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Les deux enclos paroissiaux d'Ergué-Gabéric

 Par Pierre Faucher

 

Un cimetière entouré de murs, une église aux riches retables, un ossuaire, un calvaire, une "porte triomphale"… : cette puissante originalité basse-bretonne s'appelle, depuis le milieu du XIXème siècle, L'ENCLOS PAROISSIAL, que l'on découvre dans toute sa splendeur à Guimiliau ou à Pleyben par exemple.

Cet ensemble constitue à la fois un espace architectural et un espace sacré.

 

1.    Généralités sur les enclos paroissiaux

Les enclos paroissiaux présentent les éléments suivants autour et dans l'église :

· Le baptistère (fonds baptismaux) installé à l'entrée de l'église, parfois richement décoré.

· L'ossuaire: jusqu'au 18èmesiècle, l'usage était d'inhumer les morts dans l'église. On transférait les ossements dans l'ossuaire lorsque la place manquait dans l'église. Puis le cimetière s'est installé autour de l'église, et enfin à l'écart, au début du 20èmesiècle.

· Les échaliers: les ouvertures de l'enclos sont obstruées par une marche et par une pierre plate dressée sur le chant, empêchant l'entrée du bétail. Ainsi est souligné le passage du profane au sacré.

· Le porche sud : vestibule qui accueille les fidèles entrant dans l'église. Des scènes bibliques, des statues les préparent à la messe.

· Les retables et le vitrail  dans le chœur décorent l'église ; ils rappellent souvent la Passion du Christ.

· Le placître, espace cultuel situé autour de l'église. Il fait souvent office de cimetière du 18èmeau 20èmesiècle.

· Le calvaire, situé près du porche sud, est souvent orné de scènes du Nouveau Testament.

· L'arc de triomphe: cette porte de l'enclos est supportée par des piliers. Les cortèges (baptêmes, mariages, enterrements) passent sous son arcade.

· La sacristie, accolée contre le chœur de l'église

 

Les enclos paroissiaux sont le reflet d'une histoire et d'une culture singulières :

· Prospérité économique des 15ème– 17èmesiècles, en particulier dans les régions toilières  (Locronan, Guimiliau, Saint Thégonnec…) et maritimes.

· Vitalité religieuse stimulée par la Réforme Catholique durant cette période.

· Présence insistante de la mort dans les mentalités.

· Force d'une identité paroissiale, qui s'affiche dans les clochers, les porches, les calvaires.

 

2.      Les deux enclos paroissiaux d'Ergué-Gabéric.

Bien qu'éloignée des régions d'identification des "riches" enclos, la paroisse d'Ergué-Gabéric a construit deux ensembles qui ont des caractéristiques proches de ces enclos.

L'église Saint Guinal, église paroissiale du Bourg, avec :

- Le mur d'enclos, comportant plusieurs échaliers.

- La porte d'entrée de l'enclos (les piliers sont en place face au portail occidental de l'église).

- Le placître, qui fut cimetière jusqu'entre les deux guerres du 20èmesiècle.

- Le porche sud, auquel on accède par un escalier.

- L’ossuaire (17èmesiècle) qui présente 4 baies en plein cintre, séparées de 3 autres identiques par une porte.

- La maîtresse-vitre de la Passion (1516), dans l'église (qui est du début du 16èmesiècle), composée

de 4 baies, s'achève par un tympan dessinant 2 fleurs de lys.

- Le retable du Rosaire est entouré d'un Ecce Homo et de Sainte Apolline.

- Et dans cette église, se trouve un orgue dû à Thomas DALLAM, placé dans un buffet orné

de peintures figurant des anges musiciens (1680), comme dans les églises des enclos paroissiaux illustres de Pleyben et de Guimiliau

 

 

La chapelle Notre-Dame de Kerdévot, qui comporte aussi :

- Un mur d'enclos, avec des échaliers.

