai nullement besoin de ça pour vivre car ce n’est que dans le but d’être utile à mes semblables que j’exerce. »

Pierre Nédélec est décrit par les gendarmes comme « un très honnête homme. Il est un des bons propriétaires de la commune et on ne connaît rien sur son compte si ce n’est le fait d’exercice illégal de la médecine dont il s’agit. »

Le 16 juin 1877, Pierre Nédélec comparait devant le tribunal d’instance de Quimper pour exercice illégal de la médecine. Il se défend en ces termes :
« Je ne traite que les animaux atteints et non les personnes. Il y a 28 ans que je donne des soins. Les personnes sont très souvent guéries.
Dans sa déclaration aux gendarmes le 16 mai précédent, il indiquait cependant traiter les personnes malades.
Il précisait connaître son remède depuis 25 ans et pour donner du poids à son propos il se réclamait du Dr Chauvel : « Depuis 25 ans que je connais le secret de guérir de la rage, chaque fois que le fait s’est présenté, j’ai opéré sans jamais me faire payer et j’ai toujours réussi à guérir les personnes que j’ai traitées.
M. Chauvel père, médecin à Quimper me connaît bien et on peut lui demander des renseignements sur moi.
J’ai également été autorisé par plusieurs préfets à Quimper, mais il y a longtemps, pour guérir cette terrible maladie et jamais personne ne m’en a rien dit. »

Le médecin, Henri Chauvel, 65 ans, est entendu par les gendarmes, il confirme la réputation d’honnête homme de notre Gabéricois mais il met en doute ses capacités de guérisseur : « Je n’ai jamais entendu dire qu’il ait guéri quelqu’un de la rage. Je le crois incompétent pour guérir cette maladie.
Et cependant il croit agir en connaissance de cause. Il ne peut que faire arriver des accidents en retardant les malades de se faire soigner en temps opportun et il n’a jamais dû être autorisé par personne pour soigner cette maladie. »

D'où vient le remède de Pierre Nédélec ?

Pierre Nédélec aurait donc appris le secret pour guérir la rage vers 1850.
C’est l’époque où les premières études scientifiques sérieuses sont publiées : recherches expérimentales, statistiques et études cliniques assez importantes.
Berndt conclut que la bave de chien et de tout animal enragé peut transmettre la rage, qu'il n'y a ni hydrophobie, ni rage spontanée chez le chien. Il distingue une rage furieuse, une rage tranquille et une rage foudroyante.
A cette époque, seul le chien est utilisé pour l'étude de la rage.
Cette espèce difficile et dangereuse à manipuler présente une longue période d'incubation de la rage, allant de 20 à 60 jours, ce qui retarde les progrès de la recherche.

Pierre Nédélec a t-il des lectures sur les remèdes contre la rage ou est-ce la tradition populaire ou familiale qui lui a fourni matière à concocter son remède ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Les personnes qui ont témoigné dans cette affaire nous donnent quelques détails sur le médicament de Pierre Nédélec :
- « qu’il avait donné des médicaments liquides de sa composition »
- « deux fioles de médicaments pour frictionner deux cochons et un chien mordus. »
- « pour deux fioles de médicaments destinés à trois cochons, un chien et un poulet. »
« ayant traité indistinctement des personnes et des animaux blessés par un chien hydrophobe avec le même médicament sans qu’aucun diplôme ne lui ait été délivré. »

Un seul témoin atteste d’une guérison cinq ans auparavant : « J’ai profité de l’expérience qu’il a déjà faite dans l’année 1872, au village de Coat-Quer en la commune de Saint-Yvi à Jean-Louis Jeannès sur un porc gras qui avait été mordu par un chien arragé (sic) et il m’avait réussi à la guérison du porc. »

Le médicament de Pierre Nédélec s’applique donc aussi bien aux hommes qu’aux animaux.
Il faut savoir cependant que tout homme ou animal mordu par un chien enragé ne développe pas forcément la maladie, d’où ce témoignage apparemment en faveur de Pierre Nédélec mais qui ne prouve rien.

C'est pas légal

Ce qui est reproché à Pierre  Nédélec c’est de toucher de l’argent pour ses bons soins :

  • Marianne Duigou du Bourg-Neuf (Melgven) donne un franc pour un pansement et un autre franc à la fille de Pierre Nédélec qui intervient quelques jours après pour refaire le pansement.
  • Yves Lancien de Cadol, (Melgven) donne 10 francs pour deux fioles.
  • Yves Daoudal du Bourg-Neuf (Melgven), 5 francs pour deux fioles.
  • La veuve Le Breton de Locmaria (Saint-Yvi), 20 centimes, pour boire la goutte à sa santé. Et un franc le dimanche suivant pour être pansé par sa fille.
  • Yves Léonard, de Coat Culoden (Rosporden), 12 francs pour deux porcs mordus.

Pierre Nédélec se défend d’avoir demandé de l’argent :
« J’ai traité la Madame Duigou et elle m’a donné malgré moi un franc qu’elle m’a mis dans ma poche. Le Monsieur Lancien m’a également prié avec insistance pour recevoir dix francs qu’il m’a mis dans ma poche, je croyais qu’il n’y en avait que cinq. Il a ajouté qu’il voulait payer pour ceux qui n’avaient pas le moyen. J’ai eu 5 francs du Sieur Daoudal et 20 centimes de la veuve Le Breton. Je n’ai pas soigné les porcs du Sieur Léonard, je lui ai fait parvenir des médicaments par l’intermédiaire du Lancien, mais je n’ai rien reçu de lui.
Depuis 25 ans que je connais le secret de guérir de la rage, chaque fois que le fait s’est présenté, j’ai opéré sans jamais me faire payer et j’ai toujours réussi à guérir les personnes que j’ai traitées. »

Pierre Nédélec a la réputation bien assise au delà de la commune d’Ergué-Gabéric puisqu’il intervient à Melgven, Rosporden et Saint-Yvi. Il est alors âgé de 74 ans : on comprend qu'il ne se déplace plus aussi facilement. C’est donc sa fille qui envoie les fioles et qui pansent les victimes. Nous n’en saurons pas plus sur celle-ci car les gendarmes qui se présentent à Kergoant déclarent qu’elle est partie au pèlerinage de Rumengol, où elle doit rester plusieurs jours.
Le cas de Pierre Nédélec et de sa fille semble assez emblématique de pratiques courantes dans la société rurale de Basse-Bretagne. Le procureur demande d’ailleurs une application indulgente de l’article 35 de la loi du 19 Ventose an XI sur l’exercice illégal de la médecine.
Pierre Nédélec est condamné à cinq francs d’amende ce qui est peu par rapport aux trente francs qu’il a reçus dans son intervention dans le canton de Rosporden.

Bernez Rouz

  1. En breton rage se dit selon les régions : Araj, kounnar, drouk sant Bieuzy, drouk sant Tujen, drouk sant Weltas, drouk sant Hubert.
 

Attention, chiens enragés !

 
Circualtion des chiens : arrêtAlors que Pierre Nédélec prépare son médicament secret et s’en va porter ses fioles à Melgven où la rage se répand, tout un dispositif administratif muni de son bras policier s’active également pour contraindre la population à respecter des mesures sanitaires rendues obligatoires par la loi ou par décision préfectorale.

L’arrêté pris par le Préfet du Finistère le 15 mars 1874 disposait : « il est défendu de laisser vaguer des chiens sur la voie publique, s’ils ne sont pas pourvus d’un collier soit en métal, soit en cuir garni d’une plaque de métal portant le nom et la demeure des personnes auxquelles ils appartiennent… Les chiens non pourvus de collier devront être mis en fourrière et abattus dans les trois jours s’ils ne sont pas réclamés… Tout chien atteint d’hydrophobie sera immédiatement abattu et enfoui dans une fosse de 2,60 m de profondeur et à 10 mètres au moins de toute habitation… Si un chien présumé enragé a mordu quelqu’un ou quelque animal, il devra être renfermé et gardé à vue afin que l’on puisse s’assurer s’il est enragé ou non… Les personnes qui auraient été atteintes de morsures sont engagées à recourir, sans aucun délai, à un médecin… Lorsqu’il nous sera justifié qu’elles sont indigentes, les frais de leur traitement seront acquittés sur les fonds départementaux… » (ADF 4 M 403).