- Un placître, clos par les bâtiments de la ferme sur un côté, et qui ne semble pas avoir été un cimetière. Kerdévotn'est pas chapelle de trêve et ne contient pas d'ossuaire.

- La porte d'entrée de l'enclos, face à l'entrée principale (porche occidental) de la chapelle.

- La chapelle gothique du 15èmesiècle, avec sa maîtresse-vitre contenant des fragments de la vie du Christ, avec son retable sorti d'un atelier d'Anvers (scènes de la vie de la Vierge et de Jésus), d'autres retables et statues, et un calvaire intérieur. Elle comporte aussi un porche occidental avec des écus.

- La sacristie, qui offre une couverture en forme de carène.

- Le calvaire extérieur, mutilé à la Révolution, qui comprend trois croix.

 

Ainsi, Ergué-Gabéric se compte parmi les paroisses qui ont construit deux enclos paroissiaux. Cette particularité s'explique :

- Saint Guinal, au Bourg, est l'église paroissiale, avec son ossuaire et puis son cimetière, où l'on célèbre toutes les cérémonies importantes de la vie (baptêmes, mariages, enterrements). Cette église regroupe l'ensemble des caractères d'un enclos paroissial.

- Kerdévot, chapelle dressée en reconnaissance à la Vierge, en particulier pour l'arrêt de la peste venant d'Elliant, n'a pas les fonctions d'église paroissiale. Ainsi, les éléments de l'enclos s'en trouvent limités (pas de cimetière et d'ossuaire, pas de fonds baptismaux).

 

 

Bibliographie :

· les nombreux guides touristiques (Gallimard…)

· Le Répertoire Couffon du diocèse, "Eglises et chapelles" - 1988.

· Deux livres :"Les enclos paroissiaux de Bretagne", de Y. Pelletier. 2005.

et "Les enclos de Dieu" de G. Leclerc, 1996, Edit. Gisserot.

· Enfin, la plaquette "Kerdevot 89", éditée par Arkaé.

 

      Vous pouvez encore consulter au Centre de Documentation Arkaé :

· "Atlas de l'histoire de Bretagne", Skol Vreiz, 2002.

· "Enclos paroissiaux", Edit. Ouest-France, 1990.

· "La Bretagne des enclos et des calvaires",

de D. Mingant et M. Decéneux, Edit. Ouest-France, 2001.

· Le "Dictionnaire du Patrimoine Breton", Editions Apogée, 2001.

 

 

 

C'est quoi, un placître ?

  Par François Ac'h

 

Vous ne trouverez pas ce mot dans les dictionnaires, ni dans le Larousse, ni dans le Robert. Or, ce mot est d'usage courant en Bretagne. Il y a pratiquement un « placître » dans chaque bourg breton. Alors ?

 

En fait, là où en Bretagne il y a un « placître », en Auvergne il y a un « couderc », en Alsace il  y  a  un « usoir », dans le Berry ou dans le Poitou, il y a un « queyriau »ou « querieux », bien que ces termes ne soient pas tout à fait équivalents.

La réalité concernée, c'est, au Moyen-âge, l'espace communautaire dont dispose une petite agglomération rurale (appelée « bourg » en Bretagne, « village » ailleurs). Les routes se rencontrent dans le bourg et s'élargissent en se rencontrant. Cela donne un espace libre, une sorte de terrain vague qui fait office de grand carrefour ou de plaque tournante, lieu de pacage, lieu où se tiennent les pardons, les marchés, les jeux ou les feux de la Saint Jean… On peut y trouver une fontaine, un puits ou une mare, une chapelle ou une église, peut-être un calvaire.

Ce « placître » ,dans son  sens originel, a un terme correspondant en breton : c'est le « leur »:: place ou « placis » du village/bourg. Le « placître », était plutôt vaste autrefois, pas toujours matérialisé dans ses limites. Il a été peu à peu grignoté par les habitants du bourg qui se sont approprié des parcelles et y ont tracé des clôtures pour leurs jardins, courtils, échoppes.

L'église aussi était construite sur cette place commune. C'est, semble -t-il à partir des années 1630-1640 que les églises se sont entourées d'un espace clos, séparé du reste du bourg par un muret de nature à la fois à interdire l'accès du bétail et à définir une « terre sainte » autour de l'édifice religieux.

C'est cet « enclos »qui recevra plus tard les tombes des défunts, quand l'enterrement dans l'église même sera abandonné. Mais il sera en même temps une sorte de vestibule de l'église, avec un porche d'entrée, un calvaire qui peut servir de chaire à prêcher, qui déroule les scènes de l'histoire sainte…

Ainsi, le mot « placître » aurait évoqué au départ un espace public où trouvait à s'exprimer la vie quotidienne des villageois, et aurait fini par désigner prioritairement l'espace religieux, qui, par son architecture souvent riche et sa fonction particulière, s'est démarqué du reste du bourg et distingué d'un espace profane, tout en y trouvant habituellement une parfaite intégration.

En entendant « placître de Kerdevot », on peut donc aujourd'hui comprendre qu'il s'agit du grand triangle planté de platanes et de chênes, englobant à sa base la chapelle et son enclos (cf. Keleier, n° 33, rapport de "Bretagne Arborescence"). En ce sens, on dit que le marché de Kerdévot « a lieu sur le placître », que la procession « fait le tour du placître »… Et, suivant l'autre sens, plus récent, et plus restreint : le « placître », est devenu strictement l'espace clôturé autour de la chapelle, le domaine des assemblées religieuses, avec l'équipement architectural qui correspond à cette fonction. A noter que le cadastre de 1835 ne fait pas encore apparaître de mur de clôture autour de la chapelle de Kerdevot. Il aurait donc été construit ultérieurement.

 

Bibliographie :

·  Pierre Flatrès, "les placîtres en Bretagne"Geographia polonica. 38. 1978.

·  Jean-François Simon : "Le paysan breton et sa maison. T.2 La Cornouaille". Ed. de l'Estran.

 

 

Keleier Arkae 45 - juillet 2006

 

Trésors d'archives > Souvenirs > J'ai été sonneuse de glas à Kerdévot

« J'ai été sonneuse de glas à Kerdévot »

Par Marie SALAÜN

De ses souvenirs de jeunesse, alors qu'elle habitait tout près de la chapelle, à Menez Kerdevot, Marie a réussi, même si elle se désole de certains oublis ou inexactitudes, à nous transmettre ce témoignage d'une époque où le culte des morts revêtait beaucoup d'importance.

"Quand je devais sonner le glas, il fallait monter sur la tour. Je passais par l'escalier de dehors. Il y avait une rampe d'un côté, mais pas de l'autre. Puis je me hissais, et je sonnais le glas avec les battants. Il y avait deux cloches à Kerdévot.

Je sais qu'il y avait un rythme différent pour annoncer le décès d'un homme, celui d'une femme, celui d'un enfant, mais je ne me rappelle pas trop bien du code, c'est-à-dire du nombre de tintements. J'ai sonné une seule fois pour le décès d'une fillette, heureusement ! Quand j'étais absente, une autre personne le faisait, mais il paraît que ma façon de sonner était reconnaissable.

Le glas était sonné plutôt en fin de journée.

J'avais peur des chauves-souris, mais il fallait y aller quand même.

Il était sonné pour annoncer le décès de quelqu'un du quartier, et aussi parfois pour les voisins proches d'Elliant.

C'est la famille du défunt qui disait où il fallait sonner le glas, et qui payait pour cela. A Ergué-Gabéric, le glas pouvait être sonné au Bourg, à Kerdévot, à Saint-André et à Saint-Guénolé. Le glas était sonné à l'un de ces clochers avant l'enterrement, mais celui-ci se faisait toujours à l'église paroissiale.