De multiples règlements de ce type imposent aux maires, aux gendarmes, aux services vétérinaires, aux propriétaires de chiens, etc. des obligations contraignantes pour faire face aux risques de transmission de la rage. Dans les campagnes en particulier, ces contraintes sont souvent peu acceptées et plutôt mal suivies.

Ainsi dans la commune de Lanneufret (canton de Ploudiry), un cas de morsure par chien enragé a été constaté le 18 février 1878. Au lendemain de sa deuxième visite dans le village, le 3 mars, le vétérinaire de Landivisiau, chargé d’intervenir au titre du Service des épizooties du Département, rend compte au sous-préfet de Brest (ADF 5 M 62) :
Hier, vers midi, j’étais de nouveau à Keramoal où je m’étais rendu pour constater l’état des choses et me rendre compte de la manière dont mes prescriptions avaient été suivies… J’ai trouvé les gens du village dans un état de quiétude et de sécurité tel que j’ai été effrayé, une fois de plus, de l’esprit d’incurie, d’insouciance et d’aveuglement qui malheureusement est le caractère dominant du paysan breton. « Il n’y a rien de nouveau, me dit-on, toutes les bêtes sont bien, l’enfant n’a pas de mal et sa plaie est guérie. Nous ne craignons plus rien. Au surplus, le guérisseur est venu. Il a donné son médicament à toutes les bêtes mordues et il nous a garanti la guérison. Vous le voyez bien, Monsieur, tout est fini bien, merci et nous en sommes quittes pour la peur… J’interrogeai sur le guérisseur. On me dit que c’était un homme de Ploudiry, qui avait pour spécialité le traitement de la rage, dès qu’il y avait morsure et avant que la maladie ne fût déclarée. Il n’avait jamais manqué son coup, m’assura t’on. Les animaux de Keramoal sont désormais à l’abri de toute atteinte de la terrible maladie ». Devant cette foi robuste et absolument inconsciente, les bras me tombèrent…

Le vétérinaire constatait en effet que les villageois s’étaient « soustraits aux mesures de police sanitaire ordonnées dans un but de préservation » lors de sa première visite. Il réitère donc ses prescriptions (séparation stricte des bêtes mordues des autres, pour le logement comme pour le pâturage…).
Il demande au sous-préfet un contrôle effectif par la gendarmerie d’une bonne application de ces mesures pendant 2 mois. Et dit avoir quitté les lieux en rappelant aux villageois les sanctions judiciaires prévues par la loi dans leur situation. « Et rappelez-vous surtout que la rage dans une famille, c’est autrement plus terrible que le feu aux quatre coins de la maison ».

Cependant, nous découvrons aussi par les archives que les mairies, les gendarmeries et les services vétérinaires sont bien impliqués dans la lutte contre la rage. Les uns et les autres multiplient les interventions sur le terrain et les rapports au Préfet. Ainsi, il nous est permis de suivre assez exactement les déplacements et les méfaits du chien enragé qui a été abattu à Melgven le 10 mai 1877. Par les gendarmes de Scaër, nous savons que le 9 mai, il a mordu deux enfants et quatre chiens sur cette commune ; les blessures des enfants ont été cautérisées par le médecin ; les chiens mordus ont été tués et enfouis ; les autres sont attachés. Le lendemain, selon les gendarmes de Bannalec, le chien a été aperçu sur cette commune à la Véronique ; au hameau de St Mathieu il a mordu deux femmes et un garçon de 8 ans (« traités le soir même par le médecin »), puis sur la commune de Kernével, à Pennanguer, il a attaqué un jeune homme sans le blesser. Les gendarmes de Rosporden signalent quatre personnes mordues (deux à Saint-Eloi, une à Cadol en Melgven (une fillette « traitée de suite ») et une à Locmaria en Saint-Ivy. Plusieurs bestiaux ont été attaqués sur ces communes : les maires sont informés des mesures à prendre les concernant. Le chien enragé, poursuivi par les gendarmes et plusieurs personnes des alentours, a finalement été tué par le « nommé Cloirec » au village de Trouec en Melgven de deux coups de feu dans la cave où il s’est réfugié. Les informations circulent bien entre gendarmeries, mairies, services vétérinaires et préfecture.