Voilà quelques moments de ma vie qui se sont passés auprès de la chapelle de Kerdévot, dans les années 1943 – 1945, et peut-être un peu plus".

 

Témoignage recueilli par Suzanne Lozac'h et Jacqueline Le Bihan.

Le livre "Cloches et carillons de Bretagne", de Gérard Loménec'h, peut documenter davantage ce sujet. Il accrédite parfaitement les souvenirs de Marie Salaün.

 

Keleier 45 - juillet 2006 

 

 
 
 

Trésors d'archives > Quartiers > La ferme de M. Chiquet à Guilly Vian

La ferme de M. Chiquet à Guilly Vian
 
 
 

Guilly Vian dont on trouve la première trace écrite dans un document daté de 1458 se compose de guilly ou kili, bosquet, bocage et de Vian, petit, adjectif ou patronyme. Ainsi le nom du hameau signifie « petit bosquet » ou le « bosquet du dénommé Petit ».

Guilly Vian occupe une partie d’un petit plateau à environ 100m d’altitude, au nord est d’Ergué-Gabéric. Ses limites sont comprises entre la route de Coray, Guilly Vras, Quillihouarn, Kervoreden et Kerouzel. Guilly Vian représente environ 50 hectares. La voie quittant la route de Coray à l’embranchement nommé Croas Hent Guilly et desservant Guilly Vras, Guilly Vian et Quillihouarn s’appelait chemin de Quillihouarn. Ce chemin assurant la liaison entre la route de Coray et l’ancienne route de Carhaix, que l’on rejoignait à 400m derrière Quillihouarn plaçait donc Guilly Vras et Guilly Vian entre deux axes de circulation importants.

 

La ferme de M. Chiquet est celle située sur la gauche, au point où la voie goudronnée redevient chemin et descend dans la vallée, où coule le ruisseau de Guilly.

M. Chiquet est né à Guilly Vian en 1921 et y réside encore actuellement. Il a pu remarquer autour de sa ferme divers éléments en lien avec le passé des lieux. D’après lui, la partie la plus ancienne est l’étable située à l’extrémité ouest de l’exploitation. « C’est un édifice reconstruit (traces de reprises du pignon) avec remploi, en majorité, de pierres plus anciennes. L’appui de fenêtre est partiellement constitué d’une pierre moulurée (ancienne corniche ou corbelet de cheminée ?). L’absence de linteaux en pierre et l’irrégularité de la mise en œuvre plaident également en faveur d’une reconstruction totale, tout comme le bloc monolithe au niveau du soubassement (…), peut-être (…) un bloc extrait à proximité, peut-être un ancien seuil de porte ». A l’intérieur, on observe une niche pratiquée dans le pignon ouest : « vestiges de l’âtre de l’ancienne cheminée ? Il pourrait alors s’agir de niches destinées à abriter des denrées craignant l’humidité (tabac, sel). Il serait donc envisageable de penser que ce bâtiment a pu servir, à un moment donné, de logis ».

 

Presque dans le même alignement, vers l’est, la maison d’habitation se trouve au bord du chemin. En façade l’appareil est plus soigné, plus régulier : les blocs de granit sont équarris, des pierres de taille soulignent toutes les ouvertures. En revanche, on retrouve le moellon dans le mur aveugle (sans fenêtres) à l’arrière de la maison. « Cela correspond aux habitudes de l’époque ». En façade, orientée sud, les ouvertures sont symétriquement distribuées par rapport à l’axe de la porte. L’ouverture de l’étage, surplombant la porte d’entrée, permet d’accéder au grenier de l’extérieur. « Les petites ouvertures latérales servaient à aérer le grenier, l’ouverture centrale d’accès (par échelle) et le pignon découvert (…) indiquent que, comme c’était la règle, la couverture d’origine était en chaume. Ce logis n’est certainement pas antérieur à 1833 ».

L’espace de vie dans la maison s’organisait en deux pièces, « selon la distribution courante de l’époque : salle/chambre séparées par un couloir délimité de cloisons », en bois ici. Un escalier intérieur constituait un second accès pour le grenier. La salle occupe la partie droite. On cuisinait dans la grande cheminée aménagée dans le pignon est. La table prenait place sous la fenêtre la plus proche de la cheminée, perpendiculairement au mur. Le long des parois étaient disposés les lits clos, les armoires. La famille des patrons, la bonne y vivaient. Les murs ont été recouverts d’un enduitblanc, décoré à l’éponge de pois bleus. La pièce de gauche servait de chambre aux patrons. Elle avait aussi sa cheminée. Les enfants en bas âge y dormaient également. Cette pièce a conservé son sol en terre battue. Une rigole est pratiquée dans le sol entre les deux pièces. « A-t-elle servi à canaliser les eaux d’évacuation d’un ancien évier ? Le logis, est caractéristique de l’habitat rural finistérien dans ce secteur. Il s’agit d’un logis en rez-de-chaussée avec combles à surcroît. Le puits qui porte la date de 1831 et le logis semblent être tout à fait contemporains. »

 

Les bêtes logeaient dans l’étable mitoyenne à la maison d’habitation.Les chevaux entraient par la porte de droite, les vaches par celle de gauche. « On retrouve le schéma courant selon lequel l’étable à chevaux jouxte le logis, alors que l’étable à vaches se situe à l’extrémité de l’alignement ». Deux issues donnent sur l’arrière du bâtiment: là sont aménagéesl’aire à battre et une grange faite d’imposants blocs de granit équarri. « A l’origine cette grange était couverte d’un toit en chaume. La porte centrale, pouvant laisser passer une charrette et actuellement surmontée d’un linteau en bois, était probablement, une porte en arc plein cintre en granite. Des exemples semblables sont nombreux en Cornouaille. La mise en œuvre est très soignée et les chaînages d’angle sont en partie composés de gros blocs taillés. Ce bâtiment, peut-être abaissé, date vraisemblablement des années 1830-1840 et est donc contemporain au logis. ».

La ferme possédait son four à pain à l’angle sud-est de la maison neuve, bâtie par les parents de M. Chiquet au début du XXes. M.Chiquet l’a détruit en 1947, lors de la construction de la route.

Aux alentours de sa ferme, il a relevé la présence de plusieurs penty effondrés, les restes d’anciens talus qui lui ont permis de deviner le tracé des anciennes parcelles. M. Chiquet a extrait de nombreuses pierres de ses champs dont il a orné sa cour. Parmi celles-ci se trouve une borne romaine, aujourd’hui placée entre le pignon de son appentis et le bord de la route. Il existait deux carrières de granite autrefois à Guilly Vian, dans la courbe du chemin descendant dans la vallée. De l’une on extrayait la pierre à bâtir, de l’autre de la pierre pour faire des auges, abreuvoirs, pierres à piler l’ajonc…Ces carrières expliquent la qualité de la mise en œuvre des bâtiments.

« Les bâtiments, surtout le logis et la grange, reflètent l’architecture rurale traditionnelle de la Cornouaille dans la première moitié du XIXesiècle. Les étables en alignement ont été rajoutées dans la seconde moitié du XIXesiècle ». Guilly Vian est un des exemples de bâti ancien de qualité qui subsiste encore à Ergué-Gabéric.

 

Keleier Arkae 25 - janvier 2003
 

Trésors d'archives > Quartiers > Histoire du patronage d'Odet

Histoire du patronage d'Odet
 
 
Il y a un peu plus de 70 années, en Août 1931 fut inauguré le Patronage d'ODET.
Située au pied de la cité et des jardins ouvriers de Ker Anna, cette réalisation d'une salle multifonction à dominante sportive, fut voulue par Mr René BOLLORE, pour que la population d'ODET puisse se rencontrer autour de diverses manifestations - pour que les gymnastes des Paotred puissent bénéficier d'une salle confortable et bien équipée pour s'entraîner et mieux préparer leur festival ; jusqu'alors, ils se retrouvaient dans des locaux exigus et mal adaptés à Croas Spern - pour que puissent se dérouler des activités culturelles tel que le théâtre et le cinéma (muet et en noir et blanc à l'époque).
 