C’est ainsi également que nous avons connaissance d’un signalement par le maire de Melgven informant le sous-préfet le 16 mai qu’au Bourg-neuf et à Penhoat-Cadol (une jeune fille et cinq porcs attaqués) « un sieur Pierre Nédélec, cultivateur à K/goant en Ergué-Gabéric, a dû traiter tant la fille que les animaux. Il a déclaré à ces gens qu’il avait le secret d’un remède infaillible et qu’il garantissait la guérison... » (ADF 5 M 62). Un autre signalement provient du Brigadier de la gendarmerie de Rosporden en date du 23 mai : « Dans le cours de mes investigations, j’ai recueilli des blessés et des propriétaires d’animaux blessés qu’un certain  Nédélec, propriétaire à Ergué-Gabéric, les traitait tous sans distinction, personnes et animaux avec le même médicament, et se faisait payer des sommes assez élevées. Comme ce cas constitue le délit d’exercice illégal de la médecine, procès-verbal sera dressé contre cet individu » (ADF5 M 62).

Cette même année 1877, la rage sévira encore en Cornouaille, comme dans le canton de Châteaulin en septembre, et en ville de Quimper de mai à novembre). Des chiens errants continueront à semer la peur parmi les autorités et les populations.

Ainsi à Ergué-Gabéric.
En juillet 1884, la gendarmerie de Quimper est informée par le maire d’Ergué-Gabéric qu’ « un chien dit griffon, sous poil roux, paraissant atteint de la rage et parcourant la dite commune avait été abattu et enfoui près du village de Garsalec par plusieurs cultivateurs de ce village, et qu’on ignorait à qui il appartenait, n’étant pas muni de collier. Nous avons invité le dit maire de faire examiner cet animal par un vétérinaire afin de s’assurer si réellement il était affecté de la rage, et il résulte de l’autopsie pratiquée par Mr Hoog, vétérinaire à Quimper, que le chien en question n’était nullement enragé, mais seulement atteint d’une gastro-entérite aiguë, ce qui a du le rendre triste et faire supposer à ceux qui l’ont abattu qu’il était enragé » (ADF 4 M 403).

En juin 1885, d’autres gendarmes, en tournée à Ergué-gabéric apprennent qu’ « un chien de petite taille, sous poil roux, et qu’on supposait atteint de la rage avait parcouru la dite commune le 18 du courant et avait mordu quatre porcs, un chien et un chat appartenant à divers propriétaires de la commune. Nous nous sommes mis à la recherche de cet animal et avons appris qu’il s’était dirigé du côté d’Elliant. Le chien et le chat mordus ont été abattus ce jour même. Les porcs sont tenus renfermés » (ADF 4 M 403).