 
La photo est prise sur le terrain du patronage de l'Hôtel où s'entrainaient les gymnastes et musiciens de la clique des Paotred Dispount
 
 
De la route menant vers l'usine, on dominait cette longue bâtisse avec ses 3 grandes doubles portes et ses grandes baies vitrées. Au fronton en grandes lettres capitales "PATRONAGE DU SACRE COEUR", puis en-dessous "PAOTRED DISPOUNT" et sur le fronton dominant le tout, une grande statue du Sacré Coeur. 
L'accès se faisait par la salle de gym, avec tous ses agrès : barre fixe, barres parallèles (2 de différentes tailles), anneaux, corde lisse et à noeuds, haltères, etc... Une cloison séparait cette salle de la salle de spectacle où l'on pénétrait comme aujourd'hui par une double porte. De chaque côté de l'allée centrale, des rangées de chaises, strapontins, allant presque jusqu'à l'avant-scène avec son trou du souffleur, une rampe éclairante illuminait le rideau du théâtre représentant le calvaire et la chapelle du parc de Mr BOLLORE. Cette scène de théâtre possédait 2 décors amovibles, l'un représentait l'intérieur d'une maison bourgeoise, l'autre une clairière en pleine forêt. Le tout était surmonté de rampes d'éclairage qui permettaient de modifier ou de moduler cet éclairage sur la scène. Dessous cette scène au sous-sol, de grandes armoires à portes coulissantes permettaient de ranger les instruments de musique : grosse caisse, tambours, clairons et des accessoires de gymnastique et de théâtre. Dans le fond de ce sous-sol, une grande chaudière à charbon permettait le chauffage de la salle. Ce sous-sol servait aussi de vestaire aux footballeurs. A cette époque, le patro avait vraiment un équipement complet.
 
Derrière le patronage, à quelques mètres, un baraquement en bois, ayant servi autrefois de bureaux administratifs pour la mine d'antimoine de Kerdévot. Ce bâtiment avait 2 salles, une de jeu avec son billard, l'autre était une salle de lecture - bibliothèque - où l'on trouvait des magazines comme "L'Illustration". Accolé à ce bâtiment, un petit local où se trouvaient des batteries électrolytiques permettant l'éclairage du patro avant que celui-ci ne fut raccordé au réseau électrique.
 
Ce début des années 30, vit se dérouler une forte activité : kermesses, défilé de chars fleuris, festival, théâtre, cinéma (muet), conférences, etc... Vers 1936, l'arrivée du cinéma parlant amena la construction au pignon du patro, d'une cabine de projection et diverses améliorations acoustiques de la salle. A la fin de cette guerre, le patro servit de salle de stockage de ballots de chiffons en prévision de la reprise de la papeterie d'ODET en 1947.
 
Des activités d'avant cette guerre, il ne resta plus que le football. Les anciens (gymnastes et musiciens) ayant décroché depuis un bon moment. Des activités théâtrales continuèrent encore quelque temps ; le cinéma du week-end perdura jusqu'à l'arrivée de la télévision vers 1970. Dans les années qui suivirent, d'autres constructions accolées au Patro furent entrerpises (vestiares, sanitaires, salle de réunion, etc...).
 
En 1980, une convention fut établie entre BOLLORE et la municipalité qui en devint propriétaire pour en faire une salle des fêtes municipale. Le patronage fut agrandi, modernisé, relooké et l'inauguration de cette nouvelle salle des fêtes municipales fut faite par Mr le Ministre de la Mer, Louis LE PENSEC en 1982, au cours du week-end "Treuz an Erge Vraz".
 