Pierre Nedelec : guerisseur de la rageFin juillet 1885, autre tournée des gendarmes à Ergué-Gabéric : « Nous avons été informés que des chiens atteints d’hydrophobie avaient parcouru la commune et avaient mordu plusieurs animaux. Nous avons fait une enquête, de laquelle il résulte que le 27 juillet dernier, à trois heures du matin, un chien de petite taille, en passant devant le village de Lesheben, a cherché affaire au chien de Mr Le Naour, cultivateur à ce village, mais ce dernier ne sachant si son chien a été mordu, le tient à l’attache.
A trois heures ½, ce même chien a passé au village de Tréodet et a mordu deux porcs et un chien appartenant au sieur Riou, propriétaire du dit village. Les deux porcs ont été immédiatement soignés et séquestrés dans une soue à part. Quant au chien, il a été renfermé dans une grange et attaché avec deux chaînes.
A quatre heures, il a également mordu un chien appartenant à la veuve Le Menn demeurant à Kérrélan. Ce dernier a été immédiatement abattu et enfoui.
Après avoir parcouru plusieurs autres fermes de la commune sans faire de mal, il a été vu au village de Kerangal-d’en-haut en la commune d’Ergué-Armel. A partir de ce village, nous n’avons plus entendu parler de lui ».
Autre signalement par le même rapport : « Le 29 du même mois, un chien noir de petite taille a mordu une vache appartenant à Mr Bolloré, manufacturier au moulin à papier. Ce dernier l’a abattu à coup de fusil et l’a fait transporter à Quimper où l’autopsie a été faite par Mr Cornic, vétérinaire, qui a reconnu que ce chien était enragé. La vache mordue a été enfermée et sa blessure cautérisée » (ADF 4 M 403).

Et encore ? En 1900, un jeune garçon d’Ergué-Gabéric a été mordu par un chien enragé. Le jeune Le Grand à été soigné à l’Institut Pasteur, aux frais de la commune. En sa séance du 24 février 1901, le Conseil Municipal réclame au propriétaire du chien, un « sieur Poupon, commerçant actuellement à Ergué-Armel » le remboursement à la commune de l’avance de frais de 177,60 francs réalisée (DCM. 24 février 1901).
 
La rage est une maladie infectieuse transmise à l’homme par un animal, (surtout loup, chien, renard). Le virus de la rage est contenu dans la salive : suite à une morsure ou un léchage, il pénètre dans l’organisme pour cheminer dans le système nerveux, vers le cerveau. Le temps d’incubation est variable. Surviennent des contractures musculaires, des paralysies et des troubles du comportement. La mort intervient par paralysie des muscles respiratoires.

Le terme « hydrophobie » était autrefois utilisé pour désigner la rage, du fait qu’un symptôme habituel est, en phase avancée, une répulsion pour les liquides.

C’est en définitive la combinaison de ces deux moyens : le fait de disposer d’un médicament efficace, à savoir le vaccin mis au point par Pasteur contre la rage, et l’application stricte de mesures sanitaires mettant fin à la transmission de la rage aux humains par les animaux, qui a permis d’enrayer la maladie.


François Ac'h

 

 

Keleier 76 - décembre 2012

 

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La commune aux 77 vallées

Le réseau hydrographique de la commune se partage en deux bassins versants : l’Odet et le Jet. La ligne de partage des eaux suit grosso modo la route de Coray. Les cyclistes et les marcheurs le savent bien, traverser la commune ressemble a un parcours de montagnes russes.

Vallée se dit Stang en breton, un mot qui fleurit dans la toponymie locale : on en compte douze dans la commune .
Stang Oded et Stang Jet bien entendu. Mais on a le plus souvent Stang allié à un nom de lieux : Stang Kerellou, Stang Kermoysan, Stang Kerriou, Stang Melenec.
Deux avec un adjectif : Stang Venn (la Vallée Blanche), Stang Vihanic ‘La très petite vallée ».
Trois autres sont plus complexes :
Stang Luzigoù est une création récente, peut être du mot Lus qui signifie myrtilles ; Il faudrait alors le traduire par Vallée des petites myrtilles.
Stang Quéau est un des plus vieux noms d’Ergué. Il est attesté dès 1454 (Stancqueau),
(1540 Stang Queau). Keo signifie grotte en breton a moins qu’il ne s’agisse du nom de personne Quéau.
Enfin le plus célèbre est Stangala, un nom qu’on trouve aussi à Brest sous la forme Stangalard. Il est formé de Stang + Alour, nom d’un vieux saint breton qui possède une fontaine à son nom à Krec’h-Erge et qui est aussi le saint patron d’Ergué-Armel.
 