Ouverte aux associations, il s'y déroule aujourd'hui une activité culturelle festive et intense. Comme le souhaitait Mr BOLLORE en 1931, cette salle est devenue un lieu de rencontre pour la population gabéricoise et de celle des environs.
 
 
Jean Gueguen - keleier Arkae 20 - mai 2002
 

Trésors d'archives > Patrimoine rural > Quelques recherches sur Tréodet

Quelques recherches sur Tréodet    

Par M. Henri Chauveur

 

Tréodet se situe à l’ouest d’Ergué-Gabéric. Nous en avions évoqué le toponyme dans notre Keleier n°12. Traditionnellement, ce quartier s’étendait des bords de l’Odet à Kerhamus et de Keranroux (ou Kerrous) au lieu-dit Patra, carrefour au nord du Rouillen où la VC 1 prend la direction du Stangala. C’est à Tréodet, que d’après la légende serait né le saint patron d’Ergué-Gabéric, Saint Guinal.

La croix de Tréodet ou de Kerrous

Vestige emblématique du quartier, cette croix avait été observée au début du siècle par le chanoine Abgrall (un des auteurs du Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon). Il en a réalisé un croquis, conservé à la bibliothèque municipale de Quimper. C'est monsieur René Rioupère qui découvre la croix bien après le chanoine Abgrall, lors de la réfection d'un talus qui limitait sa propriété de celle où se trouve la fontaine. A cet endroit il existait une garenne qui permettait l’accès à la rivière. Il transporte cette croix au presbytère vers 1962, à l’époque du recteur Pennarun.

 

Croix de Kerrouz - Presbytère d’Ergué-Gabéric.

 

La fontaine

Sa présence ou plutôt son absence m'est signalée vers 1971 par unagriculteur de Tréodet. Ce que nous savons : elle se situe dans un champ qui borde l'Odet. Elle est simplement entourée de pierres de taille. Ce champ appartient à une famille habitant Kerfeunteun. L'acte de vente du terrain, établi vers 1971, précise que la fontaine doit être démontée avant occupation par le nouveau propriétaire. Le fils de l'un des propriétaires nous indique que cette clause de l'acte de vente n'a jamais été respectée mais que la fontaine a tout de même été démontée par quelqu'un ! Par qui ? Personne ne lesait.

Une voisine se rappelle qu'il existe une légende attachée à cette fontaine et qui met en scène un évêque. Un ancien cultivateur à Kerrous, pendant 25 ans, indique : la fontaine était munie d'un fronton et d'un entourage de pierres. Elle pourrait s'appeler Saint-Alar (suggéré) ? Un extrait du cadastre, daté de 1870 nous apprend que la parcelle où se trouvait la fontaine s’appelait « Park ar Person » soit «le champ du curé». Ces différents indices (croix, fontaine)soulignent sans doute l’établissement d’une fondation religieuse en cet endroit.

Le document ci-dessous (traduction Norbert Bernard) confirme la position de la fontaine mais aussi l’existence d’une église dans le haut du champ attenant, côté Kerrous :

« Deux prés fauchables appelés "Prat Sant Qénoé" s'entre joignants (…) donnant à l'orient sur le chemin conduisant du village de Tréodet au village de Queranroux, du midy sur les terres dudit Tréodet, d'occident sur la rivière d'Odet et du nort sur les terres de Queranroux, y ayant des maziéres(ruines) et vestiges d'une chapelle en leur cornière d'orient. Lesquels dépendent dudit presbytère au désir d'acte de transaction en daste de l'an 1750 ».

C'est le champ situé à gauche avant l'entrée de la carrière. Il y a encore quelques pierres dans le coin cité et des voisins se rappellent que dans les années 1960-1967 il y avait encore de grosses pierres de tailles, au bord du chemin, avant sa transformation en une large route d'accès au site d'extraction !

Ainsi, le quartier de Tréodet est loin d’avoir livré tous les secrets de son histoire.

 

Keleier 17 - février 2012

 

 

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