Quand on regarde la fréquence des noms de lieux en Stang dans le Finistère, une particularité saute aux yeux : 5 communes possèdent plus de 10 noms en Stang : Elliant (17), Rosporden(10), Bannalec (15), Concarneau (12) et Ergué-Gabéric (12).
Elles sont toutes situées sur l’axe des grandes failles qui parcourent le sud de la Bretagne de la Pointe du Raz à Nantes. Ce que les géographes appellent le cisaillement sud-armoricain a provoqué il y a quelques millions d’années un basculement du relief de notre basse Cornouaille qui a provoqué cette topographie si particulière de petites vallées encaissées.
 
Les dictionnaires bretons traduisent Stang par Vallée, mais les plus importants précisent, vallée étroite, vallée encaissée.
Le mot est stankenn, mais l’accent tonique est tellement fort sur l’avant dernière syllable qu’on n’entend généralement pas le –enn- final. C’est un nom féminin qui induit une mutation de la consonne initiales des adjectifs qui le caractérise : ainsi Stank (enn) Gwenn (la vallée blanche) se prononce et s’écrit Stank Wenn
Le pluriel est stankennoù. Il peut être aussi formé à partir de Stank : il donne aussi stankoù et stankeyer.
 
Une erreur fréquente est de traduire stank par étanc. Effectivement dans le Trégor il est commun de traduire étanc, lac par stank qui est emprunté au vieux français estanc. Mais ce particularisme ne s’applique pas en Cornouaille ou étang se traduit par lenn.
La confusion vient aussi des copistes qui ont confondu Le stanc et l’estanc.
On trouve ainsi Estang an dillad et Stang an dillad à la même époque à Langolen ; tout comme Estang du Bot et Stang du Bot vers 1700 à Pont de buis. La confusion vient aussi que les étangs sont toujours dans les vallées, on a ainsi un « Stang al Lenn » à Plonéis, Vallée de l’étang.
 
Les dictionnaires bretons ignorent par contre totalement le sens « Parcelles de terre dans une vallée ». Le cadastre d’Ergué-Gabéric regorge pourtant de prairies qui portent le nom de stang. Il y en a 34 dans les matrices du Cadastre de 1834, écrits Stanc, stang, stancq ou stank : Essayons de les caractériser
 
 
Stang + nom de personne
Stanc Tudal
Stanc ar Rouz
Stang ar Berr
Stanc Guenal
Stank Guillou
Stang + adjectif
Stank vras : bras=grand
Stank vihan : bihan = petit
Stank venn : gwenn=blanc
Stang vihanic : diminutif de bihan
Stang velen : melen = jaune
Stanc cloz : kloz = fermé (cul de sac)
Stanc izella :  izel = bas
Stanc creiz : kreiz = centre
Stanc uhela : uhel = haut
Stang + Vegetation
Stang ar c’hoat : Koad = bois
Stang frost : Frost = en friche
Stang + nom hydrographique
Stang Oded
Stank Jet
Stang ar bigodou =  ar bigodou ruisseau qui se jette dans l’Oded près du moulin à papier.
Stang al lenn : lenn = étang
Stang ar veilh/stang vilin : meilh ou milin = moulin
Stang ar pontic : pontig = diminutif de pont
Stang ar feunteun : feunteun = fontaine
Stang + nom religieux
Stanc Sant Gwenole
Stang Sant Alour / Stang Alour
Stang Sant Yann
Stanc an iliz : iliz = église
Stang + activité économique
Stanc al liou : Liou = la couleur
Stanc Coe/couet : Kouez = lessive
Stanc ar poder = Poder = potier
 
Pluriel/singulatif
Parc ar stankenn
Liorzh ar stankou
 
Nom poétique
Stang C’hwitell : C’hwitell = sifflet.
Stang ar reo : ar rev = la gelée.
 
Avec Ti et Ker les noms en Stang continue de fleurir dans la toponymie locale.